Que dire sur le Whisky Live Paris que je n’ai déjà dit ? C’est LE salon des amateurs de spiritueux de tous poils. Un événement colossal, démesuré, éléphantesque… et, encore plus grand cette année. Mais là si je ne m’abuse, il devra stopper sa croissance, par manque de place disponible à la Grande Halle de La Villette. En même temps, on peut dire qu’il a atteint sa taille adulte, et je ne parle pas d’un homme dans la moyenne et son mètre soixante-quinze, mais plutôt d’un joueur de la NBA, ou encore d’un champion des Highland Games, un beau bébé de deux mètres et de 150 kilos. Bref, tout ça pour dire qu’on ne s’y ennuie pas au Whisky Live, et c’est peu de le dire.

Des dégustations innombrables (encore environ 150 pour moi cette année), des retrouvailles entre amis du rhum et des spiritueux en général, des rencontres avec des amateurs (merci à tous ceux qui sont venus me faire un coucou et qui m’ont remercié pour mes activités spiritueuses, entre le blog (ici-même), feu le Single Cast ou encore les interviews de Secrets d’Alambic (vous étiez particulièrement nombreux à m’en parler cette année).
Je sais que vous êtes là pour les dégustations, alors on ne va pas tarder.
Millésime 2025, récapitulé en 3 parties (environ 50 dégustations par article), avec comme d’habitude des notes au format salon – et donc succinctes, parfois même très très succinctes.
Allez, j’arrête de vous faire mariner, on y va !

Une fois n’est pas coutume, je suis entré sur le salon par une porte inhabituelle, le Marsala. Je me suis simplement rendu compte que je n’avais jamais dégusté de ce vin fortifié produit en Italie, aussi quand j’ai vu un stand dédié à cet alcool, je n’ai pas hésité longtemps. Je n’ai dégusté que des secs, ne voulant pas me sucrer la langue en début de journée.
Les deux que j’ai eu dans mon verre m’ont fait pensé à du Xérès, voire à du vin de Madère, dans leurs expressions les plus sèches, notes oxydatives comprises, super intéressant.
C’est après cette mise en bouche que les choses sérieuses ont commencé, puisque je me suis arrêté un bon moment sur le stand des embouteillages LMDW pour le catalogue Itinéraires. À noter un certain nombre de références du catalogue non présentes sur le salon, dommage.
Papa Rouyo Viraj – 52,3 %
Presque 3 ans 100 % fût de sherry (il s’agit du “vainqueur” de la triple dégustation lors de la Maison).
Nez : très marqué, on perd un peu le jus dans un premier temps, puis la fraîcheur arrive, alliée à la gourmandise du fût
Bouche : vif, suave, boisé, texturé, toujours cette fraîcheur
Finale : le sucre reste, avec les épices et la texture
Un peu déstabilisant mais pas mal

Neisson Profil Équilibre – 52,5 %
50 % de Mizunara et 50 % de Profils qu’on connait
Nez : rondeur beurrée, épices, fraîcheur
Bouche : bon degré, pas mauvais mais pas marquant non plus
Finale : moyenne
Ouais bon, moyen bien
Neisson Empyreumatique – 50,8 %
Nez : beaucoup de gourmandise boisée et chaude, une facette un peu plus verte sous nage. Pointe de fruits à coque torréfiés, épices
Bouche : un boisé à la fois gourmand, chaud et sec. Un peu trop d’épices pour moi. Une fin de bouche qui lui fait porter son nom
Finale : finale longue toujours sur cette trame chaleureuse, devient un peu asséchante. Puis à nouveau note végétale.
Bien
Neisson Straight from the Barrel N°278 – 58,9 %
Nez : fruits à coque, caramel, touche de poivre
Bouche : vif, manque de profondeur d’une certaine manière
Finale : moyenne et un peu végétale
Moyen
Neisson Straight from the Barrel N°698 – 56,9 %
Bio
Nez : complexe, assez plein, équilibre, fût avec torréfié, épices, léger pâtissier
Bouche : bonne vivacité, légère suavité, présence
Finale : épices, sucre roux, vanille
Mon préféré des deux, assez largement

Mhoba Skukuza – 64,1 %
Ex- brandy d’Afrique du Sud pour le vieillissement
Nez : expressif mais pas extrême. Cacao, banane verte, esters chimiques
Bouche : un peu moins expressive, je l’espérais plus intense
Finale : pas des plus longues
Mhoba Satara – 64,6 %
Élevage Ex-bourbon
Nez : plus expressif encore que le précédent, le chimique est mis en avant, le pur jus est encore là mais assez discret
Bouche : saisissante, sur les esters et la puissance, touche pâtissière
Finale : très sympa fin de bouche et finale assez longue, l’alcool reste
Mouais finalement trop fort et aromatiquement pas assez gourmand
Mhoba Letaba – 65,1 %
Ex-bourbon
Taux d’esters tres élevé
Nez : chimique et ananas très présent. Le plus expressif des trois. Pointe de cacao
Bouche : fait resserrer les papilles, assèche, mêmes arômes qu’au nez avec le bois en plus. Fin de bouche pâtissière
Finale : longue et gourmande
Le meilleur des trois, nettement

Flag Series Dominican Republic 2008 – 60,8 %
Nez : très chaud et caramélisé, un côté chouchou mais pas écœurant
Bouche : vif mais ça marche très bien avec ce profil qui sinon serait sans doute un peu mou. Torréfié encore
Finale : longue et homogène avec en prime un peu de coco
Sympa, pas des plus complexes ou complets mais il donne du plaisir
Flag Series Thailand 2016 – 61 %
Mélasse, même provenance que le Shakara
Nez : coco, fraîcheur, torréfaction, gourmandise
Bouche : toujours cette fraîcheur en bouche (qui lui va très bien), coco, caramel
Finale : coco, cacao, caramel, tabac très net après un moment
Vraiment agréable
Flag Series Saint Lucia 2004 – 58,3 %
Alambic Vendome
Nez : côté brûlé, caoutchouc, épicé, pomme. Comme d’hab, je préfère les assemblages de Sainte Lucie. Trop extrême et pas assez gourmand ici.
Bouche : taille de crayon, polycopié
Finale : hyper long, mais vraiment pas à mon goût

Colors of Rum Trinidad 2010 – 67,3 %
Nez : un TDL plus boisé que distillat. Les marqueurs TDL sont là mais pas des plus expressifs, boisé, empyreumatique et une touche de cassis
Bouche : plus typique en bouche. Alcool quand même présent, on ne peut pas le garder en bouche trop longtemps. Concentré, léger sel
Finale : asséchant, sel, boisé cramé
Silver Seal Guyana 23 ans – 58,3 %
Nez : verdeur, taille de crayon, colle
Bouche : pareil, un peu de fruits quand même
Finale : chimique, long, anis
Typique de ces Guyana que je n’aime pas

Planteray Haïti 2010 – 40,5 %
L’aromatique du clairin continue de se manifester au nez. La bouche est un peu “poussiéreuse”, moins d’identité, puis une finale moyenne. Original mais sans être inoubliable. Quant à savoir d’où il vient, pas simple.
Planteray Trinidad 2000 – 56,4 %
Expressif, fruité, rose, hydrocarbures, cassis. Texture, intensité, finesse, épaisseur, puissance, complexité… bref très bon.
Planteray Grand Arôme 20 ans – 57,5 %
Le côté grand arôme est vraiment discret pour ne pas dire étouffé. Cela ne lui enlève rien à sa gourmandise, autant au nez qu’en bouche mais c’est le boisé qui domine, pas le distillat. Un Savanna qui ne correspond pas vraiment à ce que l’on imagine quand on voit “grand arôme” sur une étiquette.

Cuba 1948 – 49,1 %
Embouteillé en 2025, ce qui lui donne un petit 77 ans au compteur (plus vieux rhums jamais embouteillé ?)
Nez : très belle déclinaison torréfiée : chocolat, café, noix, caramel, rancio…
Bouche : concentration torréfiée et boisée, avec de nouveau la famille torréfiée qui s’en donne à cœur joie. Alcool parfait
Finale : longue et super bien foutue avec le noix, le rancio, le cacao, le caramel
Sans doute plus à mon goût que celui de 1956 ; ben oui, mais 1956 c’est un peu jeune aussi 😛
Hampden 15 ans – 50 %
Nez : explosif, amandé, un peu de solvant, le bois reste très discret, très légère mine de crayon
Bouche : n’explose pas immédiatement mais monte gentiment en intensité et part en croisière
Finale : longue !
Ce n’est pas la première fois que je l’évoque mais ça y est, je ne prends plus de plaisir sur la grande majeure partie des rhums Hampden, peut-être un certain manque de finesse ou d’équilibre ou bien une famille aromatique qui m’a lassé.
Voilà pour les rhums de ce premier article, passons aux whiskies, dont la fameuse gamme Artist.

Ben Nevis 2015 Whisly Live Paris – 46 %
Nez : frais, fruité, malté. Affable, facile, sympa
Bouche : un peu plus de vivacité et aussi plus de céréales
Finale : plutôt long, et plus chaud, plus boisé, avec cependant une belle place sur le malt
Agréable mais un peu simple sans doute
Arran 9 ans – 60,7 %
Nez : débute sur un nuage caramel qui disparaît vite au profit d’une tourbe ronde et fumée
Bouche : suavité, intensité et tourbe
Finale : un peu viande fumée, très longue

Signatory Vintage Edradour 12 ans – 59,2 %
Nez : grosse gourmandise sherry pâtissière, fruits à coque
Bouche : douceur, puissance, texture, fruits secs
Finale : le pâtissier revient et la texture reste, devient plus sombre
Un peu extrême dans son style mais j’aime bien
Signatory Vintage Ballechin 12 ans – 57,3 %
Nez : une tourbe un peu hydrocarbure et de la vanille
Bouche : tourbe camphrée, alcool marqué
Finale : rien noté

Benromach 22 ans – 57,2 %
100 % bourbon
Nez : céréales, herbes aromatiques/bruyère, bois neuf, crémeux, fin
Bouche : alcool très bien dosé, suavité
Finale : légère fumée, et à nouveau les céréales
Bien
Tormore Legacy Casks 2002 – 48,5 %
Nez : frais et fruité, se démarque. Notes pâtissières et maltées
Bouche : frais, agrumes massifs, chaleur, degré bien
Finale : finale pâtissière de nouveau, maltée
Très bon

Artist #15 – Ben Nevis 10 ans – 58,3 %
Nez : intensité céréalière bien grillée, accentuée par le fût de sherry
Bouche : intense là aussi
Finale : fruits secs, cacao
Pas mal, pas exceptionnel mais pas mal
Artist #15 – Linkwood 30 ans – 51 %
Nez : plus de fruits, moins de malt, et une certaine fraîcheur un peu acide, plus du bois
Bouche : fraîcheur et boisé demeurent mais les fruits ont tendance à disparaître
Finale : dans la logique de la bouche, un peu poudré
Pas mon truc
Artist #15 – Macallan 20 ans – 61,1 %
Nez : floral, fruité et céréalier, bien
Bouche : puissant, le boisé et le sherry ressortent bien et masquent un peu ce qu’il proposait au nez
Finale : long, cacao, texturé
Pas mal avec un très beau nez, qui ne m’aurait d’ailleurs pas vraiment fait penser à un sherry
Artist #15 – Mortlach 35 ans – 44,2 %
Nez : très différent, un mélange étrange entre cacao en poudre et poudre à canon
Bouche : pareil mais quelque chose ne me va pas
Finale : long sur ce même profil, un peu de savon ?
Ouhla non
Artist #15 – Benrinnes 25 ans – 52,3 %
Nez : très sherry, beaucoup de fruits secs, pointe d’épices
Bouche : pareil, le plus sherry pour moi, on ajoute un côté poudré
Finale : pareil
Moyen
Artist #15 – Ardmore 15 ans – 57 %
Nez : tourbe et fruits secs et fruits compotés
Bouche : rondeur et tourbe très séduisante, alcool bien
Finale : longue, tourbée, cacaotée
Sympa

Artist #15 Islay – Symbiosis 50,6 %
Blend de deux distilleries (sur 5 millésimes) entre 7 et 14 ans. C’est un blended malt qui est censé créer le profil des whiskies qui sortiront de la distillerie de Sukhinder Singh : Portintruan. Je vous invite à lire cette interview en deux parties pour en savoir plus.
Nez : tourbe gourmande, passage beurré
Bouche : même chose en bouche, alcool bien
Finale : équilibre, tourbe
J’ai bien aimé
Artist #15 Islay – Bunahabain – 56,2 %
Nez : tourbe moins évidente, fraîcheur fruitée
Bouche : la tourbe pique un peu comme si elle était poivrée. Moins de fruité et plus de cendres
Finale : long sur la tourbe qui se fait plus sèche
Artist #15 Islay – Laphroaig 20 ans – 49,6 %
Nez : encore très différent, tourbe plus herbacée, bruyère, côte un peu médicinal
Bouche : même impression, touche de sel ?
Finale : tourbe plus sèche et cendrée
Artist #15 Islay – Ardbeg 25 ans – 55,4 %
Sherry
Nez : le sherry complimente bien la tourbe
Bouche : de ma maigre connaissance, on est vraiment dans la tourbe+sherry. La tourbe n’est pas domptée mais assagie, arrondie
Finale : long et logique
Artist #15 Islay – Bowmore 30 ans – 45,5 %
Nez : tourbe discrète, boisé rond et fin, citron, sorte de patine cirée et beurrée. Très bien
Bouche : très homogène, degré parfait
Finale : la tourbe est vraiment équilibrée avec le reste des éléments, fruit de la passion, long
Très bon
Artist #15 Islay – Caol Ila 1984 – 51,3 %
Nez : et encore une tourbe différente, plus épicée, boisé légèrement piquant
Bouche : certaine rondeur, texture épaisse et un peu tannique, tourbe pas omniprésente, bien dosée
Finale : un peu plus sec, mais mon palais commençait à accuser le coup

Penderyn 10 ans – 60,2 %
Nez : fruité à tendance un peu banane, malt crémeux
Bouche : puissant, bien plus maltée
Finale : puissance reste un peu trop mais aromatiquement hyper agréable sur un malt pâtissier
Penderyn 15 ans – 57,8 %
Nez : cire, fruits exotiques, puissance, tendu
Bouche : assez différent du 15, sur une gourmandise droite
Finale : longue et très exotique
Très bon, il m’a vraiment beaucoup plu (merci le grand pour ton conseil !)

Ex-libris Hellyers Road 2003 – 62,5 %
Nez : belle unité entre céréales, fruits frais, boisé vanillé pâtissier, fraîcheur de baies
Bouche : alcool bien, encore ce boisé pâtissier sur une belle intensité et un alcool étonnamment bien maîtrisé
Finale : boisé et bref passage cassis
Ex-libris Hellyers Road 2014 – 58,1 %
Nez : boisé cireux/amande et agrumes, pointe de cacao
Bouche : très homogène avec le nez et très intense. Assez unique et vraiment plaisant
Finale : moyenne sur cette trame étrange qui me plaît
Ex-libris Hellyers Road 2016 – 63,7 %
Nez : gourmandise beurrée, fraîcheur fruitée
Bouche : pourcentage bien là mais dosé, empyreumatique, un peu de sel
Finale : et explosion empyreumatique en fin de bouche puis une finale légèrement tourbée
Très jolie impression de cette gamme Ex-Libris 2025.

Quand j’ai entendu parlé de new makes tourbés, je me suis dit qu’il fallait que je les essaye !
Kilchoman new make 20 ppm
Fruits et tourbe. Ce distillat où les fruits frais encore présents mariés à la tourbe fonctionnent super bien. Pareil en bouche avec de la rondeur. Finale plus tourbe.
Kilchoman new make 50 ppm
La tourbe laisse encore de la place aux fruits mais paraît plus tranchante. Elle ne se sent finalement pas tellement plus que sur le 20.
Hyper intéressant de goûter ces new makes

Christian Drouin finish palo cortado – 46,3 %
6 ans dont 5 mois de finish
Nez : pomme fraîches, cidre
Bouche : pomme certes mais également levure et un peu de souffre. Côté oxydatif
Finale : moyenne sur un côté plus pâtissier
Pas convaincu
Armagnac Château de Campagne 1988 – 50,4 %
Nez : une gourmandise fruitée, fraîcheur et profondeur, très bien
Bouche : beaucoup plus sombre et boisée mais sans tomber du côté obscur. Texture tannique et même un peu astringente, limite
Finale : cette texture demeure, la langue est marquée mais ici c’est agréable.
Delord 2001 – 48 %
Extrêmement fruité, boisé présent mais en retrait, fruits au sirop. Un caramel explosif qui persiste avec le bois qui arrive plus. Pruneau, torréfié.
Fort bon
Buffalo Trace : Eagle Rare et Weller

Dégustation de rye bourbon et de wheat bourbon (c’est la seconde céréale la plus présente après le maïs qui donne le style, ici sègle ou blé). Vraiment très bien avec des variantes marquées, des intensités impressionnantes, des finales longues et toujours la gourmandise.
Ce qui ne gâte rien, c’est que le master blender a conduit la dégustation. Très abordable cet homme. Et merci JM !
C’est sur cette escapade au Kentucky que je fais une pause.
Dans le deuxième article, vous aurez droit à autant de rhum, à des whiskies français, à des whiskeys irlandais et à une pointe d’agave.
Si vous souhaitez vous replonger dans les précédentes éditions de mes Whisky Live, c’est par ici :
Whisky Live Paris 2024 – Partie 1
Whisky Live Paris 2024 – Partie 2
Whisky Live Paris 2024 – Partie 3
Whisky Live Paris 2023 – Partie 1
Whisky Live Paris 2023 – Partie 2
Whisky Live Paris 2023 – Partie 3
Whisky Live Paris 2023 – Partie 4
Whisky Live Paris 2022 – Partie 1
Whisky Live Paris 2022 – Partie 2
Whisky Live Paris 2022 – Partie 3
Whisky Live Paris 2022 – Partie 4
Mais vous pouvez aussi remonter jusqu’à l’édition 2014 (et toutes celles entre 2014 et 2021) :
Whisky Live Paris 2014



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