Chantal La Mauny

Doit-on présenter Chantal Comte ? Ce n’est sans doute pas la peine. Beaucoup d’articles dans différents blogs et journaux l’on très bien fait. Pour me différencier je propose de le faire mal :p En tout cas, de manière très synthétique et uniquement par rapport au monde du rhum.
Chantal Comte est un embouteilleur indépendant (embouteilleuse indépendante ?) français, qui officie depuis de nombreuses années, plus ou moins une quarantaine. Grace à ses relations privilégiées avec certains grands noms du rhum des Antilles Françaises (essentiellement en Martinique), elle a pu mettre en bouteille des rhums de chez Trois Rivières, Depaz, HSE, La Favorite ou encore Bielle. Ses cuvées relativement confidentielles ont rapidement été vues et reconnues par les amateurs comme de très beaux rhums, qui plus est, souvent proposés à des degrés supérieurs à ce qui se faisait (et à ce qui se fait encore) – au juste degré, comme elle l’explique.
Après être restée silencieuse pendant quelques temps, nous avons récemment eu droit à de nouveaux embouteillages par Chantal Comte ; trois blancs d’abord, il y a plusieurs mois, puis deux millésimes de chez La Mauny dernièrement. Sortis dans la “collection” La Tour de l’Or, ces deux rhums agricoles martiniquais ne dérogent pas à la règle de cette série et sont ainsi proposés brut de fût.

Dégustons donc ces deux derniers bébés de Madame Chantal Comte.

Chantal Comte La Mauny 2006

Chantal Comte – La Tour de L’Or La Mauny 2006 (crédit photo : Rhum Attitude)

La Tour de l’Or La Mauny 2006 – 57.7%
Au nez, les deux premiers mots qui me sont venus : frais et complexe. Dès la mise dans le verre, on sait qu’il va falloir prendre son temps. On y décèle rapidement des épices (poivre, vanille, cardamome), des fruits (oranges, cerises à l’eau de vie, prunes), un boisé modéré et un peu de tabac. C’est fin, équilibré, gourmand et changeant. Avec plus de repos, le boisé se fait plus présent et ce rhum nous offre des accents timides de noix et de sucre roux.
Dès l’entrée en bouche, on se laisse conquérir par sa texture collante et envahissante. L’alcool est un peu plus présent et on retrouve de manière frappante bon nombre des caractéristiques du nez : la fraicheur de l’orange, les épices et le bois, pour, là aussi, un grand équilibre.
La finale se fait plus boisée, mais reste fraiche et relativement équilibrée (décidément un des maitres de mots de cette dégustation). Le tabac revient en finesse et après un moment, une touche de sucre roux vient conclure cette expérience aux côtés du bois, qui domine nettement malgré tout.
J’annonce : c’est bien foutu !

Chantal Comte La Mauny 2001

Chantal Comte – La Tour de L’Or La Mauny 2001 (crédit photo : Rhum Attitude)

La Tour de l’Or La Mauny 2001 – 64.8%
Au nez, il présente un profil chaleureux dominé par les épices douces, la vanille et un boisé fondu très gourmand. Les fruits ici sont exotiques et gorgées de jus avec l’orange, la papaye et la banane (oui c’est rare d’avoir une banane juteuse, je sais). Jamais on ne croirait qu’il est à plus de 60 degrés. Il y a aussi un quelque chose de fruits à coque torréfiés, très agréable. Après plus de repos, on y détecte comme un voile de cire à bois, qui laisse entrevoir l’âge respectable du rhum. Il reste malgré tout riche et charnel ; oui il en a encore sous le capot le papi.
En bouche, le boisé marque son territoire et se fait légèrement tannique et, autant sur l’entrée en bouche, l’alcool reste discret, autant quand on le garde quelques secondes, il chauffe (prenez des petites gorgées). On garde aussi cette chaleur aromatique des fruits, des épices et du bois, pour un profil toujours aussi opulent et riche.
La finale reste résolument boisée ; un boisé qui ne laisse pas vraiment de place à ses petits camarades, malgré une courageuse mais éphémère tentative des épices. Il se fait même humide, ce qui est un peu moins à mon goût.

Moins frais mais plus opulent, plus chaud que son jeune frère, qui lui, offre un profil plus fin – une véritable dentelle de rhum – mais sur lequel je n’ai pas eu de coup de foudre.

J’ai beaucoup aimé les deux nez, qui sont pourtant sensiblement différents. Même constat en ce qui concerne la bouche de ces rhums, avec les mêmes éléments comparatifs : moins d’équilibre sur le 2001 mais plus de générosité. En revanche je préfère la finale du 2006, du fait de cette note bois mouillé sur le 2001, qui apparait après plusieurs minutes. Une solution possible : ne jamais attendre ce délai et en reprendre une gorgée régulièrement, disons toutes les deux ou trois minutes ! (je suis d’accord, ce n’est sans doute pas une bonne solution :D).

Quoi qu’il en soit, j’ai eu un faible pour le 2001, qui m’a procuré plus d’émotions. Mais ce qui est sûr c’est qu’il n’est pas facile de choisir un favori, d’autant moins que c’était la seconde dégustation que je faisais de ces rhums et que je n’avais pas forcément eu les mêmes impressions la première fois.
En même temps, tout ça est un peu secondaire, ces deux rhums sont bons, voire très bons, je ne saurais que trop vous encourager à les déguster et à vous faire votre propre opinion 🙂

Bref, en ce qui me concerne, j’en viens à me demander s’il ne me faudrait pas des échantillons de 70cl pour me faire une idée définitive et m’acheter ou non une bouteille 😀

3 thoughts on “Chantal La Mauny

  1. Pingback: Les dégustations : Chantal La Mauny – supplément | Les rhums de l'homme à la poussette

  2. Purée mais ça c’est l’idée de génie que j’applique régulièrement : l’échantillon de 70 cl !!!! Faut juste pas se tromper…sinon ça fait mal aux fesses, ainsi qu’au porte-feuilles

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