Le Salon du Rhum Belge, Spa la dernière fois que j’y vais ! – partie 2

C’est après une bonne nuit (tout le monde n’a pas pu en dire autant :D), que je me prépare tranquillement, poste un article sur le Whisky Live – le gars qui fait tout pour ses lecteurs 😉 – puis me mets en route à la recherche d’un restaurant pour prendre des forces. Mes pas m’ont d’ailleurs amené devant celui où j’avais dîné l’année précédente et je n’ai donc pas pu résister. C’est le ventre plein de gibier que je prends le chemin du salon pour cette seconde journée, qui s’avèrera, elle aussi, bien chargée.

Je dois d’ailleurs vous avouer que je ne respecte pas totalement l’ordre dans lequel j’ai vécu tout ça, afin de rendre mon récit plus fluide pour vous autres 😉

Collector

Salon du Rhum Belgique à Spa – Rhums présents dans l’espace collector

Bref, en plus des dégustations sur les stands et au collector (sur lequel je vais revenir longuement), j’ai également participé à deux masterclass.
La première avec Guillaume Ferroni, qui était en fait la même que celle à laquelle j’avais assisté pendant le Rhum Fest. Je ne vais donc pas revenir dessus, vous en ayant déjà parlé. Juste un mot tout de même : je ne regrette pas de l’avoir vue une seconde fois, tant le sujet étant intéressant (les finishs et doubles maturations) et tant mister Ferroni est passionnant et passionné ! Et il y a encore de belles choses à venir dans sa gamme (Dame Jeanne 4, série des Ciseaux… soyez attentifs 😉

Samaroli 2

Salon du Rhum Belgique à Spa – Masterclass Samaroli

La seconde en revanche, était centrée l’embouteilleur indépendant italien Samaroli. Je connais vraiment très mal les rhums de cette marque, que ce soient les anciens ou les nouveaux, c’était donc l’occasion d’y voir un peu plus clair. La seule chose que je connaissais au sujet de ces rhums c’était leurs vieilles bouteilles mythiques (sans y avoir goûté), leur collection qui s’étoffe chaque année, leurs étiquettes colorées, leur réputation de sélectionneur et… leurs prix élevés.
Après une présentation rapide de la maison, Jérôme, notre hôte qui avait drôlement bien bossé le truc (bravo !), est passé à la partie dégustation, avec pas moins de six rhums (tous à 45%, sauf le dernier et tous mis en bouteille en 2017). Pour finir cette introduction, il est à noter que n’ayant pas eu énormément de temps pour déguster chacun de ces rhums, certaines notes sont un peu succinctes.

Samaroli 1

Salon du Rhum Belgique à Spa – Masterclass Samaroli, les trois premiers rhums dégustés

On démarre au Panama avec un single cask 2004. Son nez est relativement équilibré, grâce à une douceur en sourdine et à une touche fumée, en plus des marqueurs habituels. La bouche est plus classique du pays avec une dominante caramel, un alcool assez présent et une légère sucrosité. Cette dernière demeure sur la finale, tandis que la présence fumée prend de l’ampleur.
Voici un ron assez atypique qui tire son épingle du jeu.

On continue avec un blend, le Caribbean Soul. Il s’agit d’une association entre un Monymusk (Jamaïque) de 9 ans et un Cubain de 19 ans. Sans réelle surprise, connaissant les profils typiques des deux îles, c’est la Jamaïque qui domine, mais à laquelle on ajoute des notes végétales, de cuir mais surtout de pomme. En bouche, les épices apparaissent alors que la pomme demeure. Une légère et surprenante sucrosité est également présente. Cette sensation reste sur la finale, et des arômes empyreumatiques l’emportent.
Il m’a laissé une impression un peu trop végétale, mais avec une pomme très présente et très sympa.

On change de longitude (oui je viens sans doute d’inventer une expression) en passant du côté des Fidji pour un single cask 2001. Son nez m’a surprise ! Un melting pot inattendu de notes végétales, de caoutchouc, de menthol et d’amande amère. C’est très intense et ça part un peu dans tous les sens. En bouche, l’alcool est bien dosé et il n’a pas besoin de degrés supplémentaires. La finale est dominée par des notes empyreumatiques à tendance fumées.
Un rhum surprenant qui m’a laissé un peu con…

Samaroli 3

Salon du Rhum Belgique à Spa – Masterclass Samaroli, les trois derniers rhums dégustés

On débute dans les Demerara avec un Dark Rum, plus précisément un Diamond 2005. Au nez, on se rend immédiatement compte que l’on a affaire à un Diamond de le veine chaleureuse et non de la veine végétale. Les arômes sont chauds sur la mélasse et le sucre roux, les fruits secs et le café mais aussi – plus étonnamment – sur les bonbons à la banane. La bouche, légèrement douce, développe principalement des notes de banane flambée, qui aurait été plongée dans la mélasse après son flambage (ou avant d’ailleurs ^^). La finale est plus courte que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre ; elle propose aussi une légère amertume.
Pas parfait que ce Diamond, entre autres du fait de sa finale, mais pas dénué de charme.

Le second Demerara sur notre liste est un Enmore 1990 (ce qui lui fait quand même 27 ans). Au nez, il est intense mais sans que son grand âge ne se fasse sentir. Il offre des arômes végétaux, avec des herbes aromatiques (origan ? Le premier rhum pizza ?) et le poivre. En bouche, ce poivre reste et des notes de tabac et des notes torréfiées sont marquées. Sur la finale, ces dernières se développent encore et ont même tendance à devenir plus chaudes, voire brûlées. Cette ultime étape est longue et intense et voit l’apparition discrète de l’orange.
Il est original cet Enmore, mais un peu trop continental à mon goût (je me comprends :P).

Dernier rhum de cette sélection et aussi troisième Demerara, un Uitvlugt 1998, à 49.5%. Voilà un Uitvlugt au nez comme je les aime avec ses arômes de noix de coco, de tabac, de vanille et, plus timidement, de notes végétales. L’alcool semble bien intégré. La bouche est également gourmande et légèrement sucrée, tout en étant puissante, entre autres sur la mélasse et le tabac. Après l’avoir gardé un moment, des notes fermières ont fait leur apparition. La finale, toujours sur le tabac, devient empyreumatique et légèrement poivrée.
Pas mal que cet Uitvlugt, pas mal du tout, mais bien trop cher, puisque si mes souvenir sont bons, nous sommes aux alentours des 400€.

Pas mécontent d’avoir fait ce (petit) tour d’horizon des récentes sorties Samaroli, je suis (bonjour Yoda). Des rhums qui sortent un peu des sentiers battus des embouteilleurs indépendants, en offrant des profils différents et variés sur des origines pourtant déjà déclinées de nombreuses fois.

A noter que durant cette masterclass (et un peu sur celle de Ferroni), je me suis senti retombé en enfance, non pas que je me prenais pour un écolier sur les bancs de sa classe, mais du fait des quelques fous rires irrépressibles qui m’ont pris ! Merci Eric et JF, bravo !
A ce sujet et pour conclure cette partie masterclass, une petite citation qui aura été déclencheuse d’un de ces fous rires : “C’est son coiffeur qui l’appelle pour qu’il remette sa mèche”. Là comme ça, ça rend moins bien, mais sur le coup, il ne m’en fallait pas plus 😀

New Grove

Salon du Rhum Belgique à Spa – New Grove Salon du Rhum et New Grove The Nectar

Après cet épisode studieux (plus ou moins), direction l’espace Collector afin de découvrir de nouvelles choses. Mais en chemin, stop chez New Grove (salut Marc o/), où deux single casks étaient en dégustation, dont un pour le salon de Spa.
Mais commençons par le single cask pour The Nectar, embouteilleur belge.
Le nez est nettement dominé par les fruits, avec la pêche, l’abricot et les fruits exotiques, avec en prime une touche d’amande. L’ensemble est intense et gourmand avec ces fruits en pagaille. En bouche, il se fait puissant (même sans doute un peu trop), toujours sur les fruits mais avec un côté boisé/caramel brûlé (et un peu chimique), qui me plait moins. Cette note brûlée reste sur la finale (caramel et plastique), le boisé se développe et les fruits ne sont, bien sûr, pas loin.
L’ensemble est tout de même sympa, surtout grâce à ces fruits assez incroyables.

Passons au New Grove spécial Salon du Rhum de Spa.
Le nez me ferait penser qu’il est moins jeune, moins foufou avec ses fruits dans tous les sens, avec un bois plus présent et bien fondu. Il forme une “unité” et est aussi plus sage. En bouche, il est encore plus fort que le précédent, mais offre une légère douceur. La touche brûlée est moins présente, et là aussi il donne l’impression d’une relative unité mais avec un peu moins de personnalité. La finale, elle, est assez comparable avec la version de The Nectar.

A chacun son style : fruité et exubérant mais pas forcément super équilibré, ou plus fondu, équilibré mais moins de folie 🙂 Mais dans les deux cas, on retrouve totalement l’identité de cette distillerie de l’Île Maurice, unique en son genre.

Savanna Millenium

Salon du Rhum Belgique à Spa – Savanna Millenium

Allez, arrivée dans la partie Collector du salon, pour déguster quatre rhums, encore jamais goûtés par ma petite personne.
Début de la ballade à la Réunion avec la carafe Millenium de chez Savanna. Il offre au nez un profil chaleureux avec des arômes de caramel cuit, de noix, de vanille et malheureusement de plastique brûlé (même si léger). Il manque un peu de fraîcheur mais tend à s’équilibrer avec le temps. L’attaque est sympa et pas dépourvue d’une légère douceur ; l’alcool arrive ensuite mais de manière mesurée. On y reconnait vraiment les rhums de mélasse de chez Savanna, avec leur intensité, sur des notes chaudes, cuites, voire brûlées. La finale est longue et épicée sur des notes empyreumatiques et de mélasse. Il manque encore de fraîcheur et, de par le fait, n’est pas très équilibré.
Un rhum qui est loin de manquer d’intérêt mais qui n’est pas vraiment à mon goût.

Mabaruma

Salon du Rhum Belgique à Spa – Mabaruma Caribbean Rum

Second sur la liste, le Mabaruma Caribbean. Sur l’étiquette, on y voit Cuba, la Jamaïque, Haïti et la République Dominicaine, mais s’agit-il d’un blend de ces quatre pays ou de certains d’entre eux, ou encore d’autres même pas sur cette image… Dur de le dire… ET ce n’est pas la contre-étiquette qui va nous aider.
Un nez relativement doux sur le caramel, la noix et une touche torréfiée ; franchement, plutôt agréable. La bouche est peu moins intéressante et l’on y retrouve surtout le caramel et, encore plus discrète, la note torréfiée. La finale n’est pas très longue et est un peu amère, sur la noix.
Bon ouais, pas complètement loupé, mais qui ne restera pas dans les annales non plus.

Renegade

Salon du Rhum Belgique à Spa – Renegades Gardel 1998 11 ans

Poursuivons avec un embouteilleur dont on n’entend plus parler, et dont on n’a jamais vraiment entendu parler à vrai dire. Les rares fois où l’on a vu ces bouteilles apparaitre sur les réseaux sociaux, ce n’était pas toujours assorti de commentaires positifs… Je parle de Renegades, pour ici, un rhum Gardel 1998 à 46%.
Un nez complexe, avec des arômes de caramel cuit, puis de manière plus discrète, d’hydrocarbures, de menthol et de réglisse. Original et réussi. En bouche, une surprenante poudre à canon apparait, sans doute due au vieillissement en fût de vin, et l’alcool est bien dosé. Il nous ferait presque penser qu’il s’agit d’un blend vesou/mélasse. La finale est longue et chaude sur des notes de caramel cuit et de sucre roux.
Voilà une – agréable – surprise.

Courcelles

Salon du Rhum Belgique à Spa – Domaine de Coucelles 1972 42%

On termine avec un rhum dont il existe beaucoup de versions, en embouteillage officiel, en embouteilleur indépendant, à degrés différents… Le Courcelles 1972. Il s’agit ici d’une des versions réduites, celle-ci à 42%. Je lui ai laissé 15 bonnes minutes avant même d’y mettre le nez, et j’y ai trouvé du caramel, des notes mentholées, un côté crémeux, un peu de sucre roux et de l’orange. En bouche, en revanche, il se fait empyreumatique, cuit, légèrement piquant, avant de s’adoucir sur un caramel crémeux. A la seconde gorgée il se fait plus frais et vif. La finale est très longue sur des arômes associant toujours les notes chaudes/brûles et le caramel au beurre ; puis c’est le caramel cuit qui prend le pas sur tout le reste, ce qui n’est pas franchement pour me plaire.
Un rhum atypique – d’une autre époque ? Peut-être – qui mérite beaucoup de temps pour offrir tout ce qu’il a à offrir ; rétrospectivement je ne lui en ai sans doute pas donné assez, tant il avait l’air évolutif.

3

Salon du Rhum Belgique à Spa – Rhum JM 15 ans 1989, Reimonenq 2011 brut de fût pour A’Rhûm, Neisson 2005

J’ai dégusté quelques autres rhums au Collector, avec par exemple le Reimonenq embouteillé pour A’Rhûm (oui le brut de fût), qui me plait toujours autant, entre autres du fait que l’on n’y retrouve que très modérément les marqueurs de la distillerie 😀
J’ai en aussi samplé (mis dans des échantillons) d’autres, par exemple le Neisson 2005 ou en un JM 1989 étiquette cuir (et donc 15 ans d’âge), de quoi me faire quelques bonnes petites dégustations 😉

Ced

Salon du Rhum Belgique à Spa – Vieillissements expérimentaux des Rhums de Ced

Pour finir les dégustations, il me reste à vous parler du privilège que j’ai eu (certes je n’étais pas le seul) à pouvoir déguster certains tests de vieillissement de Cédric Brément, autour d’un fût-table en plein milieu du salon. En effet, depuis maintenant un certain temps, Cédric récupère et met de côté des fûts ayant contenu différents alcools (plusieurs vins, whisky…). Celui lui permet de faire quelques tests de vieillissement/finition avec son rhum blanc AOC de Martinique. Et c’est sans compter ceux qu’il fait passer quelques mois par les marais salants pas loin de chez lui ! 🙂
Bref, il commence à se constituer une rhumotèque de finishs, qui lui permettra par la suite de continuer à approfondir et à explorer les possibilités qui s’offrent à lui pour ses rhums arrangés. Je garderai en tête l’intensité de l’influence de ces fûts, même sur des passages courts, ce qui augure des choses très intéressantes pour l’avenir.
Ne t’arrêtes pas en si bon chemin Indiana Brément ! 😀

Voilà ce qu’aura été ma dernière expérience du salon du Rhum à Spa. Mais ce n’est pas tout à fait comme ça que s’est achevé mon week-end belge.
En effet, j’ai retrouvé mes trois camarades, qui m’ont bien gentiment raccompagné à la gare de Liège et avec lesquels j’ai bu mon dernier verre, quelques centilitres du Neisson embouteillé pour le salon. J’achèverai donc cet article par un commentaire de dégustation réalisé sur le quai (ou presque) : “Imagines-toi dans un champ de muscade !”.

Merci à tous (mais encore plus à certains ;)) d’avoir rendu ce week-end inoubliable !

vainqueurs

Salon du Rhum Belgique à Spa – La bande de joyeux lurons

Voilà, s’en est fini de ma série d’articles sur les salons de la rentrée, après sept semaines et autant d’articles pour vous présenter toutes ces nouveautés 😉 Si vous en avez loupé certains, voici la séance de rattrapage.
Retrouvez ici la première partie de mon compte rendu sur le salon du Rhum belge à Spa.
Pour le Whisky Live, vous pourrez lire les trois articles y étant consacrés :
– Mon Rhum Live 2017 – partie 1
Mon Rhum Live 2017 – partie 2
Mon Rhum Live 2017 – Bonus
Et pour le Salon Club Expert de Dugas, c’est par-là :
Salon Club Expert 2017 (Dugas) – partie 1
– Salon Club Expert 2017 (Dugas) – partie 2

4 thoughts on “Le Salon du Rhum Belge, Spa la dernière fois que j’y vais ! – partie 2

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