Les rhums de l’anniv de Freddy

Après le tour de chauffe avec le Negrita, dont je vous parlais la semaine dernière, place aux choses sérieuses.

Quelques semaines avant notre visite, Freddy avait célébré son anniversaire (la décence m’interdit de donner son âge, même si vous aurez quelques discrets indices plus loin :p). Il avait pour l’occasion, ouvert certaines bonnes bouteilles, pour la plupart de son année de naissance. Mais ce n’est qu’à la sortie de ces flacons qde derrière le comptoir que je me suis souvenu d’en avoir vu quelques photos sur les réseaux sociaux.

Du lourd et du très lourd !

Petit avertissement avant de rentrer dans le vif du sujet : j’ai pris quelques notes de dégustation sur le moment, que je vais tenter de retranscrire au mieux mais ça risque d’être un peu limité (oui et aussi car je le suis un peu moi-même).

Armagnac 1977

Armagnac du Collectionneur 1977

Suivons l’ordre de dégustation proposé par mon hôte et commençons donc par un armagnac de 1977 (mais non, je ne vous dis toujours pas l’âge de Freddy :D). De manière intéressante, j’avais noté dans un premier temps “mérite de s’ouvrir” mais en fait, pas vraiment, ou plutôt, pas trop longtemps. Son nez perd en effet en fruité et gagne en boisé les minutes défilant ; aussi, si vous souhaitez pouvoir apprécier les pruneaux, les raisins et les fruits à coque, n’attendez pas trop 🙂 Le bois est présent dès le début mais de manière mesurée, juste ; un léger côté poudre à canon vient également titiller les narines. La bouche est beaucoup moins fruitée et plus boisée et épicée (ou l’ai-je trop laissé s’aérer ?). La poudre à canon est toujours là et c’est tant mieux 🙂 Sur la finale, le boisé prend le dessus et l’intensité baisse assez rapidement. Un petit côté bois mouillé en prime, peut-être bien.

Au final, c’est surtout le nez du liquide fraichement versé dans le verre, qui m’a séduit !

Madeira 1977

980 Aguardente de Cana – Rum agricola da Madeira 1977

Et si on buvait un peu de rhum maintenant ? Oui mais pas de n’importe où, de Madère ! Oui, ils y font du rhum et pur jus de canne qui plus est. Toujours en millésime 1977 s’il vous plait ! Au nez on a un rhum hyper gourmand sur des arômes très chauds. Il offre des notes torréfiées, empyreumatiques mais aussi de caramel cuit, sans oublier une note boisée. En bouche, on garde cette impression chaleureuse, et l’alcool se fait davantage sentir (alors qu’il était très discret précédemment). La poudre à canon, encore elle, fait une apparition remarquée. La finale est longue, boisée et assèche légèrement. Je lui ai étonnamment trouvé un petit quelque chose de Reimonenq, sans vraiment pouvoir l’expliquer.

Il est bien dommage que ces rhums ne soient pas vendus en dehors de leur île d’origine, celui-ci donne envie d’en savoir plus 😦

Springbank 25 yo

Springbank 25 years old

Et si nous faisions maintenant un grand écart pour changer à nouveau de spiritueux et passer au whisky ? Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit d’un Springbank de 25 ans (mais pas de 1977 cette fois). Et là, attention ! Je suis super balèze en whisky ! Celui-là par exemple, au nez : je dirais qu’il développe surtout des notes de… whisky ! Et ouais 😀  Je vous avais dit que j’étais calé ! En bouche en revanche, il est moins whisky et n’est pas dépourvu d’une relative douceur. L’quilibre est agréable et la texture est belle – il n’est pas sans rappeler un rhum. La finale est très longue sans être évolutive. Elle est dominée par des notes empyreumatiques et des notes fermières.

Pas mon préféré du line-up mais loin d’être inintéressant.

Bon, c’est là que l’on arrive à la bête. Un rhum que je n’aurais pas forcément pensé pouvoir goûter un jour. Un 36 ans d’âge, brut de fût, qui nous vient tout droit de la Jamaïque – oui j’en connais plusieurs qui ont une demi-molle là. Je parle du 1977 Jamaican Rum “Overproof” de chez Berry Brothers and Rudd. Cet embouteilleur britannique, plus connu pour ses embouteillages de whisky, est tout de même à l’origine de bien beaux rhums dont par exemple un Fijian brut de fût (qui, pour la petite histoire, a été embouteillé à son degré naturel contre l’habitude de la maison, sur l’insistance d’Alexandre Vingtier). Bref, qu’est-ce qu’il nous raconte ce papi ?

Jamaican 1977

Berry Brothers & Rudd – 1977 Jamaican rum “overproof”

Son nez n’est pas trop typé Jamaïque et n’est pas trop sur le bois non plus, malgré son grand âge. En revanche, il est super gourmand sur des notes de coco, de vanille, de fruits à coque… Son origine jamaïcaine n’est cependant pas à mettre en doute, puisque des touches de solvant nous chatouillent les narines. Bien sûr, après 36 ans en fût, le boisé n’est pas absent, mais sa présence reste mesurée, comme celle de l’alcool d’ailleurs ; on ressent l’intensité et la puissance mais sans brûlure. Là où selon moi, il est exceptionnel, c’est de par son “unité”, il forme un tout ; les multiples arômes s’allient parfaitement en une trame extrêmement bien assemblée. Il n’est pas aisé d’en extraire les différents éléments mais on s’en fiche ! Voilà sans doute ce que le temps peut faire sur un jus de superbe qualité. La bouche est dans la même veine, un modèle d’équilibre où chaque élément trouve sa place, non pour disparaître au profit du tout mais pour s’en voir magnifié. Comme si le résultat était plus grand que la somme des parties. Quant au respectable degré d’alcool, il sert à merveille le rhum, en lui offrant un support parfait. Nous sommes loin de certains jamaïcains qui explosent littéralement en bouche et nous submergent d’arômes tous azimuts. Nous voici emmenés dans une direction bien précise ; certes, on va peut-être s’arrêter en chemin, cueillir un fruit mûr sur sa branche, humer les senteurs épicées portées par la brise, ou tout simplement apprécier la chaleur du soleil tropical, mais on suit la voie tracée par le rhum, que le temps a balisée année après année. Il nous emporte pour de longues minutes jusqu’à la fin de cette route chaleureuse bordée de vieux chênes.

J’espère que vous me pardonnerez cette petite envolée, j’ai eu un moment DuRhum 😀

Reimonenq Quintessence

Reimonenq – Cuvée Quintessence – Millésime 2001

Pour finir ce line up d’exception, nous arrivons dans les Antilles Françaises, avec la distillerie guadeloupéenne préférée de Freddy : Reimonenq, avec sa cuvée “Quintessence”. Et encore plus précisément la bouteille numéro 77. Oui, on peut carrément dire que c’est de la triche et que ça ne compte pas pour l’année de naissance, mais encore une fois, on s’en fiche.

Au nez, il est absolument impossible de s’y tromper, on est bien chez Reimonenq. C’est très intense, très porté sur les fruits confits et doté de ce (vieux) boisé inimitable. On a aussi des fruits rouges, du menthol (ou de l’eucalyptus). La bouche est aussi intense que le nez, douce et épicée. Le boisé se fait légèrement piquant. Et alors la finale… On a achevé notre dégustation par rhum-ci pour une bonne raison, il reste avec vous de très longues minutes et nous aurait empêcher d’en apprécier d’autres. Les rhums produits par cette distillerie sont tellement atypiques et concentrés que j’ai personnellement parfois un peu de mal, au point de les trouver presque écœurants. Celui-ci est cependant moins monolithique que d’autres (le 6 ans par exemple) et a donc été plus à mon goût.

Nous voilà arrivés au terme de cette route éclectique, sur laquelle nous avons bien passé une heure et demi. Merci à Freddy et vivement ses 41 ans ! 😀

2 thoughts on “Les rhums de l’anniv de Freddy

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