Mercredi sur ma page Facebook, je vous parlais de la première dégustation de la rentrée La Maison du Whisky effectuée à Odéon. Mais pour palier à l’annulation du Whisky Live cette année, LMDW a également organisé un grand nombre de masterclass en ligne (whisky et rhum) : envoi d’échantillons au préalable, puis environ une heure passée en compagnie des producteurs, avec la possibilité d’intéragir au travers du chat.

J’ai eu la chance de pouvoir participer à celle organisée par Neisson il y a deux semaines de ça, qui était clairement LA masterclass qui m’intéressait le plus. Déjà parce que… Neisson, mais aussi parce qu’étaient présentées cinq références à sortir et qu’il est rare en ces temps de disette festivalière de pouvoir mettre la dent sur ce genre d’exclusivité !

C’est donc les samples versés que je me connectais à l’heure pile et que je tombais nez à nez avec Grégory Vernant et Alex Bobby, ainsi que Jamin de la boutique Fine Spirits en maître de cérémonie.
Avant de passer à la dégustation, quelques infos en vrac :
– Neisson a la volonté de n’avoir à terme presque que des fûts de rhum – comprenez des fûts qui sont arrivés neufs à la distillerie et qui n’ont ensuite contenu que du rhum. Alex souhaite garder quelques fûts ayant contenu du bourbon et du cognac malgré tout.
– En 2020, environ 25% de la superficie des champs de canne de Neisson sont bio.
– Il serait impossible de tout cultiver et produire en bio.
– Parmi les plus gros coûts de production figurent l’arrachage d’herbes à la main (et tout simplement la main d’oeuvre, avec bien plus de salariés par litre de rhum produit que chez certains autres rhumiers) et la mise aux normes des installations (sur les poussières, les rejets ou encore les normes incendies), dont le coût est proportionnellement bien plus élevé que sur des structures plus grandes.

Allez, il est l’heure de déguster !

Neisson Rhum Vieux Bio – 52.3%

Premier rhum aoc vieux bio !
Nez : On est sur le bois neuf marque bien malgré la plus grande contenance des fûts (400L), avec beaucoup d’épices, puis une déferlante pâtissière arrive avec son lot de fruits à coque et même de beurre après un moment. Une pointe de zest d’orange passe par-là et dans l’ensemble il est vraiment intense.
Bouche : Plus chaude que n’importe quel trois ans, avec un alcool vraiment bien dosé et un passage cacaoté en attaque. Boisé, épices avant tout mais cette gourmandise pâtissière est toujours là. On confirme que le fût neuf a bien donné et heureusement que les fûts étaient un peu plus grands.
Finale : Belle persistance, et on alterne entre notes boisées, épicées et vanillées.
Pas mal que ce vieux Bio, même si on sent un peu trop – à mon avis – le fût neuf. Le meilleur vieux du marché ? Oui, je pense. Je dois naturellement évoquer le prix : 185€ en métropole, ça fait réfléchir.

Neisson VSOP – 44%

Niveau vieillissement, il est d’abord passé par un fût neuf de Profil 105 pendant 4 mois, puis a vieilli 2 ans de plus en fût de bourbon, pour finir sa maturation plus de 2 ans et demi durant dans un ex-cognac (ce qui nous fait un total d’environ 5 ans et demi). Il est différent de celui sorti en Martinique, de par son âge plus avancé.
Nez : Plus tendu que le Vieux Bio, moins sur le bois, avec les épices et les fruits qui ressortent, sans oublier une note torréfiée. Plus frais avec une légère acidité pour un résultat très équilibré mais sans doute moins de gourmandise.
Bouche : on retrouve cet équilibre entre torréfié et fraicheur légèrement végétale. Il donne l’impression que le vesou est plus présent. Tout est bien lié mais il m’a manqué une certaine « accroche » pour que cette bouche me convainque totalement.
Finale : Elle est dans la droite ligne du reste de la dégustation, avec toujours cet équilibre mais ce léger défaut de gourmandise à mon goût.
Loin d’être désagréable que ce VSOP, c’est sans doute celui du line up qui m’aura le moins plu (ça donne une idée du niveau des autres !).

Neisson 15 ans batch 3 – 48.7%

Il s’agit d’un 2004, qui aura passé 15 ans en fût de bourbon.
Nez : Plus confit, torréfié, avec la vanille, la noix et la noisette pour une énorme gourmandise. Un nez sur lequel je pourrais rester très très longtemps ! J’y retrouve le batch 1 (pour ceux qui ont la chance de le déguster). Après deux heures dans le verre, il garde son identité et cette trame qui donne tout simplement envie d’y prendre un bain !
Bouche : Explosive aromatiquement parlant, avec un alcool au niveau parfait. On perd un peu de cette gourmandise qui caractérisait le nez pour une bouche plus équilibrée avec entre autres une fraicheur bienvenue. Un peu en deçà du nez ? Oui peut-être mais la barre était vraiment très haute.
Finale : longue et chaleureuse ! On retombe sur cette source éhontée d’appétence, qui va se faire plus boisée les secondes passant. On retrouve même une pointe végétale, qui permet à cette finale de ne pas tomber dans le trop boisé ou le trop sombre. La vanille reste, puis ce sont les épices qui ressurgissent. Cette finale a énormément à raconter. In fine, des notes pâtissières refont même une apparition. J’ai rarement fait l’expérience d’une finale aussi évolutive et intense pendant aussi longtemps !
Sans doute mon coup de cœur de cette dégustation, avec un nez et une finale hors du commun, et c’est peu de le dire…

Neisson XO Full Proof batch 3 – 57.3%

Ce rhum est un assemblage à 60% de 2007 et à 40% de 2012.
Nez : Et encore une fois, on est face à une grosse friandise, avec des arômes pâtissiers, de beurre, de crème aux œufs, de caramel et de cacahuète (après un moment dans le verre). L’ensemble est réveillé par les épices et un boisé sec. Moins “élégant” que le 15 ans, il procure tout de même beaucoup de plaisir.
Bouche : Les degrés se sentent « comme il faut » et là on tombe sur un rhum vraiment très plaisir, avec même peut-être une certaine sucrosité sur l’attaque. Bois, torréfié, douce chaleur, intensité, épices, léger beurré, des fruits à coque… Le résultat est détonnant et vraiment plaisant.
Finale : Sur un boisé gourmand et vanillé mais toujours contrebalancé par les épices, une pointe végétale et cette fois une touche poivrée assez discrète. Moins longue que celle de cet ovni qu’est le 15 ans en ce domaine, elle offre beaucoup mais un peu plus rapidement.
Ces XO Full Proof par Neisson valent le détour et ce troisième opus ne déroge pas à la règle, quel plaisir !

Neisson l’Esprit Bio – 70%

Contrairement à ce que je pensais depuis pas mal d’années, l’Esprit n’est pas réduit pour arriver à 70%, il est coulé à ce degré là !
Nez : Il s’en passe des choses, avec beaucoup de facettes différentes : canne bien sûr, mais plus végétale et florale que fruitée, citron vert, pointe terreuse et touche de réglisse. C’est complexe mais vous me connaissez, c’est la canne à sucre gourmande et fruitée qui me plait le plus et là, elle est bien discrète. 
Bouche : Ce qui frappe immédiatement, c’est la sucrosité et la texture (et je ne l’ai pas givrée alors que c’était conseillé), qui sont exceptionnelles ! Cette attaque est monstrueuse, avec en prime justement cette canne fruitée qui me manquait. Quelle bouche ! Vraisemblablement une des meilleures que j’ai pu vivre sur un rhum blanc agricole.
Finale : On revient sur les marqueurs du nez, avec cette canne florale qui domine et qui est épaulée par des notes citronnées et végétales. Bien que le début de cette finale – dans la lignée de la bouche – soit plus gourmand, on retombe trop rapidement sur ce qui m’a laissé sur ma faim au nez.
Cette bouche ! CETTE BOUCHE ! Exceptionnelle, elle ne permet cependant pas tout à fait à ce rhum de m’avoir convaincu, du fait de ces notes florales très présentes ; question de goût.

Et voilà, encore une année où les nouveautés Neisson sont d’un niveau très élevé mais on commence à y être habitué… ^^