Une transversale de blancs pur jus de canne – 13ème prise

Il faut vraiment garder le rythme, alors je vous livre ma treizième (outre les bruts de colonne) dégustation à l’aveugle de rhums blancs purs jus de canne. Alors sans plus attendre, plongeons-nous dans les six rhums de cette sélection !

On démarre avec un nez assez causant, entre la canne (plutôt verte), une pointe terreuse, des agrumes et une touche de mangue, il a des choses à raconter, plutôt dans l’équilibre. L’alcool est très discret. Naturellement plus expressif sur le second nez, l’accent est mis sur la verdeur, avec même un petit côté légume ; on a perdu en équilibre, il manque désormais de fruits et de « sucre ». En revanche, l’alcool est toujours mesuré.
L’attaque confirme l’alcool très bien intégré, ce qui allié à une certaine douceur, le rend très facile d’abord. En bouche, la canne règne, autant végétale que gourmande mais elle pourrait être plus expressive.
La finale moyennement longue garde un peu de sucre un moment (ce qui est assez rare pour le remarquer) mais c’est bien une canne végétale qui demeure.
Pas mal ma foi. Une jolie entrée en matière puis un manque d’intensité. Un rhum assez facile.
Depaz Cuvée des Alizés 2020 – 45%

Une transversale de blancs pur jus de canne – 13ème prise – Depaz Cuvée des Alizés 2020 – 45% (photo : Excellence Rhum)

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Le nez du second est peut-être légèrement plus simple mais se dévoile de manière plus gourmande, grâce à une canne plus mûre et aux fruits, dont une surprenante mais agréable note de framboise. Il est déjà bien expressif. Le rhum bien étalé dans le verre va confirmer notre bonne première impression. La gourmandise fruitée est bien présente mais sur la finesse, entre autres apportée par cette touche de fruits rouges toujours présente. La fraîcheur vient enrichir ce nez, qui est vraiment réussi et même ciselé.
La bouche est plus explosive (mais sans être trop puissante) et c’est la canne à sucre qui en profite pour s’exprimer pleinement. Un peu plus simple que sur le nez on garde une impression de finesse, entre autres par sa texture, très agréable. Un petit zeste de citron vert se balade et nous tient la main pendant quelque temps.
La finale est assez longue et reste intense un bon moment.
J’ai bien aimé. Un rhum plaisir mais pas aussi simple que d’autres, avec du début à la fin, cette image d’une eau-de-vie de canne tout en dentelles.
Neisson Conversion Bio – 52.5%

Une transversale de blancs pur jus de canne – 13ème prise – Neisson Conversion Bio – 52.5% (photo : Excellence Rhum)

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On retourne vers la terre, avec ce nez qui outre une canne relativement végétale, prend des accents terreux et légèrement poivrés, ce qui fait brièvement penser à de l’agave. Quelques agrumes, là encore, apportent un peu de fraîcheur et de fruité. A peine le rhum agité dans le verre, on tombe sur un profil très frais et plaisant où se forme un équilibre. Cependant après quelques secondes, il se modifie et le poivre se place au centre, avec à ses côtés une canne plutôt verte mais aussi florale – moins mon truc.
La bouche confirme immédiatement le poivre, qui met main basse sur le palais. Une canne encore jeune (mais pas trop verte non plus) vient juste ensuite ; à l’entrée en bouche, elle est même légèrement fruitée, ce qui nous offre une attaque qui marche.
La finale est longue et… poivrée. La canne à sucre se manifeste par des notes végétales.
Si on aime le poivre, on tient un champion. De mon côté, cette empreinte est trop marquée et déséquilibre l’ensemble, même si ce rhum a indéniablement ses qualités.
Bologne Black Cane 2020 – 50%

Une transversale de blancs pur jus de canne – 13ème prise – Bologne Black Cane 2020 – 50% (photo : Excellence Rhum)

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La canne se fait ici bien plus organique et prend totalement possession des narines ; ça et un petit air marin me fait immédiatement penser à un pur jus distillé sur alambic. Gourmand. Le deuxième nez concentre les arômes et, alors que la canne reste maîtresse, la mangue et une touche de graine de fenouil le rendent encore plus attrayants. Les embruns nous accompagnent.
L’attaque fonctionne même si c’est ensuite que le potentiel de ce rhum s’exprime. Il y a comme trois étapes, avec d’abord l’entrée en bouche assez douce mais discrète, puis le milieu de bouche où une certaine douceur émerge mais surtout une canne gourmande du plus bel effet et enfin l’amorce de la finale avec cette entrée en scène de notes salines.
La finale, très longue n’est pas aussi réussie. La légère brise marine devient progressivement fruits de mer.
J’aime bien ce genre de profils, où la canne à sucre s’exprime différemment que sur les purs jus distillés sur colonne. Mais là il y a un souci sur la finale.
Mana’o 2016 – 50%

Une transversale de blancs pur jus de canne – 13ème prise – Mana’o 2016 – 50% (photo : Excellence Rhum)

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Sans doute le moins engageant des cinq, il se présente sous des airs verts et capiteux. Cette association végétal et floral manque d’attrait et on imagine même une certaine amertume, on verra. Badigeonner les parois du verre ne change pas grand-chose, si ce n’est rendre ce rhum plus expressif mais sur les mêmes arômes, et y apporter un tour de moulin à poivre.
L’attaque est étonnamment facile tant l’alcool est discret. On retrouve trait pour trait nos arômes : la canne végétale et florale ainsi que le poivre. On peut le garder un moment en bouche avant qu’il ne chauffe mais cela ne sert pas à grand-chose.
La finale est plutôt longue et apparaît l’amertume que nous redoutions au nez. Verte et poivrée que cette finale.
Un genre de rhum agricole que je retrouve assez souvent mais qui ne me plait pas.
Clément Canne Bleue 2018 – 50%

Une transversale de blancs pur jus de canne – 13ème prise – Clément Canne Bleue 2018 – 50% (photo : Excellence Rhum)

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Clairement pas le plus expressif du line-up, ce rhum n’est pas non plus le plus puissant, ce qui permet de bien y plonger le nez pour aller chercher les arômes : canne végétale et fruitée, zeste de citron vert, pincée de poivre, un tout petit peu d’amande fraîche et… un peu de poussière. Sur le second nez, l’alcool et la fraîcheur ressortent immédiatement, puis, les secondes passant, le poivre mâtiné de notes terreuses, prend en assurance. Encore un rhum qui gagnera à être fréquemment étalé sur les parois du verre.
Une belle sucrosité nous accueille mais on retrouve très vite cette impression poussiéreuse qui met une sourdine sur les saveurs. On a tout de même la canne verte, avec encore un peu de terre sur son pied et une touche de poivre.
La finale, plutôt longue, débute sur les fleurs capiteuses avant revenir sur la canne à sucre végétale et le poivre. Le voile de poussière, discret, est toujours présent.
Ses quelques qualités ont du mal à gommer ses défauts.
La Favorite La Digue 2018 – 52%

Une transversale de blancs pur jus de canne – 13ème prise – La Favorite La Digue 2018 – 52% (photo : Rhum Attitude)

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En voyant rétrospectivement les références dégustées, je me serais attendu à un niveau moyen supérieur. Le Neisson 52.5 Conversion Bio est largement premier, il ne fait que confirmer tout le bien que je pensais déjà de lui. Je suis content qu’il ait brillamment passé ce test de dégustation à l’aveugle. Vient en deuxième place le Mana’o, qui a pu s’appuyer sur ses forces pour faire partiellement oublier sa faiblesse sur la finale. Le Depaz Cuvée des Alizés prend une honnête troisième position, son degré plus faible s’étant révélé à la fois comme une point positif et négatif. Suit le Bologne Black Cane 2020 et son profil très poivré, un peu à l’image du parcellaire La Batterie. L’avant-dernière place est occupée par La Digue 2018 de La Favorite, pas le meilleur millésime de cette parcelle. Et pour finir, le Clément Canne Bleue 2018 et son déficit de gourmandise et de plaisir ; là non plus, pas le meilleur millésime des Cannes Bleues.

Et voilà pour cet 13ème, à bientôt pour la 14ème 🙂


Retrouvez les précédentes dégustations à l’aveugle ici :
Transversale n°1
Transversale n°2
Transversale n°3
Transversale n°4
Transversale n°5
Transversale n°6
Transversale n°7
Transversale n°8
Transversale n°9
Transversale n°10
Transversale n°11
Transversale n°12

5 thoughts on “Une transversale de blancs pur jus de canne – 13ème prise

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