Plongeons-nous sans attendre dans les deux grandes catégories des spiritueux dont je vais vous parler aujourd’hui : les rhums de mélasse et les whiskies écossais. Deux groupes très bien représentés au Salon Dugas Club Expert.

Coloma Rozelieures Finish – 43 %
Huit ans en ex-fût de bourbon puis un mois en ex-fût de whisky Rozelieures.
Nez : me fait penser que le Rozelieures était tourbé avec une légère fumée, de la fraîcheur et du caramel.
Bouche : suavité sensible et mesurée, un profil ron assez classique.
Finale : le whisky revient sur la finale, pour un côté plus sec et toujours un peu de fumée.
Pas inintéressant dans son style.
Coloma Cask Strength 2010 – 61 %
Mis en bouteille en 2022.
Nez : profil ron avec puissance du fût unique.
Bouche : alcool bien et aromatiquement très agréable.
Finale : moyennement longue, un peu plus sombre et torréfiée.
Jolie surprise.

Santa Teresa – 40 %
Nez : dans ce style de rhum de tradition hispanique, plutôt expressif.
Bouche : relativement sec, texture étonnante.
Finale : finale torréfiée et caramélisée.
Il se défend.
Santa Teresa Speyside finish – 46 %
Onze mois en ex-fût de whisky du Speyside (région de production écossaise).
Nez : le fût de whisky apporte de la tension au travers de la minéralité ainsi qu’une certaine fraîcheur.
Bouche : on retrouve exactement ça en bouche tout en gardant l’identité rhum, les degrés en plus lui vont bien.
Finale : on retrouve cette double trame minérale et caramélisée.
Un vrai cran en plus.
Santa Teresa Café – 46 %
Temps court d’infusion du rhum dans le fût avec les grains de café
Nez : oui, il y a du café mais léger, il n’emporte pas tout.
Bouche : plus marqué en bouche, sans perdre l’équilibre pour autant.
Finale : longuement intense, avec une belle présence café.
Bonne impression.

Don Papa Rye Aged Rum – 45 %
Quatre ans d’élevage et pas de sucre ajouté.
Une filiation claire avec TDL, fruité (pas exubérant) et empyreumatique, même brulé. Long. Pas mal du tout. À l’aveugle, on bluffe tout le monde.
Don Papa Sherry Casks Finish – 45 %
Six ans de vieillissement avant la finition. Toujours pas de sucre ajouté.
On retrouve le côté brulé et la confiture au nez. Sec en bouche et un petit manque d’intensité aromatique et toujours ce côté brûlé. Le sherry est très discret.
Don Papa Classique – 40 %
Pour les anciens (comme moi), qui n’ont jamais aimé Don Papa et reconnaitraient cette étiquette n’importe, le contenu de ce flacon a changé pour continuer à pouvoir être appelé rhum (pas d’arômes artificiels et un dosage en sucre inférieur à la limite des 20 g par litre). L’ancienne recette existe toujours, mais arbore désormais une autre étiquette.
Six ans d’élevage au total dont un finish en rioja (vin rouge espagnol).
Il ne fait pas artificiel. Le sucre est présent sans être sirupeux. Finale ronde, boisée et vanillée.
Une redécouverte intéressante.

Cadenhead’s Jamaica 17 ans – 46 %
Single Cask de chez Clarendon.
Fruité (pomme), crémeux, amande/colle/pâte à modeler, taille de crayon. Un peu aqueux mais aromatiquement sympa. Relativement long sur l’amande.
J’ai déjà goûté des Clarendon continentaux bien pires.
Et filons maintenant du côté des scotchs, toujours chez Cadenhead’s.

Cadenhead’s Girvan 33 ans – 46 %
Évidente est la similarité avec un rhum distillé trop haut où le fût de bourbon a tout donné, coco et vanille en tête. Il demeure assez sec cependant.
Je ne suis vraiment pas fan des single grains, même des très vieux, comme celui-ci. Cela m’étonne toujours un peu quand des amateurs de whiskies se pâment devant ce genre de produits, j’ai deux ou trois marques de rhum à leur conseiller.
Cadenhead’s Ben Nevis 11 ans – 46 %
Hyper fruité, beaucoup de poire avec un malt qui prend bien plus de place en bouche qu’au nez. La fraicheur se fait une belle place.
Plus chaud sur la fin de bouche et plus sec sur la finale. Assez long.
Cadenhead’s Tullibardine 12 ans – 46 %
Il a passé la fin de son élevage en ex-fût de Palo Cortado.
Plus concentré, moins frais, les fruits se font ici secs.
Bouche plus sèche et épicée que prévue, un peu resserré. Texture agréable et certaine amertume.
Cadenhead’s Enigma 27 ans – 51,8 %
Blended malt, presque que du Glenfiddich (juste une tea spoon d’une autre malt est ajoutée pour qu’il ne puisse mentionner la distillerie).
Malt sensible mais pas si intense, le fût apportant vanille et rondeur.
En bouche, fraîcheur étonnante par le côté herbacé et le degré.

Cadenhead’s Enigma 16 ans – 53,6 %
Finish manzanilla (techniquement identique à un sherry fino, si ce n’est pas son lieu de vieillissement).
Céréales assez intenses, légèrement sec et poussiéreux, pas exempt de fruité pour autant.
Puissance mesurée, texture, vineux.
Finale boisée, vineuse et céréalière.
M’a bien plu.
Cadenhead’s Ardmore 11 ans – 46 %
Trois ans passés en ex-fût de porto ruby.
Tourbe légère alliée à pas mal de gourmandise.
Exactement la même chose en bouche, très facile, bon degré. Peut-être une toute petite pointe soufrée sur l’attaque mais très discrète.
Plus sec sur la finale avec un côté cendré plus marqué.
Cadenhead’s Enigma Highland 15 ans – 53,9 %
Blend de sherry et de bourbon pour le vieillissement.
Moins exubérant au nez, un peu de tourbe, plus sec. Attaque sympa, enrobante et légèrement suave, la tourbe est plus sensible et le devient encore plus sur la finale.
Petite acidité métallique. Long.
Bouche vraiment très agréable.
Cadenhead’s Enigma Islay 15 ans – 54,8 %
Nez : tourbe, vanille, céréales.
Bouche : tourbe, douceur et texture.
Finale : tourbée, longue et saline.

Hazelburn 15 ans Oloroso Cask Matured – 55 %
Nez : sherry hyper présent, gourmand, noix, quelques épices, texturé.
Bouche : idem.
Finale : pareil, longue.
Springbank 10 – 46 %
Élevage : 60 % bourbon et 30 % sherry.
Accessible, légère tourbe (plus sur la finale).
En effet, cette note de dégustation est tout à fait indigente.
Springbank 15 – 46 %
Full sherry pour le vieillissement.
Nez : trop de soufre.
Bouche : similaire.
Finale : mieux avec la tourbe.
Springbank Cask Strength – 57.2 %
Élevage : 70 % bourbon et 30 % xérès.
Nez : tourbe légère, citron, fruits secs.
Bouche : vivacité, « facile ».
Finale : tourbe arrondie par une certaine gourmandise.
Kilkerran 12 ans – 46 %
Nez : boisé plus présent, fruits à coque.
Bouche : souple, moins de tourbe, texturé.
Finale : la tourbe arrive à pas légers et une certaine rondeur apparaît.
Vraiment agréable.
Pour ceux qui ne seraient pas sortis de leur grotte depuis plusieurs mois, sachez que Dugas distribue désormais une bonne partie des malts de chez Diageo, et ça fait un bon gros paquet de distilleries. Je suis rapidement passé sur quelques références, avec, pour certaines des notes très compendieuses.

Cardhu 12 ans – 40 %
Facile, très rond, fruité au nez, un whisky “d’approche”.
Il ne correspondait pas tellement au souvenir que j’en avais eu lors de ma visite de la distillerie l’année dernière.
Cardhu Amber Rock – 40 %
NAS (no age statement).
Plus sec, plus vif, plus d’épices et de vanille.
Knockando 15 ans – 43 %
Nez : plus de céréales.
Bouche : un bel équilibre rond mais droit.
Finale : un peu courte et un peu sèche.

Glenkinchie 12 ans – 43 %
Nez : plus de céréales et de la fraîcheur.
Bouche : une certaine chaleur ici, sec, léger empyreumatique.
Finale : longue.
Clynelish 14 ans – 46 %
Nez : plus de fruits, plus de puissance aussi, rondeur vanillée.
Bouche : puissance, malt, léger fumé.
Finale : qui monte sur la finale, qui va s’asséchant.
Clynelish 10 ans Cask Strength – 57,5 %
Nez : évidemment plus de puissance, fruits exotiques, vanille.
Bouche : huileux, vif, concentré.
Finale : pâtissier sur la finale.
Excellent.
Mortlach 12 ans – 43,4 -%
Nez : on retombe sur un classique avec une certaine fraîcheur citronnée.
Bouche : rond, toujours frais, pas simple de passer après le précédent.
Finale : simple dans le sens single malt.
Mortlach 16 – 43,4 %
Full sherry.
Nez : rondeur du sherry.
Bouche : attaque très sympa, vif, gras, côté légèrement cendré/minéral.
Finale : asséchante.
Mortlach 20 ans – 43,4 %
Nez : noix, fruits tropicaux.
Bouche : complexe, fruité et – relisant mes notes, j’ai lu ça : “graines bye site très bien”. Aucune idée de ce que cela veut dire.
Finale : long, plus empyreumatique.
Très sympa.

Wolfburn Small Batch 177 – 46 %
Huit ans passés dans un ex-fût de rhum Foursquare.
Nez : vif, le coco est là en arrière-plan.
Bouche : encore plus vif, le malt arrive mais reste discret.
Finale : assez légère et courte, un tout petit peu de taille de crayon bizarre.
Encore un vieillissement fût de rhum qui ne m’enthousiasme pas.
Wolfburn Small Batch 458 – 46 %
Élevage : un peu de bourbon mais principalement des sherry butts de Pedro Ximenez légèrement tourbés.
Nez : intense, tourbe légère, épices.
Bouche : vif, tourbe légère, un peu de pierre à fusil.
Finale : alcool reste mais – voilà encore une bizarrerie de mes notes : “fin de journée”.
Wolfburn Lightly Peated Whisky – 50 %
Embouteillage réalisé pour Dugas.
Ex-fûts de whisky de grain américain.
Nez : tourbe et peut-être un peu de fruits tropicaux.
Bouche : rondeur, texture, la tourbe n’écrase pas le jus, un peu fort.
Finale : la rondeur reste et la tourbe monte.
C’est donc en Écosse que notre visite du Salon Dugas Club Expert 2024 s’achève.
J’espère que vous aurez eu autant de plaisir à me lire que j’ai eu à l’écrire (et surtout à déguster tous ces beaux spiritueux) !


