Si vous trainez sur les réseaux sociaux dédiés au rhum, vous n’êtes sans doute pas passés à côté de cet événement : La Confrérie du Rhum et Excellence Rhum fêtent conjointement leur 10ème anniversaire au travers d’une cuvée très spéciale, un rhum cubain de 10 ans : Eminente 2012 brut de fût.

C’est bien un événement car, pour la première fois, un rhum cubain est intégralement composé d’aguardiente. En effet, les rhums cubains trouvent leurs racines dans un assemblage d’aguardiente (alcool distillé autour des 75%) et de rhum très léger, comprenez un rhum distillé à très haut pourcentage alcoolique, très proche d’un alcool neutre.
Afin d’être le plus clair possible, laissez-moi reprendre la description de son élaboration réalisée par Alexandre Beudet et ses compères :
« Cette cuvée est issue de l’assemblage de deux fûts. Le premier est un ex-fût de whisky dans lequel on a vieilli une aguardiente, brute de colonne, titrant à 75%. Le fût a reposé plusieurs années sur la plus grande hauteur du chai afin d’obtenir une meilleure interaction avec le bois, ainsi que des saveurs plus concentrées. Le second, ex-fût de whisky également, a reçu une aguardiente préalablement réduite pour une durée de 10 ans. »
Comme je vous le disais, c’est sous la bannière Eminente que ce rhum sort. Eminente est une marque appartenant à LVMH, lancée en 2020. C’est le Maetro Ronero César Martí qui en a supervisé l’élaboration de cette cuvée anniversaire Confrérie du Rhum et Excellence Rhum.

Ayant reçu un échantillon, je me suis empressé de le déguster, voici mes notes :
C’est sur un registre torréfié que le premier nez se présente ; chocolat noir et café. Mais arrive immédiatement une certaine fraicheur, qui vient sans doute du degré d’alcool mais aussi d’un léger arôme végétal, presque médicinal. Il évolue vite, puisque après quelques minutes à peine, se font sentir des notes fruitées, à l’intersection entre fruits secs (raisins, pruneaux) et fruits du verger (pêche, pomme). Le repos ne fait que concentrer les arômes et nous ramène sur la torréfaction ; autrement dit, ça commence pas mal et sur un profil atypique.
Une fois le rhum étalé à l’intérieur du verre, l’intensité fruitée émerge à nouveau. Se modifie également sa facette sombre, ajoutant à sa carte d’identité tabac et pain d’épices.
Ce nez fait envie, il allie deux trames de belle manière (sombre torréfiée et gourmande fruitée).
Dès le liquide mis en bouche, il en prend possession ; il y a de la matière. C’est un boisé confit qui imprime son empreinte. Caramel cuit, fruits confits, vanille sucrée… Il n’est pas sans rappeler certains vieux guadeloupéens (dans la veine Bellevue) ou pourquoi pas un Demerara. La suavité est marquée et l’alcool très justement dosé.
La finale est très longue et les arômes demeurent intenses un bon moment. Ce sont nos fruits confits, la vanille et un boisé fortement bousiné (très légèrement cendré) qui ne lâchent rien.
Je n’aurais absolument pas su déterminer son origine à l’aveugle et serais sans doute parti vers des rhums d’anciennes colonies anglaises, telles le Guyana ou Trinidad (voire un vieux de Guadeloupe comme je le disais plus haut).
Une très belle sélection, qui brille par son originalité et qui nous fait perdre nos repaires des rhums de Cuba, pour le meilleur. Je dois avouer avoir flingué mon sample sur la dégustation, ce qui est bon signe.