C’est après avoir écumé les rhums blancs pur jus, que j’abordais cette seconde journée, sous le signe de l’agricole. Après quelques blancs de rattrapage, je me suis donc dirigé vers les vieux, avec au programme, beaucoup de Martinique, de la Guadeloupe, un peu de Cap Vert, une touche d’Inde et une pincée de Brésil.

La Favorite

C’est à ce stand – sur lequel je me suis rué dès le matin de ma seconde journée pour avoir de la place – que j’ai procédé à la vraie bascule entre blancs et vieux.

La Favorite La Digue 2022 – 52%
Nez : frais et végétal, au sens « plante et terre », assez intense
Bouche : toujours aussi intense et en plus du côté végétal du nez, on a beaucoup de sucrosité
Finale : un peu trop « renfermée » et toujours bien végétale
Cette récolte n’est pas trop à mon goût. Il est dans la lignée de La Digue 2021 et pas au niveau de La Digue 2020.

La Favorite 2014 – 47,1%
Il s’agit d’un brut de fût qui a passé huit ans en ex-fûts de bourbon.
Nez : le fût a bien donné, essentiellement sur la banane
Bouche : pas trop boisé, garde de la fraîcheur, un peu de poivre
Finale : longue, épicée et gourmandise vanillée du fût

La Favorite Exploration 4 – 51,5%
18 mois de vieillissement (fût neuf chêne français, chauffe moyenne)
Nez : fruits confits, fruits secs
Bouche : alcool bien et on a encore la canne mais le fût a marqué pour un équilibre presque atteint
Finale : finale tannique et assez longue

La Favorite Exploration 5 – 51,5%
18 mois de vieillissement (fût neuf chêne américain, chauffe moyenne)
Nez : le fût est plus doux, plus vanillé
Bouche : alcool peut-être un peu plus marqué et à nouveau encore du jus mais le bois est là
Finale : boisé US gourmand et une pointe de fraîcheur
C’est celui-ci qui m’a le plus plu.

La Favorite 2016 – 46%
Vieillissement intégral en ex-fût de bourbon.
Nez : il gagne à passer après les élevés sous bois, naturellement plus complexe et expressif
Bouche : bouche la plus réussie depuis le début du line up, gourmande et équilibrée
Finale : pourrait être plus longue

La Favorite Brut 2 Colonnes récolte 2022 – 71.8%
Nez : très très canne comme j’aime, touche d’agrumes et de poivre, très bien
Bouche : alcool bien dosé, la canne promise est au rendez-vous avec un tout petit peu plus de poivre et de végétal. La suavité est appréciable.
Finale : longue, toujours sur la canne
Un superbe brut de colonne. Décidément, ces bruts de colonne de La Favorite sont vraiment réussis. Celui-ci confirme tout le bien que je pense de cette série ; preuve à l’appui : Dégustation de bruts de colonne à l’aveugle n°3 et Dégustation de bruts de colonne à l’aveugle n°5.

Sodade

Rappelez-vous de la Cuvée Rumporter, dégusté à l’aveugle sur un line-up de grogues.

Sodade Ouro Blanco Cana rocca – 43.1% (canne rouge du Cap Vert)
Il a juste passé six mois en fût de rhum vieux martiniquais.
Nez : on est complètement au Cap Vert
Bouche : l’intensité est parfaitement dosée, l’alcool est bien. Côté agrumes, verveine (j’aime beaucoup cette plante moi !).
Finale : c’est cette verveine qui reste au côté de la typicité de l’île

Sodade Atlântico 4 ans (fût unique) – 45%
Élevage de 42 mois en ex-fût de vin de Madère, puis un finish en ex-fût de rhum vieux de Martinique (si ma mémoire est bonne).
Nez : même trame que le précédent – toujours un peu de verveine – mais avec le boisé en plus (bien mesuré ce boisé, on ne perd pas la trame capverdienne).
Bouche : le fût apporte de la texture sans retirer la typicité

Sodade Botanic João – 40,8%
C’est une boisson spiritueuse et non un rhum/grogue. Résultat d’un assemblage de rhum pur jus et de jus de canne cuit et réduit (à la manière d’un sirop de batterie), y sont macérées plusieurs plantes aromatiques.
Nez : très charmeur, agrumes et jus de canne
Bouche : légèrement sucré et hyper buvable ; la macération de plantes est très discrète
Finale : il nous accompagne un moment
Très agréable et très facile, n’est-ce pas Justin ? 😉

Montebello

La distillerie guadeloupéenne inaugure une nouvelle gamme, appelée La Rencontre. Après deux expressions bretonnes (finish de whisky breton et de pommeau), ce sont quatre nouvelles références – très vin – qui apparaissent.

Montebello La Rencontre Quarts-de-Chaume – 44,6%
Presque un an et demi de finition pour ce single cask de 2010.
Nez : bien sombre, caramel, pommes cuites, épices douces,
Bouche : le fût de vin de sent ici, entre vin / sucre / souffre (malheureusement), grosse intensité, alcool vraiment bien dosé
Finale : finale sympa, sucrée et profonde

Montebello La Rencontre Puligny Montrachet – 46,8%
Mis en fût en 2010, il aura passé 236 jours en fût de vin blanc de Bourgogne.
Nez : moins marqué que le précédent, un peu plus fin
Bouche : grosse sucrosité puis le vin arrive et de belle manière cette fois, plus sec et apportant de la texture
Finale : extrêmement long, on retrouve notre vieux Montebello au boisé sombre et marqué

Montebello La Rencontre Chassagne Montrachet – 47,1%
Même âge, même temps de finition et même vigneron, seul le terroir change.
Nez : nez étonnamment différent, plus rond et tendant vers le beurre
Bouche : bien aromatique dès le début, alcool plus énergique et épices bien présentes, dont girofle. Différent du nez
Finale : la finale est à mi-chemin entre nez et bouche au niveau des arômes, là aussi très longue. Vraiment sympa cette finale

Montebello La Rencontre Condrieu – 48,2%
Il s’agit d’un 10 ans et son finish aura été de 245 jours.
Nez : entre beurre (encore plus sur le précédent) et agrumes, ample
Bouche : sans doute le plus marqué par le vin, on sort presque de l’univers du rhum mais c’est intéressant, l’alcool est mesuré mais il ne faudrait pas qu’il soit plus puissant
Finale : la finale nous éloigne encore plus de l’univers du rhum
Très intéressant et plaisant, pour ceux qui ne sont pas apeurés de sortir de leurs repaires.

Un petit tour au Bar des Nouveautés pour y déguster deux vieux martiniquais loupés sur les stands. Toujours un plaisir de passer un moment avec la fine équipe derrière le stand 🙂

Héritiers Madkaud XO – 43%

Non, ce n’est pas Fabe sur l’étiquette ! 😀
Nez : fraicheur, zeste d’orange, boisé épicé
Bouche : on gagne en bois et il se livre un peu « renfermé »
Finale : longue, très épicée

HSE Single Cask 2006 – 47.8%

Mise d’octobre 2022 (je ne saurais vous dire du combientième batch il s’agit) ; j’avais dégusté la mise de juin 2021.
Nez : arômes du bois, vanille, fruits à coque, « épaisseur » et richesse
La suite est dans la logique, avec un liquide qui enrobe la bouche. Il lui manque peut-être un peu de fraicheur mais cela n’enlève rien à sa grosse gourmandise chaude et boisée.

Saint James

Saint James Single Cask 2001 – 43.1%
Voilà une référence à côté de laquelle j’étais complètement passé.
Nez : épices, agrumes, boisé, fraîcheur, intensité
Bouche : boisé légèrement acide, torréfié
Finale : la torréfaction gagne en puissance
Pas mal du tout.

Saint James Éphémère 6 – 54.4%
Sans doute le rhum qui aura le plus fait parler sur le salon. Il s’agit de la troisième et avant-dernière bouteille de cette série. La quatrième – un 2005 – sortira au Whisky Live.
Nez : fruits à coque torréfiés, d’autres fruits dont des agrumes, boisé terreux
Bouche : très intense (arômes et alcool), épices, bois, fruits, prend bien toute la bouche. Il y a un arôme présent sur lequel je n’arrive pas à mettre un nom.
Finale : épices, fruits, très long sur le boisé qui va finir par s’imposer, avec une note mentholée en prime
Comme d’habitude sur cette série, il faudrait donner plus de temps, non seulement dans le verre mais aussi sans doute dans une bouteille épaulée quelque temps. Des qualités fruitées et beaucoup d’intensité mais aussi du bois à foison, trop pour l’instant. Je le goutterai à nouveau à la maison.
Dégustation des Éphémère n°1 et n°7 au Whisky Live 2022.

J.Bally 2004 Brut de Fût – 53.7%

Il s’inscrit dans la lignée des Bally 1998, Bally 1999, Bally 2000 et Bally 2006, tous bruts de fût.
Nez : énorme intensité, vraiment expressif, sur des arômes provenant du fût : torréfié, fruits à coque, vanille, bois toasté. Oscille entre un trop boisé bien sombre et une belle gourmandise
Bouche : saisissante, le bois prend le dessus et resserre les papilles
Finale : boisée sans surprise mais de la gourmandise torréfiée refait surface, non sans peine
Un nez qui promet beaucoup et une bouche trop boisée. Encore un rhum qu’il faudra attendre en bouteille et dans le verre.

Camikara

Il s’agit d’une marque de rhums pur jus de canne indiens.

Camikara 3 ans – 42,8%
Nez : très caramel/vanille
Bouche : plus sec que prévu mais pas passionnant non plus
Finale : moyennement longue

Camikara 12 ans – 50%
Nez : banane, orange et un peu de chocolat au lait. Le résultat tend vers l’acide butyrique.
Bouche : alcool bien mais trop “vomi” pour moi
Finale : la finale est la plus intéressante et de loin : cacao, vanille, léger fruité à coque. Il devient de plus en plus sombre et légèrement amer
Pas top si ce n’est la finale.

Les Rhums de Ced’

La grosse nouveauté chez les Rhums de Ced’ cette année, ce sont les deux premières cachaça arrangées de la marque (et au monde, à ma connaissance).

Les Rhums de Ced’ – Ti Chaça Mangue Piment Végétarien – 36%
Nez : l’arôme de piment est dingue et il faut aller chercher la couche de douceur fruitée de la mangue, qui se planque derrière
Bouche : notre cerveau veut nous dire que ça pique, mais non et une fois ce passage franchi, la mangue se fait sentir
Finale : longue entre mangue et piment mais c’est ce dernier qui domine
Super sympa comme expérience !

Les Rhums de Ced’ – Ti Chaça Menthe Citron Vert – 36%
Nez : claque de fraîcheur apportée par les la menthe et le citron vert
Bouche : pareil en bouche, les deux ingrédients se relayent
Finale : c’est la menthe qui domine la finale mais le citron vert n’est pas bien loin

S’en est fait des rhums pur jus de canne pour ce Rhum Fest 2023. Oui, j’y ai passé beaucoup de temps.
Dans la dernière partie, nous nous pencherons essentiellement sur les embouteilleurs indépendants.

Mon Rhum Fest 2023 – partie 1