Retour au Whisky Live 2022 dans la Grande Halle de La Villette à Paris !
Après la (grosse) mise en bouche du premier article, on ne perd pas le rythme et on file du côté des rhums purs jus de canne pour débuter, avant de faire un tour en Normandie, au Japon, en Inde et en Écosse !
Le Rhum Agricole
Neisson

Neisson 15 ans – 49.1%
Nez : boisé fin, minéral, droit, épices poivrées, fraîcheur
Bouche : belle intensité sur l’attaque avec toujours ce boisé droit mais qui devient plus gourmand et gagne sur les fruits à coque et le pâtissier. Jolie bouche
Finale : l’intensité décroît relativement rapidement sur ces notes pâtissières et la chaleur redevient fraîcheur
Neisson 18 ans – 49.4%
Nez : plus chaud et concentré, torréfié, plus boisé aussi, fruits confits
Bouche : le bois est ici très présent et bien qu’il ne soit pas trop sur l’amertume, on a quand du cacao qui assèche un peu, texture tannique qui donne de la mâche
Finale : fin de bouche et début de finale réconfortants avec toujours ce cacao légèrement amer qui nous accompagne
Je prends le nez du 18 ans et la bouche du 15 !
Dur de comparer quand ce n’est pas en face à face, mais je pense avoir une préférence pour certaines éditions précédentes de ces deux monuments ; ou encore dans cet article.
Trois Rivières Triple Millésimes version 5 – 42%

Assemblage de millésimes : 2005-2010-2015
Nez : très boisé épicé et agrumes
Bouche : on confirme les épices et le profil est bien sec
Finale : chaud et sombre avec toujours ces épices et un zeste d’orange qui revient
Pas mon préféré de la famille Triple Millésimes Trois Rivières, mon cœur me dirigeant plutôt vers la version 3. Et sur les nouveautés de cette rentrée, ma préférée est le Single Cask 2007.
Papa Rouyo

Papa Rouyo ESB – 48,5%
5 fûts assemblés
Nez : double trame pur jus alambic et boisé, bien
Bouche : sur l’attaque on a bien le côté marin/métallique, qui est très typique des purs jus sur alambic et je n’apprécie pas
Finale : cette note disparaît, pour laisser place à de légers tannins tout en gardant de la fraîcheur
Papa Rouyo Eritaj – 50,3%
Moins d’un an (320 jours)
Nez : plus boisé avec un vieillissement en chauffe forte sur une bonne partie du temps, sa nature de pur jus est ténue
Bouche : là encore plus de bois et moins de matière première (pas absente pour autant) avec une belle intensité
Finale : on commence sur le bois texturant, puis retour du pur jus sur la fin
Deux jeunes vieux qui s’en tirent pas mal surtout pour ce qui est de faire cohabiter jus de canne et boisé.
Si vous voulez en savoir un peu plus sur Papa Rouyo, voilà la première fois que je me frottais à leurs rhums, dans cet article. Et bien sûr, le site de Papa Rouyo.
Depaz Private Cask 2010 brut de fût – 58,2%

Nez : grosse gourmandise, fruité dont fruits à coque, raisins secs, non dénué de fraicheur
Bouche : énorme intensité très cognac, légèrement poivré
Finale : finale à la fois chaude sur des fruits torréfiés et fraîcheur mentholée sur la fin
Un joli agricole, pas si classique que ça.
Longueteau

Longueteau Constellation édition 2022 – 57,5%
Mix canne bleue et rouge des parcelles 1 et 7.
Nez : belle canne aux natures multiples, fruitée, végétale et florale velouté
Bouche : intensité et rondeur, toujours avec la canne au premier plan, qui n’est pas si simple et qui s’accompagne d’une grosse gourmandise
Finale : décidément, rare de garder une telle canne jusqu’à la fin de la dégustation
Un excellent blanc !
Longueteau Constellation Vieux 2018 – 50%
Il s’agit du rhum blanc Constellation, sorti en 2018, qui a passé 4 ans en fût.
Nez : torréfié chocolaté et fruits secs, raisins en tête
Bouche : les 50% se font oublier et on retrouve notre cacao et nos fruits secs, peut-être aussi quelques fruits jaunes ; structuré
Finale : notre cacao devient texturé sans être tannique tout en gardant de la fraicheur
Saint James

Saint James Éphémère 7 – 54,3%
Nez : de la rondeur et du fruit. Le bois poivré arrive mais son intensité reste mesurée, pointe de menthol
Bouche : on garde cette même trame, vraiment gourmande sur les fruits à coque
Finale : longue, boisée et fraîche à la fois
Saint James Éphémère 1 – 55,2%
Nez : plus de boisé torréfié, sombre et épicé, très Saint James
Bouche : la concentration ici est vraiment remarquable, ce boisé multifacettes est unique : fruits à coque, tabac, poivre, épices, menthol…
Finale : on reste sur ce boisé très très longtemps
Deux beaux rhums par Saint James. L’Éphémère 7 est plus abordable et procure un plaisir plus immédiat mais L’Éphémère 1 fait montre d’une concentration hors du commun. De plus, on peut imaginer que ce dernier va évoluer vers plus de rondeur une fois la bouteille ouverte et les mois passant.
Saint James Quintessence – 42%

Nouveau batch
Nez : agrumes, épices, rondeur, miel
Bouche : après les Éphémères, il semble dangereusement facile avec un boisé très gourmand
Finale : l’intensité reste un bon moment
En parlant de plaisir immédiat…
Montebello

Montebello Brut de fût 10 ans – 45,1%
Nouveau batch
Relativement doux et facile mais sans tomber dans la facilité. Fruits secs et vanille. Il manque quelque chose à mon goût pour être conquis.
Montebello Brut de fût 8 ans – 47,9%
Nez : plus de concentration, mais sur un profil parallèle au 10 ans
Bouche : bouche bien mieux avec un alcool plus pepsant, sucrosité et fruits secs vanillés
Finale : un boisé trop « compoté » et endormi (oui j’invente des adjectifs pour le bois)
Pas totalement convaincu par ces deux vieux de la distillerie guadeloupéenne, même si j’ai une préférence pour ce 8 ans.
Montebello La Brigade – 56,6%
Nez : une canne sur la fraîcheur marine mais bien fruitée
Bouche : on confirme totalement cette canne gourmande et fraîche
Finale : assez longue, sans devenir trop végétale
Pas mal du tout ce rhum pour les gendarmes de Guadeloupe.
Montebello Bolokos 3 – 78%
Nez : intensité mais alcool très puissant, canne entre végétale et fruitée, touche de maïs
Bouche : sucrée, très intense, tant arômes que puissance
Finale : assez longue, asséchante à cause de l’alcool, très canne et légèrement salée
Un peu trop de pèche qu’offre ce numéro 3, je pense lui préférer les deux premières versions, comme en témoignent ces deux articles : Les bruts de colonne partie 2 et Les bruts de colonne partie 5.
Mhoba

Mhoba 2017 Antipodes Collection – 60,8%
Nez : on a bien cette identité si typique de la distillerie : autant du pur jus distillé sur alambic, que des esters. En prime, le boisé est hyper gourmand et vanillé
Bouche : on oublie les 60% et nous sommes face à un mix de gourmandise vanillée et ronde avec paradoxalement un vrai côté sec
Finale : moyennement longue, plus sur le boisé que le jus
Il m’a fait penser au Mhoba Habitation Velier, que j’avais déjà beaucoup apprécié. C’est d’ailleurs le même jus, qui aura passé un peu plus de temps sous bois.
Isautier
On retourne à La Réunion, après avoir dégusté les deux nouveautés pour LMDW. Au programme, trois assemblages pur jus et mélasse :
Isautier Louis et Charles – 45%
Blend de 50% mélasse 14 ans et 50% pur jus 22 ans, vieilli en ex-fût de cognac.
Nez : on est à la Réunion, en bien et en moins bien avec ce côté bakélite, mais aussi caramel, vanille et menthol
Bouche : intense, avec à nouveau ce positif et ce négatif
Finale : longue et même observation que précédemment

Isautier Agent double 1 – 55%
Assemblage 65% pur jus et 35% mélasse
Nez : le jus de canne est clairement devant
Bouche : douceur et toujours la canne qui est peut-être un peu assagie par la mélasse
Un bon rhum blanc. A l’aveugle, je ne suis pas certaine que j’y aurais trouvé de la mélasse.
Isautier Agent double 2 – 55%
Proportions inverses dans cet assemblage
Nez : très intéressant, avec douceur, intensité et une facette fraîcheur de la canne
Bouche : cet entre-deux est surprenant et le rend assez unique
Ces rhums Isautier (ces trois là et d’autres) ne sont pas tous à mon goût, mais je suis bien content de voir les moyens et la créativité mis en oeuvre pour donner un coup de fouet à la marque !
Le Calvados
Mon escapade normande fut de très courte durée, avec un seul calvados dégusté mais pas n’importe lequel ! Heureusement j’avais récemment goûté d’autres cuvée de la maison lors du salon France Quintessence deux semaines auparavant.
Christian Drouin 47 ans – 42,8%

Un concentré de pommes qui prennent tous les visages possibles : fraîches et acides, cidrées, compotées, séchées, peut-être même un petit vinaigre balsamique de pomme (même si ça n’existe sans doute pas). Une expérience !
Le Shochu
Voilà un spiritueux auquel je ne m’étais encore jamais frotté. C’est sur les conseils de différents amis, que j’ai pris le temps de déguster sept de ces alcools traditionnels japonais.
Cela fait plusieurs siècles que sont distillés des shochu au pays du Soleil Levant. Il faut savoir que les choix en termes de matières premières sont très vastes ; sur le salon étaient présentés des shochu à base de riz, de patate douce, de sucre de canne ou encore d’orge, mais il y en a bien d’autres.
Si vous êtes curieux et souhaitez en apprendre plus, je vous invite à lire cet excellent article du non moins excellent Nico Rumlover !
Comme vous allez le voir, j’ai manqué de mots pour les décrire.

Shochu Sangosho 2011 – 43%
Matière première : riz thaï – Repos : 10 ans en cuve inox
Essentiellement des fruits blancs autant nez qu’en bouche, doux et même niveau texture, assez long mais très « clean ».
Shochu Gokuraku Shizune 1992 – 40%
Matière première : riz – Repos : 30 ans en jarre de terre cuite
Plus d’intensité, besoin de repos et un note légèrement vinaigrée voire plutôt de sauce soja. Timide touche poivrée. La texture est soyeuse ; il très délicat et intense à la fois. Long mais sans trop marquer le palais.
Shochu Ohishi Premium Sakura 2011 – 42%
Matière première : riz – Élevage : 10 ans en fût de cerisier
Le nez est bien marqué par le bois, un peu moins la bouche. Le boisé le rend très gourmand mais je perds malheureusement un peu trop la matière première. C’est le seul shochu vieilli que j’ai dégusté, celui-ci m’ayant donné l’impression que l’intérêt de ce spiritueux réside dans ses versions blanches.

Shochu Yamatozakura Beni Imo Genshu 2016 – 35%
Matière première : patate douce – Repos : 5 ans en cuve en émail
Un nez différent, notes de fumée, d’olive, léger poivre. Une identité très fine, soyeuse, droite.
Le producteur de cette eau-de-vie fait tout, tout seul. La dame qui me présentait tous ces produits l’a même qualifié de fou ^^
Shochu Sembon Zakura Jukusei Hamakomachi 2021 – 35%
Matière première : patate douce maturée – Repos : quelques mois en cuve en émail
Beaucoup plus fruité, litchi, que l’on a bien en bouche aussi. Mais un côté plus profond et moins frais qui dure longtemps et qui est très agréable.
Shochu Aokage Forty One 2019 – 41%
Matière première : orge – Repos : cuve en émail (je ne sais pas combien de temps)
Plus frais et légèrement céréalier au nez, c’est en bouche que la magie opère. On a un côté grillé, entre la croûte de pain et le popcorn. Extrêmement long ! Hyper intéressant.
Shochu Nagakumo Ichiban Bashi 2016-2020 – 30%
Matière première : sucre de canne – Repos : cuve en émail (je ne sais pas combien de temps)
Il m’a été décrit comme une sorte de Solera.
Et pour changer, il n’a encore rien à voir. Plus frais encore, légèrement citronné.
On retrouve une jolie texture, très épurée. Un peu moins mon truc celui-ci.
Ce voyage au Japon m’a rendu très curieux et je sais que je saisirai les occasions de déguster d’autres shochu tant j’ai appércié l’expérience.
Le Whisky
Et pour finir, allons tâter de l’alcool de grains, avec cette première fournée de whiskys. Je dois avouer que sur la fin, je n’arrivais plus trop à analyser (ce n’est pas Jean-François qui va me contredire !).
Amrut

Je n’avais encore jamais dégusté ce whisky indien, c’était l’occasion.
Amrut ex-fût de bourbon 2016 – 60%
Fruité, gourmand, le vieillissement tropical change la donne, plus opulent. Le fût de bourbon semble très bien lui aller. L’alcool, en revanche, est limite.
Amrut ex-fût de Sauternes 2017 – 60%
Trop de soufre pour moi.
Amrut 12 ans finish ex-fût de bourbon – 60%
Très rond mais étonnamment un peu timide. Caramélisé, confit. Bouche boisée et à nouveau très ronde et enrobée. Cependant son manque d’intensité le rend un peu… plat. On termine par un boisé chocolaté et une pointe d’orange. Décevant.
Bon, pas sûr d’être impressionné par cette distillerie, après cette petite dégustation.
Dans un style différent, j’avais préféré une autre distillerie tropicale de whisky : Kavalan, dont j’avais particulièrement apprécié une sélection par LMDW lors du Whisky Live 2019.
Balblair
Je suis ensuite allé faire un tour chez les Écossais de Balblair où j’ai dégusté les 12 ans, 15 ans et 18 ans. N’ayant pas été particulièrement séduit (ni déçu, c’est juste que j’ai n’ai pas été accorché), je n’ai pour ainsi dire pas pris de notes. Le 12 est dominé par le distillat avec beaucoup de fruits blancs et des céréales.
Le 15 ans est plus chaleureux, avec bois et épices, tandis que le 18 ans m’a semblé proche du 15 ans, avec plus de finesse.
Elements of Islay

Comme vous l’avez peut-être compris, je ne suis pas très porté tourbe, mais en toute fin de journée, je me suis dit qu’il n’en faudrait pas moins pour réveiller mon palais, alors je suis allé faire un tour chez Elements of Islay. Leurs trois références (je n’en ai goûté que deux) sont des assemblages de distillats de chez Caol Ila et Laphroaig.
Elements of Islay Bourbon Cask – 54,5%
Les fûts – très frais – proviennent de chez Buffalo Trace.
Ici, il y a 60% de Laphroaig dans le blend.
La puissance est bonne et le bourbon tente d’adoucir la tourbe, sans vraiment y parvenir.
Elements of Islay Sherry Cask – 54,5%
Les fûts de sherry sont de premier remplissage.
On augmente encore un peu la proportion de Laphroaig, qui atteint 75%.
Le profil est différent, avec cette fois-ci le sherry qui marque plus le jus, grâce aux fruits à noyau et à une sucrosité certaine. Bien sûr, la tourbe est bien en place, mais le fût sherry parvient à lui tenir tête.
C’est sur cette note empyreumatique et médicinale que s’achève cette seconde partie, riche de découvertes !
Mon Whisky Live 2022 – première partie
Mon Whisky Live 2022 – troisième partie
Pingback: Mon Whisky Live 2022 – Partie 1 | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: Mon Whisky Live 2022 – Partie 3 | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: Mon Whisky Live 2022 – Partie 4 | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: Neisson 15 ans batch 4, Neisson 18 ans batch 3, Neisson Nonaginta et Neisson 21 ans batch 2 | Les rhums de l'homme à la poussette