Ça y est ! Le marathon des salons de la rentrée a démarré, avec pour ouvrir les hostilités, le salon France Quintessence, qui est exclusivement dédié aux spiritueux français. Du rhum mais pas tant que ça, et surtout des whiskys, du gin, du cognac, de l’armagnac, de la vodka, des liqueurs et j’en passe.
Je m’étais fait un petit programme, essayant de trouver les distilleries ou les embouteilleurs présentant un rhum dans leur portefeuille. Et puis, vous vous en doutez, j’ai une fois de plus élargi mes horizons, en allant voir du côté des eaux-de-vie de raisin ou de malt.
Ce salon est vraiment une occasion parfaite pour se frotter à tous les types de spiritueux. Bien qu’il ne soit pas immense, il vous faudra faire une sélection, surtout si vous n’y passez qu’une seule journée, ce qui fut mon cas cette année.

Il faut signaler le retour dans un lieu prestigieux : La Salle Wagram proche de la place de l’Étoile, très bien adaptée à l’exercice.
J’ai pu déguster pas mal de choses, que je vais rassembler par type de spiritueux pour organiser et faciliter la lecture. Comme d’habitude, plus ou moins de précisions sur les notes de dégustation, au gré des discussions avec les producteurs (moins simple de prendre des notes en pleine conversation) et de mon niveau de fatigue ^^
Le Rhum
Distillerie de Lyon

Rhum de mélasse de canne – 55%
Fait à la Jamaïcaine, fermentation longue, ici 6 mois (même si on ne peut plus vraiment appeler ça de la fermentation, puisque ce sont d’autres réactions qui se mettent en place après quelques semaines) pour avoir des dunders aux batchs suivants.
Nez : en effet très expressif, fruits mûrs, olive, solvants, pâtisseries
Bouche : tout aussi intense mais on change partiellement de registre avec du poivre et un alcool marqué en plus du reste
Finale : hyper longue, avec une facette empyreumatique qui arrive
Intéressant, entre jamaïcain et rhums de mélasse de métropole “classiques”. Je n’ai cependant pas énormément de plaisir sur un tel profil.
Distillerie Havion

Rhum Guyane vieilli 2 ans en fût Acacia – 48,5%
Nez : la puissance a l’air bien et on a une double impression pur jus et boisé sucré, peut-être légèrement floral
Bouche : toutes ces impressions sont confirmées
Finale : plus longue que prévu entre notes végétales et un boisé doux qui va décroissant
Intéressant de voir un rhum de Guyane Française chez un embouteilleur indépendant, d’autant plus avec ce vieillissement en fût d’acacia.
Maison Cornut

Salazar – 40%
Martinique pur jus (La Mauny), vieilli 3 ans sur place et un an de plus en métropole.
Nez : on est sur un pur jus sans aucun doute, avec un boisé un peu terreux marqué et l’orange amère
Bouche : moins boisé en bouche, heureusement, avec des notes torréfiées bien présentes
Finale : longue, on débute sur des notes pâtissières, puis le boisé revient en force et va clore la dégustation
Dans l’ensemble il est trop boisé, malgré les autres traceurs gustatifs présents.
Distillerie Franc-Tireur

Rhum blanc – 43%
Beaucoup plus léger que la précédente version (dont je vous parlais dans cet article), moins intense et plus fruité (banane et ananas). Tant mieux !
Rhum vieux – 46%
Côté citronné, frais, presque gin. Puis ça disparaît et on retrouve notre base blanche avec en plus du beurre, du grillé et quelques épices. Pas inintéressant.
La Bête – 43%
Distillat de betterave, fraîcheur et rondeur. Un alcool blanc intéressant et original.
French Booze Project

Wani Yaro – 56% (brut de fût)
Fiche d’identité : Rhum de mélasse, fermentation de deux semaines, distillé à Limoges sur alambic à bain marie, vieilli en fûts de chêne du Limousin pendant 8 mois. Aucune réduction à aucun moment.
Nez : réglisse en avant, puis légumes bouillis et un peu d’épices, légèrement organique sur les fruits tropicaux à la limite du pourri et enfin un peu de sucre de canne
Bouche : moins complexe en bouche, plus aimable, beurré
Finale : moyennement longue, plutôt sur le côté réglisse et beurre
Ce dernier rhum de métropole a confirmé que les mélasses distillées dans l’hexagone s’améliorent.
Trois Rivières

Cellar Reserve – 40%
Il s’agit d’un 4 ans pour la grande distribution, et donc différent du VSOP que l’on trouve chez les cavistes.
Nez : chaud et très boisé, légèrement terreux/mouillé
Bouche : on garde cette forte empreinte du bois, qui est rejointe par une certaine rondeur. Une pointe salée fait ressortir la légère douceur
Finale : encore le bois, légèrement mouillé
Pas mon truc.
Single Cask 2007 – 42%
Il s’agit d’un nouveau SC 2007, je vous parlais du précédent dans cet article.
Nez : extrêmement fruité, autant mangue et ananas que prune. D’autres arômes arrivent ensuite avec des épices, des pâtisseries torréfiées
Bouche : étonnante rondeur, on perd partiellement les fruits pour plus de chaleur avec un boisé marqué mais pas terreux, mouillé ou astringent. Il devient plus sec dès la seconde gorgée
Finale : le boisé arrive et se fait légèrement amer et mentholé
Un joli Trois Rivières celui-ci, il m’a bien plu.
Millésime 1999 – 42%
On rappelle qu’il est intégralement vieilli en fût américain.
Nez : la nature du fût se distingue tout de suite avec la banane Haribo et la vanille. Arômes pâtissiers et de coco arrivent juste derrière.
Bouche : coco et vanille avec un boisé qui donne une certaine mâche. Gourmandise facile
Finale : toujours dominée par ce bois US sans être écœurant grâce à la canne
Le chêne américain a vraiment laissé son empreinte.
Le Calvados
Christian Drouin

Millésime 2002 – 42%
Le vieillissement d’un an en fût de Rivesaltes le fait dévier de sa trame habituelle. Pas forcément mon truc mais les mises suivantes seront moins marquées.
Expérimental Tequila – 48,8%
10 ans plus quasiment un an et demi en ex-fût de tequila (après quelques ajustements pour ne pas trop être influencé par la tequila tout de même – élargissement du batch pour “diluer” l’influence du finish)
Oui la tequila est présente mais le dosage est réellement délicat et mesuré. Un peu de fraîcheur végétale et terreuse.
Je dégustais le Millésime 2001 et l’Expérimental Long Pond dans cet article.
Pour finir, j’ai pu déguster un échantillon “sous le comptoir” : le nouveau Expérimental Caroni. A découvrir au Wisky Live !
Le Whisky
Distillerie La Mine d’Or

Galaad 5 ans – 44,5%
Nez : tendu, minéral, céréales
Bouche : déjà une certaine douceur mais une bonne puissance (peut-être un peu trop) et la matière première bien présente
Finale : moyennement longue
Galaad 5 ans – 50,1%
Ici la dernière année est passée en fût de rhum de l’Ile Maurice.
Nez : le rhum apporte une grosse rondeur vanillée et plus de chaleur
Bouche : puissance un peu limite mais j’aime bien sa gourmandise légèrement torréfiée
Finale : on garde un peu l’alcool mais on garde surtout cette facilité vanillée et presque fruits à coque
Emballé j’ai été par cette jolie association.
Galaad Single Cask N°25 – 53,5%
Très bon, un étonnant est parallèle à faire avec le finish rhum, au niveau gourmandise mais encore plus de texture.
Bordeaux Distilling

Black Wall Rye – 46,7%
Nez : très rye sur les épices, le cuir, les fruits confits
Bouche : intense et alcool bien, toujours extrêmement marqué par ces 65% de seigle (orge pour le reste)
J’ai également pu déguster une Liqueur de rye. Un produit vraiment surprenant qui n’est pas sans rappeler certaines liqueurs de plantes, d’autant que dans la recette viennent ajouter leur grain de sel des citrons brulés et du fenouil…
Brana

Laminak – 46,5%
4 ans en fût de Cognac puis 6 mois en fût de vin blanc du Pays Basque de leur domaine
Nez : très fruité (fruits blancs et à coque) et atypique pour mon nez novice
Bouche : tendre et légèrement oxydatif, facile tout en restant sec
Finale : on garde ces marqueurs hyper agréables un certain moment
Soligny

Eaux-de-vie de malt de 12 mois
Fûts neufs et ex-fûts de vin de Bourgogne
N*1 – 46%
Nez : très porté sur l’orge et en même temps un léger côté fermier et crémeux
Bouche : en accord avec le nez
Finale : assez longue où on garde les marqueurs du nez, avec une certaine chaleur
N*2 – 46%
Moins de fût neuf
Nez : un peu moins fermier mais un côté miel et châtaigne
Bouche : on retrouve davantage la céréale
Finale : miel encore une fois, bien marqué, ainsi que châtaigne et pain grillé
J’ai également découvert leur new make (eau-de-vie de malt non-vieillie) et c’était bluffant, une sorte de croute de pain grillée liquide ! Vive la Bourgogne !
Twelve

Almandin – 48%
Assemblage de whiskys vieilli en Fûts de rhum différents. Très aimable et texturée comme souvent chez Twelve.
Basalte 4 – 57%
En avant première puisque la réduction n’est pas finale, avec une nouvelle association de fûts, prometteur et très gourmand.
Le Cognac
Tesseron

Tesseron Lot 90 – 40%
10 ans minimum, trois crus
Il fait davantage que son âge, fruits exotiques, boisé gourmand et pâtissier
Tesseron Lot 76 – 40%
25 ans minimum, Grande Champagne
Moins de fruits frais et plus de profondeur, semble moins facile de prime abord, avec un boisé plus présent. Les fruits sont plus travaillés
Tesseron Lot 53 – 40%
50 ans minimum, Grande Champagne et cépages différents
Fruits confits, compotés, les arômes sont plus liés les uns aux autres, boisé très fondu
Tesseron Lot 29 – 40%
75 ans minimum, Grande Champagne, trois cépages
Intensité remarquable sur beaucoup de marqueurs différents qui sont étroitement imbriqués les uns dans les autres. On retrouve nos fruits exotiques mais qui sont travaillés, notre boisé vraiment fondu, les fruits à coque…
Grosperrin

Arrêt obligatoire, Grosperrin ! Si vous me suivez sur ma page Facebook, vous avez récemment pu voir un court article sur une récente visite de leur QG 🙂
Retrouvez la fournée précédente dans cet article !
Six nouveautés au programme :
Bois Ordinaires Île d’Oléron 18 ans – 51,5%
Un cognac concentré au boisé bien présent mais qui n’efface pas le fruité, fruits à coque sur la fin de bouche et même un peu de châtaigne en finale, qui est longue.
Bois Ordinaires Île d’Oléron 90 – 46,2%
Nouvelle mise.
Tout de suite sur le cognac au sens où je l’entends. Plus compoté, plus chaud et plus fruité ; moins puissant et boisé que le précédent.
Fins Bois 1980 – 53,3%
Fruits compotés, caramel, étonnante douceur en bouche, et des fruits ! Bois très discret.
Grande Champagne 1972 – 50,2%
Assemblage de deux GC 72 de deux provenances différentes
Apparaît plus fin, plus aérien d’une certaine manière. Pruneaux, amande, boisé concentré. Colle aux dents, arômes extrêmement entremêlés entre fruits, bois et épices. Alcool parfait
Petite Champagne 1972 – 52,2%
Beaucoup moins fruité de prime abord, avec un caramel vanillé marqué. Étonnant. Plus de bois en bouche et en finale mais je cherche toujours mes fruits. Longue finale fruits à coque sympa. Mais moins mon truc dans l’ensemble.
Borderies 1970 – 49,5%
On retrouve plus d’équilibre mais plus sur les arômes provenant du fût. Il y a cependant des notes un peu camouflées qui laissent présager d’une grosse concentration, qui se confirme en bouche. Une sorte de jus réduit

Nouveau MMC3
70 ans de fût pour ce nouveau mout muté au cognac 3 ! Le 1979 ayant été épuisé, il aura fallu le remplacer, et quel remplaçant !
Un nez dominé par la noix et une bouche qui est étonnamment fraîche et acide où la noix se taille la part du lion. Un rancio hors du commun.
L’Armagnac
Armin

Armin 6 ans – 40%
Nez : nez épicé, mais assez discret dans l’ensemble
Bouche : plus douce mais équilibrée et facile
Finale : commence assez intensément puis s’arrondit sur un côté beurré/bois neuf
Armin 10 ans – 40%
Nez : plus classique, au boisé plus marqué, avec vanille, fruits secs
Bouche : plus intense aussi en bouche avec un boisé chaud et rond
Finale : boisé très peu tannique, vanille
Ce boisé est vraiment très bien ! Et puis quatre fois le mot “boisé” (et maintenant 5) en quatre lignes, ça se fête !
Armin 20 ans – 40%
Nez : plus confit, plus Armagnac tout simplement, figue, pruneaux,
Bouche : on retrouve vraiment les marqueurs de l’Armagnac, plus sombre et en même on a plus le raisin
Le Brandy
French Booze Project
Or de Limoges – 49%
Produit étonnant marqué fut neuf et miel (du miel est ajouté avant la distillation), mais aussi amande et beurre au nez et en bouche. Vin, fût et miel du Limousin.
L’Eau-de-Vie de Fruits
Brana

Framboise – 45% et Clémentine Corse – 44%
Parmi les meilleures eaux-de-vie que j’ai goûtées, avec la fraîcheur et la délicatesse de la framboise et l’intensité fraîche et zestée de la Clémentine. Assez génial.
Même si je regrette d’être passé à côté de certains producteurs, j’ai trouvé cette édition vraiment très bien foutue et j’y ai vraiment pris beaucoup de plaisir !
Et voici mes expériences sur les années précédentes :
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