Cela faisait bien quatre ans que je ne m’étais frotté à la “Harmonie Collection” de Longueteau. Mon premier contact, lors du Rhum Fest 2018, m’avait alors procuré une impression mitigée. Depuis, les recettes ont légèrement changé au fil des différents batchs, aussi était-il temps de voir ce que les dernières moutures avaient dans le ventre.
Longueteau Prélude (batch 10) – 49.8%

Il est encore très frais, logique étant donné son jeune âge. La canne est là, plutôt florale. Le fût n’est pas absent mais laisse beaucoup de place à la matière première. Le chêne utilisé est neuf mais la chauffe faible, ce qui permet de ne pas prendre le dessus. Il s’exprime au travers de notes de noisette et de caramel.
La cohabitation continue de se dérouler sans accro en bouche, entre des saveurs issues de la canne à sucre et d’autres résultant de l’élevage. La puissance alcoolique est bien équilibrée par la texture généreuse.
La finale est assez longue et reste intense un bon moment. Et pour la dernière fois, le duo jus de canne et fût fait des siennes, entre fraicheur et vanille.
Un rhum élevé sous bois qui répond totalement à la définition de la catégorie, entre blanc et vieux.
Longueteau Symphonie (batch 10) – 48.7%

Ça y est, nous sommes passés dans le monde des rhums vieux. Plus chaud que son cadet, il garde malgré tout une certaine vivacité de la canne. L’intensité varie, mais l’élevage – cette fois-ci principalement en ex-fûts de cognac – s’exprime sur une trame assez semblable au précédent : caramel et noisette, cette fois-ci, grillée.
Cette impression d’être dans la continuité du Prélude perdure. L’équilibre 50/50 entre matière première et vieillissement est simplement déstabilisé au profit du bois.
Décidément, on ne change pas une équipe qui gagne, et bien que le vesou soit un peu en retrait, il développe encore une belle fraicheur, qui va donner le peps nécessaire au boisé sur la finale.
La progression est entamée, voyons si le suivant s’inscrit dans la même trame.
Longueteau Concerto (batch 8) – 47.9%

La parenté est moins évidente avec ce second rhum vieux. En effet, la canne a maintenant disparu, ou plutôt, s’est fondue dans l’ensemble au cours de l’élevage. Plus confit que les précédents – et même légèrement torréfié – il joue dans un registre de finesse et de précision.
L’alcool est parfaitement dosé et permet de pousser les saveurs de fruits à coque (encore eux), de zeste d’orange et de bois vanillé.
C’est d’ailleurs cette vanille qui va se placer comme un des piliers de la finale. Un pilier soutenu (oui c’est un comble pour un pilier) par des notes de tabac et une pincée d’épices. Les secondes passant, ces épices s’installent et prennent leurs aises. Quelques fruits confits se font une petite place.
Nous sommes quelque peu sortis de la trame tissée par le Prélude et le Symphonie. Ce Concerto suit sa propre partition.
Longueteau Opéra (batch 1) – 46.4%

Nous y voilà ! Ce XO – qui n’en porte pas le nom – nous emmène vers un univers où les années de vieillissement ont posé une patine, mais surtout ont permis aux arômes de se joindre et de s’unir en un melting-pot torréfié et gourmand. Le fût de cognac s’exprime de bien des manières : fruits secs, vanille, cacao, zeste d’orange, tabac, fruits confits… Très joli nez.
Une grosse intensité se fait immédiatement sentir en bouche, les papilles sont saisies par les arômes exprimés sur le nez, ainsi que par une agréable texture tannique. Chaleureux, il donne envie de s’y blottir et de se laisser guider de saveur en saveur.
La finale est longue et se fait de plus en plus sombre. Tabac, noix torréfié, fût toasté… Le registre est assurément empyreumatique.
Une très belle conclusion à cette série Harmonie de chez Longueteau !
Cette mise à jour m’a fait du bien. Je dois avouer avoir une préférence pour le dernier opus de la collection mais j’ai bien aimé l’évolution des profils au fil de la dégustation.