Vous les avez peut-être vu passer sur les réseaux sociaux, ces deux nouveautés de la distillerie JM. Deux créations surprenantes dans l’univers JM, ancienne et respectable maison martiniquaise aux millésimes 10 et 15 ans bien connus. Ici, on change de registre avec deux rhums destinés à l’univers du bar et du cocktail.
Afin d’élaborer ce Jardin Fruité et Cette Fumée Volcanique, puisque c’est à ces doux noms qu’ils répondent, la maître de chai Karine Lassale a fait appel à l’incroyablement talentueux patron et bartender du Mabel – fameux bar à cocktails parisien – Joseph Akhavan. C’est ensemble qu’ils ont travaillé à créer trois références (en effet, un troisième rhum “Épices Créoles” complètera bientôt ce trio) regroupées dans la gamme “L’Atelier des Rhums”, qui devrait sortir cet été (j’ai même cru voir la boutique de la distillerie déjà pourvue). L’idée est de proposer aux barmen des rhums qui constituent de bons ingrédients pour les cocktails, avec des profils très différents (en revanche je ne connais pas encore les prix). Ces typicités marquées viennent du travail sur les assemblages et les fûts (bois utilisé, chauffe, contenance…), il n’y a eu aucun ajout pour influencer le goût.
Il est à noter que ces rhums ne bénéficient pas de l’appellation d’origine contrôlée Martinique et qu’ils seront indiqués Rhum des Antilles Françaises (en plus de rhum agricole). Il semblerait que deux d’entre eux auraient pu être AOC mais aucun n’a été présenté, afin de ne pas les différencier sur ce critère ; l’outsider étant Fumée Volcanique.
Regardons un peu plus en détails ces trois rhums et commençons par celui que je n’ai pas eu l’opportunité de déguster (oui ça va aller vite ^^).
JM Épices Créoles
Il s’agit d’un VO de pile trois ans à 46%, vieilli dans des fûts neufs de chêne français. Il n’est pas encore embouteillé mais cela ne saurait tarder. On peut imaginer qu’il sera… épicé. Oui, mon deuxième prénom c’est Sherlock.
JM Jardin Fruité

JM Jardin Fruité – 42% (cédrit photo : Ronan Le May)
C’est un élevé sous bois de 2 ans à 42%. Niveau vieillissement, nous sommes sur un assemblage de trois types de fût différents : chêne américain et français, avec différentes chauffes. A noter que j’ai fait ma note de dégustation avant de recevoir cette information et j’aurais juré qu’il n’y avait que du fût américain.
Au premier nez, il est un peu timide, et bien que l’on y trouve aisément sa nature agricole, le boisé est discret – mais gourmand – et il semble jeune. Une touche pâtissière accentue sa gourmandise. Pas vraiment de fruité pour l’instant, si ce n’est le coco. Après avoir badigeonné les parois du verre, il gagne naturellement en intensité et une pomme épicée apparait sur le haut du verre mais c’est dans un second temps que ce côté fruité va d’exprimer de manière un peu plus chaude sur l’abricot, le jus d’orange et peut-être un léger voile exotique. Le boisé vanillé gourmand n’est pas bien loin et il y a même un peu de fruits à coque. Après encore un peu de temps, une note de tabac apparait. Franchement, sympa ce nez, il n’est pas si simple que ça et très plaisant.
En bouche, l’alcool est hyper discret mais on retrouve la gourmandise de ce rhum, qui redevient plus boisée, vanillée et un peu pâtissière, avec une touche de noix de coco. Si ce n’est ce dernier acteur, les fruits ont disparu.
La finale est essentiellement boisée, un boisé qui va vous accompagner assez longuement et qui se fait un peu « tannique » mais sans devenir désagréable. La vanille est là et bien là, elle aussi, alors que les petits derniers, tabac et noix de coco, se rappellent à notre bon souvenir.
Un rhum gourmand, agréable et facile – très bourbon. J’imagine que le fût utilisé est de chêne américain, fût qui a beaucoup donné. Le nom n’est pas vraiment en adéquation avec l’ensemble de la dégustation (seul le nez offre vraiment des fruits) et du coup les attentes sont un peu déçues, même si, encore une fois, je l’ai bien apprécié.
JM Fumée Volcanique

JM Fumée Volcanique – 49% (cédrit photo : Ronan Le May)
Encore plus jeune que le précédent, celui-ci n’a passé qu’une année dans de vieux fûts à la chauffe alligator (l’intérieur du fût est carbonisé et prend l’aspect de la peau d’un alligator). Il est proposé à 49%.
Au premier nez, il se dévoile sous un jour plus sec et frais que le Jardin Fruité (touches de citron jaune et de poivre), un peu à la manière d’un whisky, avec un boisé moins présent. Lui aussi semble plutôt jeune. Et cette fumée alors ? Cette fois, oui, il y a bien un côté fumé, mais loin d’être dévastateur. Sur le deuxième nez, l’alcool ressort un peu et la parenté avec le whisky devient encore plus flagrante. Une touche florale fait également son apparition. A l’aveugle, je ne suis pas sûr du tout que j’aurais dit rhum, et encore moins agricole. La note fumée n’est pas accentuée mais est toujours présente. Après encore plus de repos, une touche vanillée vient diminuer son côté sec. Moins mon truc que le Jardin Fruité, ne serait-ce que parce que le rhum n’est pas vraiment là, mais il n’est pas raté pour autant et même plutôt intéressant.
En bouche, l’alcool est bien dosé et sa facette fumée se manifeste sur l’attaque, pour ensuite décroitre. Le parallèle avec du whisky est toujours d’actualité mais il ne se passe pas grand-chose à part ça. Le boisé est bien moins présent et on garde le poivre (un petit côté La Favorite d’une certaine manière).
La finale est moins expressive que celle du Jardin Fruité et plus végétale, sans que des arômes ne se dégagent vraiment. Je trouve qu’il manque un peu d’identité sur cette finale et je le vois moins comme un rhum qui pourrait être dégusté seul, que comme un élément de cocktail.
Moins convaincu par ce Fumée Volcanique, où le rhum est absent et où il a étrangement un petit quelque chose de vieillissement continental ; oui je sais c’est étrange ; sans doute simplement son jeune âge.

JM Jardin Fruite et JM Fumée Volcanique – En pleine dégustation
Il est indiscutable que ces deux rhums agricoles ont des profils très différents ; j’imagine le troisième encore bien à part mais ça sera à confirmer. L’un m’a plu (surtout pour un élevé sous bois) et l’autre était clairement moins à mon goût. Dans tous les cas, il va falloir que j’aille voir au Mabel ce que Joseph prépare avec tout ça ! 🙂
Pour une fois on n’ est pas d’accord, moi j’ai préféré le volcanique . Plus intéressant dans l’optique cocktail et Joseph saura le sublimer.
LikeLiked by 1 person
L’optique cocktail est pour moi compliquée à imaginer, du coup j’étais plus dans l’optique dégustation pure.
Cependant, là où on peut être d’accord c’est que Joseph va faire de belles choses avec toute la gamme 🙂
LikeLiked by 1 person