Voici le premier article d’une série consacrée aux flacons millésimés de chez Rhum J.M. Cette magnifique distillerie du nord de la Martinique possède de nombreux amateurs, entre autres du fait de ces rhums de 10 et de 15 ans, véritables marque de fabrique de la maison.
Vous entendrez souvent parler d’étiquettes papier (pour les 10 ans) et d’étiquettes cuir (pour les 15 ans). Ces bouteilles millésimées font l’objet d’un véritable culte par certaines personnes et nombreux sont les collectionneurs, surtout pour ce qui est des anciennes années ; on remonte jusqu’aux années 1970 pour les premières versions.
Au fil des années, j’ai pu mettre la main, au travers de différentes sources, sur des échantillons de bon nombre de ces rhums, et je me suis dit qu’il était temps de leur consacrer le temps et l’attention qu’ils méritent.
Pour commencer, nous allons nous pencher sur les Rhums J.M 10 ans des années 2000, et comme pour chacune de ces dégustations, nous allons remonter le temps, en partant du rhum le plus récent.
Rhum J.M 10 ans 2009 – 42.3 %

Le nez se révèle très aguicheur, grâce à ses arômes de fruits à coque, de fruits secs, de torréfaction chocolatée et de vanille. La complexité et l’équilibre proviennent des épices et de la fraicheur végétale. Le deuxième nez se fait plus expressif et la note torréfiée se renforce et prend presque des airs de tabac ; la gourmandise demeure, la fraicheur également.
Si ce n’est un léger manque de texture, il continue sur sa lancée et offre donc autant de plaisir que le nez, entre arômes et équilibre.
La finale associe toujours aussi bien gourmandise et fraicheur. Cette dernière gagnant en intensité jusqu’à la fin de la dégustation.
Un joli rhum agricole que ce 2009, au profil homogène du début à la fin du voyage gustatif.
Rhum J.M 10 ans 2008 – 41.9 %

Aussi expressif mais un peu moins rond que le 2009, il s’exprime sur une trame plus végétale et au caramel marqué (un peu trop). La fraicheur est aussi présente et se renforce même avec le repos, en prenant un léger – et surprenant – accent métallique. Épices et bois montent aussi d’un ton.
La bouche ne s’écarte pas vraiment du nez, à intersection de la fraicheur – voire verdeur – végétale et de la vanille. Il ne procure pas réellement de plaisir.
La finale évolue vers une partition plus sombre, sur laquelle le bois caramélisé, les épices et même une pointe de tabac, tentent de faire jeu égal avec la fraicheur végétale.
Pas franchement loupé, il n’est cependant que trop peu plaisant.
Rhum J.M 10 ans 2007 – 42.9 %

Beaucoup de rondeur vanillée sur ce millésime, avec un manque d’équilibre et de complexité. Moins frais que les précédents, il développe une pointe de bois mouillé accompagné d’épices. Les minutes passant, le bois mouillé se mut en carton, ce qui n’est pas franchement mieux. La vanille de recule pas et une certaine gourmandise épicée émerge du fond du verre, qui va heureusement prendre de plus en plus de place.
C’est une intensité portée par les épices qui occupe la bouche. Ces dernières prennent vraiment le premier rôle et ne laissent que peu de place au boisé vanillé. La fraicheur est ici plus marquée.
Cette trame fraiche et épicée perdure sur la finale et clôt la dégustation.
Il continue mieux qu’il ne commence sans jamais atteindre un équilibre.
Rhum J.M 10 ans 2006 – 43.4 %

Le premier contact n’est pas engageant, puisque c’est une note de beurre rance qui m’a accueilli. Viennent ensuite les épices et une touche de verdeur. Le moins à mon goût pour l’instant. Le deuxième nez offrira un profil similaire et un peu plus intense, alors que, là aussi, une pointe métallique (voire sanguine) se manifeste. Ça ne s’arrange pas réellement, bien qu’il ne faille pas en oublier un « nuage épicé » plus gourmand, qui le sauve, sans le racheter.
La bouche se livre davantage passe partout (tant mieux, me direz-vous), avec son lot d’épices et de bois, sur une intensité qui marche.
C’est sur la finale qu’il devient le plus aimable, entre épices, boisé, fraicheur et un petit quelque chose de pâtissier/torréfié.
Il démarre mal pour finir de façon assez réussie.
Rhum J.M 10 ans 2005 – 43.8 %

Léger surcroit d’intensité, il se fait expressif sur des arômes pâtissiers – un peu comme le 2009 – rejoints par un mordant, peut-être sur un boisé légèrement piquant et ça lui va plutôt bien. Étaler le liquide dans le verre ne fera que pousser les curseurs sans modifier son profil (si ce n’est l’apparition d’une discrète note de café) ; tant mieux. Plus de repos atténuera le peps pour développer le beurre.
La bouche est tout aussi gourmande et on retrouve cette vivacité qui le réveille. Les arômes sont similaires au nez et ça me plait beaucoup.
La fin de la dégustation continue dans la même veine pour s’éteindre un peu trop vite.
Vraiment bien ce millésime 2005, il coche beaucoup de cases.
Rhum J.M 10 ans 2004 – 44.3 %

Un rhum agricole vieux équilibré et typique. Ce nez est à la fois frais (léger menthol), boisé et épicé, sans qu’aucun de ces acteurs ne s’empare de la tête d’affiche. Peut-être un léger manque de rondeur. Le deuxième nez corrige ce défaut relatif en apportant une touche beurrée – mais aussi une étonnante note de bonbon poire/banane. Les épices ne s’en laissent pas conter, ajoutant même un tour de moulin à poivre. C’est bien tout ça.
L’intensité est au rendez-vous, et ce sont les épices, légèrement poivrées qui marquent le palais. La rondeur ne disparait pas avec des fruits à coque et un boisé chaud, mais aussi un peu piquant.
La finale, dominée par le bois, devient progressivement de plus en plus amère, jusqu’à l’être trop.
Le nez me plaisait beaucoup mais l’impression va decrescendo au fur et à mesure de la dégustation, dommage.
Rhum J.M 10 ans 2003 – 44.8 %

Moins expressif que le précédent, la concentration semble lui faire défaut. Le bois, la vanille, une pincée d’épices, voilà les protagonistes, qui ne sont pas très nets. Une fois le liquide étalé sur les parois, il devient plus loquace. Le boisé se campe sur ses douelles et présente une touche fugace de pin. Les épices, les agrumes et un voile pâtissier complètent ce profil, désormais bien plus plaisant. Plus de repos le tasse un peu au fond du verre, sans lui enlever son attrait aromatique.
La bouche est immédiatement plus sombre et plus intense. Les épices – encore elles – se placent au premier rang, bien épaulées par le cacao et le bois.
La finale démarre chaudement sur un boisé riche, renforcé par les épices et un cacao amer, puis prolonge l’expérience sur ces mêmes arômes, de manière plus austère.
Dégustation pas totalement convaincante mais au-dessus de la moyenne tout au long de l’exercice, surtout la bouche, étape la plus réussie.
Rhum J.M 10 ans 2002 – 46.3 %

Surprenant, c’est une note médicinale qui intrigue, à côté des agrumes. Arrive ensuite une facette plus sombre, tabac, épices et torréfaction. Je ne suis pas convaincu, mais je reste curieux. Le second nez accentue encore cet arôme « étranger » et le mue en une synthèse médicinale-herbes aromatiques-sève de pin. Il garde par ailleurs son second niveau de lecture, plus agréable à mes narines. Les minutes passant, un peu de beurre fait son apparition. Il se peut que j’aie également détecté un défaut dont certains de mes samples ont été victimes, on verra en bouche.
Les épices occupent l’attaque et elles procurent une sensation piquante, peu agréable. En le gardant en bouche, je retrouve ce défaut que j’avais pensé sentir.
Et la finale le confirme, si besoin était.
Je ne peux pas vraiment évaluer ce rhum puisque l’échantillon avait mal tourné. Tant pis.
Rhum J.M 10 ans 2001 – 46.6 %

Il offre une impression globale plus chaleureuse que le 2002. Équilibré, il développe une trame à la fois boisée, épicée, vanillée et fruitée (fruits à coque et même de timides fruits exotiques), le tout sur une jolie intensité. Le repos efface quelque peu la veine fruitée, mais fait ressortir les notes de cacao et les épices (ainsi qu’une touche de tabac). Plus sombre, elle n’est pas déséquilibrée pour autant et reste très engageante.
La puissance est parfaite et la richesse du cacao occupe bien la bouche. Nous sommes définitivement sur le profil du second nez, sombre et toujours chaleureux. Le fût est fortement bousiné et saupoudré d’épices.
Ce cacao épicé se met en place dès la fin de bouche et occupera la finale jusqu’aux ultimes secondes, qui mettent leur temps à arriver.
Une fois bien calé, cet axe cacaoté fonctionne très bien. Il propose un quelque chose de tropical qui séduit.
Rhum J.M 10 ans 2000 – 47.2 %

Ce premier contact est frais, avec une belle présence de zestes d’orange ; associés à du cacao, ça fonctionne. Il faut y ajouter une touche végétale et un boisé fin. Le second nez fait ressortir l’alcool au détriment des arômes qui sont mis en sourdine, avec plus de fraicheur et moins de profondeur. Il faudra attendre un peu pour que tout se remette en place.
Texture et alcool sont au rendez-vous et aromatiquement, l’intensité est là. En revanche, c’est la nature de ces arômes qui me séduit moins avec le bois et les épices (définitivement un marqueur fréquent de ces J.M des années 2000) qui ne laissent pas de place à la gourmandise. De surcroit, il se livre sec, trop sec.
La finale continue dans la lignée de la bouche, ce qui n’est pas pour me plaire.
Pas de défaut à proprement parler, mais un manque de qualité flagrant.
Et de 10 ! Dix millésimes, dix pourcentages alcooliques différents (qui décroissent, les années passant) et des profils variés avec quelques marqueurs récurrents, dont ces épices omniprésentes.
Durant la dégustation, je me suis fait un classement, dont voici les points à retenir. Il y en a trois qui se démarquent : le 2009, le 2001 mais surtout le 2005. En revanche, il y a un creux qualitatif de 2006 à 2008, ce trio ne m’ayant pas convaincu.
Voilà une belle entrée en matière, restez à l’affût pour la suite du programme et les 10 ans millésimes des années 1990 !










J’ai un excellent souvenir du Millesime 2000 étiquette métallique , est ce le même que cejui que tu as dégusté ?
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J’ai également un très bon souvenir de cette étiquette métallique et je ne pense pas que ce soit celui-ci que j’ai dégusté pour l’article.
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