J’espère vous avoir régalé avec les dégustations des J.M 10 ans millésimés (les années 2000, les années 90 et les plus anciens) il y a quelques mois (en tout cas, moi, je me suis régalé), il est temps de passer aux 15 ans, les fameuses “étiquettes cuir”.
Mon impression globale des dégustations sur salon, à la maison ou à la distillerie me laissèrent souvent penser que j’ai une préférence pour les 10 ans, voyons si ces six rhums des années 90 vont me conforter dans cette option. Comme dans les articles précédents, on commence par le plus récent, pour ensuite remonter le temps.
À noter – pour qui ça intéresse – que ces dégustations remontent un peu. Et non, je n’ai pas trouvé toutes les photos 😦
C’est parti.
Rhum J.M 15 ans 1999 – 42.5 %

Au nez, le boisé est fin, et il n’est pas le seul. Les arômes sont assez discrets et prennent, à tour de rôle, le devant de la scène, avant d’être relégué au second rang par le suivant. Acteurs de ce petit jeu des chaises musicales, on trouve le boisé, l’orange, la vanille, le cacao, une touche poivrée, une note végétale et les fruits secs et à coque. L’impression générale varie, elle aussi, entre ancien rhum patiné par les âges et profil plus jeune et plus gourmand. C’est un très joli nez.
En bouche, le profil est assez différent et l’alcool est plus marqué. Ici, il nous offre surtout des notes végétales. Le bois apparait après quelques secondes en bouche, mais l’on perd bon nombre d’arômes du nez et notamment ses marqueurs chauds et gourmands. Un changement assez drastique, qui n’est pas vraiment pour me plaire.
La finale est longue. Le tout début de celle-ci est très expressive et cette intensité ne diminue que lentement sur des notes chaudes et boisées. Ces dernières, très présentes, n’enlèvent pas pour autant à ce J.M ses caractéristiques gourmandes, malgré une très légère amertume. Des notes de réglisse apparaissent après quelques instants.
Un rhum étonnant et un peu déroutant avec cette bouche qui « casse » un peu le reste de la dégustation mais où le nez et la finale sont très plaisants.
Rhum J.M 15 ans 1998 – 43.7 %

Au nez, ce rhum nous offre deux trames différentes : une plutôt habituelle sur le bois, les agrumes, les épices douces – et le poivre – et les fruits secs ; et l’autre : bonbon anglais, malabar et fraise tagada. C’est assez étrange. L’ensemble est vif, les 15 ans n’ont pas endormi la bête.
En bouche, là aussi, c’est vif et il est plus dur de dissocier les deux tendances détectées au nez. L’influence bonbon diminue (mais reste présente) et c’est un J.M plus classique qui ressort avec les arômes de la première trame décrite plus haut.
La finale est assez longue sur des notes chaudes. Le côté bonbec est presque absent ici (et c’est tant mieux en ce qui me concerne) et laisse sa place à un boisé grandissant, légèrement tannique, ainsi qu’aux épices, elles aussi dominantes. En fait, après quelques minutes, retour des arômes bonbons, même si de manière moins intense que sur le nez.
Un 1998 atypique. Un J.M atypique. Cette étonnante présence aromatique malabarienne le rend unique, malheureusement pas en bien. J’ai été bien plus conquis par d’autres 1998 et par bien d’autres J.M !
Rhum J.M 15 ans 1996 – 44.4 %

Au nez, nous avons un agricole moyennement équilibré et assez gourmand avec sa vanille et ses agrumes. Le boisé, soutenu par des notes végétales, est également bien présent et se fait très légèrement piquant. L’impression d’ensemble est d’un rhum dessert, franc et qui promet du plaisir ; il manque cependant de complexité et de finesse.
En bouche, il est plus frais que prévu, ce qui apporte un peu plus d’équilibre mais on n’a pas toute la gourmandise qui nous était promise. Il est ici toujours boisé mais mâtiné de notes florales (violette ?) et même minérales. Assez surprenante que cette bouche et en complète inadéquation avec le nez.
La finale s’avère boisée et même légèrement astringente. C’est clairement le bois, qui redevient un peu piquant, et qui est associé à des notes de sucre roux et d’épices, mène la danse et rend cette finale très longue et très sèche. De discrètes notes vanillées et orangées tentent de redresser la barre, sans réel succès.
Le nez assez simple mais gourmand et prometteur constitue sans doute l’étape de cette dégustation que j’ai préférée pour un autre J.M 15 qui surprend sur la bouche.
Rhum J.M 15 ans 1995 – 44.8 %

Au nez, on commence à trouver un profil aromatique J.M 15 ans. On a les épices douces et le zeste d’orange, ainsi qu’un quelque chose de végétal qui fait penser à de l’herbe tout juste coupée. Il y a (bien moins que sur le 1998) des notes de bonbons qui apparaissent assez timidement. Un léger voile vanillé vient enrober l’ensemble, qui par ailleurs se fait plutôt sec.
En bouche, l’alcool est parfaitement mesuré et le bois poivré frappe, allié à des arômes végétaux là aussi. Les épices sont toujours bien présentes et marquent leur territoire ; on retrouve également le zeste d’orange et la pointe de vanille. Je confirme, c’est sec et plutôt équilibré.
La finale est longue (oui ça commence à être une habitude). Pour ne pas changer, les épices – qui ne nous auront pas quittés – accompagnent cette ultime étape. Il demeure boisé et devient même tannique. La vanille, agrémentée d’une touche anisée, demeure un peu en retrait.
Pas mauvais, loin de là, mais pas franchement d’identité et un certain manque de gourmandise.
Rhum J.M 15 ans 1991 – 45.4 %
Au nez, après une bonne demi-heure de repos dans le verre, le profil est franchement gourmand ; les fruits secs et la vanille s’associent parfaitement pour mettre l’eau à la bouche (il présente même de fugaces notes beurrées). D’autant plus qu’épices et fraicheur sont également au rendez-vous et donnent à ce rhum un bel équilibre et du relief. Le boisé, encore discret, et une touche torréfiée (café) amènent un niveau de complexité supplémentaire. Après encore plus d’aération, le côté gourmand a tendance à diminuer au profit des épices.
En bouche, l’alcool est mesuré. Il est moins exubérant qu’au nez. Ce sont ici, principalement les épices et le bois qui mènent le jeu. On est clairement en dessous de ce que le nez nous faisait miroiter.
La finale est longue et sur les arômes boisés et épicés assez classiques.
Ben zut alors, ça commençait pourtant drôlement bien pour finalement se simplifier et perdre en plaisir !
Rhum J.M 15 ans 1990 – 45.8 %
Au nez, les épices douces dominent (et moins douces avec le poivre). L’orange et la vanille ne sont pas absentes tandis que de légères notes de cacao se distinguent. Il a aussi un côté eau-de-vie de vin et même un petit quelque chose de grenadine – pourquoi pas. Avec l’aération, le boisé ressort sur un profil qui rappelle un peu Reimonenq (oui ça m’a étonné aussi). Il se caractérise aussi par une sensation poudrée. L’alcool s’avère bien intégré et après encore plus d’aération, une pointe végétale apparait.
En bouche, c’est un peu plus puissant, et le grand âge de la bête n’a en rien altéré sa fougue. Le boisé est là aux côtés des épices. Il a une belle présence et occupe bien le palais. Il a un petit côté floral surprenant, mais agréable. Une bouche bien sympathique ma foi.
La finale est longue, là encore sur ce bois épicé. Cependant, une touche empyreumatique (et un peu terreuse) vient changer le profile, sinon classique, de cette finale.
Il m’a plu ce 1990, l’un des meilleurs de la série (avec le 1999).
Rien d’exceptionnel sur cette dégustation ; certains s’en tirent pas mal sans pour autant provoquer une réelle émotion. J’espère et j’imagine que les 15 ans des années 1980 s’en tireront mieux, nous verrons.
Dégustations des millésimes J.M :
- 10 ans des années 2000
- 10 ans des années 1990
- 10 ans des années 1980 et 1970
- 15 ans des années 1980










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