Pas de Rhum Fest, pas de Whisky Live, pas de Salon Club Expert… Du coup les marques mettent en place de plus petits événements, la plupart en ligne. Bologne est passé entre les gouttes de COVID et a pu organiser une dégustation de bon nombre de leurs rhums à La Rhumerie, institution parisienne de l’accra et du ti’punch (et de plein d’autres trucs !).

Y étant convié, avec d’autres blogueurs et journalistes, me voilà donc au premier étage du restaurant (là où se sont tenus plusieurs dégustations des Rhum Fest Awards, comme celle-là) pour faire plus ample connaissance avec la plus ancienne distillerie de Guadeloupe (1887, année où la sucrerie est transformée en distillerie).
C’est en compagnie de Lydia Loimon, chef de produit des rhums Bologne et de Thomas Leclere, directeur général de la marque, que nous avons dégusté cinq rhums (dont une surprise) et que nous en avons appris un peu plus sur cette distillerie.

Je vais justement distiller (haha) certaines de ces informations – par exemple sur des nouveautés à venir – tout au long de cet article. Mais sachez déjà que non seulement Bologne se fournit en cannes uniquement sur ses plantations, plantations exploitées en agriculture raisonnée et même désormais partiellement bio, comme vous allez le voir avec le premier rhum dégusté.
A noter que les quatre premiers rhums dégustés étaient associés à des petites bouchées vraiment très bonnes mais surtout qui s’associaient très bien avec les rhums. Bien joué la cuisine de la Rhumerie !
Bologne Bio (canne jaune) – 45%

Il s’agit de la version développée pour la distribution en grande surface.
Premier nez sur une canne très végétale et reglissée, puis en l’aérant, on obtient un peu de fruits mais aussi des notes légèrement terreuses et de citron vert – autant zest que zist. Finalement un petit effluve floral ressort.
Bouche plus gourmande et sur la finesse. Assez « pleine » niveau arômes mais pas forcément niveau texture, plutôt sur la canne végétale sans être trop austère.
Finale très citron vert et canne.
Ce n’est pas mauvais mais ce n’est pas vraiment remarquable non plus. Pour des ti’punchs “légers”, ça doit faire le job.
L’huître pochée sabayon vanille était vraiment sympa et se mariait très bien avec ce rhum bio !
À venir une version parcellaire bio pour les cavistes, avec un degré au moins à 55%.

Bologne Black Cane batch 2019 – 50%

Je ne me suis jamais vraiment arrêté sur le Black Cane, ma première dégustation lors de sa sortie n’ayant pas été marquante. C’est sans doute une erreur de s’arrêter à une première impression, d’autant quand d’autres batchs sortent les années suivantes. Bref, voyons ce que cette récolte 2019 a à offrir.
Nez moins frais et moins végétal pour un résultat plus plaisant, plus capiteux mais aussi moins expressif ou en tout cas, qui saute moins aux narines. Les arômes (dont les fruits et le poivre) ressortent sur le second nez mais l’alcool aussi. De manière générale il est plus “sage” et moins frais à mon goût.
La bouche est plus soyeuse, voire visqueuse (ce qui est vraiment sympa) et également plus expressive, et tant mieux. Une vraie identité avec du fruit également. Ce n’est malgré tout pas une bombe aromatique.
Finale dans la continuité avec toujours une certaine timidité malgré tout.
Je n’avais jamais été très sensible aux charmes de cette canne noire, je revois un peu ma copie car même si elle pourrait être plus expressive, elle a une vraie identité (surtout en bouche).
Le cabillaud associé aux fruits exotiques a également bien fonctionné, entre autres de par le côté iodé.

Vous connaissez déjà La Coulisse, et bien un nouveau parcellaire va sortir en canne noire : La Batterie à 58,6% et 18 mois de repos.
Bologne VSOP – 42%

Ce rhum est un assemblage de rhum de 4 à 8 ans.
Premier nez boisé très gourmand puis rapidement vanille, épices douces et pointe végétale. Second plus vif et expressif avec la vanille qui ressort bien mais pas seulement, puisqu’on garde le boisé gourmand et qu’une certaine fraîcheur de la canne occupe une belle place.
Bouche douce et soyeuse, pas forcément au niveau du nez qui était plus prometteur, bien que l’on garde cette double origine aromatique : vesou et fût. Au final un peu moins gourmand qu’au nez.
La finale est moyennement longue mais plaisante avec le bois et les épices qui concluent.
Le cari mauricien aux gambas était bien trouvé car le rhum agissait comme un exhausteur de goût de la gambas, très intéressant, sans compter les épices qui se répondaient de l’assiette au verre.
Bologne XO – 42%

Ce rhum est un assemblage de rhum de 7 à 10 ans.
Au nez ce sont d’abord les fruits compotés et arômes pâtissiers qui m’ont sauté aux narines. Puis lorsque l’on décompose tout ça et qu’on y passe un peu plus de temps, on a un beau mélange de : fruits à coque, rancio, noyaux, torréfié, épices et orange confite. Vraiment sympa !
Bouche qui garde du peps pour un 42% et qui va dérouler bon nombre d’arômes détectés au nez, avec beaucoup d’épices. Il tient ses promesses.
La finale reste longue torréfiée et épicée.
Une belle surprise que ce Bologne XO, bien foutu.
La bouchée sucrée m’a moins enthousiasmé.
Des finishs vont voir le jour (par exemple Sauternes prochainement, mais des fûts de Porto, Bourbon et autres sont également arrivés à la distillerie).
Bologne 1887 – 52%

La voilà la surprise ! Enfin une demi surprise puisque j’avais vu la bouteille à Quintessence quelques jours plus tôt. J’avais décidé de faire l’impasse sur le salon, sachant que j’allais passer cette soirée privilégiée 🙂
Il est le fruit d’un assemblage des millésimes 2001, 2003 et 2009.
Le nez se caractérise par une grosse expressivité et une grande fraîcheur. On retrouve certaines facettes du XO mais avec plus de complexité et d’intensité : rancio, fruits à coque, orange fraîche et confite, vanille, pâtisserie, léger champignon, fruits au sirop (pèche et abricot) et toujours cette intense fraicheur.
La bouche garde cette association de grande vivacité et de gourmandise. Sucrosité en attaque et puissance vraiment bien dosée. A un moment donné, il a fait resurgir un arôme d’orangette des tréfonds de ma mémoire olfactive.
Sur la finale, la fraîcheur retombe et c’est le torréfié, le caramel, la vanille et les épices douces qui dominent, cannelle et cardamome, même peut-être un peu trop, ce qui est pour moi le seul tout petit bémol sur ce rhum vraiment très réussi et simplement très bon.
Bologne à la Rhumerie – Bologne Le Distillat – 75.5%

Juste un mot très rapide sur le Distillat (le brut de colonne de chez Bologne) car je ne l’ai dégusté que sur le départ, très rapidement. Contrairement à ce que j’ai entendu très récemment, l’alcool (75.5% tout de même) m’a paru bien intégré une fois prises les précautions d’usage face à ce genre de bête. Ce qui me restera se sont une bouche et une texture assez incroyables.
Voilà de quoi conclure une super soirée, passée en bonne compagnie, à déguster de bons rhums. On serait bien resté plus longtemps mais couvre-feu oblige, le départ fut un peu précipité (pour moi qui suis lent à déguster ^^)…