Cuvées du Bar 1802 : Diamond, Caroni et Hampden

Le Bar 1802, niché au rez-de-chaussée de l’Hôtel Monte Cristo à Paris, est devenu en quelques années en point de rendez-vous immanquable pour amateurs d’eau-de-vie de canne. Leur très grande carte de rhums et leur menu cocktails 100 % rhum sont bien sûr des arguments de choix. Mais depuis quelque temps, ils proposent également des cuvées exclusives, fruits de collaboration avec des plus ou moins grands noms de monde du Rhum (par exemple avec Mhoba ou Famille Ricci).

J’ai profité de la soirée de lancement du “petit” dernier, un Caroni, pour rattraper mon retard et me pencher aussi sur les deux précédents : un Diamond et un Hampden. Oui, il y a comme une trame mélasse.

Nobilis Rum x Bar 1802 – Guyana Diamond 2008 (15 ans) – 65.2 %

Nobilis Rum x Bar 1802 – Guyana Diamond 2008 (15 ans) – 65.2 %
Nobilis Rum x Bar 1802 – Guyana Diamond 2008 (15 ans) – 65.2 %

Le premier nez n’est pas le plus expressif, ni aromatiquement, ni en puissance. Le boisé est fortement toasté et se joignent à lui une facette herbacée et une note de cacahuète. La noix ramène le bout de sa coquille. Donnons-lui plus de temps. Après quelques minutes, il gagne en épaisseur, en profondeur grâce à son profil qui s’assombrit et prend des accents de mélasse et de fût carbonisé. Étaler le jus dans le verre lui donne une franche bouffée d’alcool mais fait aussi poindre de timides fruits à noyau. Le rhum garde son double visage, sombre d’un côté et herbacé de l’autre. Intéressant.

La bouche ne colle pas tout à fait avec le nez, mais ce n’est pas grave. Alors qu’on retrouve nettement nos marqueurs sombres, le rhum emprunte un nouveau chemin, vers plus de fruits (couverts de sucre de canne brut, type galabé) et même une certaine suavité. Et puis une pincée de sel ?

Mélasse, bois calciné puis, après quelques instants, noix et toujours ce sucre non raffiné ; voilà comment s’articule la finale, pas désagréable du tout.

J’ai bien aimé. Un gros Demerara, bien mélassé, sans pour autant être dénué de son identité propre. Je ne l’ai pas mentionné, mais l’alcool est maitrisé, ce qui ne gâte rien.

Scotch Malt Whisky Society x Bar 1802 – Caroni 1998 – 61.7 %

Scotch Malt Whisky Society x Bar 1802 – Caroni 1998 – 61.7 %
Scotch Malt Whisky Society x Bar 1802 – Caroni 1998 – 61.7 %

Aucun doute, c’est bien un Caroni. De ces Caroni confortables qui, bien qu’identifiables, équilibrent le bitume et le caoutchouc, par la vanille et le beurre. On y ajoute un peu de tabac à rouler et nous voilà face à un rhum engageant. Mais connaissant ce genre de bestiole, il va aussi falloir lui donner du temps pour voir comment il évolue. Le temps qui défile ne fait qu’accentuer son aspect moelleux, avec le caramel qui vient se joindre à son pote la vanille. Il donne alors l’image d’un jus où goudron et caramel forment une mixture gluante et épaisse. Cette dernière est parsemée de cendres (non, je ne conseille pas d’en prendre un grand bol au petit déjeuner). Il gagne en puissance sur le second nez, et le boisé se fait un peu piquant, mais il reprend rapidement ses marques et sa gourmandise (tant mieux). À noter, sur les deux heures de dégustation, le passage de phases un peu plus fermières.

Dès l’attaque, on retombe sur nos pattes : un Caroni assumé, fier de ses origines, qui a su acquérir des manières et se rendre aimable. L’intensité aromatique est notable et l’alcool présent, sans excès néanmoins.

La finale ? Interminable, typique de la distillerie, avec ses marqueurs habituels mais aussi une bonne grosse vanille et des épices qui vont s’octroyer une belle part du palais.

Un Caroni, très Caroni certes et dans cette veine gourmande et vanillée. Voilà un échantillon que je vais me garder de côté !

Samaroli x Bar 1802 Jamaica – 2013 (Hampden) – 58 %

Samaroli x Bar 1802 – Jamaica 2013 (Hampden) – 58 %
Samaroli x Bar 1802 Jamaica 2013 (Hampden) – 58 %

Lui aussi va droit au but et ne laisse aucune place au doute sur son origine. Ananas, pomme verte, solvant, il offre également une fraicheur herbacée, ainsi qu’un petit côté bonbon arlequin. À noter un alcool qui semble très bien maîtrisé. L’attente ne changera pas grand-chose, avec ces fruits imbibés de solvant qui occupent le devant de la scène. Enduire les bords du verre avec le rhum accroit l’alcool (normal) et fait aussi apparaitre de nouveaux acteurs (amande amère, zeste d’orange et vanille), sans qu’ils concurrencent vraiment le duo star pour autant.

En bouche, il joue parfaitement dans la gamme sur laquelle on l’attendait. Ananas sur-mûri, pomme verte, amande, solvant… Une particularité tout de même, il se livre plus chaleureux que prévu avec un côté torréfié qui surprend un peu et nous sort de la partition Hampden habituelle. L’alcool, comme prévu, ne gêne en rien la dégustation, au contraire, avec une belle intensité.

Très longue que la finale, elle confirme la trame habituelle de la distillerie jamaïcaine tout en jouant aussi sur un registre chocolaté. L’olive n’apparait que maintenant.

Je ne vois pas ce que les amoureux de Hampden pourraient avoir à y redire, d’autant qu’il offre ce petit supplément d’âme torréfié.

Une très jolie balade en terres de mélasse anglaises ! J’ai apprécié les trois, avec une courte préférence pour le Caroni, devant le Diamond et enfin le Hampden.

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