Punaise ce que c’est passé vite ! Le Rhum Fest 2023 est déjà terminé. Deux jours (oui, seulement dimanche et lundi pour moi cette année) passés à deux cents à l’heure, entre dégustations, embrassades, conversations et retrouvailles. J’ai eu la chance et le plaisir de revoir de vieilles connaissances, des anciens ou des nouveaux du monde du Rhum. Quelques selfies furent pris, quelques câlins faits, quelques rigolades partagées, quelques impressions échangées, un ananas rencontré et beaucoup de verres vidés ! Bref, encore un super événement passé bien trop vite.
Comme à mon habitude, j’ai entamé mon exploration par les rhums blancs pur jus de canne. Bien sûr, sur certaines stands qui offrent blancs et vieux, il est compliqué de ne pas faire les deux catégories à la suite, aussi me suis-je livré à quelques écarts de conduite.
Braud & Quennesson

Il était temps que je déguste la production du petit dernier de Martinique ! Cela fait déjà quelques mois que l’on entend parler de ce nouveau rhum AOC mais les ayant manqués à Liquid Passion, je me devais de les découvrir au Rhum Fest.
Située au sud-est de l’île, la marque ne possède pas encore son propre alambic et fait produire ses rhums à la distillerie du Simon. Ce n’est cependant qu’une question de temps avant qu’ils ne coulent leur rhum chez eux.
Braud & Quennesson ne propose pour l’instant que du blanc, en trois versions différentes. La variété de canne principale est la roseau, qui est complétée par la bleue et la rouge.
Braud & Quennesson – 50%
Nez : végétal, frais, manque de rondeur même si on a la canne au premier plan
Bouche : on reste sur cette même impression avec trop d’acidité balancée par une certaine sucrosité
Finale : on repart sur un végétal trop marqué
Braud & Quennesson – 55%
Nez : moins acide et végétal, il semble plus rond et un peu plus atypique
Bouche : belle intensité et un joli mix entre canne ronde et puissance épicée. Il se fait même peut-être un peu trop vif
Finale : relativement longue, la vivacité demeure
Braud & Quennesson – 59,2%
Nez : le plus équilibré et expressif des trois, canne et agrumes, belle fraîcheur
Bouche : on garde cet équilibre entre intensité, fraîcheur, douceur, canne… très joli et l’alcool est bien dosé
Finale : l’expérience perdure un moment de jolie façon
Top.
La qualité de ces rhums parait s’accroitre avec le degré. Pas mal de gens ont préféré le 55% mais c’est pour moi le dernier qui se distingue.
HBS (Habitation Beauséjour)

Voici un autre producteur récent de Martinique, celui-ci non AOC, entre autres du fait de l’alambic utilisé. J’avais eu l’occasion de goûter deux ou trois cuvées mais dois avouer avoir beaucoup de mal à m’y retrouver parmi toutes les séries limitées aux prix très variés (mais dans une fourchette très haute).
Heureusement, il semblerait qu’une cuvée pérenne voit le jour, cela devrait permettre d’avoir une image plus précise de ce que HBS produit.
HBS Cuvée Décollage – 50%
Nez : fraîcheur marine, canne végétale, léger citron vert
Bouche : texture sympa et on retrouve le côté pot still mais sans qu’il soit trop marqué ou dérangeant
Finale : moyennement long
Pas désagréable.
HBS Cuvée du Bout du Monde – 50%
100% canne vanille
Nez : vraie différence avec le précédent, plus de rondeur
Bouche : plus intense et moins marquée alambic, avec aussi plus d’intensité
Finale : la fraîcheur reste ainsi que la canne végétale
Il m’a bien plu, ça tombe bien, c’est justement cette cuvée qui est amenée à devenir une référence permanente.
HBS Le Flamboyant – 48% (3 ans)
Nez : première impression très boisée (bois neuf), puis l’équilibre se fait avec un peu de vanille et de zeste d’orange
Bouche : texture intéressante, les 48% sont bien, à nouveau essentiellement du bois. Assez simple mais agréable
Finale : les tannins restent un peu et accompagnent
HSE (Habitation Saint Etienne)

HSE Titouan récolte 2021 – 50%
Nez : une canne florale et un peu végétale rehaussée par les agrumes (citron vert et clémentine)
Bouche : intensité et sucrosité
Finale : long et agréable, plus agrumes et fraîcheur qu’autre chose, sympa surtout qu’il ne devient pas trop végétal
HSE Canne d’Or 2019 – 55%
Nez : un rhum qui offre une canne complète, entre fruitée, florale et végétale
Bouche : bel équilibre entre ces différentes facettes, bien servi par le pourcentage alcoolique
Finale : l’intensité demeure un moment
J’ai eu une préférence pour ce deuxième opus du parcellaire, qui est vraiment réussi.
Neisson

Neisson bio récolte ? – 52.5%
L’année de récolte n’est pas (plus ?) indiquée sur la bouteille, ce qui n’aide pas à se repérer.
Nez : superbe entre complexité et gourmandise : canne, sucre, agrumes, riche et chaud
Bouche : moins gourmande mais belle texture
Finale : on continue sur cette pente moins gourmande et plus végétale
Le nez est réellement exceptionnel, mais il devient moins à mon goût par la suite.
Neisson Profil 62 – 49.2%
Malgré l’étiquette identique à celui dégusté dans cet article, je crois que c’est une nouvelle version.
Nez : très bois neuf, trop ? On y trouve une gourmandise liée mais c’est un peu simple
Bouche : bouche mieux avec une belle intensité (toujours boisée mais plus complexe et chaude), très plaisante
Finale : on retrouve un peu notre « planche »
Simple et gourmand mais la canne est absente.
Papa Rouyo

Décidément, beaucoup de distilleries récentes dans ces dégustations, mais cette fois, c’est en Guadeloupe que l’on navigue. Je vous ai déjà parlé de Papa Rouyo, petite distillerie créée par des planteurs, où la distillation se fait sur alambic à repasse.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur d’autres de leurs produits, je vous invite à lire ces articles : Rhum Society 2022, Whisky Live 2022 partie 1 et Whisky Live 2022 partie 2.
Papa Rouyo Vwayaj – 45%
Nez : intense pour le degré, canne veloutée et pot still. Pas beaucoup de fraîcheur mais de la rondeur
Bouche : encore une fois de la rondeur mais l’alcool est bien et avive l’ensemble
Finale : on perd la rondeur et on gagne en alambic
Papa Rouyo L’œilleton – 51%
Nez : attirant, semble bien dosé en tout, on a la rondeur mais le surcroît de vivacité la balance bien
Bouche : confirme en bouche, texture, vif, velouté, canne…
Finale : longue et bien plus canne agrumes que pot still, ce qui me va
Très bien !
Papa Rouyo Jénérasyon – 46% (pas leurs cannes, rhum vieux de colonne acheté à la création de la distillerie)
Nez : boisé jeune, agrumes, vanille
Bouche : bonne impression en bouche, le bois se fait gourmand sur les fruits à coque
Finale : bonne longueur vanillée, assez simple
Plutôt bien fait.
Baie des trésors

Et encore une marque récente, avec Baie des Trésors, qui avait marqué les esprits en sortant dans un premier temps deux rhums élevés sous bois aux profils bien distincts, avant d’enfoncer le clou avec un superbe rhum blanc : le Plein Soleil récolte 2021. Était en dégustation sur le salon la toute récente récolte 2022 de ce rhum agricole de la Martinique.
Baie des Trésors Plein Soleil (récolte 2022) – 54%
Nez : on retrouve la même trame, mais il apparaît plus rond, plus sucré, et plus porté sur les agrumes
Bouche : on retrouve l’intensité et son équilibre gourmand, avec plus de texture et toujours ces agrumes
Finale : c’est cette fraîcheur qui demeure un bon moment
Toujours aussi bon, sans doute même mieux, ce qui n’était pas simple vu le niveau du 2021.

J’ai d’ailleurs eu la chance d’être convié à un événement autour de cette récolte 2022 le soir-même. L’occasion de vérifier et de confirmer le très haut niveau de ce jus mais aussi de le déguster en ti-punch, accompagné de mets antillais. Cerise sur le gâteau, les invités ont eu le plaisir de tremper les lèvres dans le brut de colonne de la récolte 2023, et – sans surprise – il promet !
Nous avons aussi pu apprendre que de ruches sont présentes sur le domaine et que des cacaotiers y ont été plantés. Cela permettra, à court terme, de produire du miel et des chocolats à la ganache au rhum Baie des Trésors. Les abeilles sont aussi les témoins de la bonne santé des parcelles.
C’est à l’Île Maurice que je me suis ensuite rendu, afin d’y déguster trois rhums, toujours purs jus de canne.
Mauricia (distillerie Grays)

Il s’agit de la marque de pur jus de la distillerie mauricienne, qui produit également les rhums New Grove.
Mauricia Création – 48%
Distillé en colonne.
Nez : intensité sur la canne principalement, il a une identité mais qui est dure à définir
Bouche : un peu trop timide aromatiquement sur la canne, sans doute distillé très haut ; décevant après le nez
Finale : trop neutre là aussi
Mauricia L’intendance – 60%
Distillation en trois passes sur alambic.
Nez : très expressif, fruits exotiques, fenouil, olive, velouté, changeant
Bouche : sucrée, grasse, intense
Finale : longue sur les mêmes marqueurs
Un ovni !
Rivière des Créoles (distillerie Saint Aubin) – 59.17%

Blanc – 90% colonne et 10% potstill
Nez : canne principalement, une canne qui semble sucrée et fruitée et une pointe d’olive qui vient sans doute de l’alambic
Bouche : on a le sucre promis, dominante de canne et toujours cette discrète olive, jolie texture, qui compense l’alcool, un peu présent
Finale : pourrait être un peu plus longue sur la canne pour prolonger le plaisir mais c’est plus le pot sous des airs métalliques et d’olive qui prend le relais
Pas mal du tout, surtout le nez et la bouche. Bien joué Stéphane 😉
Père Labat Canne Jaune – 51%

Nez : très expressif et atypique comme Père Labat sait le faire. Des arômes étonnants, animal, organique, poivré et de canne
Bouche : attaque où l’explosion est sucrée, c’est vraiment cette vivacité et cette sucrosité qui marquent. Ici c’est la canne la star ; l’alcool est un peu trop présent malgré la suavité mais ça va
Finale : longue, on est marqué par la canne, le sucre et l’alcool
Cette bouche est superbe.
Clément Canne Bleue 2022 – 50%

Trop peu dans le verre pour réellement le déguster.
Nez : fraîcheur citronnée
Bouche : manque de texture
Finale : sur le citron vert
Simple et doit marcher en ti-punch mais je m’ennuie un peu. Pas la meilleure récolte des Cannes Bleues selon moi. D’autres m’ont plus positivement marqué, comme lors de ces deux dégustations à l’aveugle : Transversale de blancs pur jus n°10 et Transversale de blancs pur jus n°11.
Ferroni São Tomé – 57%

Cannes coupées puis entreposées deux semaines avant la presse !
Hyper artisanal, alambics rudimentaires, aucun contrôle. Redistillé à Aubagne.
Nez : tout à fait atypique, la canne est là et bien là mais sous un visage inattendu, fruité rond
Bouche : sucrée et vive, belle explosion toujours sur cette canne
Finale : je l’attendais plus longue
Il faudra que je déguste à nouveau cette Dame-Jeanne n°19.
Scéance de rattrapage sur Ferroni et ses Dames-Jeannes 2021 et les Dames-Jeannes 2022.
Manutea Quintessence

Juste parce que je l’adore, comme en témoignent ces deux articles : Salon Dugas Club Expert 2022 et Salon de L’Agriculture 2023 !
Et ça sera tout pour aujourd’hui ! De très belles découvertes parmi ces rhums blancs pur jus de canne ; décidément, cette catégorie a tant à offrir et me plait de plus en plus.

Petite précision, Braud et Quenesson n’a pas encore monté sa distillerie (il manque encore certains accords administratifs ) , la distillation est réalisée au Simon pour l’instant.
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Merci Jerry, je suis en effet allé trop vite en besogne !
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