Ça n’arrête pas chez Swell de Spirits, alors je ne m’arrête pas de déguster !
Voici, pour cette troisième session consacrée à l’embouteilleur multi-spiritueux bordelais : eaux-de-vie de fruits (y compris raisins), whiskies et rhums. C’est parti !

Swell de Spirits Wild Nature Series #5 Eau de vie de poire de La Salamandre – 49 %

La poire ! Fraiche, douce, mûre, expressive, texturée, sucrée… On en sent la peau, le grain et la chair.
La bouche prolonge l’expérience de manière très homogène. J’ajoute que texture et puissance sont très agréables.
La finale est moyennement longue mais nette. Ah non, en fait, le distillat revient et s’avère plus long que prévu.

Incroyable cette eau-de-vie de poire ! Tellement fidèle au fruit, sans notes qui viendraient perturber la star.

Swell de Spirits – That’s the Spirits #4 Cognac Pasquet Grande Champagne Lot 57/62 – 50.6 %

Le cognac semble très posé, le boisé est en place et les fruits du verger, confits. Il apparait légèrement poudré et vanillé et l’ensemble est remarquablement équilibré mais pourrait être plus expressif. Le deuxième nez et le repos améliorent ce point et, alors que le bois reste campé sur ses douelles, les fruits augmentent en intensité. De nouveaux acteurs entrent en scène : orange, mangue et noix. Ce qui en résulte est très engageant.
L’attaque est douce, mesurée et gourmande à la fois. On retombe sur notre équilibre bois / fruits, y compris les agrumes et des fruits secs, alors qu’apparaissent du tabac et un peu de caramel. Une impression tropicale rôde et il n’est pas dénué de fraicheur.
Boisée, cirée, agrumée, tabacée (sinon c’était « tabagique » et ça ne fait pas rêver) et légèrement salée (je trouve souvent du sel ces temps-ci sur mes dégustations, je me demande si c’est mon imagination). Longue, on retrouve aussi un peu de noix.

Pas mal du tout ! L’équilibre est multiple entre fruits et boisé et entre trame sombre et fraiche. Il forme une belle unité.

Swell de Spirits Field Trip Series Eau-de-vie de prune 1999 La Salamandre – 43 %

Dur de trouver un spiritueux plus expressif que celui-ci ! Il saute aux narines avec une intensité conquérante. Confit à l’extrême et doté d’une grande fraicheur : pruneau, zeste d’orange, épices, fruits confits, amande, légèrement pâtissier… Ce n’est malheureusement pas un profil sur lequel je prends beaucoup de plaisir mais je dois lui reconnaitre ses qualités, qui sont nombreuses.
La bouche est un peu plus sage et la concentration monte rapidement alors que l’on garde l’eau-de-vie en bouche. La trame est très similaire au nez, avec l’amande qui prend le premier rôle. La seconde gorgée est plus ample, plus ronde et texturée ; aromatiquement toujours aussi intense.
J’espère que vous n’avez rien prévu de déguster par la suite.

Un spiritueux unique par sa nature même (une prune vieillie 25 ans ça ne court pas les rues autant que je sache) mais aussi par son intensité aromatique et sa complexité.

Swell de Spirits Wild Nature Series #3 – Glen Garioch 2015 – 53.5 %

Moyennement expressif, ce sont des notes fruitées (banane, fraise) et vanillées qu’il faudra aller chercher au fond du verre. Le repos lui fait du bien, il prend de l’ampleur et le malt surgit, apportant dans son sillage des notes grillées, qui vont venir concurrencer les fruits. Le second nez ne modifie pas le profil général, bien qu’il ajoute quelques accents torréfiés et une pincée d’épices. La noix de coco se manifeste par la suite.
Dès l’attaque, une association d’arômes vanillés et minéraux envahit la bouche. Relativement simple, on aimerait plus de richesse. Texture et pourcentage alcoolique sont réussis.
La finale débute sur une bouffée chaleureuse et boisée, qui va progressivement se muer en une association plus chaude où la vanille demeure mais où un côté crémeux et légèrement grillé se fait une place.

Pas mal, sans être totalement à mon goût.

Swell de Spirits POP #2 Intercaves – Secret Islay Blended Malt – 61.4 %

Son origine ne saute pas aux narines et ce sont les fruits qui ouvrent les hostilités : pomme, orange et banane. Une facette crémeuse et caramélisée arrive ensuite, ainsi qu’une pointe minérale. C’est après quelques minutes dans le verre que son île natale commence à transparaitre. La tourbe s’affirme au fil du temps. Étaler le liquide sur les parois du verre va encore accentuer ce phénomène et donner au whisky une identité plus sombre et chaleureuse.
La bouche, un peu vive, est du même acabit. La tourbe est là mais laisse de la place à un crémeux fruité (toujours banane et pomme).
C’est cette tourbe qui va prolonger le plaisir, en laissant à nouveau un peu de place aux fruits et à une touche de vanille.

Un Islay tout dans la mesure, où le côté tourbé ne prend pas le pas sur les autres arômes. J’ai bien aimé.

Swell de Spirits Private Garden #10 – Versus Foursquare 2006 – 59 %

Très expressif sur la noix de coco grillée (presque lait de coco), le bois et la colle. Une fraicheur bienvenue et inattendue provient d’une trace de pin et d’herbes aromatiques. Une impression caramélisée surnage. Le deuxième nez fait ressortir la colle et la fraicheur, reléguant la gourmandise au second plan, en dépit de l’apparition d’un peu de beurre et l’émergence qu’un petit quelque chose de bubble-gum.
La liquide prend possession de la bouche entre autres du fait d’une puissance certaine mais correctement dosée ; on peut même le garder en bouche un bon moment. Caramel, coco grillé, boisé, on retrouve une bonne partie de nos acteurs du premier acte, en perdant la fraicheur et la glu.
Vraiment très longue est la finale, dominée par la noix de coco et le bois, plus l’apparition du tabac. Le frais revient mais différemment, un peu citronné. Sur la fin, le cacao lui aussi repasse nous saluer.

Le côté coco et caramel gourmand de Foursquare est bien foutu, alors que son originalité vient de sa fraicheur, essentiellement sur le nez.

Swell de Spirits Pop #1 – Intercaves HPDN 2012 (low esters) – 59.1 %

Aurais-je reconnu Hampden ? Peut-être pas, mais nous sommes en Jamaïque. Fruité, ce rhum s’exprime sur la banane, la pomme et l’amande. Vient ensuite un côté plus chimique, synthétique : plastique, encre et vernis à ongles. On a beau être face à un low esters, il s’exprime sans ambages, boisé compris. Étaler le liquide sur les parois du verre n’y change pas grand-chose. Pas mal ce nez, même s’il lui manque, pour moi, un peu de concentration tropicale.
Il se fait à la fois incisif et rond en bouche ; l’alcool est mesuré là aussi. Aromatiquement moins net et moins expressif, sa qualité vient de la texture (en plus de la puissance et de la sucrosité), grasse. Il règne une impression fruitée, sans que je puisse déterminer de quels fruits il s’agit, si ce n’est un peu de citron.
La finale est étonnamment courte – surtout après le Foursquare. On garde le citron, auquel on ajoute un peu de sel et de vanille.

Pas désagréable, loin de là, il est réussi dans son style mais c’est précisément un style qui ne me procure finalement que peu de plaisir.

Swell de Spirits Private Garden #15 – Intercaves Limoges Caroni 1998 – 59.2 %

Une grosse gourmandise sale et attirante ! De plus en plus complexe, on retrouve la colonne vertébrale de son origine (essentiellement caoutchouc), comme engluée de caramel et de chocolat noir fondu. Il se dévoile progressivement nous faisant profiter de notes fraiches, végétales sous des accents d’herbes aromatiques et de menthol. Un voile de vanille complète ce premier nez qui fait envie. Le deuxième nez et le repos poussent un boisé « taille de crayon » en avant aux côtés de la fraicheur herbacée et d’une facette plus austère de Caroni, plus pétrolée. Cela se traduit par un net déficit de gourmandise. Plus de repos lui fera du bien.
On reste malheureusement sur cette impression sérieuse sur l’attaque. Il faudra le faire travailler en bouche un moment pour y retrouver quelque gourmandise, ce qui n’est pas évident car il se montre plutôt vif. La trame aromatique est menée par une identité Caroni sur l’essence, un café trop fort et salé, ainsi qu’une huile essentielle de plantes.
La finale est interminable, boisée, torréfiée, industrielle et toujours aussi peu « plaisir ».

Le premier contact me laissait espérer bien mieux mais la dégustation continuant, ce Caroni 1998 s’est montré bien trop strict et beaucoup moins à mon goût, dommage.

Des hauts et des… moins hauts pour ce troisième line-up Swell de Spirits. Quatre m’ont plu et les autres plus modérément. Ce sont l’eau-de-vie de poire, le Pasquet, le Islay et le Foursquare qui m’ont semblé être les plus réussis. Intéressant de voir que sur le papier, ce ne sont pas forcément ces quatre-là qui seraient ressortis en tête.

Voici mes deux premiers articles sur Swell de Spirits :
– Swell de Spirits embouteillages 2022
– Swell de Spirits embouteillages fin 2023