Une fois n’est pas coutume, on va déguster des rhums de tradition hispanique. Je dis assez souvent qu’il ne faut pas se fermer à certaines typologies de rhums et qu’il faut continuer à goûter tous les styles.
J’ai trouvé parmi ma réserve d’échantillons, trois rons qui se veulent être dans le haut du panier dans leur catégorie et je me suis dit que je pourrais m’en faire un line-up pour vous en parler.
Abuelo Centuria – 40%

Le nez est étonnamment expressif pour son faible degré, ce qui est une agréable surprise, en revanche, il est un tout petit peu alcooleux. Les premiers arômes qui émergent sont la vanille, le tabac, l’orange et la noix. Une touche minérale vient rendre l’impression générale plus sèche même si globalement nous sommes sur un rhum rond et gourmand. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas mis le nez dedans et il confirme plutôt bien l’impression positive que je m’en étais faite.
La bouche est très facile mais pas écœurante du tout, malgré une légère douceur. On y retrouve une bonne partie de nos arômes, avec le tabac, l’orange, la vanille et un boisé sec. L’alcool est un peu plus présent que prévu mais ce n’est pas forcément un mal.
La finale est plutôt longue et dominée par un boisé gourmand mais sec, mâtiné de noix, ce qui en accentue la gourmandise.
Pas révolutionnaire mais simplement bien foutu et très équilibré tout en gardant son identité panaméenne.
Malecon Rare Proof 20 ans 1999 – 48.4%

Second rhum du Panama de notre dégustation, il se veut élaboré selon la méthode traditionnelle cubaine.
Le nez ne démarre pas très bien, avec un profil très « ron sans intérêt » sur un mélange vanille/caramel et une impression légèrement piquante ; il donne l’impression d’avoir été distillé très haut et de manquer de corps. Mais rapidement, il se met en place et nous livre une image très différente, tout en restant assez léger. Il prend des accents d’aguardiente cubaine, avec ses parfums de fleurs, d’olive et de fumé. C’est clairement beaucoup mieux qu’au démarrage, sans être complètement à mon goût pour autant.
La bouche est beaucoup trop sucrée, vraiment. Et c’est triste parce qu’à ce niveau-là, cela me gâche complètement la dégustation, qui ne démarrait pourtant pas si mal.
La finale demeure sur cette présence du sucre qui empâte la langue, puis après un moment, parvient à émerger un boisé léger, de la vanille et une note fumée.
Ou comment assassiner un rhum avec du sucre… On rappelle à toute fin utile que les rhums cubains traditionnels ne sont pas sucrés, il est dommage de ne pas avoir suivi la méthode jusqu’au bout.
Coloma Single Cask « Flor » – 50.3%

Le nez démarre sur le fût qui s’exprime sur un boisé assez marqué, mais rapidement nous parvient une très étonnante note « caronienne ». On se demande un peu ce qu’elle fait là mais elle est tout à fait bienvenue ! D’autant qu’elle créé un équilibre réussi avec des notes plus gourmandes de caramel, de noix et de fruits. Il y a finalement comme une fraicheur légèrement acidulée, qui fait un peu penser à un bonbon aux fruits (entre orange et cerise) ; surprenant. Un nez qui me plait assez.
La bouche est sucrée là aussi, mais avec moins d’excès que sur le précédent (je pense que la dégustation du Malecon juste avant le sauve un peu). L’alcool chauffe un peu et c’est le fût carbonisé qui se fait sentir avant tout, avec de la réglisse et du goudron.
La finale est longue et reste intense un bon moment, avec la facette Caroni, le caramel, le boisé à la chauffe alligator mais aussi de la fraicheur médicinale, qui surprend dans le bon sens.
Oui, il y a trop de sucre, mais il ne ruine pas tout. Un profil sud-américain que je ne connaissais pas et qui m’a plu – maintenant j’aimerais le déguster non édulcoré…
C’est donc ce bon vieux papi qui s’en sort avec les honneurs, ce Centuria étant plus que décent mais son prix reste élevé. Le Coloma arrive en seconde position, car bien qu’il soit trop éducloré, il a quand même quelques cordes à son arc. Et enfin, le Malecon, qui du fait d’un sucrage à la louche est tout simplement gâché, et c’est dommage car tout au nez n’était pas à jeter.
Je ne sais pas quand je vais retenter l’expérience des latinos ^^