Rhum J.Bally Oldies – Partie 2

Après la première partie, reprenons notre voyage dans le temps avec les rhums J.Bally !

J.Bally années 70 – 45 %

J.Bally 1970 (crédit photo Excellence Rhum)
J.Bally 1970 (crédit photo Excellence Rhum)

Assez boisé, il laisse plus de place aux arômes torréfiés (cacao et café) et épicés. Caramel et tabac se trouvent au fond du verre. Sans que je parvienne à mettre le doigt dessus, un petit quelque chose me dérange. Étaler le rhum sur les parois lui fait gagner en fraicheur, entre autres du fait de l’émergence d’une note végétale. Les minutes qui défilent maintiennent la fraicheur herbacée et voient aussi se mettre en place de timides, mais sensibles arômes de noisette et une pointe d’agrume. L’élément perturbateur est toujours présent, en sourdine.
C’est exactement ça en bouche : la fraicheur mène les débats, secondée par les épices et, de nouveau, cette note dérangeante, un peu « lessive ». La puissance est bien dosée.
La finale devient plus sombre – bien – mais la lessive prend de l’ampleur – pas bien.

Si ce n’est ce défaut (plusieurs de mes samples ont été affectés), ce Bally des seventies se défend.

J.Bally années 50 – 45 %

J.Bally 1950 (crédit photo Excellence Rhum)
J.Bally 1950 (crédit photo Excellence Rhum)

Les fruits ouvrent la danse, certains confits (fruits à noyau, agrumes), certains macérés (cerises, pruneaux). Ils sont rapidement rejoints sur la piste par les épices – cannelle en tête – et le cacao. Expressif, il dégage tout de même une certaine “finesse”, comme un manque de concentration.
Il ne change pas d’identité sur le second nez, si ce n’est que, justement, la concentration s’intensifie. Le repos lui fait gagner en profondeur, comme s’il étendait son spectre organoleptique dans les deux sens. Cela se traduit par la mise en place d’un boisé sombre mâtiné de tabac d’un côté et du zeste d’orange qui gagne en présence de l’autre. Vraiment pas mal.
L’attaque, agréablement vive et texturée, suit la même chorégraphie que le nez. Puis, les arômes issus du fût prennent de l’ampleur (boisé, épices, chocolat noir), sans tout à fait gommer les fruits. L’ensemble est chaleureux et très agréable.
La finale est dominée par un boisé gourmand et légèrement piquant. Un peu amère, elle perd assez rapidement en intensité sans s’éteindre pour autant. Une pointe de sucre cuit clôt l’expérience.

J’ai beaucoup apprécié ce Bally les années 50.

J.Bally 1939 – 45 %

J. Bally 1939 (crédit photo Excellence Rhum)
J.Bally 1939 (crédit photo Excellence Rhum)

Peu expressif. Il reste dans le fond du verre, il va falloir du temps. Gourmandise pâtissière et épicée. Zeste d’orange et cacao. Les minutes défilant, il perd un peu de sa timidité et son côté pâtissier se mue en une facette plus lactique/beurrée. La gourmandise monte d’un cran, alors qu’il devient, lui aussi, plus « noir », avec, entre autres, un caramel très poussé et “craquant”. Étaler le liquide sur les parois du verre accentue l’empyreumatique, sur le fût fortement bousiné mais aussi le tabac. La gourmandise pâtissière/beurrée fait de la résistance. Il ne bougera plus tellement.
L’attaque est sur la délicatesse, puis il monte un peu en puissance. La texture est un peu fine. C’est encore le bois qui prend le premier rôle mais le pâtissier ne s’estompe pas totalement, surtout si on le garde en bouche un moment (ce que le degré permet). La fin de bouche est agréable.
La finale est sombre mais la gourmandise est là, bien que s’éteignant progressivement.

Ensemble très réussi, avec une dégustation homogène, qui procure du plaisir.

J.Bally 1929 – 41.5 %

J. Bally 1929 (crédit photo Excellence Rhum)
J.Bally 1929 (crédit photo Excellence Rhum)

Moyennement expressif. Entre fraicheur et profondeur plus chaleureuse. Arômes de fruits confits, de caramel, de noisette, de chocolat au lait, de canne végétale, de boisé un peu humide. Avec du repos, la noix fait une entrée très remarquée, il gagne en concentration, devient un peu plus sombre et se fait franchement aguicheur. Le deuxième nez renforce sa facette gourmande tout en lui donnant du peps, grâce à une pincée de poivre, et en poussant un peu le bois. Lui donner plus de temps aura tendance à l’endormir un peu dans le verre et à lui faire perdre de sa concentration. Il ne faudra pas hésiter à l’agiter à nouveau – mais la meilleure chose à faire est peut-être simplement de ne pas lui donner trop de temps d’aération.
L’attaque est raisonnablement intense autant en puissance, qu’aromatiquement. La texture, elle aussi est correcte. C’est le bois (légèrement piquant) qui domine sur des accents de boite à cigare et de forte torréfaction.
Un boisé à la chauffe forte domine la finale, ainsi qu’un peu de tabac et de café, et une amertume croissante.

Le nez m’a bien plu, puis ce Bally se fait de plus en plus simple et de plus en plus austère/boisé, perdant sa gourmandise au passage. Dommage.

Cette grande balade chez J.Bally s’est révélée très intéressante. Quelques pépites et quelques déceptions ; un sacré tour d’horizon de ce que la marque a (ou avait) à proposer !

Rhum J.Bally Oldies – Partie 1

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