Retournons au Salon Club Expert Dugas 2022 pour la suite de mes découvertes, avec, au programme, rhums et surtout whiskys.
Lors de la préparation de l’événement, j’avais jeté un œil à la liste des exposants rhum et avais vu quelques noms qui m’étaient totalement inconnus : Two Drifters, Rump@blic ou encore Nihilo. Curieux j’étais, et parfois la curiosité est un vilain défaut.
Vous me pardonnerez (ou pas) le caractère lapidaire de certaines notes.
Rhums de mélasse
Rump@blic

Rump@blic 100% Barbados Pot Still Rum – 43%
Barbade, 100% pot, vieilli 3 ans sur place en ex-fût de bourbon puis 6 mois en Sicile en fût de Marsala (demi sec) – pas d’ajout.
Nez : épices, citron, vanille, végétal
Bouche : certaine rondeur a priori en provenance du fût mais aussi grosse intensité du pot still
Finale : moyennement longue, on garde les épices et la vanille et un vague sentiment empyreumatique
Intéressant ? Franchement, je n’en sais trop rien.
Two Drifters

Two Drifters Spiced overproof pineapple – 60%
Trop fort, trop épices que je n’aime pas, comme la réglisse bien noire. Mais je ne peux pas dire que ce soit une mauvaise composante pour cocktails. D’autant plus qu’un bartender de renom était à côté de moi à ce moment-là et a tout de suite imaginé comment il pourrait l’incorporer à certaines créations. Two Drifters possède d’autres rhums dans son portefeuille dont un blanc type jamaïcain, mais ils n’étaient pas en dégustation.
Nihilo

Nihilo African spiced rum
Mélasse, 6 mois passés en ex-fût de bourbon puis 12 heures d’infusion d’épices. Pas de sucre ajouté.
Pas trop mal, sec, très agrumes. Trop de cannelle sur la fin.
Ce petit dernier clôt la série des « inconnus au bataillon » et honnêtement, tout ceci n’était pas franchement nécessaire pour mon palais.
Botran

Un classique maintenant, avec la marque du Guatemala. Pour rappel, la distillerie qui produit Botran est la même que celle d’où sort Zacapa, mais une des différences principales est l’édulcoration quasi-nulle pour la première, contrairement à la marque en Z.
Reserva Blanca – 40%
3 ans de vieillissement puis blanchi sur charbon actif – produit pour cocktails
Ouais bon, un jeune vieux bien vanillé, mais presque non-sucré (4g) et doté d’une certaine acidité, donc oui, peut-être en cocktails où le goût de l’alcool ne doit pas trop ressortir.
Vintage French Wine Cask – 40%
Assemblage de rhums âgés entre 8 et 25 ans
L’élevage est le même que sur d’autres rhums de la gamme, avec l’utilisation de plusieurs fûts différents, mais ici un finish en fût de vin blanc français vient conclure le vieillissement.
Pas mal de complexité et pas de sucre. Bien marqué fût américain quand même (banane, vanille, coco). Une toute petite trace de soufre. Notes torréfiées. Pourquoi pas, pas pour mon étagère, mais pourquoi pas.
Les Whiskys
Isle of Raasay

Ils ont entre 3 et 4 ans mais sont des NAS (no age statement). Vieillissement assez compliqué entre différents fûts qui sont peated ou non (six natures de fûts différentes).
Isle of Raasay Spring 01.1 – 46,4%
Nez : peut-être suis-je en train de m’habituer un peu plus à la tourbe parce que je la trouve assez discrète.
Bouche : cette tourbe est bien plus présente ici, même si nous sommes sur des lightly peated (faiblement tourbés). Certaine rondeur bienvenue
Finale : tourbée et légèrement salée
Isle of Raasay Automn 02.1 – 46,4%
La seule chose qui le différencie du précédent c’est la période de l’année à laquelle la distillation prend place. Très proche du Spring, probablement un peu plus frais et droit.
Isle of Raasay Special distillery release – 52%
Vieillissement en rye et finish sherry (6 mois) pour un total d’un peu plus de trois ans et toujours lightly peated.
Nez : plus fruité
Bouche : légèrement vineux
Finale : douce, longue et tourbée
Mon favori sur les trois.
Hazelburn

Campbeltown Loch – 46%
Blend de plusieurs whiskys produits chez Springbank.
Nez : très rond sur le grain et la pomme verte
Bouche : grosse rondeur, encore plus qu’au nez, une chaleur « sucrée »
Finale : moyennement longue, caramel, toujours assez chaud
Facile et simple.
Hazelburn 10 ans – 46%
Vieillissement intégral bourbon
Plus intéressant que le blend, plus riche, les fruits sont plus mûrs, bref il est meilleur.
Hazelburn 15 ans – 54,2%
Vieillissement 100% ex-fûts d’Oloroso
Nez : le sherry a clairement laissé son empreinte ; fruité, vineux, demande vraiment à y tremper les lèvres
Bouche : puissant, brûle un peu. Léger souffre, voire pas si léger que ça. Et de la sucrosité.
Le nez me laissait penser à bien mieux mais entre le sucre, l’alcool et le souffre…
Bladnoch

Nous sommes ici à la distillerie Bladnoch, des Lowlands en Ecosse.
Bladnoch Vinaya – 46,7%
NAS au vieillissement bourbon et Oloroso
Nez : céréales, pomme, cacao
Bouche : très ronde et très onctueuse mais pas écœurante
Finale : la finale devient plus sèche mais on a une belle chaleur
Bladnoch Samsara – 46,7%
NAS élevage bourbon et vin rouge californien
Nez : plus vanille, (encore) plus dessert
Bouche : et d’avantage en bouche mais sans sucrosité dérangeante
Finale : vanille, cacao, boisé
Bladnoch Liora – 52,2%
Vieillissement bourbon et fût de chêne américain neuf
Nez : caramel
Bouche : étonnamment, on retrouve la céréale avec en plus du cacao et toujours le caramel. Attention à l’alcool quand même
Finale : boisé chaud et torréfié
Bladnoch 11 ans – 46,7%
Élevage 100% bourbon
Nez : rien à voir avec les précédents, floral, plus léger, un peu plus végétal et un peu de pomme (que je retrouve beaucoup sur les whiskys aujourd’hui)
Bouche : devient plus rond jusqu’à la finale qui devient boisée sur les fruits à coque et la vanille
Bladnoch 14 ans – 46,7%
Vieillissement 100% Oloroso
Nez : orange confite, fruits secs, épices. J’imagine que ce profil encore différent vient de l’élevage en fût de sherry
Bouche : vineux, texturé, un peu de noix et de cacao
Finale : les marqueurs de la bouche gagnent en intensité
Bladnoch 19 ans – 46,7%
100% ex-fût de sherry Pedro Ximenez
Nez : fruits à coque, fruits secs, vanille, un peu de réglisse
Bouche : très rond, gras et épicé
Finale : de plus en plus chaud sur la pâtisserie et le torréfié
Joli, presque trop facile
Un joli tour des whiskys de la distillerie Bladnoch, dont les jus sont fortement influencés par les élevages en différents fûts pour des résultats gourmands, chauds et assez faciles à aborder.
The Busker

Grosse machine de guerre irlandaise avec trois expressions, toutes à 44,3%.
La première est extrêmement douce et on peut même faire un parallèle avec les rhums de mélasse distillés à très haut degré sur colonne dont le goût vient du bois.
Le second : plus floral, plus whisky, vanille aussi.
On suit notre évolution sur le troisième, avec définitivement un whisky irlandais face à nous. Plus d’épices, plus d’intensité en général.
Leur intérêt principal, les petits prix. Donc pas pour moi (non pas que je sois riche ^^), vu les profils simples des jus.
Filey Bay

Voici une distillerie anglaise dont je n’avais jamais entendu parler. J’ai pu discuter quelques minutes avec la personne derrière le stand et j’ai appris qu’avant de mettre un pied dans le whisky, cette famille était avant tout des agriculteurs, producteurs d’orge. Ils se sont mis à produire de la bière, avant, quelques années plus tard, de se lancer dans la distillation de malt.
Chose assez rare, ils ont attendu plus de 6 ans avant d’embouteiller leurs premiers whiskys, ne les estimant pas prêts avant cela.
Tous leurs whiskys ont environ 6 ans et demi.
Filey Bay Flagship – 46%
Nez léger et très fruité, puis on retrouve le grain en bouche avec aussi un côté plus sec que prévu. Bien fait.
Filey Bay IPA finish – 46%
9 mois de finish (le whisky a été retiré du fût, qui est venu accueillir de la bière IPA pendant quelques mois, avant de récupérer le whisky initialement contenu)
On retrouve bien notre « base » en un peu plus fraiche, avec quelques agrumes. Pas mal.
Filey Bay Moscatel finish – 46%
Plus de gourmandise de prime abord, vanille, fruits à coque. Puis une vraie rondeur en bouche et un côté vineux.
Filey Bay STR finish – 46%
Ex-fût de vin rouge espagnol reconditionné (gratté sur quelques millimètres avant d’être retoasté)
On retrouve l’influence du vin sans conteste, plus d’épices aussi et une texture relativement tannique mais qui se marie très bien au whisky.
Filey Bay Peated finish – 46%
Le malt n’est pas tourbé mais il est fini dans un fût de whisky tourbé
Eh bien niveau tourbe ça suffit bien même si ça ne prend pas le pas sur tout le reste. On garde une certaine légèreté.
Filey Bay Special release Yorkshire Day 2022 – 55%

Assemblage de différents élevages, exclusivement vendu à la distillerie
Très riche au nez, il se fait complexe et long en bouche, on a la sucrosité du Moscatel mais aussi les autres influences, non sans garder la matière première.
Vraiment bonne impression de la distillerie en général, avec un travail sur les fûts mais sans jamais masquer la matière première.
Flatnöse

Blended scotch whisky – 43%
Un blend très facile (pléonasme ?).
Le suivant (Rum Barrel Finish) se fait très légèrement tourbé. L’année de finition en ex-fût de Flor de Cana est totalement indétectable.
Picti Coast – 46%
Plus intéressant, légèrement salin.
Mouais bof…
Indri

Indri – 46%
Des variations de 50 degrés Celsius sur l’année font que le vieillissement est bien particulier.
Élevage bourbon, sherry et vin rouge français
Un whisky très fruité et réellement rond en bouche, épicé. Très vanillé sur la finale.
C’est sur ce petit tour en Inde, une fois n’est pas coutume, que s’achève ce voyage en terres dugassiennes.
Nul doute que l’année prochaine nous apportera à nouveau son lot de nouveautés et de surprises.
Maintenant, je m’en vais me préparer pour le prochain salon de la saison !