Quand l’Eure rencontre l’Aveyron : Rhum Twelve

Ce soir, je souhaite vous parler d’un rhum, d’un embouteilleur indépendant et d’une personne. Oui les trois sont liés, il y a une certaine logique dans ce que j’écris même si vous ne vous en rendez pas tout le temps compte.

Mon histoire commence par la rencontre avec Florent Caston en 2015. A cette époque il travaille pour la Maison Clet à Louviers, en Normandie. Ce caviste est spécialisé, outre dans le vin, en whisky et en rhum et organise alors une nouvelle édition du Salon Whisky & Rhum à Louviers. Florent me contacte et me demande si je suis intéressé pour venir faire un petit tour en Normandie et boire deux ou trois bonnes choses.

rum6

Les bons moments partagés au salon de Louviers 2015 🙂 Un seul individu sur cette photo n’a pas de chemise à carreaux, saurez-vous le reconnaitre ?

Etant des assidus de mon blog, vous savez que j’ai bien volontiers accepté son invitation, puisque vous avez lu mes aventures ici et . C’est entre autres là que j’ai dégusté pour la première fois le “fameux” Hampden 1993 de chez Silver Seal, premier grand jamaïcain que j’ai pu goûter. Et c’est aussi autour de ce rhum que j’ai pu mieux me rendre compte de la passion de Florent pour les spiritueux et le rhum en particulier.

Un peu moins de deux ans plus tard, je vois passer sur les réseaux sociaux les photos d’un rhum dont je n’ai jamais entendu parler, sous la marque Twelve. Je me renseigne et découvre une toute jeune distillerie à Laguiole, dans l’Aveyron, qui outre la production de whisky (et d’autres spiritueux), vient d’embouteiller un rhum. Vous l’aurez compris (sinon vous êtes des benêts), l’homme qui se cache derrière cette distillerie n’est autre que Florent Caston. Je le contacte alors pour en savoir plus et très rapidement il me demande si ça me tenterait de goûter son rhum. Après environ 3 centièmes de seconde de réflexion intense, j’accepte très volontiers 🙂 Et j’en profite pour lui poser quelques questions.

Et pour commencer, c’est quoi ce nom ? 😀 Twelve vient du fait qu’il y a douze actionnaires, que la distillerie est dans l’Aveyron (12) et qu’elle est située au 12 de la rue. Ca c’est fait !

Florent at Twelve

Florent qui a troqué ses bretelles contre un noeud papillon 😉

Je ne m’attarde pas sur la partie distillation de l’entreprise (bien que ce soit son activité principale), puisque le whisky et moi ça fait 12 (haha), comme vous avez pu vous en rendre compte, après mon analyse olfactive très poussée d’un Springbank 25 ans 😡 Je vais, en revanche, vous parler de leur premier embouteillage de rhum.

Il est avant tout né de la volonté de Florent de continuer à travailler avec le rhum – mais pas à n’importe quel prix. C’est avec certains critères à l’esprit qu’il se met à la recherche de fûts. Son goût personnel l’amène naturellement vers des rhums de mélasse distillés sur pot still ; adorant la Jamaïque il veut en avoir des marqueurs, mais il souhaite aussi une bouche plus ronde. Le tout sans ajout quel qu’il soit. Dernier critère, et non des moindres, le prix doit rester abordable.

Label

Il n’y manque plus que le “ptit” 65 devant le pourcentage.

C’est naturellement que ses pas l’amènent à Amsterdam chez Scheer, qui est le plus important broker sur le marché (si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à lire cet article fort bien fait). Il fait sa sélection sur environ 600 échantillons et en garde six qui correspondent à 6 fûts provenant de trois distilleries différentes et âgés de 3 à 8 ans. Quatre nous viennent de Jamaïque (deux de Monymusk et deux de Worthy Park) et les deux autres de la Barbade, plus précisément de chez Foursquare. Détail intéressant, ces fûts d’une même distillerie ne sont pas nécessairement de la même année mais sont très proches gustativement parlant. Il va les assembler en se servant de roues des arômes (et donc de son nez :)) pour arriver au résultat désiré, à savoir l’obtention d’une harmonie entre les trois composants. Au final, niveau proportion, nous avons 35% de Monymusk, 25% de Worthy Park et 40% de Foursquare.

Et alors, qu’est-ce qu’il nous donne à la dégustation ?

Vsrre et bouteille

Photo trouvée sur le site de Twelve avant d’avoir ma propre bouteille à photographier

Sa robe est entre paille et or.

Au nez, nous avons affaire à un rhum expressif. Ses partielles origines jamaïcaines sautent aux narines ; la banane est très présente et fait jeu égal avec un ananas acide et une pomme compotée. Les arômes chimiques de solvant – souvent marqués sur les rhums jamaïcains – sont relativement discrets, peut-être assagis (mais pas domptés) par l’influence de la Barbade. Mais ce n’est pas tout, puisque des notes de pruneau et d’extrait d’amande amère apportent encore de la complexité et de la profondeur. L’alcool est très bien intégré et jamais on ne croirait qu’il est à 65%. Avec du repos, des arômes plus doux surgissent : vanille et beurre.

En bouche, pas d’explosion mais des arômes qui gagnent en intensité (en parallèle avec l’alcool, mais ça ne brûle pas, je vous déconseille tout de même de le garder cinq minutes sur la langue ^^) et qui envahissent totalement la bouche. Là aussi, ce sont ses ascendances jamaïcaines qui l’emportent sur la Barbade. De légères notes empyreumatiques apparaissent. A noter la texture très agréable, légèrement onctueuse.

La finale est longue et c’est sans doute là que la Barbade se fait plus remarquer avec un boisé qui gagne en présence (et apporte une agréable amertume), alors que les notes de fruits exotiques demeurent, mais un peu en retrait. Les minutes défilant, cette finale devient tout en douceur (avec entre autres des passages de notes beurrées là aussi), ce qui nous ramène au nez.

Vous l’aurez compris, ce rhum m’a beaucoup plu. Pour un premier embouteillage (environ 1800 cols), c’est impressionnant de maitrise du choix des fûts et du blend. Le pari est également réussi puisque le prix de cette bouteille (de 50cl) est de 58€, ce qui est tout à fait honorable au vu de sa qualité.

J’ai hâte de découvrir ce que Florent et Twelve nous réservent pour la suite – on me glisse dans l’oreillette qu’un autre rhum est déjà pressenti pour le dernier trimestre 2017 😉 Mais avant tout, déjà merci pour celui-là !

Bottles

Peut-être même que ce seraient ces bouteilles-ci !

4 thoughts on “Quand l’Eure rencontre l’Aveyron : Rhum Twelve

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