Swell de Spirits

En voilà un – d’embouteilleur – qui est arrivé par surprise dans ce monde – des spiritueux – en tout cas pour moi – ignorant que je suis. Quoi qu’il en soit, apparition soudaine ou pas, il s’est très vite fait remarquer, entre autres grâce à un gros Hampden mais aussi avec des sélections de spiritueux très variés : Cognac, Armagnac, Whisky, Calvados… Autant vous dire que même s’il ne s’est mis à sortir ses sélections que récemment, ça fait un moment qu’il s’y prépare ! Derrière ce “il” se cachent un français baroudeur, Michael Barbaria et sa femme Kelly. Si vous voulez en savoir plus sur leur aventure et leur passion, je vous invite à aller lire l’interview par Nico Rumlover sur le blog de Rhum Attitude, c’est par-ici.
Avant de s’attarder sur le fond, un mot sur la forme, avec les jolies étiquettes, qui se démarquent de ce que l’on a l’habitude de voir et qui sont le fruit du travail de Bastien Renard, alias The Emotions Distillers.
De mon côté, je vais me pencher sur la dégustation de bon nombre des embouteillages sortis jusqu’à présent, dont Michael m’a très généreusement envoyé des échantillons. Devant leur nombre important, j’ai organisé trois sessions distinctes de dégustation, avec dans un premier temps, les eaux-de-vie de raisin, puis les rhums et enfin… le reste, à savoir deux whiskys et un Calvados. Je vous livre tout ça dans cet article unique, alors préparez-vous, y’a de la lecture ! 😉

Swell de Spirits Wonders of the World #4 – Bas Armagnac Baraillon 1987 – 43%

Swell de Spirits Wonders of the World #4 – Bas Armagnac Baraillon 1987 – 43%

Nez : raisins, fruits secs, fraîcheur sucrée de fruits frais (donne presque l’impression d’avoir un jus collant sur les doigts après avoir mangé un fruit à pleine maturité), boisé patiné apportant de la texture, pointe d’amande, cacao, léger tabac.
Bouche : l’acidité surprend, le bois gagne en assurance et vient accompagné de tannins. Les fruits, plus timides, sont englués dans du vinaigre balsamique.
Finale : longue où l’on garde cette acidité boisée un moment avant qu’elle ne devienne plus sombre, sur le tabac, le cuir, la noix.
Le nez m’a beaucoup plu ! En bouche, l’acidité et le bois m’ont dérangé.

Swell de Spirits – Swell & Co #1 – Cognac Grosperrin Fins Bois 52-22 – 46.6%

Swell de Spirits – Swell & Co #1 – Cognac Grosperrin Fins Bois 52-22 – 46.6%

Nez : gros fruité et énorme nature pâtissière. Le boisé est discret et c’est une sensation de brioche à la confiture de fruits des bois qui l’emporte. Certaine tension et vivacité.
Bouche : quel fruité pour son grand âge. Les fruits du verger sont là mais aussi un cassis intense. L’influence du fût ne vient que dans un deuxième temps et se manifeste entre autres par des épices. Une pointe florale complète cette bouche.
Finale : une association cassis et violette marque le début de cette finale, qui va progressivement devenir plus « obscure » avec un boisé carbonisé et du tabac.
La gourmandise fruitée est le fil conducteur de cette dégustation et ça marche drôlement bien.

Swell de Spirits « Flashback » – Bas Armagnac 1990 (100% baco) – 46%

Swell de Spirits « Flashback » – Bas Armagnac 1990 (Domaine de Maouhum – 100% baco) – 46%

Nez : belle concentration, le boisé et les fruits jouent à armes égales et forment un résultat très attirant, sous des allures de pâtisseries saupoudrées de cacao et d’épices, et de jus de fruits sucré. Caramel et chocolat blanc apparaissent avec du repos. L’alcool se manifeste sur le deuxième nez.
Bouche : gourmandise sucrée sur l’attaque, puis le boisé mâtiné de notes torréfiées et pâtissières prend les choses en main. L’intensité et la concentration sont au rendez-vous. Bel équilibre entre chaleur et fraîcheur.
Finale : longue, elle demeure à mi-chemin entre les fruits et le bois pour garder le meilleur des deux.
Coup de cœur ! Du début à la fin, que des qualités.
A noter que cette bouteille n’est pas encore sortie.

Swell de Spirits Wonders of the World #5 – Bas Armagnac Baraillon 2005 (100% folle blanche) – 49.9%

Swell de Spirits Wonders of the World #5 – Bas Armagnac Baraillon 2005 (100% folle blanche) – 49.9%

Nez : fruits secs, pruneaux, noix torréfiée, bois ciré, fruits du verger très mûrs, chocolat noir, poudre d’amande… Il se passe beaucoup de choses, de belles choses.
Bouche : il enveloppe parfaitement le palais et va s’exprimer sur une trame chaleureuse où les fruits, le fût et les épices s’entremêlent. Opulent et gourmand, très réussi !
Finale : devient de plus en plus tannique et même un peu astringent. Les arômes dominants sont les épices, le bois, le cacao amer mais une discrète fraîcheur fait son possible pour contrebalancer cette noire poussée sans y parvenir tout à fait.
Le nez et la bouche sont exceptionnels et bien que la finale soit moins à mon goût, l’ensemble est de haute volée.

Swell de Spirits Wonders of the World #1 – Cognac Pasquet L.83 Petite Champagne – 51.9%

Swell de Spirits Wonders of the World #1 – Cognac Pasquet L.83 Petite Champagne – 51.9%

Nez : beaucoup de fruits, fruits du verger, fruits secs et fruits à coque. Le bois est encore ciré, alors que des accents torréfiés et une poignée d’épices douces apportent de la chaleur.
Bouche : son degré lui va très bien et permet de bien prendre possession du palais mais aussi de porter les fruits, qui sont désormais exotiques. Sa texture et son alcool bien intégré rendent possible de le garder en bouche plus longtemps que prévu et tant mieux. Il y a quelque chose de résineux, ce qui, allié à une certaine sucrosité, le rendent encore plus délectable.
Finale : longue et fraîche. Encore beaucoup d’arômes se croisent et se relaient : menthol, tabac, épices, miel, réglisse…
Quelle sélection encore une fois. Je pense lui préférer le Bas Armagnac 1990 mais de peu.

Swell de Spirits – Swell & Co #2 – Cognac Grosperrin Borderies N65 – 56.7%

Swell de Spirits – Swell & Co #2 – Cognac Grosperrin Borderies N65 – 56.7%

Nez : Raisins secs, pruneaux, frangipane, épices, agrumes, boisé « moelleux ». Équilibré.
Bouche : la texture est soyeuse et l’alcool, bien qu’un peu plus marqué, ne gêne pas du tout. On y retrouve nos agrumes (bien mûrs et même sucrés), les épices et l’amande, qui devient un peu plus amère.
Finale : longue et chaleureuse, elle demeure équilibrée entre fruits et bois mais aussi entre profondeur et fraîcheur. Les agrumes sont toujours en place, ainsi que quelques épices. La persistance de l’intensité est remarquable.
Très beau Cognac, exempt de défaut.

Swell de Spirits Wonders of the World #7 – Foursquare 2006 (14 ans tropical) – 60.6%

Swell de Spirits Wonders of the World #7 – Foursquare 2006 (14 ans tropical) – 60.6%

Nez : nous sommes bien à la Barbade, le coco est bien campé sur sa noix (à la fois coco grillé et lait de coco) et quelques copeaux de crayon traînent dans le coin. Le caramel aux épices commence à accrocher dans le fond de la casserole mais une fraîcheur acide et légèrement végétale donne un petit coup de fouet – c’est tant mieux car sinon toute cette douceur de noix de coco caramélisée pourrait en devenir presque écœurante. Avec plus de repos, le tabac se taille une part de choix.
Bouche : dans la suite logique du nez, avec cependant pas mal d’épices, surtout sur l’attaque, où l’alcool s’exprime aussi plus vivement. C’est ensuite la rondeur de la noix de coco et du caramel qui font place nette.
Finale : longue, elle a deux visages, avec d’un côté le coco grillé, le tabac et le caramel et de l’autre les agrumes. A noter une étonnante touche salée.
Un Foursquare qui joue à fond la carte de la gourmandise chaude et exotique, et qui effleure le « trop ».

Swell de Spirits – Long Pond 2007 (13 ans tropical) – 68%
Je n’ai pas de visuel pour ce rhum, qui non seulement n’est pas encore sorti mais qui n’est même pas annoncé et pour lequel n’existe pas encore d’étiquette !
Nez : un Long Pond opulent et tropical sans être trop sur les esters, voilà un profil de cette distillerie qui me plait. On retrouve de la noix de coco, quelques épices dont du poivre, de la banane et un petit courant d’air de cave. L’alcool semble extrêmement discret pour le degré. Il évolue entre notes pâtissières, fruitées et épicées sans que les unes prennent le pas sur les autres. Un peu de tabac dans sa blague en cuir complète sa carte d’identité.
Bouche : l’attaque confirme la belle intégration de l’alcool et nous cueille par une forte sucrosité. En le mâchant, le fût de bourbon ressort, avec son coco grillé et sa vanille. Le fût fortement toasté est épicé, ce qui, allié à la vivacité, permet à ce rhum de ne pas s’assoupir dans son confortable moelleux.
Finale : on pourrait presque se croire à la Barbade, tant la gourmandise façon noix de coco est présente. Après quelques instants, ce sont les notes pâtissières (et toujours quelques épices) qui font un retour en force. Le tabac, encore lui, rôde dans les parages.
Un Jamaïcain qui ne ravira sans doute pas les fans de bombes estérisées mais qui se distingue par une gourmandise conquérante. Il n’est pas sans m’avoir fait penser à un Long Pond sage dans la collection National Rums of Jamaica, voire à un gros Uitvlugt full tropical (qui a dit Velier 1997 ?).

Swell de Spirits Wonders of the World #3 – HMPDN 2011 <>H (8 ans tropical) – 67.4%

Swell de Spirits Wonders of the World #3 – HMPDN 2011 <>H (8 ans tropical) – 67.4%

Nez : dire qu’il est expressif est un euphémisme… Enormément de choses se passent, le tout sur une intensité qui se remarque : les fruits exotiques très mûrs d’abord (il y en a un paquet dont, entre autres, le jackfruit et son côté bubble-gum), qui apportent sucre, acidité et opulence. Ces derniers sont complimentés et épaulés par toute une série d’autres arômes. Commençons par l’amande, les pâtisseries, le caramel à la vanille et les fruits secs qui viennent poser ce nez sur un matelas moelleux. Ce sont ensuite des notes plus « sauvages » et funky qui amènent le kick : olive en saumure, épices et cuir. Nous sommes vraiment sur un grand arôme complexe et qui évite de partir dans tous les sens grâce à cette trame fruitée. Les narines sont saturées.
Bouche : légèrement asséchant, il est cependant étonnamment « sucré ». J’ai plus de mal à le décortiquer tant mes papilles sont envahies ; principalement par tous les fruits tropicaux – presque trop mûrs – qui s’en donnent à cœur joie (ananas, mangue, banane et à nouveau le jackfruit). Je décèle tout de même un peu de cuir, de l’olive, des épices et une pointe saline.
Finale : interminable. Les fruits ont trop donné et s’effacent partiellement au profit de notes fumées et épicées. Le sucre roux se transforme en caramel et l’amande n’a pas dit son dernier mot.
Oui, on en prend plein la tronche.

Swell de Spirits Wonders of the World #6 – Calvados Garnier 2003 – 55,1%

Swell de Spirits Wonders of the World #6 – Calvados Garnier 2003 – 55,1%

Nez : y’a d’la pomme. Et elle se présente sous deux visages, avec une facette assez verte et une seconde plus compotée, accompagnée de notes pâtissières pour un joli gâteau aux pommes. On peut aussi y ajouter des arômes de cidre (on pourrait presque l’imaginer pétillant), qui vont gagner en puissance. La pomme est donc vraiment la star et les autres éléments la mettent en valeur. Parmi ceux-ci, les épices avec la cannelle en tête sont également bien présentes. A l’inverse de ce gâteau que l’on cuit au four, attention de ne pas enfourner le nez dans le verre, l’alcool étant tout de même bien là…
Bouche : …ce qui est confirmé en bouche ; avec parcimonie donc. L’attaque est non dénuée d’une certaine sucrosité et la pomme est toujours là mais elle fait jeu égal avec une note soufrée, qui vient déstabiliser ce calvados. Je ne sais pas comment ce tonneau a été « traité » mais il m’a fait penser à un fût qui aurait été méché.
Finale : ce côté soufré, qui est pour moi un défaut, ne perdure heureusement pas sur la finale. Cela nous permet d’y apprécier le cidre, encore lui, dans lequel on aurait mis une cuillère de miel.
Vous l’aurez compris, ça commence bien et ça finit pas mal mais la bouche a un “souci”.

Swell de Spirits Wonders of the World #2 – Ben Nevis 2012 (Oloroso premier remplissage) – 59,2%

Swell de Spirits Wonders of the World #2 – Ben Nevis 2012 (Oloroso premier remplissage) – 59,2%

Nez : deux impressions m’ont simultanément sauté aux narines, la céréale bien en place – j’aime bien que la matière première soit présente – et des notes de banane/bonbon anglais. Complexe, ce whisky va ensuite offrir des arômes plus floraux, ainsi que des fruits à coque torréfiés. Et ce n’est pas fini, puisque la pomme s’incruste ; elle est arrosée de caramel. Gourmand mais assez frais et fin que ce nez.
Bouche : l’alcool est bien dosé (c’est quand même à presque 60%) et l’attaque est moelleuse, autant sur la texture que sur l’impression d’une certaine douceur (à la fois sucrée et pâtissière). Puis l’intensité arrive avec beaucoup d’épices et une certaine chaleur torréfiée. On perd en complexité mais on gagne en gourmandise.
Finale : on garde cette impression chaleureuse, qui confirme sa dimension torréfiée, ici sur le cacao. On retrouve un miel léger.
Pas mal ce whisky pour mon palais novice. Pas forcément homogène sur toute la dégustation mais ce n’est pas dérangeant.

Swell de Spirits Wonders of the World #8 – Secret Orkney 2017 (Palo Cortado finish) – 59.7%

Swell de Spirits Wonders of the World #8 – Secret Orkney 2017 (Palo Cortado finish) – 59.7%

Nez : plus timide que le Ben Nevis autant du point de vue puissance alcoolique qu’arômes. Il faudra le secouer un peu pour qu’il s’exprime. Il n’en devient pas pour autant facile à décortiquer ; il est assez « serré ». Je retrouve mon bonbon anglais qui est comme recouvert de cendres. Caramel et vanille sont aussi de la partie. Ça s’arrête là. Pas très complexe donc mais avec cette intéressante dualité gourmandise et fumée.
Bouche : on retrouve d’ailleurs exactement cette double identité au palais. C’est gras et doux et en parallèle dominé aromatiquement par la tourbe, d’ailleurs si ce n’est peut-être un peu d’agrumes, je n’arrive pas à passer outre cette note dominante.
Finale : tourbée tout en gardant un manque de finesse sur la douceur.
Oui, j’ai encore du mal avec les whiskys tourbés, même si sur ce nez, cette caractéristique n’était pas omniprésente. J’ajouterai qu’au final, j’ai trouvé assez étrange, et pas très plaisante, cette impression tourbée/sucrée.

Après ces quelques tours de grand huit pour mes papilles, je peux vous dire que le niveau global de ces sélections est très élevé ! Sur les douze dégustés, il n’y en a que trois qui ne sont pas à mon goût et il y en a en revanche beaucoup qui sont vraiment très à mon goût. Et quand je vous dis que ça ne chôme pas chez Swell de Spirits, il y a déjà deux nouvelles références qui ont été lâchées sur le marché : un New Yarmouth et un Port Mourant ; pas le temps de s’ennuyer.
J’ai hâte de pouvoir déguster les futurs embouteillages, tant ce line-up fut un plaisir 🙂

2 thoughts on “Swell de Spirits

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