Les dégustations : Plantation Fiji 2005 et Jamaica 2003

Voici deux sorties “à contre-courant” chez Plantation. Alors que l’on peut voir des prix atteindre des sommets chez beaucoup d’embouteilleurs et producteurs, particulièrement lorsqu’il s’agit de vieillissements tropicaux, ici nous avons deux rhums qui ont passés respectivement 14 et 16 ans sous les tropiques et qui devraient être commercialisés dans les 80€. En effet, ça n’a aucun sens. Du coup, une seule explication possible : ils doivent être très mauvais ; des fonds de cuve, des raclures de fûts, des résidus de distillation… Je ne vois pas d’autre explication ! Il va donc falloir que je m’en assure en me sacrifiant pour les déguster !

 

Plantation – Fiji 2005 – Rum & Co of Fiji – 50.2%

Plantation Fiji 2005 mod

Plantation – Fiji 2005 – Rum & Co of Fiji – 50.2%

Le premier nez ne nous livre pas du tout un profil Fiji auquel on est habitué, il est bien plus sage, plus équilibré et moins expressif (pour l’instant). Agréable cependant avec ses arômes de vanille, de bois, d’orange et d’une pointe de fruits à coque, entre noix et noisette. Une fois les parois du verre tapissées, l’alcool ressort un peu (et c’est bien) et ce sont surtout la vanille et la noix (qu’est-ce que j’aime cette noix !) qui deviennent conquérantes mais associées au caoutchouc, invité surprise de cette dégustation. Un peu de sucre roux et une discrète apparition torréfiée, voici ce qui complète ce nez. Nez qui parvient à – je ne sais comment – garder une certaine fraicheur. Il est très enrobant, sur une impression crémeuse, ce qui le rend d’autant plus gourmand, même si peut-être un peu simple, et encore…

En bouche, l’alcool est parfait et on garde cette image d’un rhum équilibré et gourmand mais on perd un peu de son identité, comme s’il perdait un peu de son « accroche ». Je ne retrouve définitivement pas ce que je connais des rhums de Fiji plus élevés en esters – et ce n’est pas forcément un mal par ailleurs. Ce sont essentiellement la vanille et l’orange qui mènent la danse, sans que le bois ne soit bien loin et le caoutchouc rôde toujours.

La finale est boisée et vanillée et garde une certaine acidité qui lui permet de ne pas s’assoupir. Une pointe de tabac et de chaleur torréfiée clôt la dégustation.

Un Fiji atypique (de ce que je connais tout du moins), ce qui est intéressant. Bien qu’il lui manque, pour moi, quelque chose en bouche, la finale et surtout le nez sont vraiment très plaisants entre équilibre et gourmandise et un franc goût de reviens-y.

 

Plantation – Jamaica 2003 – Clarendon MMW – 49.5%

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Plantation – Jamaica 2003 – Clarendon MMW – 49.5%

Le premier nez est gourmand avec un franc côté pâtisserie à la pomme. Pour être plus précis, il y a un côté pâtissier mais aussi des notes de frangipane et de quelque chose que j’ai pu goûter en Allemagne, qui est une sorte de sauce acide/sucrée obtenue à partir de la réduction très longue de pommes où le sucre du fruit caramélise ce qui donne une couleur brun foncé. Ajoutez une pointe de « dissolveur à zongles » et voilà un nez séduisant. Un peu de banane ? Même pas sûr.
Le second nez est plus chaud, plus sombre avec l’émergence de notes de tabac et d’une orange bien mûre et juteuse. La pomme et l’amande sont toujours présentes et s’accommodent bien des nouveaux arrivants. Le dernier de ceux-ci étant une pointe mentholée (et un peu poivrée), synonyme de fraicheur.

En bouche, l’intensité est bonne et on retrouve vraiment cette mixture allemande appelée Apfelkraut (comme quoi ça peut servir d’avoir une femme d’outre-Rhin ^^) avec une pomme concentrée et acide (mais pas sucrée ici). L’amande devient amère, le poivre (un peu mentholé) se renforce et les épices douces se joignent à la fête. On perd de la gourmandise avec la quasi disparition de la facette pâtissière et nous sommes sur un rhum un peu plus sérieux ; mais il reste toujours plaisir malgré tout et c’est une évolution bienvenue.

La finale est plus sur une trame empyreumatique (et le tabac) même si l’on garde l’amande amère et cette pomme acide et intense. Intense, cette finale le reste un bon moment.

Qu’il est agréable de déguster un Clarendon (Monymusk) qui a vieilli sous les tropiques ! Beaucoup moins végétal et plus gourmand que ses cousins européens, ce jamaïcain est vraisemblablement un bel instantané de cette distillerie et ça, ça fait plaisir.

line up

Plantation Jamaica 2003 Clarendon MMW (49.5%) et Plantation Fiji 2005 Rum & Co – 50.2%

Voilà une enquête rondement menée ! Et la réponse à mon interrogation de départ : ces rhums ne sont pas mauvais (ils en sont même bien loin), c’est donc juste que Plantation n’a rien compris ; vendre des rhums qualitatifs, vieux, tropicaux, bons, le tout à prix raisonnable… N’importe quoi les gars !

3 thoughts on “Les dégustations : Plantation Fiji 2005 et Jamaica 2003

  1. J’ai préféré le jamaïcain que je trouve vraiment très bon ! Le Fiji super agréable au nez, m’a un peu déçu, trop sur l’alcool, faudra que je le regoute .

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  2. Pingback: Plantation Pérou 2006, Trinidad 2009 et Australie 2007 | Les rhums de l'homme à la poussette

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