Je vous bassine régulièrement avec mes expériences sur différents salons rhum depuis plusieurs années maintenant. La plupart d’entre eux se déroulent à Paris (Rhum Fest, Whisky Live, Salon Club Expert Dugas…) mais quelques villes de province se sont vues accueillir d’autres salons dédiés à l’eau de vie de canne. Parmi celles-ci, Bordeaux, ville historiquement liée au commerce du rhum en métropole, est, pour le temps d’un week-end et ce pour la seconde année consécutive, devenue la capitale française du rhum.

Bordeaux Rhum Festival – L’affiche
Je ne vous cache pas qu’après mon tour du monde en famille, les finances sont au plus bas, aussi ne pensais-je pas me rendre en Gironde pour y participer. Mais lorsque l’organisation du salon, en la personne d’Alexandra, me proposa de m’inviter pour y passer la journée du samedi, j’acceptais volontiers. Je profite d’ailleurs de cet article pour la remercier une nouvelle fois !

Bordeaux Rhum Festival – Une rue de Bordeaux
C’est donc billet de train en main (enfin sur mon téléphone et ce dernier en main) que je me rends Gare Montparnasse pour prendre le TGV pour Bordeaux. Deux heures et quinze minutes plus tard, j’arrive dans la capitale de la Nouvelle Aquitaine… sous la pluie – ça vaut bien la peine d’aller dans le sud. Les mauvaises langues diront que j’étais la raison de ce temps pourri, l’ayant amené de Paris avec moi. Je n’écoute pas les mécréants.

Bordeaux Rhum Festival – Je n’avais pas très faim, alors j’ai pris une salade…
Après une frugale salade landaise (2 kg de lardons, 4 magrets entiers, 2 foie gras, les gésiers d’une cinquantaine d’animaux, 1 tomate et 3 radis) en compagnie d’un pote – salut Pascal – il était temps de rejoindre le Palais de la Bourse, QG des festivités.

Bordeaux Rhum Festival – Le Palais de la Bourse
Ne connaissant pas Bordeaux, je connaissais encore moins ce bâtiment. Je dois avouer avoir été conquis par le lieu, magnifique bâtisse qui accueillait l’événement. L’espace était bien aménagé et c’est environ 80 marques qui étaient représentées.
A mon arrivée, peu de temps après l’ouverture, je pouvais circuler très facilement d’un stand à l’autre mais cela se compliquera les heures passant. Si ce n’est un petit couac sur les verres à dégustation – qui ne sont jamais arrivés et qui ont été remplacés au pied levé par des verres ballons – il n’y avait rien à redire sur l’organisation du salon.
Sur place, bien plus de connaissances et d’amis que ce que à quoi je m’attendais ! Quelques parisiens, pas mal de membres de différents rhum clubs (Occitanie, RCO, Rhum Club Provence…) et bien d’autres, avec entre autres Alexandre d’Excellence Rhum, assisté d’une équipe de choc réunie pour l’occasion avec Laurent et sa douce de la Table du Loup, Marc Battais affublé comme il se doit d’une de ses légendaires chemises que seul l’Affreux Aigle peut concurrencer, et l’inénarrable monsieur Nicoletti.
Bref, j’étais moyennement préparé mais je savais bien que durant les 6 heures sur place je n’allais pas m’ennuyer. C’est après avoir fait un tour pour saluer mes différentes connaissances, exposants ou visiteurs, que je me suis finalement attelé aux dégustations, avec comme d’habitude pour débuter, des rhums pur jus de canne.

Bordeaux Rhum Festival – Rhum Hardy
C’est le stand Hardy qui fut ma première étape, avec au programme la dégustation de toute leur gamme, si ce n’est le VO.
Rhum Hardy blanc (50%)
Leur blanc est classique des rhums AOC, avec une canne assez complète, quelque part entre végétale, fleurie et fruitée. Il offre une discrète sucrosité en bouche et manque peut-être un peu de “texture” – mais où est le glycérol ?! 😀 La finale sera moins à mon goût, car si ce n’est une certaine salinité assez sympa, on perd la canne fruitée pour ne se retrouver qu’avec ses facettes végétales et fleuries, qui ont moins ma préférence.
Rhum Hardy paille (45%)
C’est sans doute la catégorie de rhum la plus connue de la maison Hardy. Le souci c’est que, sur les pailles (ou les vieux à ma connaissance), la qualité varie grandement selon les embouteillages. Lors d’un week-end 2.0, j’avais précisément pu déguster deux versions différentes et ces deux rhums n’avaient rien à voir l’un avec l’autre. Le premier était très canne, peu marqué par le bois, qui ne faisait qu’apporter un peu de complexité, le second dominé assez nettement par le caramel et donc plutôt mauvais. Je pensais me retrouver face à un rhum de cette deuxième catégorie, pensant que les meilleurs étaient les anciens (c’est souvent ce que j’ai pu lire des rhums Hardy, ne connaissant moi-même pas très bien cette “distillerie”). Eh bien, pas du tout, ce paille était bien plus sur la canne qu’autre chose et ce fut donc une bonne surprise.
Rhum Hardy VSOP (42%)
Je vous la fais courte, un rhum, selon moi, dispensable, entre autres du fait d’un boisé un peu passé et d’un côté savonneux désagréable. En bouche c’est un peu mieux mais pas suffisamment pour renverser la tendance.
Rhum Hardy XO (43%)
Là, ça devient mieux avec plus de complexité, de gourmandise et moins de savon 😛 Bois, épices, fruits et un peu de cire au nez ; une bouche équilibrée que ce soit en arômes ou en puissance. On trouve sur la finale une étonnante mais pas désagréable présence de canne fraiche rarement là sur un rhum de cet âge .
Une gamme hétéroclite qualitativement parlant, que je suis content d’avoir pu découvrir dans son intégralité afin d’avoir une meilleure connaissance des rhums Hardy.

Bordeaux Rhum Festival – Rhum Cuvée La Salle VSOP
Cuvée La Salle VSOP
Vous avez déjà dû entendre l’histoire de cette habitation, qui se situe sur Sainte Marie (toute proche de la distillerie Saint James) et qui a été restaurée et ouverte au public il y a peu. C’est d’ailleurs le seul endroit où vous pourrez acheter les rhums du même nom. Cette ancienne sucrerie ne distille pas et c’est donc chez Saint James que les rhums La Salle sont produits avant d’être mis en vieillissement dans un chai de l’habitation. Leur VSOP était en dégustation à Bordeaux. Une belle histoire mais un rhum moyen. Au nez, un boisé qui manque de vivacité même si l’ensemble gagne un peu avec du repos. La bouche est plus intéressante, plus équilibrée mais manque de personnalité et la finale n’apportera rien de plus. Bof.

Bordeaux Rhum Festival – Rhum Saint James 2003 brut de fût Confrérie du Rhum
Saint James 2003 Confrérie du Rhum (59%)
Etant sur le stand Saint James, il était temps de jeter une narine à une des nouveautés les plus attendues du salon, le Saint James 2003 sélectionné par la Confrérie du Rhum. Attendue car les bruts de fût de rhum AOC Martinique sont suffisamment rares pour attirer l’attention et aussi du fait des quelques retours très positifs après le Whisky Live Paris, où une bouteille était en dégustation “sous le comptoir”. J’étais impatient de m’y frotter et voilà ce que cette confrontation a donné.
Première impression sur le nez : intense, complexe et évolutif ; ça commence fort. Je l’ai gardé une petite demi-heure de mon verre, ce qui m’a permis de lui trouver plusieurs visages. Une facette gourmande d’abord avec son cortège d’arômes appétissants : orange, caramel, fruits à coque, note torréfiée ; puis une seconde qui vient compléter la première et apporter de la profondeur sur des notes boisées, végétales, épicées et poivrées. L’ensemble est lié par un fin voile de vanille qui enrobe le tout. Quel nez ! En bouche, l’attaque est vive et l’alcool bien dosé. L’impression est équilibrée entre fraicheur et boisé pour un profil moins complexe et plus direct sur des marqueurs très agricoles. La vivacité baisse en intensité sur la finale – longue par ailleurs – et ce joli rhum se fait plus chaud entre bois, vanille et cacao.
Franchement une belle réussite ! Sans doute mon embouteillage favori de la Confrérie du Rhum (avec le Longueteau) dont je n’ai pu m’empêcher de commander une bouteille, profitant des 10% de réduction sur les achats effectués sur le salon.

Bordeaux Rhum Festival – Rhum Copalli
Dur de passer après ça… Et plus vraiment de logique dans mon plan de dégustation. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaye un ou deux trucs qui m’étaient inconnus. Direction Belize pour découvrir une marque dont j’avais entendu parler mais à laquelle je ne m’étais jamais frotté. Quand on pense Bélize, on imagine un rhum de mélasse aux forts accents de noix de coco. Mais là on en est à l’opposé avec un rhum pur jus de canne !
Rhum Copalli blanc (42%)
La personne derrière le stand a beaucoup insisté sur le fait qu’il n’y a aucun ajout dans ce rhum. Le nez est frais et crémeux sur une canne assez douce. La bouche continue dans la même lignée sur cette canne délicate. Bien sûr arriver sur un blanc à 42% après être passé par un vieux de 15 ans à 59% n’était sans doute pas la meilleure idée, mais même comme ça, je lui ai trouvé un intérêt à ce petit Copalli. La finale, malheureusement, est relativement plate et courte.
Rhum Copalli barrel rested (44%)
C’est après un élevage de 8 mois en fût qu’il est mis en bouteille. Après ce passage relativement court, on se rend compte que le bois a déjà marqué le liquide de façon assez prononcée. La vanille est là aussi et on garde le côté végétal de la canne. En bouche il a plus de peps que ce à quoi je m’attendais mais le bois/planche n’est pas trop à mon goût, tandis qu’une impression crémeuse demeure. Sur la finale, on inverse les rôles et la canne revient en force alors que le bois s’efface.
Rien de révolutionnaire avec ces Copalli mais plutôt une agréable découverte malgré tout.

Bordeaux Rhum Festival – Rhum Moon Harbour
Laissant mes pas me guider, je suis ensuite tombé sur un stand au pif : Moon Harbour. Je n’en avais jamais entendu parler mais sur le papier j’ai trouvé ça plutôt intéressant : une distillerie bordelaise qui distille du sucre muscovado de l’Île Maurice et qui propose un blanc et un ambré. Pourquoi pas.
Moon Harbour blanc
Un nez sur les épices, les agrumes et les fleurs, qui n’est pas sans faire penser à d’autres rhums de métropole, rhums que je n’apprécie que modérément. La bouche est légère, facile, sur les arômes du nez et la finale, bien que sur la finesse, est courte.
Moon Harbour ambré (9 mois en fût de Sauternes)
On retrouve la typicité du blanc mais avec ce que je qualifierais d’un défaut, sans pour autant pouvoir le nommer. En bouche, cet élément perturbateur disparait, mais cet ambré n’en devient pas très intéressant pour autant. Quant à la finale, j’ai écrit un mot sur les notes prises à chaud : non. Je ne suis pas sûr de savoir ce que je voulais dire par là mais sans doute rien de bien positif.
Mon temps était limité et je regrette un peu d’être passé par-là étant donné que, comme vous allez le voir, j’ai un peu trop été dans le rush sur la fin du salon.
Mais pour ça il faudra attendre la seconde partie de mon expérience Bordeaux Rhum Festival, pleine d’embouteilleurs français 😉
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