Il est temps de passer à la seconde moitié de ma dégustation des rhums Rasta Morris. Je vous ai laissé il y a une semaine sur un grand rhum, voyons comment ceux de cette deuxième salve vont s’en sortir. Et au programme, trois Bielle (punaise !) et un Worthy Park de la Jamaïque. Allez, allez, on ne perd pas de temps !
Rasta Morris – The Tipsy Turtle – Bielle ambré (non premium) – 43%

Rasta Morris – The Tipsy Turtle – Bielle ambré (non premium) – 43%
Le premier nez est frais et agréable, principalement sur la canne, qui apparait plutôt gourmande. Elle est cependant vite rattrapée par l’impact des quelques mois passés en fût, avec des notes assez rondes de beurre et de vanille, ainsi qu’un peu de poivre. Le tout est équilibré et mesuré. Le rhum sur les parois du verre lui fait énormément gagner en intensité et change son profil assez nettement avec une mise en exergue du jus de canne et de sa fraicheur citronnée, y compris une certaine « amertume », ainsi qu’un léger poivre. Le fût se fait très discret mais émerge à nouveau doucement, les minutes passant. Pour un rhum ambré, ce nez est plutôt sympa ma foi.
En bouche, on retrouve bien la canne, sous sa facette végétale cette-fois mais qui se trouve un peu arrondie par le vieillissement (autant en arômes qu’en texture). Un peu de poivre, un peu de vanille et voilà ce que cette bouche a à offrir. Il est à noter que l’alcool – que je pensais trop faible – est bien dosé.
La finale est dominée par cette canne à sucre, qui manque malheureusement de rondeur à mon goût, et qui devient même un peu amère. Seules de discrètes notes épicées viennent nous rappeler qu’il ne s’agit pas d’un rhum blanc.
C’est clairement le nez de cette tortue pompette qui m’a le plus plu, mais je dois avouer n’être que rarement sensible au charme des élevés sous bois, pailles et autres ambrés.
Rasta Morris – Bielle 6 ans (2013-2019) – 55.7%

Rasta Morris – Bielle 6 ans (2013-2019) – 55.7%
Le premier nez est assez « calme » contrairement à ce que le degré alcoolique pouvait laisser présager. Il n’en demeure pas moins très agréable avec ses arômes de bois discret, de réglisse, de vanille, d’orange et de timide noix de coco. Il semble plus vieux que son âge mais pas de ces rhums très boisés, plutôt de ceux où les arômes s’associent et s’allient pour ne former qu’une trame principale (trame très sympathique). Il parvient à développer un profil généreux tout en gardant une fraicheur bienvenue. Le second nez « alourdit » légèrement l’impression générale tout en le rendant plus intense et on a déjà l’impression qu’il va envahir la bouche jusqu’à coller aux dents. Vanille, coco, réglisse, orange… Tout ceci marche très bien et donne sérieusement envie d’y tremper les lèvres !
En bouche, c’est exactement ça, il prend possession de chaque recoin, de chaque crevasse et de chaque relief, à vous en assécher les muqueuses – oui, c’est une bonne chose ! L’alcool porte parfaitement les arômes boisés, réglissés, vanillés et de sucre de canne (mais on perd un peu les fruits). Puis on navigue plutôt vers quelque chose de moins opulent et de plus frais et végétal.
La finale se fait de plus en plus végétale mais la vanille n’est pas loin et c’est ce couple qui vous tiendra compagnie un long moment.
Un nez énorme, une bouche explosive à la texture conquérante, puis une finale un peu trop végétale à mon goût. Nous sommes tout de même sur un beau rhum de Marie-Galante.
Rasta Morris – Bielle 13 ans (2006-2019) – 47.9%

Rasta Morris – Bielle 13 ans (2006-2019) – 47.9%
Le premier nez nous indique que les treize ans passés en fût lui ont donné la typicité Bielle, et c’est tant mieux. Plus de bois et de réglisse que sur le six ans et surtout un profil plus chaud, plus opulent et plus gourmand ; peut-être un peu moins de fraicheur et d’équilibre que son cadet, peut-être. Après avoir étaler le rhum dans le verre, c’est bien le bois et la réglisse (très anisée) qui gagnent encore en présence. Puis d’autres arômes émergent, avec le cacao, l’orange (très mûre) et le tabac. Décidément un profil très chaleureux, même si l’anis apporte de la fraicheur et évite de tomber sur un profil trop sombre. C’est très gourmand – d’autant que la noix apparait – et très Bielle.
En bouche, Bielle à 300% avec cet anis gourmand et frais dès l’attaque, bienvenue à Marie-Galante ! La texture est moins exceptionnelle que sur le 2013 mais l’intensité ne fait que monter pour totalement assiéger la bouche et l’alcool sert totalement cet objectif. Boisé, opulence et exotisme sont également de la partie, le tout saupoudré de vanille ; on a vraiment envie de le garder en bouche 😊
La finale est chaude, torréfiée et gourmande. On garde cependant la réglisse (ou l’anis c’est selon) et sa fraicheur, presque médicinale par moment. Elle dure et dure – on ne va pas s’en plaindre – et se fait légèrement asséchante sans que ce soit gênant le moins du monde.
Une très jolie sélection de Rasta Morris pour un Bielle pur jus (jeu de mot et tout) ! Je l’avoue, j’ai fini mon sample lors de la dégustation 😀 Du grand Bielle !
Rasta Morris – Jamaica (Worthy Park) 9 ans (2010-2019) – 64.4%

Rasta Morris – Jamaica (Worthy Park) 9 ans (2010-2019) – 64.4%
Au premier nez, ce sont la poire et la pomme qui nous sautent aux narines, on ressentirait presque la texture de cette poire, alors que la pomme se fait acidulée. Viennent ensuite les notes classiques des jamaïcains continentaux : solvant, banane (verte ici) et fraicheur très végétale. Des arômes épicés (muscade et vanille) apportent un peu de profondeur. Sur le second nez, il devient presque trop concentré sur des arômes végétaux légèrement piquants, sur le solvant, qui n’est plus tellement agréable et sur une pointe d’amande amère pas franchement gourmande. Il faut attendre un peu et faire l’effort de passer outre cette impression, afin d’aller chercher des notes pâtissières bien plus avenantes et bien plus à mon goût.
En bouche, on retrouve cette intensité mais (heureusement) elle se fait plus fruitée, pas fruits très mûrs, voire pourris, comme souvent en Jamaïque, mais plus verts ou juste mûrs. L’attaque est vraiment sympa, avec une explosion fruitée et même légèrement sucrée, puis reviennent en fin de bouche les notes qui me dérangeaient un peu sur le second nez.
La finale est interminable sur un mélange de solvant et de quelque chose d’empyreumatique. En tout cas n’essayez pas de déguster quoi que ce soit après ce Worthy Park, votre palais en serait bien incapable.
Un jamaïcain continental qui nous sort un peu des sempiternels Monymusk mais qui ne m’aura pas totalement séduit. Le nez est un peu en dents de scie et la finale pas très plaisir, cependant c’est sa bouche, cette bouche à l’attaque explosive et exotique qui fait sa force.

Rasta Morris – Line-up dégustation n°2
Voilà ! Un sacré tout d’horizon de ce que Rasta Morris sélectionne et met en bouteilles. Une gamme large et très variée, dont quelques perles. Il y en a aussi pour toutes les bourses, ça monte d’ailleurs très haut sur le Bielle de 13 ans.
En tout cas, ça y est j’en connais un peu plus sur cet embouteilleur belge (et vous aussi 😉 et ça me donne envie d’en apprendre encore d’avantage !
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