Ferroni Brut de fût 2022

Il était temps que je m’y attaque !

C’est en fin d’année dernière que Maison Ferroni a lancé sur le marché sa nouvelle fournée de la collection Brut de Fût. Six références très variées (comme d’habitude), autant par leur origine, que leur profil gustatif, sans parler de leur élevage. À ce sujet, j’ai repris les “cartes d’identité” de chaque rhum sur le site de Ferroni.

Pour ceux qui auraient manqué le millésime 2021, vous pouvez vous rattraper en lisant cet article.

Canaries La Palma 2005 – 54.5%

Ferroni Brut de fût 2022 - Canaries La Palma 2005 - 54.5%
Ferroni Brut de fût 2022 – Canaries La Palma 2005 – 54.5%

Distillerie : Aldea
Élevage : Vieillissement de 16 ans en fût de chêne américain, puis d’un an en fût de chêne ex-français. Il est le premier Brut de Fût élevé à l’Atelier Ferroni, à Marseille.

Nez : tout de suite très expressif sur des notes provenant du fût. Ce dernier s’exprime au travers d’arômes torréfiés, de fruits secs et à coque, ainsi qu’une touche balsamique (qui va gagner en puissance au fil des minutes). Pas très complexe, il offre cependant une jolie profondeur sur un registre empyreumatique.
Bouche : moins marquée par le bois que prévu (mais plus par l’alcool), cette bouche se déploie bien concentrée, entre notes torréfiées et caramel. La fin de bouche est très agréable et livre un rhum très gourmand, pâtissier.
Finale : on continue dans cette veine quelques instants avant de repartir vers un profil plus noir, avec du tabac et le retour du balsamique, et ce, pour un long moment.

Un beau voyage que nous propose ce La Palma de 16 ans (oui quand même). À certaines moments, il évolue un peu sur un fil du trop boisé mais ne tombe jamais du mauvais côté.

France Océan Indien 7 ans – 58.6%

Ferroni Brut de fût 2022 - France Océan Indien 7 ans - 58.6%
Ferroni Brut de fût 2022 – France Océan Indien 7 ans – 58.6%

Description : Rhum de mélasse – distillation en colonne
Élevage : C’est un rhum de 6 ans d’âge avec un vieillissement de 4 ans en fût de chêne ex-français.

Nez : plus frais que le précédent, il semble aussi plus marqué par l’alcool. Alors que dans un premier temps, il paraît léger et gourmand sur la noisette et le miel, il va assez radicalement changer. Caramel cuit, épices, sucre roux, olive… Il devient plus complexe et plus sombre. On y trouve également une pointe de bakélite, sur laquelle je tombe si souvent avec les rhums de la Réunion.
Bouche : un peu plus douce que prévu, tant sur les arômes que la puissance. Il devient plus consensuel sur un profil où c’est le fût, sous forme d’un boisé assez sympa, qui domine. Agréable mais très simple pour le coup.
Finale : comme fréquemment, on retrouve sur cette finale les notes perçues sur le nez. C’est un long moment que le palais va se trouver marqué par des arômes d’olive, de caramel cuit, d’épices et de bakélite.

Alors qu’il n’a, selon moi, aucun défaut majeur, ses qualités sont contrebalancées par quelques fausses notes. Pas mon truc.

Thaïlande 2017 – 67.3%

Ferroni Brut de fût 2022 - Thaïlande 2017 - 67.3%
Ferroni Brut de fût 2022 – Thaïlande 2017 – 67.3%

Élevage : Double distillation : une en Thaïlande et une en Provence. Vieillissement méditerranéen intégral par la Maison Ferroni en fût de chêne américain ex-Rye, dans nos chais “extrêmes” en tôle, faisant prendre au Brut de Fût plus de 6 degrés, passant donc de 61 à 67,3% vol.

Nez : première surprise : l’alcool semble relativement discret. On se trouve face à deux visages qui évoluent en parallèle. Tout d’abord, une trame végétale, avec la pomme et les céréales (j’imagine issu de l’élevage en ex-fût de rye whisky). Et dans un second temps, un peu plus en retrait, apparaissent des notes plus pâtissières : vanille, fruits à coque et miel. L’association des deux univers marche plutôt bien. Avec un peu de repos, le mariage est consommé et il devient moins aisé de dissocier les deux registres.
Bouche : une goutte suffit pour les arômes envahissent la bouche (et cela permettra aussi de ne pas se brûler les papilles). L’union végétale/fraicheur et fût/pâtisserie fonctionne encore mieux à cette étape. Bien qu’agréable, il me parait qu’il lui manque quelque chose, peut-être de la concentration, ou bien l’alcool est-il trop puissant et masque-t-il certaines facettes de cet Issan. Une fois n’est pas coutume, j’ai essayé d’y ajouter un peu d’eau. Outre le rendre plus facile, le seigle ressort un peu mais cela ne change pas fondamentalement sa nature.
Finale : elle se situe quelque part entre vanille et rye. Peu de complexité mais assez plaisante tout de même.

Je suis un peu perplexe. Bien que cette dégustation fut plaisante et gourmande, je ne sais pas trop comment positionner ce rhum où la matière première a disparu (un peu de fraicheur ?), où le vieillissement en fût de rye est très présent (ce qui n’est pas pour me déplaire) et où l’alcool est vraiment à la limite. Autrement dit, un OVNI à la Ferroni.

France Montauban 2017 – 47.8%

Ferroni Brut de fût 2022 - France Montauban 2017 - 47.8%
Ferroni Brut de fût 2022 – France Montauban 2017 – 47.8%

Distillerie : Bows
Description : Rhum de mélasse fermenté et distillé à Montauban. Distillation en pot still avec colonne de rectification.
Élevage : Élevage en petit fût de chêne ex-français, dans un chai ultra-humide. Il s’agit certainement d’un des chais de vieillissement les plus humides au monde : c’est un chai creusé dans la roche à Marseille qui accueillait d’anciens lavoirs alimentés par une source. La réduction naturelle y est phénoménale.

Nez : très intense, déjà loin du verre. Ce sont des arômes « tertiaires » qui se font remarquer : tabac (qui s’accompagne d’une légère note fumée), terre et cuir. Ces éléments dominants sont comme recouverts de miel. Une point de poire vanillée parvient à peine à faire surface. En résulte un profil atypique mais qui n’est pas réellement à mon goût, par manque de plaisir procuré.
Du repos apporte du citron, ce qui ne va pas accentuer la gourmandise. En fait, je retrouve maintenant cette image que j’ai des premiers rhums de mélasse distillés sur alambic en métropole. Ça ne marche pas.
Bouche : l’attaque est relativement puissante et même légèrement piquante. Vient ensuite l’amertume boisée et terreuse.
Finale : cette amertume est très présente et on garde ce profil de « rhum métropolitain » qui n’est vraiment pas à mon goût. Cette finale est par ailleurs relativement longue (avec entre autres une dominante empyreumatique, presque cendrée), ce qui ne fait pas mon affaire.

Je n’aime pas.

France Équatoriale 2016 – 64.3%

Ferroni Brut de fût 2022 - France Équatoriale 2016 - 64.3%
Ferroni Brut de fût 2022 – France Équatoriale 2016 – 64.3%

Description : Rhum pur jus de canne. Distillation en colonne.
Élevage : Vieillissement en Fût de Chêne Français dont 6 mois en fût neuf, avec un élevage méditerranéen intégral. En Méditerranée, les étés sont très chauds et secs, plus qu’aux Caraïbes. Les hivers sont froids et les amplitudes thermiques importantes. C’est un élevage qui accélère la maturation des rhums de manière aussi importante qu’un élevage tropical, avec une part des anges souvent supérieure, et assez impressionnante.

Nez : plus timide que le précédent, en dépit du pourcentage alcoolique bien supérieur. Sa trame est sur la fraicheur aux notes végétale de canne et d’herbe. Si ce n’est cette verdeur, il ne se passe pas grand-chose. Le fût est absent. Une bonne surprise tout de même : on peut mettre le nez dans le verre sans que l’alcool brûle.
Le temps passé dans le verre, lui font du bien (un peu). La mangue apparait – fruit que je trouve fréquemment sur les blancs issus de cette distillerie – et elle est accompagnée d’une touche de vanille. La fraicheur, toujours très végétale, prend des accents mentholés.
Bouche : ce n’est pas une surprise mais il ne vaut mieux pas à prendre beaucoup sur la langue. La texture est agréable et, comme au nez, le boisé est bien discret. C’est la canne, sa fraicheur et son côté végétal qui l’emportent nettement. Une note fruitée rôde, sans que je parvienne à l’identifier.
Finale : l’alcool reste en bouche, ainsi que la verdeur mâtinée d’une légère amertume.

Pas inintéressant mais l’alcool est trop présent et il se montre « trop jeune ».

Antilles Hispaniques 7 ans – 65.2%

Ferroni Brut de fût 2022 - Antilles Hispaniques 7 ans - 65.2%
Ferroni Brut de fût 2022 – Antilles Hispaniques 7 ans – 65.2%

Description : Rhum de mélasse – distillation en colonne
Élevage : Élevé pendant 5 ans en fût de chêne américain, puis 2 ans en fût ex-Beaume de Venise, lui-même ayant contenu un ancien Brut de Fût, l’Australie 2013.

Nez : puissant ! Ce sont deux familles d’arômes qui se distinguent et qui évoluent bien ensemble. D’abord des notes torréfiées, chocolatées et discrètement vanillées, puis des touches plus légères de fruits rouges et de fleurs. Ce duo s’équilibre et se complimente.
Les minutes s’égrenant, il se fait plus sombre ; émergent le tabac et une impression balsamique. Il faudra agiter à nouveau le liquide pour que surgissent à nouveau les fruits et les fleurs.
Bouche : moins puissant que le précédent, il se livre à nous avec une suavité marquée. On retrouve notre dualité torréfiée et fruitée.
Finale : la chaleur demeure un long moment. On ne change pas une équipe qui gagne et ce sont nos fruits trempés dans une fontaine de chocolat qui nous accompagnent jusqu’à la fin de la dégustation.

Il fonctionne bien ce rhum cubain. L’originalité de sa gourmandise m’a bien plu.

Originalité et surprises. Des hauts et des bas sur ces 6 références. C’est en dehors de la France qu’il faudra aller chercher les perles de la collection 2022.

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