El Dorado The Last Casks

El Dorado est la marque de la dernière distillerie du Guyana : Diamond. DDL (Demerara Distillers Limited) continue de produire du rhum dans le style unique Demerara. Et encore, il est compliqué de parler d’un style Demerara, dans la mesure où la distillerie possède de nombreux alambics différents et peut même recréer des profils disparus.

Depuis les légendaires bouteilles noires Velier, la marque a quelque peu perdu de sa superbe auprès des amateurs et les quelques embouteillages de rhums vieux bruts de fût connurent un succès mitigé (il y en a de très bons tout de même).

El Dorado revient avec trois nouvelles bouteilles, dans une collection nommée “The Last Casks”. Les deux premiers (Diamond & Tri Canada et Port Mourant & Tri Canada) semblent être des blended in the barrel, alors que le dernier est un Diamond qui a vieilli dans un ex-fût de rhum pot still, qui provient de la distillerie Uitvlugt.

À noter l’apparition d’un nom d’alambic dont je n’avais jamais entendu parler : Tri Canada. D’après mes informations, ce fut (il a été abandonné depuis) un alambic de redistillation, qui produisait des rhums très légers. On peut donc imaginer un distillat relativement neutre laissant beaucoup de place au fût pour s’exprimer.

El Dorado The Last Casks – Diamond Tri Canada 1998 (24 ans) – 49.1%

El Dorado The Last Casks - Diamond et Tri Canada 1998 (24 ans) - 49.1%
El Dorado The Last Casks – Diamond et Tri Canada 1998 (24 ans) – 49.1%

Nez : le jus parait épais, presque collant. Plusieurs arômes s’entremêlent et il n’est pas évident, dans un premier temps, de les identifier. Le boisé se révèle massif mais les autres acteurs ne s’en laissent pas compter. La noix de coco, le tabac, la banane, la vanille, l’orange, les fruits à coque torréfiés, autant d’arômes qui apportent leur pierre à l’édifice, qui se fait expressif et gourmand et où l’alcool parait bien dosé. Avec du repos, il perd un peu de gourmandise et le boisé se renforce encore. Les minutes passant, la rondeur vient faire jeu égal avec le bois.
Bouche : le palais est immédiatement saisi par un boisé acide qui fait saliver. Viennent ensuite des notes torréfiées entre café et cacao. La réglisse accentue son côté noir, tandis que les fruits secs apparaissent quand on le garde en bouche quelques secondes, ce que le pourcentage alcoolique permet sans problème.
Finale : longue, elle est boisée mais sans excès. On y retrouve le coco, le tabac, une pointe d’orange et la torréfaction. Agréable.

Sans doute un peu trop boisé dans l’ensemble, il n’en demeure pas moins gourmand, surtout au nez. L’acidité en bouche m’a un peu surpris.

El Dorado The Last Casks – Tri Canada Port Mourant Enmore 1998 (24 ans) – 50.3%

El Dorado The Last Casks - Tri Canada et Port Mourant Enmore 1998 (24 ans) - 50.3%
El Dorado The Last Casks – Tri Canada et Port Mourant Enmore 1998 (24 ans) – 50.3%

Nez : tout en changeant de registre, on reste sur un profil « poisseux », dans le bon sens du terme. Moins fruité, on gagne en arômes tertiaires, avec encore une fois beaucoup de bois mais qui apparait terreux et épicé. Dénué de fruits frais, il offre tout de même des fruits secs et des fruits à coque (essentiellement noix et amande). Ces derniers, après 20 minutes, gagnent en assurance et le rhum, dans son ensemble, s’arrondit. En attendant encore un peu, un duo mélasse et caramel cuit fait son apparition, dégageant une légère impression d’amertume pas dérangeante, qui accentue même le sentiment épais du liquide.
Bouche : un peu plus fluide que prévu, elle colonise chaque recoin du palais. La noix de coco fait une entrée fracassante et vole la vedette au chocolat et au caramel. Un équilibre intéressant et surprenant se créé entre suavité (peut-être un peu de sucre ajouté), concentration, acidité et gourmandise.
Finale : tout aussi longue que la précédente, elle navigue entre coco grillé et un tabac presque cendré.

Un Demerara auquel il faut donner du temps pour qu’il se cale sur une trame bien plus ronde et gourmande que ce qu’il nous laissait présager, le liquide tout juste versé dans le verre.

El Dorado The Last Casks – Diamond Uitvlugt 2000 (22 ans) – 54.4%

El Dorado The Last Casks - Diamond in Uitvlugt casks 2000 (22 ans) - 54.4%
El Dorado The Last Casks – Diamond in Uitvlugt casks 2000 (22 ans) – 54.4%

Nez : on reste dans la même « famille » sur ce troisième rhum de la série. On retrouve cette idée d’un rhum collant, dominé par des notes d’épices et de fruits à coque. Le fût a laissé son empreinte au travers d’un boisé très légèrement piquant, adouci par le caramel et le miel. C’est sans doute le moins fruité du trio. Il se fait également un peu plus sombre que ses camarades, grâce à la réglisse et au tabac. Cette facette empyreumatique tend à prendre de l’ampleur avec le temps. Cependant, avec encore plus de repos, sa nature pâtissière ressort, menée par les fruits à coque caramélisés (noix, amande et cacahuète).
Bouche : là encore, grosse explosion aromatique dès l’attaque. L’alcool est un peu plus présent que sur les deux autres mais ce n’est pas gênant. Chocolat, coco, vanille, bois (quand même pas mal), fruits à coque… On retrouve une bonne partie des protagonistes
Finale : longue et gourmande, très agréable et intense, sur une dominante de coco, fruits secs, noix et tabac. Il faut y ajouter une petite amertume boisée.

J’avais eu la chance de le goûter (ainsi que le Port Mourant à Wine Paris) et il confirme l’impression positive que j’en avais eu. Il souffre peut-être d’un petit déficit de texture mais à part ça…

Essai transformé ! Le premier n’est clairement pas le plus réussi mais les deux autres – et particulièrement le dernier – m’ont procuré beaucoup de plaisir. Gourmandise et concentration sont au rendez-vous, ils m’ont beaucoup plu.

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