13 bourbons dégustés à l’aveugle

Le bourbon est loin de faire partie des spiritueux que je connais le mieux, c’est le moins qu’on puisse dire. J’ai la théorie, certes, mais je manque cruellement de pratique. Du coup, quand Benoit Bail-Danel, grand fan de ce spiritueux américain, m’a très gentiment envoyé un bon paquet d’échantillons, je me suis dit que c’était justement l’occasion de découvrir plusieurs profils.
Avant de me lancer dans cet exercice, j’ai quand même séparé les fioles en deux groupes en fonction de leur degré, avec un seuil à 50%, ce qui nous donne un groupe de 6 bourbons à moins de 50% et 7 autres à “haut degré” – ouais quand même.

Première série : ABV<50%

13 bourbons dégustés à l’aveugle – premier line-up (la photo ne correspond pas tout à fait aux échantillons dégustés – photo : Benoit Bail-Danel)

Weller Special Reserve – 45%
Nez : alcool assez présent, mélange coco, banane et vanille ; très fidèle à l’idée que je me fais d’un bourbon
Bouche : alcool confirme sa puissance, on ne peut pas le garder trop longtemps en bouche. Plus épicé avec un petit passage carton
Finale : plutôt agréable et longue sur ce boisé neuf américain typique
Impression générale moyenne d’un bourbon qui me semble être d’entrée de gamme

Weller 12 years – 45%
Nez : l’alcool semble bien intégré. On retrouve notre trio coco, banane et vanille mais on y ajoute de la pomme et un peu d’amande torréfiée. Petit côté bonbon arlequin mais timide
Bouche : alcool bien confirmé. Sur celui-ci aussi c’est plus épicé et boisé qu’au nez
Finale : plus chaud et tout aussi long que le précédent, sur un boisé plus tannique et un peu de tabac
Bonne impression générale avec plus de complexité alliée à la gourmandise

Legent – 47%
Nez : assez différent des deux précédents : dominante de cacahouète, à laquelle se greffent la vanille et une discrète noisette
Bouche : on garde partiellement ce profil atypique, avec en plus et « comme d’habitude » les épices qui arrivent
Finale : longue et plus classique même si les épices restent au côté du bois
Rien de loupé mais il est un peu trop simple

Maker’s Mark 46 – 46%
Nez : ça démarre bien, avec une certaine chaleur gourmande (voire légèrement torréfiée). On retrouve notre coco et notre vanille qui donnent un côté très moelleux mais surnage un voile passager d’herbes aromatiques
Bouche : il perd un peu, et même s’il développe les habituelles épices, il manque de profondeur et de corps (un peu aqueux même)
Finale : il garde une certaine intensité un moment, avec de virer sur un boisé légèrement asséchant, qui est secondé par une touche de noix
Le nez est réussi, la bouche loupée et la finale ok. Bon, c’est moyen quoi.

Buffalo Trace – 40%
Nez : l’alcool est un peu trop présent, et on s’éloigne de nos repères avec de la cire et le bonbon anglais. Viennent ensuite la vanille, le tabac, une noix de coco assez discrète et une pincée de poivre
Bouche : la bouche est moins vive que prévu niveau alcool, malheureusement, il en est un peu de même des arômes, la fin de bouche est cependant agréable avec une bouffée de gourmandise
Finale : cette gourmandise perdure et c’est tant mieux ; des accents pâtissiers et un boisé/tabac qui fonctionne bien
Encore une expérience en montagnes russes mais la moyenne est supérieure au précédent

Larceny 92 Proof – 46%
Nez : pas le plus expressif, on retrouve notre équipe boisé, vanille et coco mais assez timides et vient s’y ajouter un quelque chose de pruneau et une pincée d’épices douces
Bouche : assez équilibré (même si toujours un peu réservé) et moins épicé que la plupart des autres, l’alcool est mesuré et ce bourbon se fait sec
Finale : ce côté sec – et un peu tannique – se confirme et on retrouve notre bois, le coco et un peu de tabac en rétro-olfaction
Pas de défaut majeur mais un manque d’intensité et de gourmandise de manière générale

Deuxième série : ABV>50%

13 bourbons dégustés à l’aveugle – deuxième line-up (la photo ne correspond pas tout à fait non plus – photo : Benoit Bail-Danel)

Wild Turkey Rare Breed – 54,1% (version 2011)
Nez : concentré et sombre avec du tabac et un côté terreux. Le fût carbonisé se fait sentir. Coco et vanille seulement au second plan.
Bouche : alcool bien dosé et arômes principalement gourmands où la facette plus noire tend à disparaitre.
Finale : c’est le fût US : coco, vanille (et un peu de tabac qui revient) qui marque le palais un moment.
Assez complet et gourmand, il fonctionne bien et n’a pas de défaut

Wild Turkey Rare Breed – 58,4% (version 2018)
Nez : moins concentré et plus léger que le précédent, avec un bois neuf très présent. Coco grillé, vanille, cacao et un peu de noisette.
Bouche : une certaine acidité surprenante sur l’attaque puis un peu d’astringence sur des notes classiques du bourbon – alcool ok
Finale : on garde cette trame aromatique, avec l’amertume qui – malheureusement – perdure
Le nez est bien mais l’amertume est trop présente ensuite.

Uncle Nearest 1856 – 50%
Nez : Pâtissier, fruits à coque et à nouveau pointe terreuse, qui casse un peu la gourmandise mais qui va progressivement disparaitre
Bouche : un peu plus timide que les deux précédents et l’alcool est discret. Équilibré mais pas assez expressif
Finale : très coco grillé et vanille, non sans faire penser à un rhum du Belize
Classique mais sans identité.

Booker’s – 63,20% (Batch #2 2020-01E)
Nez : double nature ; avec la gourmandise habituelle du fût US mais aussi une facette végétale assez vive (qui décroit avec du repos) ; l’alcool l’est aussi, vif. Quelque chose me dérange un peu dans ce nez.
Bouche : on retrouve cette dualité en bouche et ça ne fonctionne pas très bien ; confirmation de l’alcool trop fort
Finale : décidément on garde cette impression jusqu’à la finale, même si elle tend à devenir plus classique
Pas mon truc celui-ci

Stagg JR. – 63,95% (version automne 2018)
Nez : je trouve ce nez foiré ; bien que la noix de coco soit de la partie, il y a quelque chose d’organique qui est désagréable.
Bouche : texture pas désagréable et un quelque chose de rhum brut de fût de chez Foursquare
Finale : classique mais qui reste intense un bon moment, sympa
Ça commençait bien plus mal que cela ne finit

Maker’s Mark Cask Strength – 55,75%
Nez : arômes plus doux et veloutés, avec beaucoup de vanille et quelques fruits à coque pour un profil assez léger et fun comparativement aux autres.
Bouche : on reste sur cette idée et on l’aimerait un peu plus intense
Finale : la noix de coco est hyper présente en rétro-olfaction ; elle est accompagnée de tabac et de boisé pour une finale agréable
Plutôt réussi dans l’ensemble mais les arômes ne sont pas assez marqués en bouche

Jack Daniel’s Barrel Strength – 64,5%
Nez : le bonbon anglais et la banane sont portés par un alcool puissant.
Bouche : ces deux arômes – avec un avantage à la banane – dominent tout à fait, même bien trop. L’alcool assèche un peu la bouche
Finale : la banane va progressivement disparaitre au profit du boisé et du coco grillé
Il n’y a que la finale qui m’ait plus, la banane étant vraiment trop présente sur le reste de la dégustation.

Voilà donc le résultat des courses :

Classement

1) Weller 12 years – 45%
2) Wild Turkey Rare Breed (version 2011) – 54,1%
3) Maker’s Mark Cask Strength – 55,75%
4) Uncle Nearest 1856 – 50%
5) Buffalo Trace – 40%
6) Maker’s Mark 46 – 46%
7) Legent – 47%
8) Stagg JR. – 63,95%
9) Larceny 92 Proof – 46%
10) Weller Special Reserve – 45%
11) Wild Turkey Rare Breed (version 2018) – 58,4%
12) Booker’s – 63,20%
13) Jack Daniel’s Barrel Strength – 64,5%

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