En cette année pauvre en événements rhums (et c’est un euphémisme), qu’il est bon de se mettre une masterclass sous la dent, d’autant plus quand il s’agit de nouveautés et pour ne rien gâter, en rhums AOC Martinique ! Alors quelle bonne idée ont eu Excellence Rhum, La Table du Loup et bien sûr la Martiniquaise d’organiser une petite soirée pour faire découvrir les nouveautés Saint James mais aussi Bally, Depaz et Dillon ! Pour trente euros, vous passiez une heure et demie en pas-trop-grand-comité à la boutique Excellence Rhum rue Dauphine à Paris, en compagnie de Marc Sassier, œnologue de Saint James et Bally, ainsi que président de l’AOC Martinique, à déguster six rhums en exclusivité (en tout cas pour quatre d’entre eux), accompagnés de petites succulences de la Table du Loup. Déjà c’est pas mal, mais ce n’est pas tout puisqu’était également organisé un système de navette pour justement se rendre à La Table du Loup pour finir la soirée en beauté (et ça a été le cas mais chaque chose en sons temps).
Allez hop, sans plus tarder, rentrons dans le vif du sujet !

C’est après une petite intro de Marc Sassier sur les différents “terroirs” martiniquais et les différentes variétés de cannes y étant cultivées (pas les mêmes selon que l’on se trouve dans le Nord Atlantique, le Sud ou encore la côte Caraïbes), qu’il a souligné un nouveau design de bouteille, toujours carrée mais un peu plus trapue, qui sera utilisée pour les rhums vendus chez les cavistes, contrairement aux autres que l’on trouvera (toujours) en grande distribution.
Maintenant, dégustons 🙂
Dillon Canne rouge 2019 50%

Confirmation du bien que j’en ai pensé lors de La Rhum Society, avec peut-être un peu moins de gourmandise malgré tout (j’avais commencé par le Papao à l’Hôtel Monte Cristo et ça a peut-être changé mon impression).
Depaz Papao 48%

Au nez plus de gourmandise et de canne fruitée que dans mon souvenir Rhum Society. Même en bouche nettement mieux que ma première impression, moins végétale et plus généreuse… Il m’a semblé bien plus proche du Dillon et je revois donc mon opinion même si une troisième dégustation s’imposera 🙂
Saint James VSOP 42%

Il s’agit d’un 4 ans et demi. Nez expressif et très porté sur les épices, le bois et une chaleur torréfiée. Un léger fruit est là aussi mais loin du premier plan. La bouche est assez “pleine”, et on reste sur le même profil mais avec, pour moi, tout de même moins de gourmandise alors que la finale devient encore plus épicée et torréfiée à tendance cacao amer. Impression globale moyenne, avec un nez séduisant malgré tout. A noter qu’il sera vendu à 29€ !
Un petit mot sur les bouchées préparées par Laurent Danigo : elles étaient vraiment les bienvenues en association avec les rhums et il y en a plus d’une où j’en aurais bien pris un peu de rabe 😀
Bally Art Deco 42%

Il s’agit de l’association de trois millésimes : 1998, 2003 et 2007. L’idée était de créer un profil fruité au boisé léger. C’est réussi au nez avec en effet une gourmandise fruitée mais pas seulement, un boisé discret ou plutôt fin est bien là, une certaine fraîcheur également, ainsi que de l’orange confite et un timide tabac blond. La bouche est intense de manière étonnante malgré le faible degré. On garde le fruit et on gagne en épices alors que le boisé se fait légèrement poudré. La finale, longue, reste intense longtemps mais on perd un peu de l’équilibre et le boisé poudré gagne en présence. Mon impression est positive, surtout sur le nez et grâce à l’intensité globale, la finale, elle, est un peu en dessous.
Saint James 2003 brut de fût 57%

Il faut préciser qu’il n’y a pas eu d’ouillage sur les fûts utilisés. La robe est belle (normalement je m’en fous mais là ça se remarque). Grosse concentration au nez, des fruits macérés, de la noix, du boisé. Assez « rude » de prime abord de par une intensité presque trop forte, mais cependant en gardant le nez dessus avec précaution, on trouve des notes encore plus gourmandes de vanille, de noisette et d’amande. Bien sûr sa facette torréfiée est bien présente aussi. Sans doute que du repos le ferait évoluer beaucoup et longuement. La bouche est hyper concentrée avec des fruits compotés dans leur jus et un boisé torréfié qui va prendre en force jusqu’à dominer la finale, qui sera très longue et là encore très intense. Une certaine fraîcheur/acidité n’est cependant pas absente et permet à ce Saint James 2003 de ne pas être trop sombre. Un peu plus abordable de prime abord que la version Confrérie du Rhum, je ne doute pas qu’il sera encore meilleur quelques semaines après l’ouverture de la bouteille.
Saint James brut de colonne bio 74%

La colonne a été rincée avec le début de la distillation de cette canne bio elle-même (quelques litres ont donc été perdus dans le processus). Il n’a subi que quelques semaines de repos puisqu’il a été distillé en juillet pour être mis en bouteille deux mois plus tard – quand on voit certaines réductions de plusieurs années, on s’interroge… même si présentement, comme il n’y a pas de réduction, c’est sans doute bien moins important. On va voir ce que ça donne. Au nez se dégagent deux facettes de la canne à sucre : végétale et fruitée, alors que les agrumes ne sont pas loin. Il nous offre aussi quelque chose de huileux, pas désagréable. L’attaque ouvre les hostilités sur une sucrosité qui disparaît rapidement mais qui engage bien la bouche. Cette dernière est fraîche et puissante mais sans brûler, sur une canne gourmande, franchement agréable. Peut-être une légère amertume en fin de bouche/finale. Bonne impression générale avec cette idée qu’on a en face de soi un archétype de rhum martiniquais canne fruitée et végétale, agrumes et ceci à un prix imbattable dans cette catégorie (et en plus en bio) : 49€. Il se pourrait même que j’en ai repris quelques centilitres, qui sait ? ^^
Et là, vous vous dites que la soirée était déjà pas mal remplie et bien agréable ? Et pourtant ça n’était que le début, mais rassurez-vous je vais faire court 🙂
C’est après un rapide trajet en van, que je me retrouvais à La Table du Loup en compagnie de quelques camarades de dégustation, de l’équipe d’Excellence Rhum et de celle de La Martiniquaise. Et là, j’ai eu droit à une soirée Table du Loup classique et donc exceptionnelle !

Evidemment des bons petits plats : calamars sautés à l’ail, les Larmes du Loup et leur bœuf si tendre et parfaitement cuit et, pour finir, un fondant au chocolat dégoulinant et indécent à souhait. Et pour accompagner toutes ces succulences solides ? Des succulences liquides pardi !
Et là, il se trouve qu’au sous-sol s’étaient donnés rendez-vous d’autres grands fous amateurs de rhum pour une dégustation de vins (nature, de qualité et disponibles à la Table du Loup). Donc bien évidemment, j’ai goûté quelques vins, avec pour seule motivation de me fondre dans la masse… Et de retour en haut, cette fameuse session IPA par la brasserie La Bouledogue ne fit pas long feu. Et un cocktail peut-être ? Oui bien sûr ! J’ai profité d’un des cocktails de la soirée, un Old Fashionned au Depaz VSOP qui est passé tout seul.

Je ne me suis pas arrêté là, puisqu’il se trouve que les dégustateurs de vin du sous-sol avaient amené quelques spiritueux avec eux… Les tout nouveaux Nine Leaves et Karukera de chez Velier étaient de la fête et j’ai donc pu y tremper les lèvres. Le Nine Leaves (annoncé comme pur jus de canne contrairement aux autres rhums de la marque) était très marqué de l’identité des rhums de cette distillerie japonaise, alors que je m’attendais à quelque chose avec une identité plus forte, dans la veine de celui sorti pour les 70 ans de Velier. Pas mauvais, loin de là, mais il ne m’aura pas convaincu. Le Karukera, lui était pas mal du tout, mais lui aussi sans réelle singularité par rapport à ce que l’on connait de la distillerie. Un bon rhum agricole cependant. Et c’est à ce moment que c’est parti en vrille, avec l’artillerie lourde.

Un Chichibu 2012 sélectionné par La Maison du Whisky pour commencer, dont la tourbe ne laisse pas énormément de place pour la potentielle dégustation suivante… Sauf quand il s’agit du Caroni Fire, ses 70.8% et son profil sauvage, brutal et hyper gourmand tout à la fois. Merci Stéphane, je n’y avais jamais goûté et maintenant que c’est chose faite, je sais que c’est délicieux !
Comme vous vous en doutez, c’est en roulant à reculons, en zigzags que je suis rentré à la maison 😀
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