Nous revoilà au Carreau du Temple à Paris pour continuer et finir d’explorer mes découvertes lors du Salon Dugas Club Expert 2023. Comme je vous le disais à la fin de la première partie, c’est sur les rhums de mélasse et encore quelques whiskies que nous nous pencherons dans cet article.
C’est parti !
RHUM
La Maison du Rhum

Pour ceux qui ne suivraient pas, La Maison du Rhum est la marque d’embouteillage de Dugas. La gamme est très vaste et propose des rhums de distilleries avec lesquelles Dugas entretient des relations de distribution. Cependant, les sélections se démarquent des embouteillages officiels de par le profil, qui se veut un peu plus pointu : pourcentages alcooliques plus élevés, ajout de sucre réduit, vieillissements particuliers… Le tout à un tarif souvent attractif. Bref, il était temps que je me mette à jour sur cette collection, que découverte en 2017, lors du Salon Club Expert cette année-là.
On commence avec quatre rhums de la sixième fournée.
La Maison du Rhum – Antilles françaises 2014 – 44%
Rhum en provenance de Séverin
Nez : caramel brûlé, orange confite, old school Guadeloupe
Bouche : grosse intensité, même profil
Finale : très long, toujours sur ces notes empyreumatiques marquées
La Maison du Rhum – Îles vierges 2012 – 47%
Rhum de la distillerie Cruzan
Nez : très bourbon, coco, torréfié, alcool présent
Bouche : on retombe sur le profil découvert au nez avec une note terreuse en prime
Un rhum distillé très haut où le fût s’exprime
La Maison du Rhum – Paraguay – 42%
Il nous vient de chez Fortin
Vieillissement assez compliqué avec bourbon, puis passage ex-sherry et ex-whisky tourbé
Nez : intriguant et complexe
Bouche : le whisky tourbé est plus évident ici qu’au nez et prend un peu le dessus
Finale : cendrée
La Maison du Rhum – Trinidad 2009 – 52%
Rhum distillé chez Trinidad Distillers Limited
Nez : très expressif, empyreumatique, saucé au Caroni ?
Bouche : intense, alcool va mais limite, peut-être petit manque de texture, on a vraiment Caroni sur le palais
Finale : très long ce qui n’est pas étonnant

Autre nouveauté, une série plus confidentielle au sein de la gamme de La Maison du Rhum, pour l’instant composée de trois références présentés en coffret et carafe :
La Maison du Rhum – Barbade (Mount Gay) Hors d’Âge – 47%
Nez : dur de passer après le Trinidad… Mix entre alambic et fût de bourbon
Bouche : plutôt dans le style alambic de la distillerie (Mount Gilboa), associé à une petite rondeur bienvenue
La Maison du Rhum – Madagascar (Dzama) Hors d’Âge – 41%
Nez : léger mais intéressant, floral, vanille, amande fraîche, noyau
Bouche : fin mais ce qui va avec un manque de corps et de concentration. Les arômes sont agréables mais légers
Finale : légers tannins, noyau mais toujours léger.
Pas désagréable mais un peu mou
La Maison du Rhum – Panama (Abuelo) 20 ans – 49%
Nez : l’alcool saute un peu aux narines, fruits confits, pruneaux, caramel cuit, noix
Bouche : alcool mieux en bouche, très rond, texture soyeuse, sucré
Finale : on garde le sucre et le caramel, avec du chocolat au lait
Botran

Botran Roajù – 40%
Assemblages de rhums âgés entre 8 et 21 ans
Vieillissement dans 4 fûts (fût de Bourbon, fût de bourbon rebrulé, fût de Xérès et fût de Porto) avec une finition en fûts de vin rouge espagnol
Nez : très torréfié et boisé, caramel, pointe de soufre
Bouche : ronde, moins intense que le nez, avec un boisé vanillé et toujours un peu de torréfaction
Finale : assez longue et gourmande
Botran Rare Blend ex-agave spirit cask – 40%
Toujours les mêmes quatre fûts sont utilisés mais avec une finition ex-tequila. L’assemblage est réalisé avec des rhums de 8 à 25 ans.
Nez : le finish peut se sentir sur un discrète note herbacée en plus de profil habituel de la marque
Bouche : plus sèche et droite, moins torréfiée
Finale : un peu plus fine en texture, moins marquante et plus courte
Miracielo – 38%
Entre 3 et 10 ans en fût de bourbon, un peu de sucre puis infusion de grains de café du Guatemala
Nez : café en plein, semble sec
Bouche : sucre très discret, toujours hyper café, le rhum disparait
Finale : long sur le café
Gin Xibal – 45%
Utilisation de six botaniques : poivre, laurier, citron, orange, cardamome et estragon aztèque. Et donc pas de baie de genièvre. Compliqué de savoir s’il peut s’appeler gin du coup.
En tout cas, il offre une grosse fraicheur agrumes et poivre. Le faible nombre d’ingrédients permet d’en distinguer une bonne partie. Il fonctionne bien.
Abuelo

Abuelo Centuria – 40%
Ce n’est pas la première fois que je le dis mais cet Abuelo Centuria est vraiment bien fait (la preuve). Pas trop de sucre, des arômes du fût un peu travaillé, café, cacao, vanille, avec de la texture, de la finesse et de la longueur. Système solera n’est pas synonyme de produits de piètre qualité (mais est souvent synonyme d’enfumage sur l’âge des rhums, ce qui n’est pas le cas ici).
Abuelo Three Angels – 43%
12 ans d’âge et des fûts au plus haut du chais où la part des anges est plus élevée.
Nez : plus de peps, moins de finesse, un peu plus de bois
Bouche : un peu de taille de crayon mais les 3 degrés de plus sont appréciables. Encore un peu de sucre
Finale : boisée et torréfiée, tabac
Je préfère quand même le Centuria.
Naga

La marque peut désormais indiquer que son rhum vient de Thaïlande (il était auparavant marqué Royaume de Siam sur la bouteille). Par ailleurs, j’avais dégusté le Naga Shani, il y a quelques mois.
Naga 12 ans – 43%
Nez : fruits à coque torréfiés, pas de sucre ajouté, vanille, chaud, un peu de taille de crayon
Bouche : on retrouve nos acteurs
Finale : sec, un peu trop de bois
Assez bonne impression générale
Naga Full Proof 2011 – 62,3%
Nez : vanille, caramel, puissant
Bouche : pareil avec du bois en plus
Préférence pour le 12 ans.
Cadenhead’s

Cadenhead’s Trinidad 11 ans (TDL) – 46%
Nez : trop de bois sous forme de taille de crayon et un peu de fruits exotiques mais vraiment discrets
Bouche : pareil, vraiment pas mon truc
Finale : la finale ne s’en tire pas si mal mais bon…
Cadenhead’s Jamaica 17 ans (Clarendon) – 46%
Nez : la puissance alcoolique pique le nez, amande verte, taille de crayon
Bouche : puissant et piquant
Finale : pas top
Déçu par ces deux rhums de chez Cadenhead’s.
VIN DE MADÈRE

Confirme mon coup de cœur pour ces vins, avec, sur la dégustation du jour, le cépage Verdelho essentiellement.
Noix, fruits secs, sucré, acidité, équilibre, longueur et surtout, beaucoup de plaisir !
J’avais partagé ma découverte de ces vins dans ce post Facebook.
WHISKY
Glenglassaugh

La distillerie repense sa gamme, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur des bouteilles. J’avais découvert leurs whiskies sur le Salon Club Expert 2021.
Tous les vieillissements principaux sont réalisés sur d’ex-fûts de bourbon et de sherry Oloroso.
Glenglassaugh Sanded – 50,5%
Majorité de bourbon par rapport au sherry. Également fût de Manzanilla sur ce 8 ans.
Nez : fraîcheur, légèreté aromatique, puissance relative et bourbon
Bouche : texture sympa, fruité
Finale : pâtissière, céréales grillées
Glenglassaugh 12 ans – 45%
Addition de fût de vin rouge pendant l’élevage
Nez : décidément encore un nez qui se révèle chaud et gourmand, empyreumatique
Bouche : on sent le vin rouge, en bien
Finale : longue, très légèrement fumée, encore avec la texture veloutée du vin
Glenglassaugh Portsoy – 49,1%
Il s’agit de l’expression tourbée de la distillerie.
Nez : tourbe, fruits, vanille
Bouche : attaque à la fois douce et explosive, tourbe et douceur
Finale : l’alcool reste un peu et la tourbe beaucoup mais non dénuée d’une certaine fraîcheur
C’est simple, j’ai trouvé ces trois whiskies de Glenglassaugh tous réussis.
Stauning

Stauning Rye whisky – 48%
70% de seigle et 30% d’orge maltée
Nez : alcool bien, très épices plus que pain grillé
Bouche : alcool bien, orange et épices
Finale : sec et gourmande à la fois
C’est ce rye whisky qui sert de base pour les trois suivants.
Stauning Bastard – 46,3%
Six mois de finition en ex-fût de distillat d’agave
Nez : au nez il y a une certaine fraîcheur mais sinon on retombe sur le rye
Bouche : idem
Finale : je n’ai plus l’agave
Stauning Dirty Bastard – 53,1%
le même que précédemment avec en prime un an en fût de bière stout
Nez : plus étonnant ici avec une belle empreinte de la stout (de chez To Øl, super brasseur danois)
Bouche : texture et douceur en plus de la puissance
Finale : fraîcheur (peut-être bien le côté végétal de l’agave), et toujours une douceur vanillée, torréfiée
Stauning El Clasico – 45,7%
Finish en fût de Vermouth.
Peut-être cela vient-il du fait que c’était le dernier de la journée, mais il m’a perdu…

Une journée salon intense, sérieuse et pleine de découvertes. Une journée comme je les aime. Tableau de chasse : 45 spiritueux, des vins de Madère et des sakés. Pas mal. On verra si je fais mieux l’année prochaine 🙂










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