Voilà un embouteilleur dont on n’entend que très peu parler. Moi-même, avant d’avoir goûté ces échantillons, je n’avais jamais trempé les lèvres dans un de ces rhums “suisses”. A vrai dire, je ne crois pas avoir vu passer sur les réseaux sociaux des embouteillages de chez Origin R depuis plusieurs années et c’est en recherchant un peu sur cette marque, que j’ai découvert qu’ils avaient d’autres rhums assez récents (mis en bouteille en 2018), mais rien depuis deux ans. Le mail que je leur avais alors envoyé étant resté sans réponse, je ne sais pas ce que l’avenir réserve à cet embouteilleur suisse.
Quoi qu’il en soit, voilà trois samples que je m’étais procurés il y a quelques années et qui auront eux aussi souffert du confinement ! Au programme, trois jolis rhums sur le papier, avec un Monymusk de 16 ans, un Enmore de 26 ans (!) et un Caroni de 21 ans. Les deux derniers pouvaient être énormes et j’étais bien excité à l’idée de déguster cet Enmore.
Voyons donc si ces premiers embouteillages Origin R valaient le coup !
Origin R – Monymusk 16 ans (1998-2015) – 60.3%

Origin R – Monymusk 16 ans (1998-2015) – 60.3%
Au premier nez, on reconnait le jamaïcain continental, avec son lot de pomme verte, de notes végétales, d’amende amère mais il développe aussi des arômes un peu plus pâtissiers que la plupart des Clarendon continentaux, sans pour autant devenir une bombe de gourmandise. Au deuxième nez, la pomme devient cuite et les arômes pâtissiers demeurent (voire deviennent plus présents grâce à l’apparition de la vanille), ce qui nous donne un dessert aux pommes. Cette facette gourmande est équilibrée ou atténuée par son côté végétal, ainsi que des arômes empyreumatiques. C’est pas mal et surtout bien meilleur que beaucoup de Monymusk continentaux que j’ai pu déguster ; attention, cela reste bien végétal quand même et sa gourmandise est loin d’être conquérante.
En bouche, l’attaque est vive mais mesurée et nous sommes sur la droite continuité du nez, avec cette même impression végétale/pomme mais avec aussi le boisé qui ressort. Il prend bien la bouche et les 50% ressortent après quelques secondes.
La finale est relativement longue et les notes végétales sont rattrapées par des arômes plus chauds, presque brûlés (ce qui est classique sur un rhum de cette origine vieilli ailleurs que sous les tropiques). Revient à la fin cette notion pâtissière mais assez timidement.
Je n’ai jamais été fan de ce profil continental des jamaïcains, surtout des Monymusk dont on a pu trouver tellement d’exemplaires chez les embouteilleurs indépendants, mais celui-ci s’en tire plutôt bien.
Origin R – Enmore 26 ans (1998-2015) – 50.4%

Origin R – Enmore 26 ans (1998-2015) – 50.4%
Au premier nez, nous sommes logiquement sur un profil plus lourd et plus boisé que le précédent mais également moins expressif, comme si les arômes restaient au fond du verre. Avoir recouvert les parois du verre de ce rhum, le rend naturellement plus expressif mais aussi un peu monolithique. Le bois est très présent et est accompagnée par une réglisse bien noire, tandis que des notes végétales se mêlent au caramel. Si ce n’est une discrète pomme, il manque quand même cruellement de fruits et de gourmandise de manière générale. L’alcool semble très bien intégré. Avec encore plus de temps dans le verre, de discrètes notes de noix torréfiée et peut-être de pruneau ressortent.
En bouche, l’alcool est en effet bien dosé et on retombe sur notre profil bien noir, boisé et réglissé. Il a également un petit quelque chose d’olive d’une manière ou d’une autre. Assez fermée que cette bouche, avec là encore ce déficit flagrant de gourmandise.
La finale est longue et devient de plus en plus sombre avec, en plus des notes précédentes, des arômes de café. Le bois se fait légèrement astringent et la bouche s’assèche un peu.
Tout de même pas qualifiable de jus de bois, cet Enmore n’est malgré cela pas dans la veine des bombes de gourmandise fruitées qui peuvent exister. Déception.
Origin R – Caroni 21 ans (1993-2015) – 57.2%

Origin R – Caroni 21 ans (1993-2015) – 57.2%
Au premier nez, on est bien loin d’un caroni habituel, avec des notes végétales, boisées et d’agrumes (citron surtout, puis orange). Il fait même plus penser à une liqueur de plantes des Alpes qu’à du rhum. Surprenant ! Sur le deuxième nez, bien que les arômes de plantes s’estompent et qu’un profil rhum ressorte, il est toujours dur de croire que nous sommes sur un rhum de la célèbre distillerie de Trinidad. Les agrumes sont toujours là mais avec cette fois-ci l’orange en tête, la vanille apparait, ainsi qu’un côté crémeux. Déstabilisant mais assez équilibré et agréable.
En bouche, l’attaque est sucrée et on retombe sur certaines notes du nez, avec les agrumes mais aussi les plantes et même un peu de framboise. En tout cas, toujours pas de caoutchouc, de goudron ou d’hydrocarbures chers à Caroni (ni même de fruits exotiques). L’alcool est tout à fait supportable et permet de le garder en bouche un bon moment, ce qui n’aidera par ailleurs pas vraiment à décomposer les différents arômes plus avant.
La finale est moyennement longue et démarre sur des notes végétales et de plantes, qui sont rejointes par une impression plus chaude, accompagnée de zests d’orange. La sensation crémeuse n’a pas vraiment disparu non plus.
Qu’est-ce que c’est que ça ? Un Caroni ? Franchement je ne pense pas, en tout cas, il n’a rien d’un Caroni. Quoi qu’il en soit, bien qu’ayant été un peu surpris, je ne l’ai pas moins apprécié ; sans doute celui des trois qui m’a fait la meilleure impression.

Origin R – line-up
Que penser de cet embouteilleur suisse ? Je ne suis pas vraiment avancé après cette dégustation… Un Monymusk continental au-dessus de la moyenne, un Enmore tout sauf gourmand et un Caroni qui est tout sauf… Caroni. Rien de mauvais là-dedans mais rien de vraiment enthousiasmant non plus, avec tout de même une mention spéciale pour le dernier.
PS : merci Olivier et Yohann pour les photos ! 🙂
Merci pour le post. Le Monymusk est à 60.3, pas 50.3. Il nécessite une longue aération pour devenir intéressant. Pour ma part beaucoup aimé le Enmore mais je manque de références à ce sujet. Et je vous rejoins sur le Caroni, tout ceux que j’ai goûté de OriginR ne ressemblent absolument pas à des Caroni…
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Merci pout votre retour et pour la correction (je viens de modifier l’article).
Vraiment étrange pour ces Caroni… Je m’étais demandé à dégustant celui-ci, s’il ne s’agissait pas plutôt d’un TDL, si les autres sont du même acabit, cela pourrait aller dans ce sens.
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