« Encore un nouvel embouteilleur ! » vous exclamez-vous. Et oui, voilà l’un des acteurs les plus récents sur la scène de l’embouteillage indépendant français : Zero Nine Spirits. Leur particularité : embouteiller tous types de spiritueux. Aussi, vous pourrez trouver dans leurs flacons déjà commercialisés du rhum, du whisky, du cognac et de l’armagnac. Autre spécificité : des étiquettes qui se remarquent dans des thèmes très geeks, arborant des samouraïs ou encore des véhicules cyberpunk.
Dur de ne pas penser à un autre embouteilleur français, qui peut se targuer des mêmes caractéristiques (multi-spiritueux et superbes étiquettes) : Swell de Spirits (dont je vous parlais dans cet article et dans celui-ci).

Bref, j’ai pu mettre la main sur trois échantillons de leurs dernières sorties, un rhum jamaïcain, un whisky breton et un single malt américain.
Passons à la dégustation.

Zero Nine Spirits – Wh02 Armorik 2015 – 53.5 %

Ce sont des effluves très ronds qui ouvrent la dégustation. Les fruits (pêche, abricot et poire) sont saupoudrés d’épices et bien que le fût a été reconditionné, un côté vineux transparait. Sa nature maltée est sous-jacente et n’apparait que dans un second temps. Le deuxième nez accentue un peu l’impact aromatique de la matière première, alors qu’une pointe d’agrume apparait. Il devient plus intense et plus chaud, tandis que le boisé se fait tendre.

La vivacité sur l’attaque est certaine – et surprend même un peu. Les arômes se font ici moins nets et sont soit trop compacts, soit pas assez expressifs. J’ai été un peu déçu par cette bouche.

La finale, chaleureuse, est longue et demeure intense un bon moment, tout en déposant de soyeux tannins sur la langue. On y retrouve un malt légèrement chocolaté et toujours épicé.

Le nez est très attirant, la bouche nous laisse sur notre faim mais la finale le remet sur le droit chemin. L’impression globale est donc plutôt positive ; dommage pour ce « creux » en milieu de dégustation.

Zero Nine Spirits – Wh03 Westland 2014 – 59.5 %

Un boisé sec et tendu nous souhaite la bienvenue. Il se voit rapidement rejoint par la vanille et un cacao qui ne cesse de croitre en présence. Il gagne à s’ouvrir dans le verre, le repos attendrissant le fût et faisant apparaitre la prune. Étaler le liquide dans le verre fera prendre au cacao une facette terreuse que certains chocolats noirs peuvent exprimer. Une note de beurre frais fait irruption et notre prune – désormais séchée – apporte une petite touche acide qui crée un certain équilibre.

La texture se fait (positivement) remarquer, il y a de la matière. On retrouve notre boisé gourmand mais il n’est pas aisé de le garder longtemps en bouche pour en décortiquer le profil en détails.

La dégustation est joliment conclue, sur des notes de pâtisserie épicée et cacaotée. Cette finale, sèche, est bien menée et demeure confortable de longues secondes, une pointe de tabac achevant l’expérience.

Le nez se montre évolutif et une fois en place, il donne envie de s’y plonger. La bouche est un peu vive mais pas désagréable et on aimerait que la finale ne s’éteigne jamais. C’est cette dernière étape que j’ai le plus appréciée.

Zero Nine Spirits – Clos des Spiritueux Long Pond 2006 – 60.1 %

On reconnait immédiatement la Jamaïque dans ce qu’elle a d’expressif ; le liquide embaume littéralement la pièce : vernis, fruits exotiques très mûrs, saumure et cacao. Concentré, ce Long Pond, n’en demeure pas moins équilibré. Il évolue sur une trame qui fonctionne bien, d’autant que les minutes passant, la noix montre le bout de son cerneau. Sur le deuxième nez, le rhum gagne en puissance mais la distribution reste la même.

Cette puissance est mesurée sur l’attaque et nous permet de le garder en bouche afin d’y retrouver les acteurs découverts au nez. Là encore, se forme un joli équilibre entre notes « chimiques » et arômes gourmands, fruités et boisés. À noter une fulgurance saline assez surprenante.

On s’y attendait, la finale est longue. Colle/vernis, boisé, banananas (un fruit très rare, croisement entre la banane et l’ananas), saumure d’olive et légère acidité ne veulent pas nous abandonner.

Une belle sélection que ce Long Pond 2006, tout simplement.

Voilà pour ce premier contact prometteur avec les sélections de Zero Nine Spirits. Nul doute que leurs embouteillages croiseront de nouveau mon chemin !