Hampden Single Casks – Le tasting, avec Olivier Scars « Who Rhum the World? »

Quand on te demande si tu veux tester la série des six Hampden single casks récemment sortis un peu partout dans le monde, tu ne réfléchis pas trop longtemps. Nan, en fait, tu ne réfléchis pas ; ça tombe bien, je suis assez doué pour ça !

Hampden Line up

Les Hampden Single Casks par Velier

Pourtant ça ne parait peut-être pas si évident qu’une telle proposition ne puisse être refusée, surtout par moi à vrai dire. Vous le savez, depuis quelques temps j’ai des soucis avec les esters, je les apprécie moins, je leur trouve un furieux manque d’équilibre et ils ne correspondent qu’assez rarement à ma notion de gourmandise. Il m’arrive cependant d’être d’humeur à me prendre un concentré d’arômes dans le palais. Gourmandise et équilibre étant depuis quelques temps mes deux marottes, ce goût pour l'”extrême” ne me prend pas si souvent.

Alors pourquoi avoir accepté ? D’abord parce qu’il était drôlement sympa de la part des organisateurs de m’avoir invité, par l’entremise d’Olivier Scars, le médecin ragga man. Donc merci Ollivier, Alex et Olivier ! Ensuite parce que je suis toujours en soif d’apprendre et de découvrir ; n’ayant goûté aucun de ces six rhums (j’ai même loupé ceux présents au Whisky Live Paris 2019), j’étais naturellement intéressé. Et enfin, car certains de ces Hampden single casks ne sont pas surchargés en esters, ce qui me rendait curieux.

C’est il y a deux semaines de cela que je me suis donc rendu du côté de Porte de Bagnolet, afin de rejoindre cette petite troupe d’amateurs de rhums qui envoient, pour passer une soirée du côté de Trelwany en Jamaïque (juste à côté de la Porte de Bagnolet).
Bien accueillis, les convives, outre les plaisirs liquides, ont pu se régaler d’accras, de samoussas, de tapenade, de différents fromages et, en dessert, de petits choux absolument succulents ! Entre ça et les hectolitres d’eau gazeuse, nous étions prêts à nous faire surcharger les papilles et le foie, façon full proof.
En plus de nous avoir sustenté, nos hôtes nous ont également régalé de quelques histoires, parfois assez folles, sur la manière dont ils ont réussi à se procurer certaines de ces bouteilles. Et oui, vous vous en doutez peut-être : réussir à réunir six bouteilles à très petit tirage, chacune apparue à un point géographique différent, et à haute valeur de collectionnite est loin d’être chose aisée ; c’est le moins que l’on puisse dire !

Niveau ordre de la dégustation, nous nous en sommes tenus à monter dans les esters, quitte à potentiellement faire les montagnes russes avec le degré d’alcool.

Mais assez bavassé, c’est parti !

OWH 2011 Berlin
Hampden OWH 2011 – 59.5% – Berlin Bar Convent

Hampden OWH 2011 – 59.5% – Berlin Bar Convent

Un nez bien Jamaïque mais pas franchement Hampden. Il est modérément expressif et pourrait être placé du côté de Clarendon, plus continental que tropical qui plus est, avec des notes pomme/amande. L’alcool se fait un peu sentir.

La bouche confirme ce profil « continental ». On a l’impression d’avoir un Monymusk embouteillé par un énième embouteilleur indépendant, avec ses marqueurs assez verts et astringents et sa finale empyreumatique.

Aucun intérêt.

L’avis de Scars : Un Hampden très déroutant, à l’opposé des marqueurs Hampden habituels, mais qui ne m’a pas convaincu pour autant ⭐⭐

OWH 2012 WL Paris

Hampden OWH 2012 – 62.8% – Paris Whisky Live 2019

Hampden OWH 2012 – 62.8% – Paris Whisky Live 2019

Le nez est déjà bien plus sympa, plus tropical, plus équilibré aussi, avec en prime un léger beurré. À nouveau pas vraiment Hampden, plus Long Pond sur la gourmandise, avec toujours un peu de pomme quand même. Nous ne sommes toujours pas sur du Hampden comme on le connait.

En bouche il développe un côté crémeux, tant sur la texture qu’au niveau arôme. L’alcool n’est pas le mieux intégré, sans pour autant qu’il soit imbuvable. On retrouve la gourmandise de fruits très mûrs, ainsi qu’un passage poivré en début de finale, qui est moyennement longue.

Petit coup de cœur sur cet Hampden à tendance Long Pond – comme quoi les Hampdens faiblement chargés en esters peuvent également se faire remarquer.

L’avis de Scars : Un bel exemple d’Hampden à faible esters, dommage que l’intégration de l’alcool ne soit pas au rendez-vous ⭐⭐⭐

LFCH 2011 WL Singapore

Hampden LFCH 2011 – 61.7% – Whisky Live Singapore 2019

Hampden LFCH 2011 – 61.7% – Whisky Live Singapore 2019

Décidément, une fois de plus pas tant Hampden que ça au nez – peut-être plus Clarendon, comme sur le OWH 2011 mais cette fois-ci on se tropicalise. J’ai trouvé l’alcool trop puissant et me suis grillé un poil de nez au passage. Pomme et fruits tropicaux sont en rendez-vous. Avec du temps, il se patine, tout se fond et on arrive sur un profil moins exubérant et plus fondu et peut-être un peu plus Hampden, étrangement.

En bouche, il dégage une puissance certaine et se fait un peu asséchant. Là on se rapproche un peu plus de ce que l’on pense de Hampden, et naturellement, la finale est la plus longue à ce moment de la dégustation.

Moyen.

L’avis de Scars : Un profil en demi-teinte avec un peu d’esters, mais tellement d’autres choses ⭐⭐⭐

LROK 2010 Spa

Hampden LROK 2010 – 63.2% – Festival du Rhum Spa 2019

Hampden LROK 2010 – 63.2% – Festival du Rhum Spa 2019

Voilà, nous y sommes ! Clairement le plus Hampden pour l’instant : intensité, gourmandise, fruits pourris, léger solvant, amande amère, olive. Un Hampden typique sans être extrême.

Sur la bouche, l’alcool est bien dosé et se fait porteur d’arômes. Il offre une belle intensité et est très porté sur les fruits mûrs.

La finale est longue, marquée de notes empyreumatiques auxquelles viennent se joindre des notes fruitées et d’autres légèrement boisées.

Clairement le plus Hampden jusqu’ici, mais un Hampden équilibré, complexe et tout simplement agréable. Belle sélection des organisateurs du Salon du Rhum de Spa en Belgique !

L’avis de Scars : Très beau profil, légèrement sur la retenue ⭐⭐⭐⭐

Diamond H 2010 LMDW

Hampden <>H 2010 – 69.2% – Selected by LMDW

Hampden <>H 2010 – 69.2% – Selected by LMDW

Bon eh bien, nous allons rester du côté de Trelwany avec celui-ci. Il propose au nez un côté grand arôme mais étonnamment équilibré malgré tout, avec les fruits tropicaux sur-mûris, la chaleur et un certain boisé. On à l’impression de s’enfoncer plus avant dans la distillerie et de commencer à en apercevoir certains coins sombres.

La bouche envoie. Grave. Et autant en alcool qu’en arômes, on se prend une bonne claque. On n’est pas franchement sur la retenue ^^

Rien à ajouter.

L’avis de Scars : Superbe Hampden, profil complet et assumé ⭐⭐⭐⭐

HLCF-DOK 2010 Italy

Hampden HLCF/DOK 2010 – 61% – The One and Only (Italie)

Hampden HLCF/DOK 2010 – 61% – The One and Only (Italie)

Notre promenade chez Hampden nous amène maintenant au cœur de la distillerie, où l’on se retrouve entre son alambic au métal sombre et usé et les fûts noirs suintant. Nous sommes toujours sur un rhum typique de Hampden, mais moins fruité, moins gourmand. C’est le bois qui prend le dessus, un bois qui va même jusqu’à offrir quelques notes fumées. Un petit quelque chose de lacté (pour moi, également distinctif des rhums issus de vers Porte de Bagnolet) vient compléter ce nez.

En bouche, l’alcool est bien intégré et on retrouve les marqueurs du nez, avec au passage, une légère astringence. La finale est interminable.

L’avis de Scars : Profil très différent et assez unique parmi cette dégustation comparative. Intense et boisé ⭐⭐⭐⭐

Quelle balade ! Je suis bien content d’avoir pu découvrir certaines facettes de Hampden que je ne connaissais pas, certes pas toutes à mon goût, mais intéressantes malgré tout. Une chose est sûre, j’associe les rhums issus de cette distillerie à de forts taux d’esters, au point de ne pas identifier l’origine des OWH.
Ma préférence est allée vers trois des six rhums dégustés : le OWH 2012 du Whisky Live Paris, le LROK 2010 du Salon du Rhum de Spa et le <>H 2010 sélection par LMDW.

H and White DOK

Hampden <H> 2010 – 62% – Velier 70ème anniversaire et White DOK Rum de Luxe – 85.6%

Et je ne vous quitte pas sans un petit bonus, puisque nous avons pu également déguster le <H>2010 de la série Kong pour les 70 ans de Velier, qui est – comparativement aux trois derniers rhums du line-up – sage et beurré et bien loin du souvenir que j’en avais (merci Ludo :))
Et enfin, pour finir, un ovni : le White DOK de chez Rum de Luxe avec ses 1600 esters et ses 85.6%. Ah quand même ! Et là, surprise, puisque ce qui a avant tout sauté aux narines des dégustateurs, c’est le jus de canne oO Un jus de canne qui serait distillé sur un alambic (et pas sur une colonne créole). Sincèrement, il ne devrait y avoir aucune raison pour qu’un tel rhum développe une telle note et je me demande d’ailleurs toujours s’il ne s’agit pas d’un autre arôme que nous aurions associé avec le jus de canne… Aucune idée mais intéressant quoi qu’il en soit !

Allez, cette fois-ci j’arrête 😉

Vous pouvez retrouver l’article d’Olivier sur son blog Who Rhum the World ici !

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