Armagnac L’Encantada – Nouveautés 2023

L’armagnac est de ces eaux-de-vie qui me font (un peu) m’écarter du rhum. Je découvre et déguste de plus en plus de références et c’est entre autres grâce à des embouteilleurs tels que L’Encantada. Aussi, quand ils m’ont proposé de me faire parvenir des échantillons de leurs dernières nouveautés, je n’ai pas hésité longtemps.

Je vous ai déjà parlé de L’Encantada à plusieurs reprises, voici les articles dans lesquels vous pouvez retrouver mes précédentes dégustations de leurs sélections d’armagnacs :
Whisky Live 2017
Whisky Live 2022
Dégustation d’une sélection de leurs embouteillages

Mais sans plus attendre, voici mes impressions sur leurs dernières sorties :

L’Encantada – Tattoo Finish Bourbon 2011 (Domaine Labeyrie) – 46.8 %

L’Encantada – Tattoo Finish Bourbon 2011 (Domaine Labeyrie)
L’Encantada – Tattoo Finish Bourbon 2011 (Domaine Labeyrie)

Moyennement expressif, il fait un peu plus jeune que son âge. La relative âcreté et la fraicheur fruitée du distillat sont encore présentes, tandis que le fût vient déposer un voile vanillé et de fruits secs. Un nuage de cacao en poudre se pose gentiment sur l’ensemble. Avec du repos, des notes florales et miellées émergent. Le deuxième nez le modifie légèrement, faisant apparaitre une orange bien mûre, ainsi qu’une note de noyau de cerise, voire de noix. Il demeure assez fin, mais gagne en intensité.
La bouche est plus vive et intense que prévue et donne la part belle aux arômes issus du vieillissement. Vanille et cacao, mais la sensation d’être sur un jeune armagnac perdure.
La finale, toujours dominée par le fût, laisse un toucher agréable, légèrement cacaoté amer. Le noyau revient et l’âcreté (le terme est sans doute plus fort que ce que je ne veux désigner) rôde.

Un armagnac évolutif, pas si simple à appréhender, qui possède ses points forts, mais également des petits défauts. L’impression globale penche du côté positif malgré tout.

L’Encantada – Domaine du Pin 2016 Finish Rhum (Ugni Blanc) – 56.6 %

L’Encantada – Domaine du Pin 2016 Finish Rhum (Ugni Blanc) – 56.6 %
L’Encantada – Domaine du Pin 2016 Finish Rhum (Ugni Blanc)

Plus chaleureux, le boisé est un peu plus marqué. C’est une impression de raisins trempés dans le chocolat au lait qui prédomine. L’alcool semble bien dosé et avec du repos, la première impression boisée s’estompe pour laisser plus de place aux fruits, le raisin toujours, mais aussi les fruits exotiques. Un duo mangue et coco procure un sentiment de douceur et de velouté. Le chocolat au lait reste en place. Le liquide étalé dans le verre et le repos confirment sa nature fruitée. L’influence du fût de rhum parait importante.
L’attaque est douce et épaisse, l’alcool ne se manifestant que dans un second temps, sans nous empêcher cependant de garder le liquide en bouche. Les saveurs sont un peu moins franches. Mangue et chocolat sont au premier plan, mais pas de manière nette.
La finale s’épice assez rapidement et massivement. L’intensité est au rendez-vous.

Intéressant que ce petit jeune, où l’influence du finish joue un rôle majeur.

L’Encantada – Bogosse (7 ans) – 57.6 %

L’Encantada – Bogosse (7 ans)

Simple et direct, ce sont les agrumes qui nous accueillent, des zestes confits. Une belle chaleur s’en dégage, accentuée par le cacao. De l’amande et une pincée de vanille complètent ce profil. Le deuxième nez va accroitre son côté ombre, ce qui fonctionne bien et donne l’impression qu’il a passé plus de temps sous bois.
L’attaque nous dévoile malheureusement un côté soufré, qui gâche un peu le plaisir. Dur de passer outre, mais le caramel et quelques fruits confits résistent.
La finale, où boisé, cacao et vanille forment un trio qui fonctionne, redevient chaleureuse et confortable. Une pincée de muscade et de cannelle mettent un terme à la dégustation.

Le soufre ne s’en serait pas mêlé, nous aurions été face à un jeune armagnac simple et plaisant.

L’Encantada – Domaine du Pin 2006 Bas-Armagnac (Ugni Blanc) – 54.4 %

L’Encantada – Domaine du Pin 2006 Bas-Armagnac (Ugni Blanc)
L’Encantada – Domaine du Pin 2006 Bas-Armagnac (Ugni Blanc)

On passe une étape en termes de richesse et de complexité. Les pruneaux sont confits et les raisins secs. Le fût s’exprime sur des notes de caramel, de chocolat et de vanille, qui font monter d’un cran, non seulement, la facette gourmande de cet armagnac, mais aussi l’impression liée et chaleureuse. Une brume florale serpente. Joli nez. Plus de repos ne va pas le faire changer, et ce n’est pas grave.
L’attaque est étonnamment facile, l’alcool est parfaitement dosé. L’intensité aromatique, elle, est plus explosive. Caramel épicé, fruits jaunes et pâtisserie toastée forment la colonne vertébrale de cette bouche ; un trio sacrément efficace. La puissance permet de le garder en bouche, je ne vais pas m’en plaindre.
La finale, longue, gagne en épices, qui prennent même le pas sur le boisé vanillé. Elle va devenir légèrement asséchante, concluant de belle manière cette dégustation.

Une jolie expérience du début à la fin, sans fausse note.

L’Encantada – Domaine Cutxan 2005 Bas-Armagnac (Ugni Blanc) – 50.2 %

L’Encantada – Domaine Cutxan 2005 Bas-Armagnac (Ugni Blanc)
L’Encantada – Domaine Cutxan 2005 Bas-Armagnac (Ugni Blanc)

C’est d’abord une vague fruitée qui frappe le nez, sur une trame exotique. Les fruits jaunes et les raisins en rajoutent encore une couche. Tout de suite après, se présentent des épices : vanille, muscade et cannelle. Expressif et frais, il se montre aimable. Le boisé est présent, mais de manière très fondue. Les minutes passant, votre patience va se voir récompensée par l’apparition de notes pâtissières, beurrées et caramélisées. Les fruits et les épices, reléguées au second plan, font de la résistance. Une belle évolution, qui ne fait que se confirmer avec encore plus de repos. Extrêmement gourmand.
L’alcool est particulièrement bien dosé, pas trop puissant, il permet simplement de donner la vivacité requise. Pas trop intense, elle se dévoile plus droite que prévu, n’en fait pas trop. Le bois monte d’un cran et s’associe aux pâtisseries légèrement épicées. Les fruits, eux, sont fort discrets.
La finale, chaude, n’évoluera pas vers trop de boisé et conservera la dominante gourmande d’un gâteau sorti du four. Bien tournée que cette ultime étape de la dégustation.

Alors oui, les fruits disparaissent en cours de route, mais cela se fait au profit d’un profil pâtissier qui fonctionne drôlement bien.

L’Encantada – Domaine Lous Pibous 1995 Bas-Armagnac (Folle Blanche) – 47.9 %

L’Encantada – Domaine Lous Pibous 1995 Bas-Armagnac (Folle Blanche)
L’Encantada – Domaine Lous Pibous 1995 Bas-Armagnac (Folle Blanche)

Tout aussi expressif que le précédent, il se déploie sur une autre voie : plus boisé, des accents torréfiés prononcés se manifestent. Les fruits sont représentés par les raisins secs, bien en place. Plus sombre, il est aussi plus chaud. Le second nez ne fera que renforcer cette identité, grâce à des arômes de réglisse et de caramel. Il me fait craindre d’avoir un peu trop pris de bois au fil des ans. Plus de repos remet le chocolat en place et voit même une noix torréfiée apparaitre.
Jolie concentration en bouche, de celles qui font resserrer les papilles et saliver. L’impact du fût est manifeste, mais loin d’être dérangeant : vanille, cacao, fruits secs… Sombre, chaud et gourmand à la fois.
Cette facette chaleureuse perdure et trouve pour compagnons les épices douces et le caramel. Là encore, je m’attendais presque à ce que le bois gagne en astringence et devienne moins aimable, il n’en est rien.

Encore une très belle sélection. Cet écueil du « trop boisé » est joliment esquivé.

L’Encantada – Domaine Del Cassou 1987 Bas-Armagnac (Baco) – 47.9 %

L’Encantada – Domaine Del Cassou 1987 Bas-Armagnac (Baco)
L’Encantada – Domaine Del Cassou 1987 Bas-Armagnac (Baco)

On change encore de registre, pour celui des trois derniers qui sort le plus du verre. Il tente de nous tromper sur son âge tant il offre des fruits et tant le boisé est (pour l’instant) discret. Le fruité se développe en de multiples facettes, autant exotique, que du verger, ces fruits sont frais ou travaillés. Après avoir étalé le liquide dans le verre, il gagne à la fois en fraicheur (les agrumes n’y étant pas pour rien) et en profondeur, avec un boisé qui se manifeste au travers d’un tabac sombre. Ce dernier prend de plus en plus de place et nous rappelle les années passées en fût.
L’attaque remet les fruits sur le devant de la scène, et tant mieux. Cependant, la texture est un peu fine (peut-être cela vient-il de l’ordre de dégustation) et le boisé se manifeste ensuite de manière un peu piquante. L’équilibre ne se fait pas vraiment entre les fruits et le tabac boisé.
La double trame fruité/fraicheur d’un côté et sombre/boisée de l’autre fonctionne un peu mieux sur la finale, sans réussir à me séduire tout à fait.

Le fruité découvert au nez était très engageant et prometteur, mais j’ai trouvé le poids des ans trop marqué par la suite, avec un certain manque d’équilibre.

Des trames gustatives bien différentes, des cépages variés, une fourchette d’âges large, des degrés plus ou moins élevés… Il y en a pour tous les goûts. C’est d’ailleurs une des caractéristiques qui m’attire vers ce spiritueux, la grande variété de profils !

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