L’Habitation Saint Etienne – HSE pour les intimes – nous revient avec trois nouveautés (sorties fin 2023). Le Parcellaire 2016 continue son bonhomme de chemin et prend des années (le blanc, l’élevé sous bois). Les rhums vieux issus de fûts au travail de chauffe particulier s’enchainent avec un Brume Cuivrée (même type de chauffe que sur le HSE Confrérie du Rhum). Une nouvelle finition en ex-fût de whisky tourbé (de chez Kichoman et ce n’était pas le premier, la preuve) nous apporte ses notes empyreumatiques.
HSE VO Parcellaire #1 2016 – 45 %

La canne a disparu. C’est bien le fût qui a aromatiquement pris le relais. Il se déploie sur des arômes de vanille, de fruits confits et d’un boisé tendre, légèrement épicé et pâtissier. Le second nez accentue l’impression épicée et augmente naturellement l’intensité générale.
L’attaque est très facile, tant les degrés sont bien dosés. On retrouve presque exactement les acteurs qui s’étaient manifestés sur le nez. Le garder en bouche – ce qui est pleinement possible – permet d’en apprécier la gourmandise.
La finale démarre par une grosse bouffée pâtissière du plus bel effet, qui va progressivement être rejointe et même supplantée par les épices, muscade en tête.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas dégusté un 3 ans d’âge aussi agréable. Simple et gourmand à la fois, une réussite.
HSE Brume Cuivrée 2013 – 52.7 %

Le bois s’est ramassé, jusqu’à se transformer en une mixture concentrée et profonde, sans tomber dans un excès de noirceur ou d’amertume pour autant. Des fruits rôtis et caramélisés, voire confiturés, se joignent à ce nez chaleureux et légèrement ciré. Une pincée d’épices complète ce profil. Avec l’aération et en recouvrant la paroi interne du verre, le rhum se fait plus sombre, avec l’apparition de notes de tabac et de boisé fortement bousiné. Il perd alors un peu en gourmandise. Le repos replace le rhum sur cet axe boisé confit et fruité, comme si le bois s’était imprégné des jus de fruits bien mûrs. Les accents de tabac et d’épices ne sont pas bien loin.
La bouche est saisissante, d’abord par les arômes, mais aussi un peu par la puissance. La concentration est remarquable et très réussie. On retrouve cette sensation de bois gorgé de sucs de fruits presque trop mûrs et saupoudrés d’épices.
La finale est très longue et c’est le boisé (légèrement mouillé au bout d’un temps) qui la domine avec une cannelle qui joue les prolongations.
Une bête de concentration qui m’a beaucoup plu au nez et en bouche, mais moins sur la finale.
HSE The Beauty and the Beast 2017 (Kilchoman Cask Finish) – 50.1 %

La tourbe ne saute pas aux narines, mais des effluves empyreumatiques et grillés se distinguent. Il allie une gourmandise caramélisée, vanillée et fruitée à une certaine droiture, à côté sec. Avec repos et aération, la tourbe se manifeste et l’ensemble n’est pas sans faire penser à un Caroni. Les minutes passant, ce parallèle avec les rhums de la distillerie disparue demeure, sans se renforcer pour autant.
En revanche, dès l’attaque, on sort de ce registre et on reconnait la tourbe. C’est ce côté sec qui marque d’abord la bouche, avant que la rondeur – mesurée – ne refasse surface, ainsi que la nature agricole de ce rhum. Il offre également des notes de chocolat très cacaoté et un petit quelque chose de médicinal.
La finale, comme prévu, est longue. La tourbe a quasiment disparu, mais a laissé dans son sillage des notes de cuir et de tabac. La vanille enrobe l’ensemble et la touche médicinale, qui dévie presque sur une pente savonneuse (dans les deux sens du terme), ne compte pas laisser sa place, si petite soit-elle.
Une intéressante union entre rhum agricole et whisky tourbé, à la personnalité forte, qualités et défauts compris. Elle accouche d’ailleurs d’un rhum non AOC, car trop éloigné du cahier des charges.
C’est tout pour aujourd’hui, mais il se peut que je vous parle prochainement de trois autres rhums issus des chais de HSE, sélectionnés par les magasins V&B (si j’arrive à mettre la main sur les samples ^^).









