Vous en voulez encore ? En voilà !
Avant de nous lancer dans le vif du sujet, je tiens à remercier tous les amateurs de rhums qui m’ont envoyé des échantillons, sans lesquels je n’aurais jamais pu vous proposer tout ça. Merci à vous ! 🙂
Ça, c’est dit, et maintenant il nous en reste quelques-uns à passer en revue. Nous allons débuter aujourd’hui par LE rhum que je ne pensais pas pouvoir obtenir pour faire cet article, mais c’était sans compter sur un confrère, qui a ouvert sa bouteille pour l’occasion ! 🙂

J.M 1998 (10 ans) – crédit photo : Référence rhum
Il s’agit du JM 10 ans.
Au nez, l’alcool est présent mais sans gêner, il aide en intensité et apporte du relief. On distingue, dès la mise dans le verre des notes boisées (pas trop marquées), de fruits secs, d’orange mais aussi de vanille et de cacao. Avec un peu de repos, le profil devient encore plus « chaud » et l’on y appréciera l’apparition d’arômes de fruits à coque. Le pruneau prend un peu d’ampleur et une touche de poire se fait sentir. Bon, ce nez me plait vraiment beaucoup ! L’alcool équilibre parfaitement les notes chaleureuses ; la complexité et la gourmandise sont au rendez-vous… Que demander de plus ?
En bouche, là aussi l’alcool est très bien dosé. Bois, fruits secs, vanille… Le tout est « énergique » et vif et offre une très belle présence. Rien d’exceptionnel ou de complexe, mais une belle continuité du nez.
La finale longue, principalement boisée, est très fraiche. Après quelques instants, la réglisse apparait (et pas qu’un peu) aux côtés du fût. Alors que la fraicheur s’estompe, des notes de tabac apparaissent également. Avec du repos supplémentaire dans le verre, la fraicheur est moins intense et « jure » moins avec le reste de la dégustation. Et enfin, une légère touche de bois mouillé ? Peut-être.
En voilà une bonne surprise ; non pas que je m’attendais à ce qu’il soit mauvais mais il est vraiment très bon. Le nez est super, la bouche très agréable et la finale longue (même si très boisée/réglissée et du coup un peu en retrait, qualitativement parlant). Meilleur que la version 15 ans ? Oui, sans aucun doute !
Nous allons enchainer sur une maison qui propose, elle aussi, plusieurs millésimes 1998, de différents âges (et contenances). HSE, puisque c’est d’eux dont il s’agit, a sorti une bouteille en 70cl, avant de commercialiser, quelques années plus tard, une version plus vielle en bouteille de 50cl. Et enfin, ils viennent tout juste de mettre sur le marché une nouvelle version, âgée de 18 ans (a priori), toujours en 50cl. Je tiens à m’excuser mais n’ayant pu déguster ce dernier, je ne pourrai donc pas vous en parler (mais qui sait, d’ici quelques mois j’y arriverai peut-être et vous le ferai savoir :)).

HSE 1998 (10 ans) – 70cl
Faisons les choses dans l’ordre, et débutons donc par l’expression la plus jeune de ce millésime et sa bouteille de 70cl.
Au nez, c’est super agréable ; gourmand et vif. Le boisé est très présent, et n’est que partiellement celui de HSE (que je retrouve bien plus aisément sur la gamme des finitions du monde, sans parler du VSOP). Les arômes proposés – en plus du bois – sont ceux des fruits secs (pruneau), des fruits à coque, de torréfaction (cacao), d’épices, de tabac (qui prend de l’ampleur avec l’aération) et comme un quelque chose d’eau de vie. Ce nez est chaud, engageant et entêtant, en sacrément joli boulot !
En bouche, c’est très bien équilibré, que ce soit en ce qui concerne l’alcool ou les arômes. Sa palette allie bois, épices et fruits secs, toujours sur un profil chaleureux. La fin de bouche est particulièrement agréable (mais par définition éphémère) alors qu’un savoureux mélange de notes se créé lorsque s’opère un chassé-croisé d’arômes.
La finale est longue (et c’est tant mieux ^^). On y retrouve l’influence du fût, qui passe par différents stades, en commençant par le boisé HSE, que je qualifie de « blanc » ou de « frais », puis qui va rapidement évoluer vers quelque chose de plus prenant et de plus tannique. C’est ensuite le tabac et le pruneau qui vous guident pendant de longues minutes jusqu’au dénouement.
C’est très très bon ; le meilleur de la sélection jusque-là ?
Mais attention il en reste encore deux à déguster, dont le même mais avec un vieillissement prolongé (et un brut de fût atypique pour finir).

HSE 1998 (14ans) – 50 cl
Justement, penchons-nous sur ce même millésime 1998 mais qui a passé quatre ans de plus en fût.
Ce rhum gagne à rester à quelques centimètres du nez, afin de détecter des arômes, qui sinon, sont écrasés par le boisé. Les fruits à coque, le caramel, le tabac, les épices douces, une touche de pomme et bien sûr, même éloigné du verre, le fût. Ce dernier ne rappelle que partiellement le « boisé HSE », que j’apprécie beaucoup par ailleurs. Après une bonne demi-heure dans le verre, le boisé perd un peu de sa puissance et des fruits rôtis (abricots et pruneaux) à la vanille apparaissent, ainsi qu’une touche torréfiée ; le tabac gagne également en présence. Cette aération lui est définitivement bénéfique, voire même nécessaire.
En bouche, il a une belle présence et enrobe la langue et le palais sur une impression assez ronde (limite sucrée). Il est intense et là aussi le bois est bien présent. Il donne cependant l’impression d’être un tantinet fermé. Là aussi on sent la différence avant et après aération, il a tendance à donner une impression plus gourmande après une heure passée dans le verre.
La finale très très longue et dominée sans partage par le bois, mais qui se fait ici chaud et gourmand pour commencer (il prend même des accents cacaotés) avant de devenir plus austère par la suite. Le tabac à pipe (légèrement épicé) prend le relais et vous donnera l’impression que vous venez tout juste de fumer.
Ce rhum est assez nettement éloigné de sa version plus jeune. Le bois et le tabac dominent et il faut alors aller chercher certains autres arômes. Mon moment préféré est sans doute la fin de bouche et le tout début de la finale où il se passe un truc (il s’agit d’un terme hautement tehcnique). Le nez n’est pas mal non plus et est assez évolutif ; on y trouve des arômes différents le temps passant, même si certains, seulement de manière fugace. Malheureusement le reste de la dégustation est marquée par le manque d’équilibre ; ces quelques années supplémentaires en fût ne lui ont, selon moi, pas fait du bien ( attention ça reste quand même bien bon ;)).
Pour finir ce tour d’horizon, il nous reste un rhum très récemment sorti, à l’occasion du 60ème anniversaire de La Maison du Whisky. Premier brut de fût de chez Bally, sur le papier ça peut vraiment faire des étincelles.
Je veux bien sûr parler du J. Bally 1998 brut de fût.

J.Bally 1998 brut de fût
Au nez, nous avons face à nous, un énergumène qui est intense et lourd, presque épais. Cette impression est accrue par le boisé, qui n’est, pour moi, pas un boisé agricole. Cependant, un certain équilibre se créé grâce aux arômes d’orange et de sève de pin, qui apportent de la fraicheur. Mais ça ne s’arrête pas là, d’autres fruits sont de la partie : les abricots (confits) et les fruits à coque, qui apportent plus de gourmandise, qu’on imagine presque sucrée. Pour finir, d’autres notes un peu plus lourdes sont également présentes : le tabac et le café (même si un peu en retrait). Après une heure dans le verre, la même intensité (ce mot caractérise vraiment bien ce rhum) est toujours au rendez-vous avec tous ses arômes très marqués. Pour faire court : un nez qui est superbe mais qui est presque « trop » 🙂
L’entrée en bouche n’explose pas immédiatement mais il ne faut pas attendre plus d’une demi-seconde pour que ça arrive. Et là, ça ne fait pas semblant, c’est très concentré ! L’alcool est bien intégré (tout comme au nez) mais une petite pointe de piment est tout de même présente. On y retrouve le bois, le tabac, l’orange et des fruits secs. Il est intéressant de noter qu’il est à la fois sec (les tannins et l’alcool vont vous faire saliver, et pas qu’un peu) et légèrement sucré, ce qui donne un mélange intéressant. Il s’y passe un peu moins de choses qu’au nez, et le fût est un peu trop présent pour moi (saveur et sensation).
La finale est longue, très longue. Le boisé lourd trouvé au nez et en bouche se manifeste ici de manière encore plus dense. Il est d’ailleurs vite rattrapé par le tabac, qui lui aussi ne fait pas dans la demi-mesure. Une surprenante petite touche de pomme fait un fugace passage sur le palais avant de disparaitre à nouveau.
Intense, concentré : un élixir de rhum (et de bois). L’impression générale est assez unique et très intéressante. Dommage que le fût prenne le dessus comme ça, surtout sur la finale.
Eh ben voilà, ça nous fait 12 rhums de Martinique de 1998 à avoir été testés. Il y a du bon, du moins bon, sans que rien ne soit mauvais, et de l’exceptionnel.
Peut-être bien une conclusion à tout ça la semaine prochaine… 😉
Par ici la première partie.
Et la seconde partie par là.
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