Armagnac L’Encantada

Ça ne vous aura pas échappé, j’élargis de plus en plus mes horizons spiritueux. Qu’il s’agisse de whisky, de Calvados ou encore d’eaux-de-vie de raisin, tout m’intéresse !
C’est justement de cette dernière catégorie dont il va être question ici, avec les armagnacs de l’embouteilleur L’Encantada. Si vous êtes habitués du blog, vous savez que j’ai passé un peu de temps à leur stand lors du Whisky Live 2022. Et si vous êtes encore plus assidus, vous vous rappelez peut-être du Whisky Live 2017 où je m’étais frotté à ces armagnacs pour la première fois.

L’Encantada Sélection 20 ans – 47.2%

Armagnac L'Encantada - Sélection 20 ans - 47.2%
Armagnac L’Encantada – Sélection 20 ans – 47.2%

Nez : expressif et concentré, on l’imagine collant aux gencives. Il évolue sur un registre empyreumatique. Grillé, il laisse de la place aux fruits, avec, avant tout, des pruneaux qui donnent l’impression d’avoir été macérés dans le miel. On y ajoute du tabac vanillé – voire de la vanille au tabac – et on obtient un profil qui donne envie. Ah et du chocolat, bien noir le chocolat.
Bouche : dès l’attaque, sa concentration va comme resserrer les pores de la bouche (nouveau concept). On y retrouve une bonne partie des acteurs du nez, avec la vanille, le miel et des notes grillées.
Finale :  ce sont ces dernières qui vont mener sur la fin de dégustation et qui vont même progressivement évoluer vers un profil plus sombre. Tabac, vanille et chaleur nous accompagnent un long moment.

Pour moi (et ma maigre expérience), cet assemblage de jus issus de différents de domaines du Bas Armagnac est très typique et correspond à l’idée que je me fais de cette eau-de-vie de raisin.

L’Encantada Del Cassou 1998 – 49.1%

Armagnac L'Encantada - Del Cassou 1998 - 49.1%
Armagnac L’Encantada – Del Cassou 1998 – 49.1%

Nez : plus de finesse et de « légèreté » sur ce 100% Baco. Fleurs et fruits s’en donnent à cœur joie. Ces derniers s’expriment de nombreuses façons : du verger, des bois, à coque… Dans tous les cas, ces fruits sont travaillés, torréfiés ou confits, comme pour en extraire la quintessence. Viennent ensuite quelques arômes provenant du fût, avec le tabac et la vanille. Cet armagnac a des choses à raconter, d’autant qu’une fraicheur miellée – alliée aux notes florales – équilibre l’ensemble. Plus de gourmandise ? Oui, un voile pâtissier enrobe les narines. Les minutes passant (et plus d’une heure dans le verre), la vanille occupe bien l’espace.
Bouche : à mi-chemin entre douceur et puissance, il confirme sa dominante fruitée, et tant mieux. Très agréable.
Finale : longue, finement boisée, elle se trouve dominée par des notes florales discrètes mais surtout épicées, girofle en tête.

Un bel équilibre fruité sur ce 1998. Le fût s’exprime mais en retenue, ce qui laisse la place de choix à la gourmandise des fruits.

L’Encantada Le Frêche 1990 – 52.1%

Armagnac L'Encantada - Le Frêche 1990 - 52.1%
Armagnac L’Encantada – Le Frêche 1990 – 52.1%

Nez : avec le plus vieil armagnac de cette sélection, on s’oriente à nouveau vers un profil orienté vers l’empyreumatique et le bois. Bien que ce ne soit peut-être pas le cas, on pense à des douelles fortement toastées. Beaucoup de concentration, entre arômes torréfiés (cacao et café) et balsamiques. C’est derrière le tabac qu’il faudra aller chercher les fruits, un peu timides mais semblant bien mûrs et sucrés. Pour l’instant, la prédominance du fût n’est pas gênante, nous verrons ce qu’il en est par la suite.
Bouche : grosse concentration et grosse sucrosité. Ce jus collant, doux et acide à la fois fonctionne extrêmement bien. La torréfaction est toujours là mais ce sont les épices qui font une entrée tonitruante.
Finale : longue et intense, elle assèche la bouche, à la manière d’un chocolat riche en cacao. Les épices s’attardent.

J’ai beaucoup aimé ce 100% Baco, d’autant que ma crainte qu’il ne devienne trop boisé ne s’est pas confirmée. Seul petit bémol, les épices, qui, en bouche, marquent un peu trop.

L’Encantada Lous Pibous 2002 – 57.4%

Armagnac L'Encantada - Lous Pibous 2002 - 57.4%
Armagnac L’Encantada – Lous Pibous 2002 – 57.4%

Nez : plus atypique que les trois précédents, cet armagnac est tout aussi intense mais plus vif, ce qui n’est que partiellement dû au pourcentage alcoolique. Gourmandise pâtissière et beurrée, bois verni et miel (qui revient souvent sur ce line-up), voilà sa carte d’identité. Une autre voie se dessine également mais elle demeure difficile à identifier, quelque chose qui ferait penser à la sauce Worcestershire, entre sucre, acide et épices. Étonnant.
Bouche : pas plus simple de s’y retrouver… Mais chaque chose en son temps. La facette pâtissière est bien en place, et ça, ça fait plaisir. Le chêne est là aussi et un peu piquant (peut-être le degré se fait-il sentir). C’est en fait l’attaque que j’ai du mal à organiser, probablement à nouveau cette note sucrée salée.
Finale : longue (pas une surprise), j’y trouve un côté mentholé, juste à côté du chocolat noir (vous avez dit After Eight ?). Mais c’est essentiellement une note entre boisé et beurré et domine.

Un peu déstabilisé par ce 100% Folle Blanche (cela vient sans doute de cela d’ailleurs). Cependant, il m’a laissé une impression assez positive (comme lors du Whisky Live 2022), avec cette gourmandise briochée aux avant-postes.

L’Encantada La Blanche – 59.8%

Armagnac L'Encantada - La Blanche - 59.8%
Armagnac L’Encantada – La Blanche – 59.8%

Nez : on sort évidemment de notre grille de lecture Armagnac (spiritueux boisé et concentré), avec cette blanche. Elle offre principalement des arômes de fruits frais (pomme et poire) et de fleurs mais une note soufrée me dérange. Pensé surtout pour les cocktails, son profil frais et expressif pourrait en effet fonctionner mais pur (d’après ce nez), pas pour moi. On verra en bouche.
Bouche : on retrouve exactement les mêmes participants, y compris le souffre. Très fruité, il dévoile même une bonne sucrosité. L’ajout d’un peu d’eau aura pour effet de partiellement gommer la note qui me dérange pour laisser encore plus de place aux fruits.
Finale : plus longue que prévu, elle demeure fruitée mais gagne en fraicheur sur une note médicinale. Le soufre n’est pas absent.

Pas vraiment ma tasse de thé que cette blanche, il faudrait que le l’essaye en cocktail.

Que de variété sur ces quatre armagnacs ! Je mets la blanche un peu à part, du fait de sa nature mais également parce qu’elle m’a moins plu.
Cette dégustation confirme que cette eau-de-vie de raisin est sans aucun doute l’un des spiritueux qui peut offrir la plus grande concentration (comme sur le Swell de Spirits 1990). Autant vous dire que je compte bien continuer mon exploration gersoise liquide !

Leave a Reply

Fill in your details below or click an icon to log in:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Twitter picture

You are commenting using your Twitter account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s