Suite de mes aventures belges au salon de Spa.
Après vous avoir présenté un bon paquet de nouveautés lors de mon précédent article, je vais cette fois-ci me concentrer sur une partie spécifique du salon : l’espace collector. J’ai beaucoup aimé son fonctionnement ; aux acheteurs de billet collector était remis un petit carton avec plein de chiffres dessus ^^ Pour faire simple, il y avait 25 rhums dits collector (et il faut bien admettre qu’il y avait du niveau), divisés entre silver et gold, cette dernière catégorie étant composée de trois rhums seulement, mais quels rhums ! Sur ces 25 rhums, vous pouviez choisir 10 silver et 1 gold.
Bon, honte à moi, j’ai passé trop de temps sur le reste du salon et déguster (et bien sûr à papoter), du coup je n’ai pas eu le temps de déguster mes 11 rhums, assez loin de là même. Mais au moins j’ai pris mon temps sur les quelques dégustés et leur ai dédié l’attention qu’ils méritaient. Sans plus attendre penchons-nous sur ces quelques rhums d’exception.

A1710 Nuée Ardente
Et pour débuter, un rhum tout juste commercialisé et qui était presque là en avant-première, le rhum Nuée Ardente de la marque A1710. Un petit mot sur cette marque tout nouvellement crée en Martinique. Les créateurs ont manifestement de grandes ambitions, et ils semblent cibler une clientèle aisée en misant sur le créneau du luxe. La transparence n’est apparemment pas vraiment leur fort, puisqu’il n’est pas facile de savoir ce qu’il y a dans leurs bouteilles. Leur gamme se compose de trois rhums vieux déjà disponibles et de deux rhums blancs qui sortiront d’ici la fin de l’année. A noter qu’aucun de ces rhums n’a ou n’aura l’AOC. C’est facilement compréhensible pour les vieux puisqu’il s’agit de blends de rhums pur jus de canne et de rhums de mélasse, de Martinique et de Guadeloupe. Impossible de savoir de quelles distilleries malheureusement, dommage en ces temps où une plus grande traçabilité et une transparence accrue deviennent des facteurs de plus en plus importants. Bref passons à la dégustation.
Cette dégustation a été un peu particulière puisqu’en trois temps. Je me suis fait servir un verre dont j’ai commencé à apprécier le nez mais ai dû peu de temps après me rendre à une masterclass où je n’ai pas pu apporter mon verre ; il aura donc attendu une bonne heure de plus avant que je ne m’y replonge. Et enfin afin d’avoir une idée plus complète de ce rhum, j’ai pu m’en refaire servir un ! Le gars consciencieux ^^ Ça ne va pas être facile à retranscrire tout ça…
Alors, avec le rhum fraichement versé dans le verre tout d’abord, nous avons au nez un assez évident mélange pur jus et mélasse, ce qui m’a surpris, je ne pensais pas que cela puisse être aussi net. Le résultat est intéressant, très porté sur la pomme, le caramel cuit, la vanille mais aussi la réglisse, l’amande amère et une fraicheur mentholée. Sympa. Avec le repos d’une heure et demi, il se fait plus mélasse avec une fraicheur plus discrète, des arômes plus torréfiés et caramélisés. La bouche se caractérise par une attaque de rhum agricole, sur des arômes de menthol et de jus de canne. Chose surprenante, il est relativement sucré, j’ai eu cette impression avec et sans repos dans le verre. Justement avec ce repos, il reste vif et les arômes ne changent pas trop mais l’impression de blend refait surface. J’étais avec un “spécialiste” des rhums de Guadeloupe, à qui ce rhum faisait penser à Montebello. La finale est plutôt longue, sur la pomme, le menthol, le sucre roux et la réglisse. Là aussi, l’attente lui apporte des notes torréfiées (chocolat) et plus étonnamment empyreumatiques. La sensation sucrée demeure.

Karukera double maturation
Au final, et contrairement à ce que la presque totalité des autres dégustateurs a pensé, j’ai trouvé ce rhum intéressant et bon, avec un bémol sur ce côté sucré en bouche et sur la finale. Après on peut bien sûr parler du prix et se demander s’il vaut ses 269€…
Après cette entrée en matière agrico-mélassée, j’ai eu envie de me concentrer sur les purs jus et en ai dégusté cinq.
Le Karukera Double Maturation, seul guadeloupéen de cette sélection, pour ouvrir les hostilités. Un nez sur les fruits à coque et la pâte d’amande, le caramel et une orange infusée aux épices. Une bouche à l’attaque franche sur une claire appartenance à la famille des purs jus de canne, caractérisée par un savoureux mélange pomme/poire et les épices. La finale est longue, toujours épicée et où la pâte d’amande revient pour conclure la dégustation. L’un des meilleurs vieux de Karukera que j’ai pu goûter.

JM 1996
Le JM 1996 (15 ans) ensuite. Je ne connais pas assez les nombreux millésimes de cette distillerie, que ce soient les 10 ans ou les 15 ans. Heureusement il n’est pas trop tard pour y remédier 😉 Un nez très charmeur et frais à la fois avec ses accents de canne, de vanille, de sucre roux et de tabac et cette fraicheur, amenée par les agrumes, l’amande et le menthol. En bouche, il est relativement puissant et développe un boisé présent ; l’association puissance/boisé assèche un peu la bouche. Ce sont les épices et l’orange qui sont à la fête. La finale, longue, continue sur sa lancée orange/épices, tandis qu’une impression tannique apparait. Le menthol revient fort après quelques instants et une discrète note de bois mouillé conclue la dégustation. Je confirme, il faut que je vois bien plus précisément ce que cette grande maison a à offrir.

Trois Rivières 1998 belge
Honneur à la Belgique pour ce 4ème rhum : Trois Rivières 1998, version belge, embouteillé par La Maison du Rhum. J’en ai toujours entendu énormément de bien, je ne pouvais donc que sauter sur l’occasion d’y tremper les lèvres. Grand bien m’en a pris, puisqu’au nez, il est “chaud” et gourmand, tout en étant complexe. Les fruits à coque, les fruits secs, les épices, le caramel, des notes torréfiées… Vraiment un nez superbe. La bouche est étonnamment vive et fraiche. Elle est marquée par l’orange, les épices et le bois. Elle est globalement plus sèche que ce à quoi je m’attendais et pas aussi gourmande que le nez. La finale est longue sur la tabac et le menthol. Malheureusement (à mon avis), le bois mouillé fait son apparition un peu plus tard. Il était dur pour ce rhum de continuer au niveau du nez, tant il était impressionnant…

Neisson 2003
On reste en Martinique mais on change de distillerie, direction Neisson, avec leur millésime 2003. Comme vous avez pu le lire au fur et à mesure de ma croisière du rhum, Neisson est une maison qui ne m’a pas toujours convaincu, avec leur extra vieux par exemple. Mais d’un autre côté, il y a le 2004 de l’année dernière, une pure merveille. Testons donc ce 2003. S’en dégage une grande fraicheur mais aussi une multitude de fruits à coque (noix, noisette, noix de macadamia). La vanille est là aussi tandis que la présence aromatique de zests d’orange se fait sentir. La finale est longue sur, là aussi, cette fraicheur épicée. Mais les fruits à coque reviennent aussi (pour mon plus grand plaisir) et sont accompagnés de vanille. Avec ce 2003 on tombe, vous l’aurez compris, dans la catégorie des Neissons que j’aime bien 🙂
Puisqu’on commence à s’y sentir bien, ne nous arrêtons pas en si bon chemin et passons au Neisson 15 ans (mon rhum gold de l’espace collector). Ouhlala ce nez… Gourmand, complexe et évolutif. La noix, le miel, un bois blanc/frais, la vanille, les épices, un léger côté beurré, une discrète orange… Voilà les marqueurs les plus présents mais il y en a d’autres. De manière générale cette fameuse impression “pâte à gâteau” caractérise ce nez. Après un moment des notes torréfiées surgissent du fond du verre. Qu’est-ce que ça sent bon ! La bouche offre une fraicheur parfaitement dosée et les épices ainsi qu’un bois fin, dominent. La finale est longue pour notre plus grand plaisir, d’autant plus que les fruits à coque sont présents à la fête, et que l’association gourmandise et fraîcheur bat son plein. Oh pinaise ! Mais ce que c’est bon ce truc ! Tout bonnement l’un des meilleurs rhums pur jus de canne que j’ai eu l’occasion de goûter…

Neisson 15 ans !
C’est sur ce grand moment que s’achève mon expérience belge du Salon du Rhum à Spa. Félicitations aux organisateurs et merci pour leur accueil (ainsi que celui de mes confrères belges) ! A l’année prochaine 🙂
Retrouvez ici la première partie.
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