La gamme Triple Millésime de Trois Rivières a 10 ans. Et oui, déjà ; la première référence ayant été présentée fin 2014 lors du Salon Dugas Club Expert (Dugas avait Trois Rivières à son catalogue à l’époque). C’est d’ailleurs la première fois que je rencontrais Daniel Baudin, déjà très didactique, clair et abordable.
Depuis, cinq autres créations de sont venues enrichir cette série, avec des profils assez variés, en fonction des millésimes choisis par le maître de chais et surtout leurs élevages respectifs.
J’ai eu l’opportunité de les déguster côte à côte, ce qui est vraiment appréciable, puisqu’il est sinon bien compliqué de les comparer sur la base des souvenirs et des notes prises sur les salons.
Bref, voici ma dégustation des six rhums qui composent la gamme Triple Millésime par Trois Rivières.
Trois Rivières Triple Millésime 1998-2000-2007 – 42 %

1er nez : Intense, un boisé frais et gourmand domine, suivi de pas mal d’épices. Zeste d’orange et praliné complètent ce premier nez.
2e nez : Il confirme sa concentration et son profil aguicheur, fruits compotés et cacao se joignant à la fête. Je le redécouvre totalement.
Bouche : La vivacité porte bien les arômes qui changent du nez. La fraicheur demeure mais les épices et le bois dominent. Un peu moins bien que le premier contact.
Finale : Longue, les épices et les fruits confits dominent.
Une jolie expérience globalement avec une préférence pour le nez.
Trois Rivières Triple Millésime 1999-2000-2009 – 42 %

1er nez : Moins intense, il se fait plus aérien et les fruits sont plus frais, pourvus d’une certaine verdeur. Il fait moins que son âge, malgré les épices également présentes.
2e nez : Le repos lui fait du bien, le rendant plus « plaisir ». Les fruits frais sont toujours là, pomme en tête et les épices gagnent en présence. Une lichette de beurre apparait.
Bouche : L’intensité est correcte, puis la structure boisée s’imprime sur le palais. Plus riche et moins fraiche que le premier nez, elle fonctionne bien. Le boisé ne devient jamais écrasant et parvient même à garder de la gourmandise. Les notes fruitées et épices jouent les seconds couteaux.
Finale : Le boisé demeure puis les épices s’incrustent et prennent le premier rôle (le tabac rejoint la troupe à la fin).
Une dégustation en trois (voire quatre) temps bien distincts aromatiquement parlant, pour un ensemble assez réussi.
Trois Rivières Triple Millésime 1999-2000-2010 – 42 %

1er nez : Le boisé est ici plus concentré et offre même une pointe mentholée. Les autres arômes sont en retrait (agrumes et épices).
2e nez : Les agrumes passent devant et une note cacaotée apparait. Il devient plus équilibré, puis les épices reviennent (dont une touche de poivre). Il évolue beaucoup, il faut lui donner du temps.
Bouche : L’intensité monte progressivement pour que se mette en place un boisé à la fois cacaoté et épicé (et même légèrement piquant).
Finale : Les épices se font chaudes et le boisé légèrement amer. Le rhum demeure expressif un très long moment.
Cette version avait sans doute été l’une de mes préférées jusqu’alors, c’est en train de changer.
Trois Rivières Triple Millésime 2001-2005-2011 – 42 %

1er nez : Le plus fruité et le plus exotique pour l’instant. L’équilibre se créé entre maracudja et ananas (et leur acidité) et le boisé épicé (et sa profondeur). Il manque peut-être d’un peu de corps cependant.
2e nez : Le fruit de la passion confirme sa place et se voit rejoint par les fruits secs. Le bois et les épices ne bougent pas d’un pouce mais ses deux facettes s’assemblent de belle manière.
Bouche : L’alcool est bien dosé, en revanche, les fruits disparaissent en laissant leur place au bois et aux épices, dont le poivre. La sensation est un peu asséchante, voire astringente.
Finale : Tannique, elle saisi les papilles et ne les laissera pas partir de sitôt.
Le nez laissait présager une suite de dégustation bien plus fruitée, malheureusement, tel ne fut pas le cas.
Trois Rivières Triple Millésime 2005-2010-2015 – 42 %

1er nez : Un peu fermé, c’est avant tout le fût qui se manifeste. Agrémenté de zeste d’orange et d’épices ; il demeure un peu austère.
2e nez : Le trio boisé, zeste d’orange et épices (dont le poivre maintenant) reste bien campé sur ses arômes et ne me convainc pas. Plus de repos l’assagit, et sans changer son profil, le rend plus agréable.
Bouche : Les épices confirment leur rôle de meneur ; associées au bois, elle rendent le rhum sec et même asséchant.
Finale : longue et tannique, avec, encore une fois, les épices qui s’en donnent à cœur joie.
Vraiment trop épicé pour mon palais celui-là. C’est sans doute la version qui m’a donné le moins de plaisir.
Trois Rivières Triple Millésime 2006-2014-2016 – 42 %

1er nez : Plus aimable de prime abord, il se dévoile de manière gourmande sur une partition chocolatée, complétée par les fruits à coque. Les épices – marqueur sur toute la gamme – ne sont pas en reste.
2e nez : Entre chocolat et caramel, la gourmandise est certaine et prend même une tournure pâtissière. Épices et agrumes l’agrémentent. Plus de repos ne le fera plus réellement évoluer (et tant mieux).
Bouche : Souple, après une attaque douce, l’intensité monte. On retrouve une belle synthèse de ce qui m’avait plu au nez et on retombe un rhum plus équilibré et facile (dans le bon sens du terme).
Finale : Là encore, la longueur – certaine – de ce rhum se caractérise par une association réussie entre fraicheur et profondeur, ainsi qu’entre le boisé rond et les épices. Une belle conclusion.
Je pense qu’il s’agit du Triple Millésime qui aura été le plus à mon goût sur l’ensemble de la dégustation.
Absolument intéressant de pouvoir faire cette dégustation comparative. Certains de mes repères ont été chamboulés, le premier de la gamme a nettement remonté dans l’impression que j’en avais, alors que le troisième a chuté. En tout cas, le sixième et dernier (pour l’instant) a ma préférence, ça tombe bien, il en reste.









