Et de 5 ! Cela fait 5 années de suite que je vais prendre du bon temps au Rhum Fest Paris et que je vous en fais le récit. Et quand je dis “prendre du bon temps”, tout est relatif, comme vous vous en apercevrez plus tard.
Pour la première fois cette année, j’y suis allé sur les trois jours de salon, et comme vous le verrez également, ça n’aura pas été de trop ! Quatre halls intégralement dédiés à la présentation et dégustation de rhums… Non ces trois jours n’auront vraiment pas été de trop 😀

Le nouveau design du verre Rhum Fest de cette année
Un petit mot sur les quelques jours qui ont précédé l’événement, avec ma participation en tant que jury aux phases finales des Rhum Fest Awards, concours durant lequel des centaines de rhums sont dégustés à l’aveugle sur un total de 5 journées et où les médailles sont remises le premier jour du Rhum Fest. Ces phases finales se déroulent sur deux jours (les mercredi et jeudi précédant le salon) ; deux jours intenses en dégustations, en belles rencontres, en météo changeante, en fous rires, en liqueurs, en recadrages et… en rhums !
Je ne vais pas plus vous ennuyer avec ça, ce n’est pas l’objet de cet article, nous sommes là pour parler Rhum Fest ! Et parler Rhum Fest, ça veut dire quoi ? Eh bien, naturellement, cela signifie dégustations de moult rhums mais aussi, échanges avec des producteurs (et plus généralement professionnels du secteur) et – comme je vous le disais l’année dernière – de bons moments échangés avec les potes de rhums (même si ça sonne un peu pochtron :D).
Je vais débuter par cette partie, car au final c’est la plus importante.
Cette famille du Rhum, qui ne cesse de s’agrandir au fil des événements et des réunions. Une famille qui a des branches dans toutes les régions de France (et même du monde), dont certains membres sont plus ou moins proches : nous avons des frères et sœurs, des oncles et tantes, et des petits cousins, mais tous sont attachés à ce qui les rapprochent, le rhum bien sûr, sous toutes ses facettes, mais plus généralement l’amour des bonnes choses et le plaisir du partage. Alors que j’écris ces lignes, je dois avouer avoir un petit pincement au cœur à l’idée que ce Rhum Fest vient de s’achever. Ma gueule de bois n’est pas due à l’alcool et elle n’ira pas mieux demain matin. Ma famille du Rhum est à nouveau éclatée en attente de la prochaine réunion, mais heureusement, nous gardons des liens – si éloignés et numériques soient-ils – afin de ne pas perdre le contact. Alors à bientôt la famille, vous me manquez déjà !
Ce moment larme à l’œil étant passé, nous allons aborder le sujet qui vous intéresse tous : k’est’que c’était que y’avait-y à boire ?
Vous me connaissez, j’essaye toujours de commencer par les rhums blancs pur jus. Je ne m’en suis pas mal tiré cette année, en passant presque l’intégralité du samedi à me concentrer sur ces rhums non-vieillis (et encore j’en ai loupé ce premier jour !). J’en aurai dégusté pas loin de 20 sur les trois jours, heureusement pour vous et votre digestion de rhum blanc, autant que de mes articles, je ne vais pas tous vous les coller dans cette première partie.

HSE – Canne d’Or
Mais débutons par mon premier rhum de ce Rhum Fest 2018, le HSE blanc mono-cépage et parcellaire Canne d’or, qui est à 55%. Pour l’instant seulement disponible en Martinique en format 1.5 litre, il devrait arriver en métropole à la rentrée en bouteille de 70cl. Merci à Cyril pour la dégustation en avant-première, peu de temps avant que le salon n’ouvre (et ouais j’ai pu rentrer un peu en avance pour une raison bien particulière, que vous découvrirez en temps utile ;)).
Un nez riche, frais et expressif sur une association canne et citron vert, allié à un léger côté végétal, voire terreux, qui ressort un peu avec du repos mais sans qu’il ne devienne trop présent.
On garde en bouche cette association entre les stars canne à sucre et citron vert pour un duo gourmand (non dénué d’une certaine sucrosité) et explosif.
La finale reste vive un bon moment et devient plus végétale au fil des minutes.
Eh bien, je n’ai pas commencé par le plus mauvais, je ne me plains pas ; une bien belle entrée en matière !

A1710 – Renaissance
Je me suis ensuite dirigé vers le stand d’une distillerie qui, depuis sa récente création, est l’objet de polémiques : A1710. Si vous voulez en savoir plus sur cette dernière-née martiniquaise, vous en ai déjà parlé dans cet article. Ce n’est pas une nouveauté, ni même deux et encore moins trois, mais bien quatre nouveautés qui étaient disponibles sur le stand. J’ai suivi l’ordre préconisé pour la dégustation de ces rhums pur jus et ai donc débuté par le Renaissance. Ce rhum, alors en version non finale était en dégustation “sous la table” lors du Rhum Fest 2017 et il ne m’avait pas fait forte impression.
Son nez est sur une canne expressive, un côté marin (plus que salin), quelques discrètes notes poivrées et florales. Avec du repos les agrumes font leur apparition. C’est un profil sur la finesse et la complexité.
La bouche reste sur cette finesse et n’offre pas d’explosion. Les notes florales gagnent du poil de la bête, ainsi qu’une pointe salée.
On garde ces deux derniers éléments, qui vont nous accompagner un bon moment, alors qu’une canne végétale se joint à la fête.
Un rhum pas désagréable et non dénué de finesse mais qui n’aura pas étanché ma soif de gourmandise pour autant.

A1710 – La Perle Rare canne rouge et canne bleue
Passons maintenant aux deux bio de la marque. Le peu de retour que j’avais eu jusqu’alors étaient, dans l’ensemble, positifs ; j’étais donc assez impatient de voir ce qu’il en était. Pour information, la durée de fermentation dure de 5 à 6 jours et la distillation se fait sur un alambic avec une petite colonne à la sortie.
J’ai commencé par le canne bleue. Je ne vais pas faire durer le suspense, le premier nez m’a impressionné. Il est très expressif à peine versé dans le verre et la canne est conquérante. Les agrumes arrivent tout de suite derrière, ainsi que la banane et une légère salinité. Il y a quelque chose d’autre que je n’ai pas réussi à identifier, ni positif, ni négatif… L’ensemble est très frais.
La bouche est grasse, sucrée, avec une canne explosive. Le degré d’alcool est parfaitement mesuré. Vraiment pas mal et toujours très frais.
La finale, très longue, se fait plus sèche, sur le citron et la canne, ainsi qu’une discrète salinité là encore.
C’est franchement bon !
La canne rouge maintenant, qui se fait encore plus riche au nez. Ce rhum est à la fois expressif, gourmand, frais et organique (non sans rappeler les clairins).
La bouche est puissante sur une canne gourmande et sucrée. Elle est plus fruitée que celle de la canne bleue et tout aussi fraiche. Equilibrée.
La finale est très très longue. Elle se fait plus végétale et c’est seulement à ce moment qu’un côté salin apparait.
Ben ça aussi c’est franchement bon !
Voilà deux rhums qui m’ont positivement marqué ! Et je me suis dit “Mais où est la moule d’Espagne ?”. Ben pas là 🙂 Mais pas loin non plus, comme on va le voir sur le prochain rhum à être dégusté 😉
En effet, cette année était également présenté en avant-première par A1710 un brut d’alambic (ou presque, avec si je me souviens bien, une toute petite réduction qui le fait arriver à 66%) de cannes issues d’une parcelle utilisée pour la Perle classique. Et en effet, selon moi, on retrouve bien La Perle au nez, mais en moins marin tout de même, alors que l’alcool ne choque pas et porte des arômes végétaux, gras et de canne.
En bouche, il se fait puissant mais sans brûler. L’entrée de bouche est très expressive sur une canne légèrement sucrée. Il devient ensuite plus sec et assèche même un peu.
La finale est longue et la canne végétale devient marine et légèrement cuivrée.
Le verre vide dégage une odeur de rochers couverts d’algues à marée basse en Bretagne sud 😉
Moins emballé que par les bios mais gardons à l’esprit que cette version n’est pas définitive et bénéficiera sans doute de plus de repos avant commercialisation.

La Favorite – Rivière Bel’air récolte 2017
Restons un peu en Martinique avec le Rivière Bel’air de la Favorite, en version 2017. Ce canne rouge avait reçu beaucoup d’éloges sur son millésime précédent.
Au nez, le 2017 m’a semblé plus sec que son grand frère. Il se fait très frais sur la canne et le citron vert, alors que des notes végétales et légèrement poivrées lui apportent plus de profondeur. Moins gourmand mais plus complexe que le 2016 je dirais.
L’alcool est très bien dosé et une impression sucrée, ainsi que la canne lui apportent plus de gourmandise. Le poivre et le citron vert sont toujours de la partie.
On garde sur la finale les notes de canne végétales, le citron vert et cette sensation sucrée.
C’est réussi et finalement pas si proche que ça du 2016, contrairement à mon impression lors du salon Dugas.

L’Esprit – Brut de colonne Martinique (à droite)
En parlant de La Favorite, égarons nous un bref moment chez L’Esprit (embouteilleur indépendant breton dont je vous parlais par exemple dans cet article et dans celui-ci) qui nous a habitué à sortir depuis quelques années des rhums très qualitatifs, dont certains resterons longtemps dans l’esprit de plusieurs d’entre nous (Blackrock, Travellers, Caroni…). Et bien cette année, ils nous proposent cinq nouveautés dont trois blancs brut de colonne/d’alambic ! Le premier d’entre aux dont nous allons parler nous vient donc de Martinique et plus précisément de chez la Favorite.
Avec ses 73% au compteur, il est fort, frais et expressif. Il se caractérise par des arômes de canne, de citron vert, de fruits exotiques ainsi que des notes légères de poivre.
En bouche, vous vous en doutez, il faudra être prudent étant donné la puissance de la bête. Bien sûr il chauffe un peu mais sa relative douceur et sa canne gourmande le rendent très agréable.
Longue est la finale sur la fraicheur du citron vert et des notes de canne florale.
Une sacrée expérience que ce brut de colonne !

Neisson 52.5 – classique et bio
Dernière étape martiniquaise chez l’autre petite distillerie de l’île : Neisson.
J’ai eu envie de faire une comparaison (un peu rapide je dois avouer) entre le 52.5% classique et le bio.
Le premier est toujours aussi bon et pas si simple que ça mais tout de même gourmand et très canne.
Le bio, lui, est plus intense et plus expressif, avec aussi un côté plus “brut”, avec entre autre des notes végétales à tendance terreuse.
Deux rhums très différents au final, les deux ayant des qualités certaines !
Rendons-nous maintenant à environ 190km de là, en Guadeloupe pour déguster deux nouveautés.
On démarre par Bologne avec une cuvée parcellaire du Black Cane, proposée à 60%. Je n’ai malheureusement pas pu prendre de photo, le staff de Bologne m’indiquant que ce rhum (ou au moins son étiquette) n’était pas final ; tant pis.
J’ai, malheureusement pour moi, retrouvé un nez très proche du Black Cane classique sur une canne très florale, qui est quelque chose qui ne me plait pas tellement.
La bouche, légèrement sucrée, se fait moins florale, ce qui m’a plu et c’est cette étape de la dégustation qui m’a le plus emballé.
En effet, la finale signe le retour des notes florales 😦
Ce n’est pas cette nouvelle version qui m’amènera vers la canne noire, tant pis.

Longueteau – Parcellaire n°1 récolte 2017
Il est temps d’aller prendre des nouvelles de la distillerie, qui pour moi (et je ne suis pas le seul), a à son catalogue les meilleurs rhums blancs de Guadeloupe : Longueteau.
Une relative nouveauté avec le parcellaire n°1 nouveau batch. Il s’agit de la récolte 2017 qui a bénéficié d’un an de repos/brassage avant d’être mis en bouteille.
A peine versé dans le verre, on retrouve le profil de son ainé. Il évolue beaucoup et va développer des notes plus florales, avant de revenir sur la canne.
La bouche est très agréable et explosive. On retrouve beaucoup de canne gourmande pour mon plus grand plaisir.
La finale diffère encore du reste de la dégustation, se faisant plus sèche et plus végétale.
Au final, nous avons un bon rhum blanc pur jus de canne (particulièrement en bouche) mais qui m’a semblé dans l’ensemble (même si c’est dur à dire sans comparaison face to face) un peu en dessous de la récolte 2016.
Finissons ce premier article consacré aux rhums blancs pur jus de canne de Martinique et de Guadeloupe avec deux “créations” un peu particulières 😉
Le première des deux nous vient d’un embouteilleur indépendant dont je vous ai parlé plusieurs fois, et qui continue de se livrer à ses expériences de “savant fou” en testant plein de choses super intéressantes ! Ferroni – puisque c’est bien de lui dont il s’agit – nous proposait cette année le Old Manada en version non vieillie (ainsi que celle qui est restée en fût pendant 8 mois, sur laquelle nous reviendrons plus tard). Il s’agit d’une ancienne marque de Marseille que Ferroni a ressuscité, de la manière la plus proche possible de l’original (y compris ses 47%). Il s’agit d’un rhum blanc pur jus de canne, blend de Martinique et de Guadeloupe, avec l’adjonction d’un sirop de sucre maison, qui amène le rhum à environ 5g de sucre par litre (saluons au passage l’habituelle transparence chez Ferroni !).
Son profil est intéressant et agréable, typique pur jus avec ses accents de canne, d’agrumes et ses notes végétales (la finale se fait même un peu florale). Quant au sucre, on le sent un peu, mais sincèrement on me l’aurait servi sans me parler du sirop, je ne l’aurais sans doute pas deviné.

Rhums de Ced marais salants – 100% pur jus, fraise basilic, ananas victoria
La seconde de ces “inventions” est le fruit du travail d’un autre expérimenteur français, qui lui aussi aime tester plein de choses pour notre plus grand plaisir ! Ce jeune homme (oui quand on est né en 1979, on est jeune !) de Loire Atlantique est évidemment connu pour ses rhums arrangés aux produits triés sur le volet. Il pousse son artisanat jusqu’à travailler des vieillissements, à associer des rhums de différentes provenances et à sourcer les meilleurs fruits de saison et herbes aromatiques afin de réaliser les meilleurs rhums arrangés ! Et il ne s’arrête pas là avec ses punchs, spiced rhum, arrangés bio et autres mix bières et ti’punch…
Sa dernière idée : travailler à l’élaboration d’un rhum 100% pur jus de canne (venant de Guadeloupe et de Martinique), ayant passé plusieurs semaines dans les marais salants près de chez lui (vous vous souvenez les fameux point G ?!).
Que va-t-il en faire ? Seul son esprit débordant d’idées le sait 😉 Mais pour y avoir goûter, je suis impatient de savoir ce qu’il nous prépare !
Ça en fait du jus de canne ! Et si je vous dit qu’il en reste encore beaucoup à passer en revue ! Et après il y aura les blancs de mélasse, bref, vous allez en bouf… heu, en boire du rhum blanc 😉
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