Pas de Martinique, de Thaïlande ou de Nouvelle-Zélande cette année comme destination vacances mais cette bonne vieille France et trois régions bien distinctes : la Bretagne, les Alpes et la Côte d’Azur. Un point commun entre ces territoires ? Non, plusieurs ! Leur beauté bien sûr, mais en l’occurrence c’est surtout qu’elles deviennent des destinations spiritueux lorsque j’y vais 😀 Que ce soit un caviste très rhum de Saint-Malo, un distillerie perdue dans les alpages ou le château d’un savant fou amoureux d’histoire des spiritueux, ce sont toutes de très bonnes raisons pour moi d’aller y faire un tour et d’y jeter un œil de plus près pour en savoir plus !
Je vous en avais déjà parlé sur Facebook, voici la réunion de ces différents articles. Bonnes vacances, heu… bonne lecture 😉



Il s’est passé deux ou trois trucs pendant ces vacances d’été . Rien d’exceptionnel, à l’image de ces congés, pas de destination d’exception et pas d’activités exotiques mais des plaisirs simples et quelques découvertes
Commençons cette petite série d’articles consacrés à mes vacances par la Bretagne J’aime beaucoup la Bretagne, après y avoir passé de nombreux étés étant enfant, à manger des crêpes et à pêcher des crabes
, j’avais pu y passer d’excellentes vacances en familles il y a 4 ans de ça (non sans avoir trouvé un Uitvlugt 1997 et un Hampden Silver Seal). Cette année, retour sur la côte nord, dans les Côtes d’Armor et l’Ille et Vilaine pour un long week-end et son lot de bonnes choses
. Que ce soit son plateau de fruits de mer
à Cancale, sa galette andouille (j’ai hâte que FB ait un smiley andouille !) à Saint Malo ou ses kouign amanns un peu partout, je ne me suis pas laissé aller !
Et vous me connaissez, je ne me déplace jamais sans quelques joyeusetés liquides , avec cette fois-ci, entre autres, au programme un très bon vin blanc des Côtes de Gascogne très équilibré et bien sûr de la bière de chez Popihn. Les samples de rhum étaient aussi de la partie mais je n’ai pas eu l’occasion de m’y plonger
; cela ne sera que partie remise. Pour compenser j’ai acheté quelques bières du pays
! Sinon, ensabler des enfants, organiser un tête à tête
avec un petit tourteau, boire local mais surtout visiter un caviste rhum du coin ont aussi fait partie du programme. Et sur ce dernier point, vous en saurez plus bientôt



— L’Officine à Rhum à Saint-Malo —
Je vous en parlais il y a quelques jours, j’ai passé un petit séjour dans le nord de la Bretagne. Comme je savais qu’on allait profiter de cette belle cité qu’est Saint-Malo , j’avais en tête d’aller faire un tour par LE magasin spécialisé rhum de la ville : L’Officine à Rhum
. Je n’avais jamais eu l’occasion de m’y rendre mais j’ai pu échanger à quelques reprises avec le patron, William.
C’est après une riche journée passée entre ballade dans la ville et plage , que je laissais femme et enfants dans la voiture
pour faire un coucou à William, prévenu de mon arrivée.
J’ai découvert une boutique vraiment bien fournie et un homme vraiment passionné. Je lui avais préparé une petite surprise avec l’Issan Flower dont il me restait quelques centilitres. Je n’ai pas été en reste, puisque j’ai pu non seulement déguster un rhum vieilli par le maitre des lieux – très réussi et qui m’a redonné l’idée de faire vieillir à la maison dans un micro fût – mais surtout une sacrée découverte
, avec un rhum pur jus de canne distillé sur alambic traditionnel du pays (mais je ne sais pas ce que c’est ^^) en brut d’alambic, venant tout droit de l’Equateur
, le Spondylus. Je n’ai pas pris de note sur le moment, mais j’ai le souvenir d’une canne conquérante, comme je les aime et d’un alcool très bien intégré. Seul bémol, il ne sera sans doute jamais commercialisé en France, à moins que… ^^ C’est le projet un peu fou d’un français émigré en Amérique Latine
par amour, qui a voulu lancer des rhums arrangés sur place et qui a découvert que la canne pousse dans cette région du monde.
Bref un super moment, également passé en compagnie d’un amateur du Morbihan de passage
Le soir même William organisait une dégustation de rhums de tous horizons associés à des petits plats
qui m’ont mis l’eau à la bouche rien qu’à entendre leurs noms.
Si je repasse par Saint-Malo, ça sera un arrêt obligatoire . Si vous êtes dans le coin, allez jeter un œil à L’Officine à Rhum, vous ne le regretterez pas !



— Un beau pays que l’Isère —
Après vous avoir parlé de Bretagne , direction l’Isère où une autre étape de mes vacances s’est déroulée
. C’est au pays de la Chartreuse qu’une bonne partie de ma famille réside
et je m’y rends toujours avec plaisir, pour les voir bien sûr mais aussi car on sait y vivre (et y boire :)). Il y a toutes sortes d’alcools de plantes
bien sûr mais les Côtes du Rhône ne sont pas bien loin non plus. Pas une maison qui ne possède sa (ou plutôt ses) bouteille de Chartreuse, jaune
, verte
, VEP, Elixir… tout y passe. Mais ce n’est pas tout, puisque le Génépi ou encore la Gentiane (faite maison) sont aussi au rendez-vous. Quand je pense que je trouvais la gentiane bien trop amère quand j’étais plus jeune, idiot
que j’étais.
Bon, quelques ballades en montagne sont aussi au programme, dont cette année, une de 8 heures et plus de 1200 de dénivelé – je ne ferai pas ça tous les jours ! Bien sûr pour se requinquer après ce genre d’exercice, j’emporte avec moi en pays voironnais quelques échantillons de rhum et pourquoi pas une bouteille de vin mais quelle ne fut pas ma surprise quand, chez un oncle, je trouvai une bouteille des Rhums de Ced (cadeau de l’année passée) recyclée
en contenant d’un vin de coing fait maison et drôlement bon
Je reviens toujours chargé de mes visites iséroises, avec du fromage
, du saucisson, du chocolat Bonnat
et, bien évidemment de quoi prolonger mon séjour sous forme liquide ^^ Un petit bonus cette année avec la découverte d’une distillerie dont je vous parlerai prochainement



— Le Domaine des Hautes Glaces —
Voici la distillerie que j’évoquais dans mon précédent post ici-même et une fois n’est pas coutume, nous allons parler whisky ! Le Domaine des Hautes Glaces est donc une distillerie de whisky. Relativement jeune, elle se situe – paumée – à Saint-Jean-d’Hérans, Isère. Sachant que je devais me rendre non loin de là, j’organisai une visite et fus étonné de voir frère, mère, oncle et tante manifester de l’intérêt
pour s’y rendre (la curiosité gastronomique et distillatoire est loin d’être mon apanage dans la famille ^^). Voilà ce que nous avons appris : Le Domaine des Hautes Glaces a comme volonté forte de mettre la céréale au centre
de leurs whiskys. Cela peut paraitre naturel mais cela ne l’est pas tant que ça ; comment cela se traduit-il ? Les cultures sont bio et locales ; une quinzaine d’agriculteurs fournissent les précieuses
céréales à la distillerie. Que ce soit pour l’orge ou le seigle – les deux céréales (principalement) travaillées à la distillerie – les notions de parcelle et d’année de récoltes sont importantes, afin d’en faire ressortir une autre : la notion de terroir.
Voici les étapes de production : les céréales sont triées et le maltage dure 5 jours. Après avoir été séchées, elles sont concassées en farine grossière, avant d’être brassées (avec de l’eau) à différents paliers de température
, durant une demi-journée, étape durant laquelle le sucre apparait. Il est temps de mettre ce petit monde en fermentation, une fermentation qui va durer 120 heures – à noter que très prochainement la levure utilisée sera une levure issue des céréales elles-mêmes. Le wash (l’équivalent du vin de canne pour le whisky) titre entre 7 et 8 degrés et on peut passer à la distillation
, qui se fait sur un alambic charentais chauffé à la flamme. La première distillation donne un alcool à environ 25% et seuls les cœurs de cette première passe seront redistillés. On obtient finalement un distillat à 70%
, qui ne représente que 10 pourcents de la quantité de wash initiale. Vient ensuite le vieillissement : c’est après une petite réduction (pour faire baisser le degré alcoolique de 10 à 20 points) que l’eau de vie de seigle ou d’orge est mise en fût. Plusieurs types de fût sont utilisés mais essentiellement des ex-vins jaunes et des fûts roux de Cognac. Sur la plus grande partie des whiskys issues du Domaine, le fût est très discret sur le résultat gustatif final, ce qui permet là encore, de garder la céréale au cœur
de la démarche. Il est à noter que la part des anges
est de 3% par an !
Place à la dégustation avec, pour commencer, leurs deux éditions “de base” répondant au nom de Moissons. Ce sont des assemblages de plusieurs parcelles et de plusieurs millésimes mais d’une seule céréale, ainsi vous aurez un Moissons Malt (orge) et un Moissons Rye (seigle). Le fût est presque absent, malgré les 4 ans et demi passés au contact du bois et on se rend compte que la volonté de mettre la matière première en avant donne ses résultats. Préférence pour le seigle de mon côté. Les éditions limitées, elles, sont élaborées à partir de la récolte d’une seule année provenant d’une unique parcelle et sont proposées brut de fût après 5 ans de vieillissement. Le Ceros (rye) est élevé en fûts roux de cognac et de vin jaune et le Flavis passe 5 ans en fût de vin jaune de premier remplissage.
J’ai eu de la chance de pouvoir visiter cette distillerie puisque très prochainement la production sera déplacée vers un autre site non loin, permettant d’accroitre les quantités produites. Il n’est pas impossible que j’aille découvrir ce nouveau lieu la prochaine fois que je passe par là-bas, ce qui me permettra entre autres de voir les nouveaux alambics ; il y en aura cinq différents ! L’association des ces derniers avec les céréales, les millésimes et les parcelles va permettre à l’équipe des Hautes Glaces de s’amuser
à expérimenter et à explorer toutes les différentes associations, ça promet !
Vive les Alpes



— Y’a de bonnes choses aussi dans le Sud —
Dernière – et très courte – étape de mes vacances dont je vous fais le récit : le sud-est de la France , pour une visite à un ami amateur de bonnes choses. Et si ce n’est un bain de mer
et une visite – dont je vous dirai tout bientôt – le temps a paisiblement passé sur la terrasse, à se délecter de liquide et d’un peu de solide aussi quand même
Au programme, beaucoup de rhum mais également de très bonnes bières de chez Piggy Brewing , une des meilleures brasseries françaises à mon avis et quelques vins dont un Auxey-Duresses 1er cru qui a fait son effet. Tout ça a parfaitement bien accompagné divers délicieusetés, avec son lot de BBQ
mais aussi un filet mignon en croute (sans oublier ses Saint Marcellin et bacon entre la viande et la pâte) et les meilleures rillettes de ma vie
(en provenance directe du Mans – y’a pas de secret) et de l’anchoïade
à se damner.
Je sais que vous êtes là pour le rhum, alors je vais vous en dire un mot quand même Les rhums agricoles étaient très bien représentés, avec un Neisson 52.5 Bio (qui nous a fait de superbes ti-punchs, n’en déplu à mon hôte), un rhum de Madère
en ce superbe brut de fût de chez O’Reizinho et un Mana’o Rangiroa, pour les blancs. Pour les rhums vieux agricoles, deux gros
face to face, avec pour débuter la comparaison des Neisson 15 ans batch 2 et le 2005 pour les 70 ans Velier ; c’est ce dernier qui a le plus convaincu
mais la compétition fut rude. Le second duel opposait deux rhums de Saint Luce de 1980, avec d’un côté le Trois Rivières de ce millésime et de l’autre la même chose mais en version brut de fût, embouteillé par Chantal Comte
. Là encore, en ce qui me concerne ce fut le deuxième qui me fit la plus grosse impression ; j’irais même jusqu’à dire que le Trois Rivières 1980 n’était pas franchement à mon goût. La mélasse était aussi bien représentée, puisque ce n’est pas sans avoir ouvert un Caroni Trespassers (toujours aussi impressionnant !) et nous être fait un line-up à grosse tendance jamaïcaine
, dont je vous parlerai une autre fois, que ce trop court week-end s’acheva.
I’ll be back !



— Maison Ferroni et son Château des Creissauds —
Lors de ma visite dans le sud chez un ami, j’ai réussi à le convaincre d’aller faire un tour au Château des Creissauds , quartier général du distillateur, historien des cocktails, embouteilleur indépendant, érudit en spiritueux et expérimentateur zinzin
Guillaume Ferroni et son équipe. Cela faisait un moment que je voulais découvrir ce lieu et je ne pouvais pas passer à côté de cette occasion.
Un petit mot sur les rhums Ferroni d’abord, avec en particulier sa gamme de bruts de fûts . Guillaume depuis plusieurs années fait d’excellentes sélections de rhums à haut degré, de toutes provenances. Parfois il va même redistiller des rhums – comme avec ISSAN RUM อีสานรำ
– pour leur donner plus de peps, et dans tous les cas il leur fera vivre un second vieillissement (ou un finish) vers chez lui, dans des fûts ayant contenu des alcools un peu particuliers (Beaumes de Venise, rye whisky, Rasteau…). J’ai eu la chance
de déguster certaines de ses futures sorties lors de la Rhum Society à l’Hôtel Monte Cristo et je vous en parlais sur le blog il y a peu de temps – en tout cas, j’ai hâte.
Bref, le jour J, nous avons eu droit à une visite en bonne et due forme de toutes les installations de ce château citadin. Historique du lieu et de la marque (créée en 2009 et dont les premiers produits se sont vendus en 2014), découverte de l’élaboration du Pastis millésimé des Creissauds, aperçu des petites cabanes en taule
où vieilli le rye whisky, exploration des chais et leurs fûts de toutes tailles et de toutes natures et ballade au jardin aromatique, tout y était. Nous avons passé un super moment, alors que ce n’était pas gagné : le maître des lieux était absent, il pleuvait
(pour la première fois depuis des mois) et le bar Le Jardin dans les Arbres
était fermé… Et pour couronner le tout, nous avons eu droit à une énorme dégustation de la quasi-totalité de la gamme Ferroni ! Je n’ai pas tout goûté mais voilà succinctement ce que j’ai retenu :
– Gin Juillet Main de Bouddha : Reparti avec, même si nez pas tellement différent du Juillet au nez mais en bouche plus agrumes.
– Roof Rye : Vraiment sympa, céréales, crémeux qui m’a donné envie d’en savoir plus sur les Rye.
– Rhum Ambré : Toujours aussi sympa et je comprends pourquoi c’est leur plus grosse vente , gourmand et simple.
– Jamaïque 2010 : Déjà connu et toujours aussi réussi avec une vraie petite influence du rye.
– Crixus : Très citronné et avec vanille et fève de tonka : tarte citron meringuée.
– Crème de Cassis : Vraiment intense sur le fruit, avec une acidité bienvenue. Je voulais repartir avec et j’ai… oublié 😡 Mais je l’ai depuis achetée à La table du loup
– Ratafia de Marseille : Le moins à mon goût du toute la dégustation, mâcher du clou de girofle ce n’est pas mon truc
– Élixir du Suédois : Grosse amertume et puissance du camphre pour un résultat au final que j’ai apprécié, sans doute à intégrer comme composant amer dans des cocktails.
Vraiment une super visite et ce que je trouve assez incroyable : c’est gratuit ! Alors si vous passez vers Aubagne, faites une escale au Château des Creissauds
Et voilà de quoi mes vacances d’été furent remplies, pas si mal 😉
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