Demerara par Velier – Partie 1 : Uitvlugt 1996, Diamond and Versailles 1996 et Diamond 1999

J’ai eu comme une soudaine envie de déguster mes quelques échantillons de rhums de Guyane Anglaise embouteillés par Velier ; et de vous en parler.
Une bonne douzaine de reliques que je vais déguster dans les semaines qui viennent et dont je vous livrerai mes notes de dégustation.

Vous pouvez compter sur trois ou quatre articles à venir, en commençant par les embouteillages les plus récents, pour progressivement remonter le temps (avec quelques libertés) et se pencher sur des légendes du rhum.

Pour les curieux qui aimeraient en apprendre plus sur ces embouteillages si particuliers, voici un article (vous en trouverez beaucoup d’autres sur internet) qui pourra étancher votre soif de connaissance :
Row Spirits – Velier et DDL
Et bien sûr, ma découverte de Velier, ici-même sur le blog, en commençant par :
Velier, Le Commencement
Vous pourrez ensuite suivre chronologiquement (ou pas) mes articles sur Velier et Luca Gargano :
Velier, la suite

Sans plus attendre, commençons par les “petits jeunes”.

Velier Demerara – Uitvlugt 1996 – 57.2 %

Velier Demerara – Uitvlugt 1996 – 57.2 %
Velier Demerara – Uitvlugt 1996 – 57.2 % (photo Row Spirits)

Il s’ouvre sur la typique gourmandise Demerara, que je qualifierais de bois (très légèrement piquant sur ce 1996) confit au sucre roux. Son amabilité se voit renforcée par le caramel et la noix de coco. Une prune séchée, qui aurait traversé une fontaine de chocolat noir, se distingue également. Malgré tout ça, pas de lourdeur ou d’écœurement à signaler. Après quelques minutes, un dernier arrivant fait son apparition, l’amande torréfiée.
L’attaque, saisissante d’intensité aromatique, dévoile une certaine sucrosité, accentuée par les notes de vanille. L’alcool est parfaitement dosé et créé cette fameuse sensation de chaleur en bouche et dans la gorge, sans brûlure. La boisé, bien en place, garde toute sa gourmandise, toujours entouré de sucre roux (et pourquoi pas de sucre Demerara), de cacao et de fruits secs.
La finale, sans être courte, pourrait être plus longue. Les fruits secs, le bois, la mélasse et le tabac se font remarquer. Plus sèche que la bouche, elle reste agréable.

Aussi bien que dans mon souvenir. S’il fallait le comparer à son compère, le Uitvlugt 1997, je dirais que ce dernier est plus marqué par le coco et est un peu moins suave en bouche.

Velier Demerara – Diamond and Versailles 1996 – 57.9 %

Velier Demerara – Diamond and Versailles 1996 – 57.9 %
Velier Demerara – Diamond and Versailles 1996 – 57.9 % (photo Excellence Rhum)

Résolument plus sombre que le précédent, ce blend offre des arômes de tabac, de café, de réglisse, de sucre cuit et un boisé à la chauffe crocodile. Les esters ne peuvent que se placer en retrait avec quelques fruits secs et un côté chimique (entre solvant, caoutchouc et savon) nettement moins engageant, mais heureusement assez discret.
Le nez laissait présager une puissance maîtrisée et tel est le cas. Une certaine douceur est même au rendez-vous. Mais ne vous y trompez pas, sa nature sombre ne s’en laisse pas conter et l’on retrouve la même famille aromatique qu’au nez : mélasse, sucre brûlé, boisé, café… Le tout s’accompagne d’une légère amertume. La note savonneuse devient encore plus discrète, sans disparaître tout à fait.
La finale, dominée par la « noirceur » d’un caoutchouc fumé et d’un cendrier en cuir (il faudrait l’inventer), va tranquillement dérouler un bon moment, comme si le côté massif du liquide devait prendre son temps pour doucement décroître en intensité.

Il faut aimer ce genre de profil. Moins aimable que le Uitvlugt, il possède une identité forte, qui divisera sans doute les dégustateurs.

Velier Demerara – Diamond 1999 <SVW> – 64.7 %

Velier Demerara – Diamond 1999 SVW - 64.7 %
Velier Demerara – Diamond 1999 SVW – 64.7 % (photo Rhum Attitude)

Voilà encore – comme avec le Uitvlugt – un profil assez typique de ce que l’on attend d’un Demerara de chez Velier : une gourmandise qui envoie ! Le pourcentage alcoolique plus élevé se ressent un peu plus, tandis que deux acteurs se partagent le haut de l’affiche : le coco et la colle. Les autres arômes jouent les seconds rôles : noix caramélisée, boisé, torréfaction et épices. Attirant, il est cependant peut-être un peu simple, avec cette franche domination coco/colle.
Oui, l’attaque chauffe un peu, mais pour ce pourcentage alcoolique, tout se passe aussi bien que possible. C’est un boisé sec et légèrement asséchant (tannique) qui ouvre les hostilités. Vite rattrapé par le coco grillé, la colle et la vanille, il reste aux avant-postes. La facette torréfiée arrive en fin de bouche.
La finale, presque aussi longue que sur le précédent, est menée par le bois et la noix de coco. Le cuir et la réglisse apportent un peu de complexité.

Très « plaisir » ce Diamond. Un peu trop simple sans doute, la noix de coco étant vraiment massive, je lui aurait aimé un peu plus de profondeur, ou plutôt de variété dans son aromatique.

Cette exploration de quelques-uns des Demerara Velier commence plutôt bien : gourmandise et puissance contrôlée.

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