
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Plantation lance (plus ou moins) tous les ans une nouvelle série dans la gamme Extreme. Des rhums à haut degrés et non édulcorés, ne cherchez pas d’autre point commun, il n’y en a pas, et tant mieux, cela nous permet de déguster des rhums aux profils bien différents. Cette année, ils nous ont réservé trois bouteilles, toutes originaires du même pays et de la même distillerie : West Indies Rum Distillery (dont je vous en parlais dans cet article). Une sélection plutôt hétéroclite que j’ai eu l’occasion de déguster lors de la présentation sur la Barge 166 (la péniche/chais flottant de Maison Ferrand). Cerise sur le gâteau (balaise la cerise), les quelques invités ont également eu la chance de déguster tout un line-up de rhums produits à la WIRD et millésimés 1986.

Hop, direction Issy-les-Moulineaux pour un jolie excursion à la Barbade (non, Issy-les-Moulineaux n’est pas dans les Caraïbes) où j’ai eu le plaisir de retrouver quelques connaissances et amis italiens, espagnols, allemands, belges, français…
Plantation Barbados 1986 – 45%

On démarre justement par un Plantation, du temps où la WIRD n’était “qu’un” fournisseur de la maison cognaçaise. Typique Barbade, avec son coco grillé, sa vanille, un peu de tabac et une pointe de zeste d’orange. La proportion de colonne dans le blend doit être importante. Gourmand, simple et facile.
Samaroli 1986 Barbados Rum – 45%

Voilà l’autre style made in WIRD, celui auquel on pense quand on lit 1986 sur une bouteille de rhum de la Barbade. C’est ce profil qui est souvent associé à l’alambic Rockley Still ou encore au mot Blackrock. Il est à noter que les rhums de cette année n’ont en fait pas été produits sur cet alambic, qui était alors hors d’état de produire. Cette typicité viendrait en fait de l’alambic à chambre Vulcan, qui a par ailleurs été remis en marche il y a peu. Niveau dégustation, on a un côté organique, fumé, cacao et l’ensemble est très intense. Avec l’évolution il va vraiment s’assagir au nez mais garder ce profil en bouche.
Samaroli 1986 Barbados Rum – 57%

“Étonnamment” moins extrême et plus équilibré au boisé plus présent, il se révèle plus léger voire floral. En bouche on confirme sa nature avec la fumée et une finale qui n’en finit pas. Un des mieux “construits” des quatre premiers rhums, il m’a laissé une bonne impression.
Ces deux Samaroli sont très évolutifs (ils venaient tout juste d’être ouverts), et ils n’ont eu de cesse de changer tout au long de la matinée.
Bristol Classic Rum Barbados Rockley Still 1986 Sherry finish – 46%

On arrive là sur un rhum très différent. C’est avant tout une facette concentrée sur le balsamique, la sauce soja et le chocolat qui marque le nez. Se manifeste cependant une touche fumée là encore, d’autant plus présente en bouche et sur la finale, c’est bien là que l’on reconnaît la provenance/le style. Le sherry a donc vraiment (trop) marqué le nez mais moins la suite.
Silver Seal Barbados 1986 – 58,8%

On revient sur un embouteilleur italien avec ce Silver Seal à haut degré de 33 ans (ah quand même). La première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est sa parenté avec Port Mourant, avec ses notes prenantes légèrement savonnées mais aussi une fumée discrète et des notes de noisette. En bouche, on retrouve définitivement ce profil avec une chaleur agréable et toujours ces notes fumées et organiques, presque de viande fumée. Pas mon préféré.
Plantation Extreme Series 5 2000 – 47.8%

Après cette (sacrée) mise en bouche, il était temps de rentrer dans le vif du sujet.
Nous avons commencé par le 2000 (vieillissement 5 ans sur place en fût de bourbon, puis 16 ans à Cognac en ex-fût du même nom). Il évolue rapidement, avec beaucoup de fruits (dont la prune) dans les premières minutes, puis la fumée, les épices et le cuir arrivent sans oublier une vanille timide. L’alcool est bien bien dosé et en bouche, cela sera essentiellement le cacao, les épices et une pointe de savon qui dominent. Il laisse penser que beaucoup de Vulcan est entré dans sa composition, ce qui se traduit à mon goût par un manque de gourmandise.
Plantation Extreme Series 5 2007 – 58%

Il aura passé 2 ans sous les tropiques (fût de bourbon), puis 12 en France (10 ans toujours en fût de bourbon et 2 ans en fût de Cognac).
On retombe sur le profil du premier rhum de la matinée : un classique Barbade avec coco grillé, noisette, vanille, bois. La différence est qu’il se montre bien plus intense sur ces marqueurs, le degré aidant. Nous sommes donc sur un style plus léger mais qui fonctionne bien, d’autant que cette concentration le distingue de beaucoup d’autres rhums de l’île évoluant pourtant sur les mêmes marqueurs. Grosse gourmandise toute barbadienne, avec une puissance alcoolique marquée. Il aura beaucoup plu à l’assemblée.
Plantation Extreme Series 5 1986 – 55,1%

Et nous voilà donc sur le plus vieux rhum de la Barbade jamais embouteillé. Là encore deux périodes dans son élevage, avec d’abord 13 ans sur l’île et ensuite 21 ans sur le vieux continent (mêmes fûts que pour les deux précédents).
On retombe sur un style typique Rockley Still 1986, avec sa fumée mais aussi un boisé vanillé en retrait, ainsi que des fruits à coque, ce qui lui donne une facette pâtissière. Évolutif, il a besoin de temps pour se caler. Les fruits exotiques arrivent et vont s’exprimer en parallèle des notes chocolatées et fumées. Juste avant d’y goûter, je disais à mon camarade Alban que dans le line up il y avait soit des rhums très gourmands sur la noix de coco, soit des rhums plus rustiques/fumés (et manquant de gourmandise à mon palais) et là on arrive justement sur l’association des deux. Et encore, je ne pense pas lui avoir donné assez de temps pour s’exprimer pleinement. Mon favori de la journée.

Et bien voilà qui conclue de belle manière notre balade sur cette belle île. Enfin pas tout à fait, puisque nous avons ensuite pu grignoter plein de bonnes choses accompagnées de cocktails réalisés à partir du Cut & Dry, ce rhum à la noix de coco uniquement disponible à la Barbade, ce qui m’a replongé dans mon récent séjour et sa tripotée de piña coladas 😀

Bonjour,
Sauf erreur de ma part, pour le 2007, il n’y a pas le même descriptif ici :
https://rumporter.com/plantation-devoile-son-cinquieme-opus-pour-la-collection-extreme-series/
“Enfin le Barbados 2007, distillé en alambic à repasse Gregg & alambic à colonne, a vieilli sagement pendant 14 ans ; 2 ans en fût de bourbon de 200L sur place, puis 10 ans en climat continental et 2 ans en fûts de chêne français Ferrand de 350L”
Différent de ce qui est indiqué ici :
“Il aura passé 12 ans sous les tropiques (fût de bourbon), puis 2 ans en France (fût de Cognac).”
Merci 😉
@+
Cyril
Ps: le 86 est hors de (mon) prix (env 1000€), dommage….
Le 2007 + accessible mais trouvable ????
LikeLiked by 1 person
Hello Cyril,
Oui, tu as raison, je vais essayer de me renseigner pour savoir quelle version est la bonne.
Oui le 86 n’est pas donné, quant au 2007, normalement il devrait y avoir beaucoup de bouteilles donc je l’imagine trouvable 🙂
LikeLiked by 1 person
Merci pr la réponse rapide 😉
LikeLiked by 1 person
Je suis simplement allé voir sur la page Facebook de Plantation et en effet, c’est la version Rumporter qui est correcte ; j’ai corrigé mon article. Merci encore ! 🙂
LikeLiked by 1 person