
La troupe 2.0
Internet et le rhum… Depuis quelques années, le changement profond apporté par le premier sur le second est indéniable, pour le pire mais surtout pour le meilleur. Dans mon cas, cela m’a permis d’enrichir immensément ma culture rhum et de rencontrer d’autres amateurs devenus, pour certains, des amis. Les groupes et autres clubs facebookiens n’y sont pas pour rien ; je vous ai déjà parlé de la Confrérie du Rhum, cet énorme rassemblement francophone de personnes ayant comme intérêt commun, le rhum, oui vous vous en doutiez. Bien que ce soit le plus gros, il en existe beaucoup d’autres. Vous avez par exemple son équivalent anglo-saxon (deux à vrai dire), mais aussi de nombreux groupes régionaux ou encore un autre rassemblant les amoureux des purs jus de canne… Mais il y en a un autre, qui bien que plus discret (et bien plus petit), est très actif. Cela vient entre autres des administrateurs, qui font beaucoup d’efforts pour faire vivre leur communauté. Des concours, des jeux, des partenariats avec des producteurs, tout est au rendez-vous ! Dernier projet à avoir vu le jour : un week-end rhum entre membres de cette confrérie. Franchement la première fois qu’ils en ont parlé, je les ai pris pour des fous (oui encore plus qu’avant !). Mais force était de constater qu’ils semblaient avoir tout prévu : la date (annoncée bien à l’avance), le lieu (à 30 minutes de Paris en train), des activités, différentes formules d’hébèrgement… Bref, ils avaient bossé. Voilà une occasion que je ne voulais/pouvais pas manquer, alors je me suis arrangé avec madame pour pouvoir être présent.

L’empire des moustiques
C’est après deux bons mois d’attente (si ma mémoire est bonne), que le jour J arriva enfin. Samedi matin, aller hop, direction Gare du Nord, et après des péripéties de billet, de balade en forêt et d’attaques de moustiques, je suis arrivé à bon port, accompagné d’un compagnon belge 🙂
Et là, c’est avant tout l’espace qui m’a sauté aux yeux, un immense domaine, entre bois et campagne, avec quelques bâtiments plantés en son centre. Il s’agissait en fait d’un centre de vacances dont l’un des confrères s’occupe, pratique ! 😉

Le centre de vacances
Affaires déposées dans la chambre, que nous partagerons à trois, je m’en vais saluer les potes déjà présents – dont un bon nombre depuis la veille, pour s’occuper des préparatifs. Je découvre alors le lieu où se dérouleront la plupart des réjouissances, une sorte de clairière bordée aux deux tiers par des arbres et “fermée” sur le dernier tiers par un bâtiment (qui nous servira plus tard pour l’une des activités proposées). Y trônent fièrement deux tentes blanches, une grande table et de nombreuses chaises, ainsi qu’un barbecue. Je m’approche rapidement des tentes, y apercevant de loin des bouteilles semblant prometteuses. En arrivant à proximité, je vois bien vite que je ne m’étais pas trompé. Une tente verte pour les rhums blancs et une orange réservée aux rhums vieux, les deux étant déjà copieusement fournies, même si la majeure partie des convives, et leurs bouteilles, se faisaient encore attendre. Et entre les deux tentes, un imposant et mystérieux coffre…

Les tentes et LE coffre
Une fois tout le monde sur place, direction la terrasse du bâtiment qui nous servira – entre autres – de salle à manger, pour le planteur de bienvenue. Succulent et rafraichissant, ce dernier, allié au soleil, a eu le mérite de mettre tout le monde bien.
Mais ce n’est seulement après un repas roboratif, dont un Pont-l’Évêque proche de la perfection, que les hostilités ont pu démarrer. Vous me connaissez, j’ai commencé par les rhums blancs, avec dans le désordre, le HSE Canne d’Or (aussi bonne impression qu’au Rhum Fest), le PMG 56 (qu’on ne présente plus), le nouveau JM (qui ne m’a pas athousiasmé), un Trois Rivières inconnu au bataillon (une belle découverte) et le Bielle Old Brothers (que je n’avais encore pas eu l’occasion de goûter !). Bref, de quoi être bien dans l’ambiance 🙂

HSE Canne d’Or – Rhum Rhum PMG 56 – J.M Joyau Macouba – Trois Rivières inconnu – Bielle Old Brothers 72.8
Un premier petit jeu, avec la dégustation de deux rhums à l’aveugle et la rédaction de notes. Si ces notes se rapprochent de l’officielle, alors c’est gagné, bravo encore Steph et Jérhum 😉 Et bien sûr, bravo à l’huissier de justice, qui aura passé plusieurs heures à comparer les réponses et faire les comptes pour déterminer le vainqueur 😀
L’après-midi s’est étiré entre dégustation de rhums vieux, dont des échantillons de choses assez confidentielles, match de foot (oui il y avait même un projecteur pour regarder le match France Argentine ainsi que les bières qui vont avec), discussions rhumesques et franches rigolades.

La table des blancs
Mais une autre activité avait été préparée pour avoir lieu dans le bâtiment dont je vous parlais tout à l’heure : une master class Excellence Rhum, avec la dégustation des huit rhums de la gamme, agrémentée de beaucoup d’explications et émaillée de nombreuses questions du public. Plein de questions extrêmement intelligentes et on ne peut plus pertinentes, vous vous en doutez puisque j’étais dans la salle 😀 Encore désolé Alexandre et Flo si j’ai posé trop de questions chiantes 😉 Une petite info pas inintéressante, les collections 3 et 4 sont déjà dans les tuyaux. Et une dernière pour la route : les fûts achetés ont été conservés et certains reremplis ! Ho ho !
Il était intéressant de se replonger dans la série 2017 et de la comparer avec la 2018, mais il était encore plus enrichissant de mettre face à face le Worthy Park embouteillé par ER et celui de chez Habitation Velier. Et bien – contre toute attente, ou pas – celui d’Excellence Rhum est meilleur, plus équilibré, plus gourmand et à l’alcool mieux dosé. Comme quoi, si besoin était de le démontrer, vieillissement tropical ne signifie pas toujours qualité accrue. Je me dois d’évoquer le fou au sorbet coco, comme on l’appelle, sinon ce récit ne serait pas complet.

Masterclass excellence Rhum – Vu les têtes des hôtes, vraisemblablement une question con d’un convive
Bien que le barbecue ait servi durant l’après-midi, c’est le soir qu’il s’est vraiment mis à fumer, avec 4 ou 5 courageux volontaires pour le faire tourner, malgré la chaleur – merci à eux ! J’ai été contraint et forcé de faire un quatrième repas, pour faire honneur aux 1359 poulets sacrifiés pour l’occasion et préparés de main de maître par Fabrice. Les saucisses au camembert ne m’auront pas non plus laissé de marbre 😀
Et je me rends compte que je ne vous ai pas reparlé de ce mystérieux coffre. Il était en fait l’objet d’un autre jeu, qui consistait à estimer son poids en le sous-pesant. J’étais à moins de 2kg des 31kg240 (ou quelque chose comme ça) et suis donc passé à côté d’une bonne dizaine de litres de rhums en tous genres ! Bravo à l’heureux vainqueur 🙂

La table des rhums vieux
Mais revenons-en au rhum, avec la suite de mon “line-up”. Un Hardy paille pour commencer, réputé comme le meilleur élevé sous bois du marché. Le hasard voulu que je puisse en goûter deux versions différentes ; conclusion, l’ancienne est bien meilleure que la nouvelle. Le JM 2005 ensuite, qui m’avait laissé un super souvenir du Rhum Fest mais qui n’a pas vraiment confirmé tout le bien que j’en pensais On revient chez Hardy avec leur vieux, qui aura fait un peu pâle figure à côté des tous les autres rhums dégustés durant ces vingt-quatre heures, mais c’est sans doute normal pour un VO. Et hop, on repasse chez JM, avec leur nouveau triple millésime, dont je ne me rappelle à peu près rien ; bon ou mauvais signe ? Une curiosité ensuite, avec un whisky vieilli en Martinique dans d’anciens fûts de JM. Ça donne un résultat très doux (pas sucré) où le rhum est assez présent, pourquoi pas, si ça ne coûte pas cher. Pas particulièrement mon truc mais je pense que ça peut plaire. Ça n’a pas été ma seule incartade, puisqu’un confrère avait apporté des échantillons, dont du calvados, de l’armagnac, du whisky et du cognac (un lot 28 de chez Grosperrin, qui m’a émerveillé !).

Un des line-ups improvisés
On part désormais dans les watts avec un Belize 2007 de chez Ferroni, qui représente bien la distillerie Travellers avec toute la gourmandise qui la caractérise. On enchaine avec le WP 2005 de Habitation Velier, que je souhaitais comparer mentalement au 2007 dégusté quelques heures auparavant, mais j’ai lamentablement échoué. Faire appel à mes capacités cérébrales à ce moment de la soirée était trop m’en demander.
Je suis allé en Jamaïque pour l’avant dernier rhum du week-end, avec un Hampden de chez Wild Parrot. Ah ça, pour sûr c’est un Hampden ! Mais est-il meilleur que d’autres qui valent à peine la moitié de son prix ? Non.

Rhum Paille Tartane – J.M 2005 – Rhum vieux Tartane – J.M Multimillésime – Whisky Aikan – Ferroni Bélize 2007 – Habitation Velier WP 2005 – Wild Parrot Hampden – Velier Caroni 1996, 17 ans 55%
Et pour finir la soirée en beauté, on termine avec un Caroni, qui aura pris une énorme claque, le Velier 1996, 17 ans à 55%. Sans doute le rhum qui m’aura fait le plus plaisir sur ces 24 heures.

Même pas un accident avec ce feu…
C’est autour d’un feu de joie que j’ai commencé à piquer du nez, l’estomac lourd de liquide et de solide, mais l’esprit léger.
En chemin vers ma chambre, j’ai croisé des chaussures aux couleurs de la Belgique, ainsi qu’une grenouille (de couleur tout à fait normale, elle).
Un très rapide mot sur le lendemain matin où le petit déjeuner m’attendait et où les uns et les autres se sont dit au revoir, mais surtout “à la prochaine” !
Voilà, de manière très condensée, ce à quoi ce week-end placé sous le signe de la Canne (2.0) a ressemblé.
Je tiens à saluer la tenue exceptionnelle des convives, qui malgré la pléthore de rhums disponibles a su mesure garder. Je dois confesser avoir, en arrivant sur place, répertorié tout ce qui aurait pu aller de travers avec une bande de trente gars pompette 😀 Mais pas du tout, un petit vomito par-ci et une grosse fatigue par-là et c’est tout !

Le soir venu, les tentes un peu moins pleines de rhum et le convives un peu plus
Quel pied ça aura été ! Franchement, bravo aux organisateurs et merci infiniment ! Un super moment passé en compagnie de personnes de qualité, autour du rhum. Quand je vous dis que mon histoire du rhum devient de plus en plus une histoire sociale et d’amitié…
A l’année prochaine pour la seconde édition ! 😀
Excellence Rhum, le site qui référence des bouteilles qui ne sont pas à vendre?
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