Les rhums de l’homme à la poussette : 10 ans ! Madinina 1895 et Saint James 1885

Nom d’un petit bonhomme en mousse ! Nom d’une pipe en bois ! Dix ans…
Cela fait dix ans que j’ai commencé à vous raconter mes aventures rhumesques. Plus de 330 articles rédigés, plus de 2000 rhums dégustés, un élargissement vers d’autres spiritueux… Il s’en est passé des choses en 10 ans. Que de découvertes, de rencontres, de visites, d’apprentissage, de dégustations, de partage et d’écriture.

Bref, pour fêter cette décennie, je me suis dit qu’il serait judicieux de marquer le coup au travers d’une dégustation exceptionnelle. On remonte le temps et on s’attaque à deux ancêtres. En route pour le 19ème siècle !

Madinina 1895 – 45 %

Rhum Madinina 1895 (photo : Durhum.com)
Rhum Madinina 1895 (photo : DuRhum.com)

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de ce rhum, allez lire la description sur le site Excellence Rhum.

Très expressif. C’est une double trame qui nous souhaite la bienvenue : une facette franchement gourmande dans un registre pâtissier et beurré, et un visage plus frais qui prend des accents de sève de pin et de menthol. Le repos va faire évoluer le rhum et apporter plus de complexité à notre première impression, au travers de notes plus sombres de fruits sec mais surtout de tabac et de noix torréfiée. Les minutes passant, on y trouve du bois précieux, des épices (dont la vanille), le cuir et la réglisse, sans perdre de vue les autres protagonistes pour autant.
La texture est à la fois légèrement huileuse et un peu fine (impression moyennement satisfaisante). En revanche, aromatique, on retrouve avec plaisir les marqueurs du nez sur une intensité correcte, dont le beurre, le tabac, la noix, le cuir et la vanille. La fraicheur baisse d’un cran, ce qui n’est pas plus mal.
La finale démarre sur une bouffée pâtissière (beurre, noix et vanille) très sympathique, puis ce sont des notes plus noires qui vont prendre le relais, avec, en premier lieu, le tabac, puis la réglisse.

J’ai bien aimé dans l’ensemble, grâce à sa franche gourmandise et sa profondeur et malgré une fraicheur un peu trop marquée sur le nez, à mon goût.

Saint James 1885 – 45 %

Saint James 1885 – 45 %
Saint James 1885 – 45 % (Photo : Excellence Rhum)

En guise d’introduction, je vais envoie vers la page de ROW Spirits, qui a consacré un article à ce rhum mythique.

Richesse ! Dès le nez posé sur le verre et sans repos, multiples sont les arômes qui atteignent les narines. On aurait pu le penser très sombre mais tel n’est pas le cas. Pêle-mêle, il se dévoile sur des notes de noix, d’orange confite, de café, d’épices et aussi une franche facette végétale. Expressif et complexe, il invite à y passer du temps, ça tombe bien, c’est ce que je comptais faire. C’est sans attendre bien longtemps que cuir et fruits secs prennent la parole à leur tour. Puis cet ancêtre bifurque vers le balsamique, l’empyreumatique, quasiment fumé. Quelle concentration et quelle complexité ; je vais annuler mes plans de la journée, moi. Là où la plupart des rhums voient leur profil sombre accentué sur le deuxième nez, c’est la fraicheur qui monte ici d’un cran, le côté herbacé devenant partiellement médicinal. Si ce n’est cette évolution, l’impression globale ne varie pas tellement dans le temps.
Il livre une double impression frappante en bouche : une très jolie concentration aromatique et une texture très fine. L’alcool est d’ailleurs bien discret, ce qui permet de le garder longtemps sous le palais. La facette fumée ne comptait pas disparaitre de sitôt, alors que le café, les épices, la noix (qui donne un éclairage presque pâtissier sur ce rhum) et le côté végétal vaguement piquant sont là eux aussi. Dernière arrivée : la réglisse un peu amère.
La finale est relativement longue et dans une veine sombre, avec son lot de café, encore lui, de tannins légers un peu asséchants, de réglisse et puis cet air fumé qui prend son temps.

Il était temps que je déguste cette légende du rhum et que je vide mon échantillon. Une grosse concentration et un équilibre surprenant. J’ai été un peu déçu par la texture aqueuse, d’autant que je ne me rappelle pas avoir lu ça à son sujet. Quoi qu’il en soit, je ne regrette en rien cette expérience !

Voilà une célébration digne de ce nom !
Il se peut que je prolonge la fête avec quelques autres vieilleries martiniquaises dans les semaines et mois qui viennent, nous verrons 😉
C’est bien la première fois qu’on l’on remonte de deux siècles mais je m’étais déjà essayé à la dégustation de vieux millésimes, si ça vous intéresse, c’est par-là :
Millésimes 1979 en Martinique
Quelques oldies de Martinique
Trois légendes guadeloupéennes
Trois légendes martiniquaises

One thought on “Les rhums de l’homme à la poussette : 10 ans ! Madinina 1895 et Saint James 1885

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