Les International Sugarcane Spirit Awards, vous connaissez ? Pas encore ? Peut-être avez-vous entendu l’épisode du Single Cast (podcast sur le rhum) qui en a traité. Quoi qu’il en soit, cet article va aborder cetrains points et en approfondir d’autres, si bien que vous vous apprétez à en savoir bien plus sur cet événement. Pour se faire, je suis allé trouver un des organisateurs majeurs – et président du jury – Cyrille Mald, pour lui poser quelques questions qui me trottaient dans la tête. Au programme : en quoi ce concours se distingue-t-il des autres ? A-t-il plus d’intérêt pour les producteurs ET les consommateurs ? Et puis quelques autres bricoles 🙂
Connaissant le naturel pour le moins bavard de Cyrille, je lui ai donné la claire indication, pour les cinq premières questions, de ne pas laisser libre cours à sa verve.
Alors, sans plus attendre, voyons ce que les International Sugarcane Spirit Awards nous réservent !
Qui est derrière ce concours ?
Le Rumfest Londres, le Rhumfest Paris, Rumporter et Rhum Intelligence (société organisatrice des ISS Awards), puis plein de personnes qui viennent en soutien, comme par exemple les syndicats de la cachaça et d’autres rhum fests (Berlin, Californie, Chicago, Miami, New York, Nordic, Hong Kong), dont certains sont d’ailleurs des supports vraiment très actifs.

Les International Sugarcane Spirits Awards – Les instigateurs
Quand a-t-il lieu ?
Tout se passe en cinq étapes : juillet – inscriptions des producteurs / aout – envoie des samples aux jurés / septembre – dégustation / octobre – résultats des finalistes et médailles d’or (vers la date théorique du RF Londres) / décembre – annonce de la Canne d’Or et des prix régionaux et prix spéciaux
Quelles sont les catégories ?
Il y en a vingt-deux mais je ne peux pas toutes les énumérer si ma réponse doit rester courte, aussi le mieux est d’aller voir sur le site (https://www.iss-awards.com/tasting-awards/#categories)
Combien de jurés ? Et combien de rhums à tester par juré sur septembre ?
Il y en a 36, qui sont désormais tous en ligne sur le site et qui répondent à la volonté d’une mixité géographique, culturelle, homme/femme (les femmes sont l’avenir du rhum), les nouvelles et anciennes générations,… Nous ne connaissons pas encore le nombre de rhums présentés étant donné que les inscriptions battent leur plein. Il est à noter cependant que chaque référence sera dégustée par 7 à 10 juges, et qu’ils auront 30 jours pour déguster au maximum 150 échantillons au confort de leur chez eux, dans des conditions optimales. En général, sur les autres concours, ils ne disposent que de 1 à 2 jours pour juger de 50 à 100 échantillons, parfois plus, et parfois en état de jet-lag. Cela représente un effort particulièrement conséquent, même pour les plus aguerris, et cela augmente considérablement les biais potentiels dans une analyse toute objective qu’elle soit. Nous y avons donc remédié.
*Et là mon fils rentre dans la pièce pour avoir un apéro… Non pas d’alcool bande de dégénérés ! Des chips, des olives et du saucisson :D*
Quand les résultats seront-ils consultables ?
Ils seront disponibles vers fin octobre, en même temps que la mise en ligne des profils/guides de consommation des rhums dégustés.
Comment s’est fait le choix des jurés (très bon choix par ailleurs !) ?
Cinq listes initiales ont été rédigées, dont une par Marc Battais, une par Cyrille Hugon et une par Ian Burrel. Puis il y a eu débat entre les différents organisateurs pour arriver à la liste finale, qui est résolument internationale et multiculturelle. Toutes les personnes sélectionnées ont immédiatement accepté, ce qui est assez incroyable. Par ailleurs, il y a eu énormément de candidatures spontanées une fois l’annonce du concours faite, environ le double de jurés de cette année ! Il y a eu un engouement fou.
Qu’ont les marques à gagner à participer à ce nouveau concours ?
Ce n’est pas seulement un concours de spiritueux de canne à sucre, certes il y a des gagnants et des médailles mais le site associé va vraiment servir de plan marketing global et offrira une bonne exposition – un guide de référence y compris avec les profils de dégustations – même pour ceux qui ne gagnent pas. Du coup, pour les gagnants, qui sont très peu nombreux comparativement à beaucoup d’autres concours, la visibilité sera encore bien supérieure (et tout ceci est bien sûr détaillé sur le site). Il y aura aussi des prix régionaux, le prix du meilleur rhum d’Amérique Latine par exemple.
Nous avons la volonté de pouvoir faire découvrir de nouvelles eaux-de-vie de canne, potentiellement sur de toutes petites productions. Il est justement à noter que sur les rhums hyper pointus rares/chers/de tout petit volume, est mis en place un régime spécial pour éviter de fournir trop d’exemplaires pour la dégustation (par exemple deux bouteilles de 50cl plutôt que quatre). Nous avons tenu à créer cette possibilité afin de ne pas décourager certains petits producteurs de participer ou à certaines cuvées d’exception d’être présentées.
La dimension culturelle est au cœur de notre démarche, avec cette volonté directrice de se tourner vers le monde entier, que ce soit par les produits présentés ou par les jurés. Dans l’idée, mais sans prétention, j’aime bien faire un parallèle avec le Festival de Cannes. Durant le Festival international du film, il n’est pas rare de découvrir un nouveau réalisateur ou une œuvre intimiste venant tout droit de Corée ou encore de Turquie. Et bien nous visons à pouvoir faire la même chose dans le rhum avec cette idée sous-jacente de promouvoir le rhum dans sa diversité, le tout dans un esprit de transmission et non une démarche mercantile.
*Les International Sugarcane Spirits Awards ou le Festival de (la) Canne du rhum* Ce jeu de mots est déposé !
On commence à beaucoup entendre parler du concours en lui-même mais lors de ton passage dans le Single Cast, tu avais évoqué d’autres choses « autour » du concours, de quoi s’agit-il ?
Depuis le départ notre volonté a été de ne pas créer un nième concours. Pour commencer, il s’agit du premier concours dématérialisé. Et le concours n’est que le premier étage de la fusée. Le deuxième étage de la fusée c’est ce site qui va de pair avec le concours. Il va y avoir un guide d’utilisation/dégustation pour le consommateur final, quel que soit son niveau, qui permettra de le conseiller, de l’aiguiller sur l’acquisition (ou non) et la dégustation d’un rhum. Chaque lecteur aura la possibilité de commenter la fiche/le profil issu de la dégustation des jurés et d’ajouter ses propres commentaires/notes de dégustations sur ce rhum. Ces différents commentaires seront eux-mêmes agrégés et présents sur la page. On aura donc l’avis des experts et celui des consommateurs. La base de données qui en résultera, qui sera évolutive et en constante amélioration, représentera une quantité d’information absolument gigantesque ! Nous cherchons en premier à promouvoir la culture des spiritueux à base de canne à sucre surement la plus riche et diversifiée du monde, il n’y a qu’à regarder la diversité des systèmes distillatoires !
Comment ce site se situe-t-il par rapport aux différentes applications/bases de données sur le rhum qu’on commence à voir apparaitre ?
L’idée est de créer notre propre base de données qui sera, pour une partie clairement identifiable, la plus pointue car générée depuis les avis de nos experts mondiaux reconnus. Par ailleurs, le but final étant la promotion des spiritueux de canne à sucre, en géneral et ce sans frontières, nous travaillons actuellement à l’agrégation d’autres sources de données, qu’elles soient locales ou internationales, professionnelles ou collaboratives, et ce sous des formes diverses.
Selon toi, quelle est la valeur, l’intérêt d’un tel concours pour le consommateur ?
Pour une fois, un concours est véritablement international et non « régional ». Traditionnellement ces concours se font avec des jurés issus d’une seule région du monde, du coup les résultats ne sont pas tournés vers le monde entier. Le concours des International Sugarcane Spirits Awards, dès le départ, et comme son nom l’indique, se veut international et s’en donne les moyens.
La fiche de chaque rhum va vraiment donner des éléments sur sa richesse et sa qualité, indépendamment de goûts des jurés. De plus, la notion du prix public local, une fois l’analyse organoleptique aveugle faite, pourra être prise en compte comme facteur de pondération ce qui permet d’introduire le rapport qualité/prix qui nous semble une dimension assez remarquable dans le résultat final, que ce soit pour les particuliers ou les professionnels.
De plus, comme je le disais plus haut, les lecteurs du site peuvent devenir eux-mêmes acteurs en apportant leurs propres impressions et commentaires, ce qui permettra vraiment d’affiner et d’enrichir ce guide d’utilisation du consommateur.
Merci Cyrille pour tes lumières et ton temps !
Pingback: Interview de Cyrille Mald : les International Sugarcane Spirit Awards — Les rhums de l’homme à la poussette | Mon site officiel / My official website
Pingback: Les dégustations : Plantation Single Casks 2020, les retardataires | Les rhums de l'homme à la poussette