
Premier salon de cette rentrée 2023 : France Quintessence.
Comme l’année dernière, c’est à la Salle Wagram qu’il se tenait. Plus de 40 exposants s’étaient donnés rendez-vous dans ce bel espace, près de la Place de l’Étoile à Paris. Et là, je sens déjà la déception poindre dans votre regard : il n’y avait que très peu de rhum et encore moins de nouveautés dans cette catégorie. Mais rassurez-vous, il y avait d’autres excellents spiritueux français : whiskies, liqueurs, cognacs, armagnacs et j’en passe. J’ai dédié beaucoup de temps aux whiskies français, catégorie qui vit une expansion et un bouillonnement incroyables.
Laissez-moi vous présenter ce que j’y ai découvert.
Whisky Français
Alfred Giraud

Un placement luxe avec gros marché en Asie. J’avoue que ce n’est pas le genre de discours qui me séduit le plus, voyons ce qui se passe dans la bouteille.
Alfred Giraud Horizon – 46%
Leur single malt (en ce sens qu’il est intégralement issu de leur distillation), entre 7 et 9 ans – 14 fûts différents
Nez : très malt classique, bien fait, relativement rond
Bouche : relativement complexe en bouche, intensité et équilibre
Finale : un peu courte et molle
Alfred Giraud Héritage – 46%
Triple malt, le leur et deux qui viennent de deux autres distilleries françaises, 80% du vieillissement en ex fût de cognac.
Nez : rondeur et fraîcheur, moins de céréales qu’Horizon et un peu moins expressive
Bouche : c’est ici qu’il s’exprime le mieux, avec plusieurs étapes
Finale : bien plus longue et très sympa, chaude et plus céréalière, vanillée
Alfred Giraud Harmonie – 46%
Très légèrement tourbé
Nez : très proche de l’Héritage avec une pointe de cendre
Bouche : pareil avec la tourbe qui va crescendo
Finale : dominée par la tourbe mais sans excès
A. Roborel de Climens
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur ces whiskies, j’en avais dégusté d’autres dans cet article.

A. Roborel de Climens Finition Grenache Noir – 50.2%
Fût de Banyuls
Nez : puissant et chaleureux, fruité (fruits au sirop)
Bouche : grosse intensité sur l’attaque
Finale : longue, texture, tannins
J’ai aussi regoûté le Merlot, et c’est sans doute celui de la gamme permanente qui me plait le plus.
Arlett

Arlett Original – 45%
Nez : bois bien marqué mais les céréales demeurent
Bouche : très homogène avec le nez
Finale : finale gourmande et suffisamment longue
Il se défend bien pour la référence classique.
Arlett Finition Rhum Barbade – 48%
6 mois Barbade (Foursquare et West Indies)
Nez : plus de gourmandise, plus rond, plus de fruits
Bouche : bonne impression générale équilibrée, et plus whisky que le nez
Finale : on retrouve le whisky boisé et le coco du rhum de la Barbade, jolie finale
Arlett Mizunara – 48%
Un an en fût de chêne Mizunara
Nez : un peu plus de fraîcheur mais rondeur à la fois
Bouche : plus sec que le Barbade
Finale : asséchante
Le moins à mon goût
Armorik

Armorik Sherry cask – 46%
5 ans
Nez : très fruité, facile, sympa
Bouche : pareille
Finale : longue et texturée
Armorik Double maturation – 46%
Fût de sherry et fût neuf breton
Nez : plus sec
Bouche : plus boisé neuf
Finale : long
Moins mon style
Armorik 10 ans 2023 46%
5 ans bourbon et 5 ans sherry
Nez : plus complexe et à la fois plus racé sans oublier la gourmandise
Bouche : belle intensité, un très léger quelque chose de tourbe
Finale : légère tourbe et bourbon
Pas mal du tout
Armorik Maître de Chais – 50%
10 fûts différents avec des jus entre 4 et 10 ans
Complexe à déguster, part dans tous les sens, déstabilisant… Alors en plus sur salon, pas simple de se faire une idée.
Soligny

Soligny Le Chant du Coq n°3 (distillation hiver) – 46%
Nez : toujours aussi concentré et plaisant (une petite dilution le rend encore plus expressif)
Bouche : grasse et intense
Finale : interminable sur les céréales grillées
Soligny Le Chant du Coq n°4 (distillation été) – 46%
Nez : on voit le parallèle avec cette orge Lauréate, ce n°4 se fait plus épicé et tout aussi expressif
Bouche : grasse pour une impression à nouveau plus épicée
Finale : plus sèche et comme plus nette mais un peu moins exubérante, tout aussi longue et intense
Décidément… Vivement le premier whisky, qui devrait arriver d’ici peu. Il faudra attendre un peu plus longtemps pour voir arriver le single malt à base de l’orge Lauréate.
Twelve

Plus la peine de présenter Twelve. J’ai dégusté et écrit sur plusieurs de leurs rhums mais j’ai plus récemment visité la distillerie et je vous en parlais dans cet article.
Twelve Cornaline fut de Porto – 48%
Nez : très fruité et riche, on a l’impression qu’on va y avoir de la texture tannique
Bouche : vive, un peu simple
Finale : relativement longue et avec la langue recouverte de tannins
Twelve Basalte – 57%
Nez : plus serré que la version réduite, un peu trop fort pour moi. Il mériterait une réduction, ça tombe bien, ça existe ^^
Bouche : pareil
Distillerie du Mont Blanc
Whisky small batch numéro 1 – 43%
Vraiment amande et taille de crayon au nez, puis sucrosité en bouche. Fin de bouche sympa.
On s’éloigne un peu de la céréale.
Brana

J’avais déjà eu l’occasion de déguster les produits de cette distillerie basque l’année dernière sur Quintessence 2022. J’avais tellement aimé, que j’ai souhaité m’y replonger.
Brana Whisky Laminak 2023 – 46,5%
Nez : j’aime bien ce profil, très sur la matière première et le vin blanc (leur vin blanc, puisqu’ils sont aussi vignerons) apporte quelque chose
Bouche : ample et droit à la fois, intense
Brana Framboise
Toujours aussi folle, la meilleure framboise que j’ai bue, même si je l’ai trouvée légèrement différente de l’année passée.
Brana Marc XO – 48%
22 ans passés sous bois
Fruits secs, terreux, végétal, noix, hyper expressif
Lachanenche

Lachanenche Whisky bio Laverq – 46%
Élevage assez complexe avec plusieurs fûts différents et triple finition, y compris fût de vin local
Nez : fruité assez classique, pomme, poire, céréales
Bouche : plus portée sur l’orge maltée
Finale : sèche, légèrement épicée
Pour un premier whisky, c’est plutôt réussi
Lachanenche Génépi bio – 40%
J’ai assez longuement parlé avec le producteur, qui est avant tout liquoriste. J’ai beaucoup appris sur le génépi et en particulier le leur, qui – contrairement à beaucoup d’autres – est exclusivement à base de génépi.
Très bon, complexe, thym, conifère, gingembre… Un des coups de cœur du salon !
Le limoncello m’a moins plu.
Liqueurs
Génestine

Le Gaulois Vermouth – 16%
Un vermouth qui diminue l’amertume et accentue la douceur pour le rendre plus abordable. Moi, j’aime bien quand c’est amer.
Génestine Grande Gentiane – 17%
Nez : autant au nez, il est un peu terreux
Bouche : autant en bouche, on est sur cette racine presque exempte d’amertume
Finale : on gagne en amertume (un peu) et le terreux revient discrètement
Génestine Verte de Clermont (Verveine) – 27%
Nez : j’aime ça parce que j’aime la verveine
Bouche : on garde la verveine mais un peu moins intense
Finale : longue, fraîcheur citronnée
Génestine Elixir 1845 – 43%
80 plantes et vieillissement en fût pour le liqueur de plantes qui fait penser à la Chartreuse. J’ai trouvé une note anisée un peu trop présente mais ça reste bon.
Cognacs
Grosperrin

Je n’ai dégusté que les nouveautés chez Grosperrin cette année.
Grosperrin Oléron – 12 ans
Jeune, fruité mais avec une belle longueur sur le noyau
Grosperrin Fins Bois 1990 – 49,2%
Nez : fruits secs, fruits confits, pruneaux
Bouche : intense, riche, alcool bien
Finale : longue
Peut-être pas le plus complexe de la bande mais il m’a fait une belle impression. Très cohérent sur l’ensemble de la dégustation.
Grosperrin Bons Bois N70-74 – 42,7%
Nez : je pourrais y passer des heures tant il est complexe et agréable
Bouche : presque trop intense, avec une fin de bouche florale et boisée
Grosperrin Petite Champagne N67 – 40,7%
Nez : grosse finesse, léger, fin
Bouche : un peu léger après les autres en texture et en puissance mais pas en arômes
Finale : longue, finement boisée
Rhums
Les Feux de Saint-Jean

Les Feux de Saint-Jean Rhum blanc grand arôme bio – 46%
Environ un mois de fermentation pour ce rhum qui utilise de la mélasse des Caraïbes.
Nez : fraîcheur végétale et note empyreumatique. Je retrouve ce profil de rhums métropolitains de mélasse à la longue fermentation et distillé sur petit alambic. Pas fan. Heureusement, et contrairement à beaucoup d’autres de cette catégorie, il n’est pas trop haut en alcool.
Bouche : pareille
Finale : vraiment très longue, trop même
Les Feux de Saint-Jean Rhum ambré bio – 56%
Fûts de 55L chêne français avec fonds en acacia ; vieilli six mois
Nez : ces six mois ont apporté beaucoup de gourmandise, beurré, fruits secs, reste une petite acidité aussi
Bouche : très forte
Finale : on retombe sur le blanc, avec un peu de fût en plus, bien sûr
Meilleur que le blanc.
Les Feux de Saint-Jean New Make – 56%
Nez : céréales, seulement six mois de vieillissement mais des petits fûts de 55L, relativement puissant mais maîtrisé. Grosse sucrosité. Les premiers whiskys arriveront dans deux ans.
Opportune 1791

Opportune 1791 Blanc AOC Martinique – 50%
Nez : superbe ce nez, végétal, frais, fruité, très attirant
Bouche : un bon rhum agricole qui offre ce que l’on en attend
Finale : canne végétale, agrumes, un peu amère
Je dois avouer que ça m’a fait un bien fou de mettre le nez dans un blanc agricole.
Opportune 1791 VSOP AOC Martinique – 43%
Nez : commence assez terreux et végétal mais avec du temps, il devient plus aimable et rond tout en restant frais
Bouche : encore plus ronde tout en gardant cette note herbacée
Finale : redevient plus végétal et terreux
Opportune 1791 XO AOC Martinique – 43%
Nez : plus abouti et complet, les arômes sont mieux associés, boisé et orange confite tout en gardant une fraîcheur végétale
Bouche : dans la même veine
Finale : devient encore plus chaude et torréfiée, voire cuir
Egiazki

Egiazki Bidia – 42%
Rhum cubain vieilli 3 ans sur place puis double finition armagnac et vin blanc basque, au final 4 ans
Nez : profil assez étonnant qui a l’air gourmand et pâtissier, on devine qu’il y a eu plusieurs fûts
Bouche : plus sèche que prévue et par la même un peu moins gourmande
Finale : sèche
Armagnac
Domaine d’Espérance

Cobrafire – 52.5%
On termine ce grand tour de France par le seul armagnac que j’ai dégusté sur le salon, une Blanche. J’ai eu l’occasion de déguster pas mal de blanches armagnac ces derniers temps et il est extrêmement rare que j’en trouve à mon goût. En effet, elles sont bien souvent piquantes, voire soufrées à tendance légume. Ici, nous sommes sur une blanche composée de 50% baco et de 50% folle blanche, distillée fin 2022.
Et bien, ce Cobrafire, qui est brut d’alambic, est exempt de ces défauts, et en résulte une eau-de-vie fruitée, typée, à l’alcool très bien dosé.
La productrice m’expliquait que plusieurs distillateurs embulants s’étaient succédé avant que l’un d’entre eux parvienne au résultat espéré. Bravo Patrick Michalouski !
Un autre coup de coeur du salon.
Et voilà, il est déjà temps de reprendre des forces pour le prochain salon qui se profile !
En tout cas, il est toujours intéressant de voir ce qui se passe en France, surtout cette effervescence dans les whiskies mais aussi de se replonger dans des alcools traditionnels. Bref, à l’année prochaine France Quintessence.










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