Après mes deux premiers articles de serial dégustateur, que nous reste-t-il à voir ? Après les pur jus, la Jamaïque et Trinidad, il y a bien deux ou trois autres rhums que j’ai goûté et peut-être même d’autres spiritueux…

Whisky Live 2019 – Cocktail Street
Commençons par un rhum qui aurait dû figurer dans mon premier article puisque nous avons à faire à un pur jus de canne, un agricole même, puisqu’il nous vient de Madère. C’est le premier rhum que j’ai dégusté chez Rum Nation, avant de passer sur la Jamaïque puis Trinidad avec Caroni. Un nez sur une canne très agréable mais pas dans la branche fraiche, plutôt fruitée et « épaisse » sans être trop lourde pour autant. En bouche, l’attaque est bien foutue et l’alcool mesuré, encore sur la canne à sucre. C’est sur la finale que cet agricole va se faire plus frais et un peu plus végétal. Ben franchement c’est bien bon ce petit Madeira, et méconnu.

Whisky Live 2019 – Savanna Port Cask Blend / Savanna Thunderstruck / Savanna Omaggio
Une région que nous n’avons pas encore couverte dans ces articles sur le Whisky Live 2019 est l’Océan Indien et plus précisément, l’Île de la Réunion. Plusieurs distilleries sur l’île mais non n’allons faire escale que dans une, qui est pour moi la plus prolifique et la plus intéressante par la variété de leurs techniques et de leurs produits : Savanna. Ce n’est pas la première fois que je vous parle de cette distillerie, et ça n’a pas toujours été en bien. En effet, je ne suis pas tout le temps fan de leurs rhums de mélasse, ni même de leurs grands arômes, qui sont pourtant réputés et reconnus par bon nombre d’amateurs. C’est donc avec une approche circonspecte que je suis arrivé sur le stand Savanna pour déguster trois nouveautés dans la Collection Grand Arôme.
Port Cask Blend – grand arôme de 15 ans à 49.2% (vieillissement ex-fût de cognac et de porto). Un nez intense et complexe, aux arômes fruités et légèrement fermiers. L’ensemble est frais et équilibré. Equilibre et fraicheur demeurent en bouche mais on y perd son côté « sauvage ». La finale est longue et intense ; ce sont d’autres notes qui apparaissent et dominent : l’olive et le brulé/fumé. Pas mal du tout ce rhum ; il a son caractère mais ne part pas dans les « travers » de certains grands arômes, qui sont parfois plus des expériences que de réels rhums à déguster et sur lesquels on peut prendre du plaisir. Son grand âge y est sans doute pour quelque chose.
Thunderstruck – grand arôme de 14 ans brut de fût à 65.1%. Là aussi le nez est intense (oui nous sommes bien sur un grand arôme brut de fût), le contraire aurait été étonnant. Comme sur le Port Cask Blend, les fruits sont très présents et le rhum est frais. Cependant l’impression globale est plus gourmande et il se fait relativement acide. On se demande où sont les 65% en bouche tant ils sont bien intégrés. Il se fait fruité et asséchant. On retrouve les notes empyreumatiques sur la finale, comme souvent chez Savanna.
Omaggio – grand arôme de 10 ans affiné en fût de HERR à 55.1%. Avant de vous parler de ce rhum, un petit mot sur le HERR (high ester Reunion rum si je ne m’abuse), un rhum qui a été produit en petite quantité selon un processus particulier et qui pour moi, était proche d’être imbuvable tant il était sur des arômes extrêmes et peu agréables à mon palais. Bref, quand je vois ces quatre lettres, j’ai la langue et le nez qui veulent s’échapper. Bon, allons-y. Le nez n’est que très modérément marqué par le HERR (ouf !). Il est crémeux, avec des fruits rouges légèrement acidulés et des notes vanillées. Plutôt élégant. Le HERR se fait plus présent en bouche sans pour autant mettre en péril l’équilibre global. Contrairement aux deux premiers, la note dominante ici est sur les fruits rouges plutôt que le brûlé, pas totalement absent pour autant. Ma phobie du HERR n’avait pas lieu d’être, il ne fait qu’apporter une dimension supplémentaire à ce rhum et renforcer son identité.
Eh bien je ne regrette pas d’être allé voguer dans l’Océan Indien moi !
C’est la conclusion de mes dégustations de rhum. J’ai loupé quelques petites choses, avec par exemple des Hampden ou encore le Saint James 2003 brut de fût embouteillé pour la Confrérie du Rhum, qui devrait être disponible pour la fin d’année. Mais je ne regrette pas vraiment, ça me laissera des choses à découvrir 😉
Un petit mot du stand Trois Rivières, où même si je n’ai rien goûté (ayant passé un long moment au Salon Dugas en compagnie de Daniel Baudin), j’ai pu entendre une personne derrière le stand expliquer que :
“La cuvée Oman est comme une femme arabe et la cuvée Saint Pierre est sur une base de mort”. Ca avait l’air bien, je regrette de ne pas avoir entendu de commentaire sur Bois d’Inde…
Mais il y a eu d’autres dégustations ; vous le savez, depuis quelques temps et lorsque l’occasion se présente, je trempe les lèvres dans d’autres spiritueux. J’ai été moins consciencieux dans mes notes que sur les rhums mais voilà quelques impressions.

Whisky Live 2019 – Cognac Vallein Tercinier
Les cognacs Vallein Tercinier pour commencer sur les conseils d’amis amateurs et connaisseurs. C’est bien simple, j’ai fait toute la gamme.
Un VSOP au nez agréable sur le raisin, l’amande et le bois. La bouche et la finale manquent un peu de relief.
La cuvée Napoléon est plus boisée et épicée au nez et sa bouche étonnamment « sucrée », pas mon truc du coup.
Le 46 est plus fruité, sur les agrumes et la fraicheur ; en bouche, c’est plus sec que le précédent, avec un peu plus de peps. Simplement meilleur selon moi.
Le XO Vieille Réserve offre un nez plus complet où le bois gagne en présence sans pour autant chasser les fruits. En bouche ce sont les épices qui dominent et l’impression générale est assez sèche.
Le Hors d’âge présente un nez aux fruits tropicaux, à la cannelle et aux arômes de boite à cigares. La bouche et la finale sont très fruits tropicaux également mais plus « chauds » qu’au nez. Bien sympa.

Whisky Live 2019 – Cognac Vallein Tercinier, les millésimes
Après cette gamme « classique » étaient également en dégustation trois millésimes brut de fût. Ils ne sont pas indiqués comme millésimés sur l’étiquette car il est très compliqué de pouvoir prouver à 100% l’année exacte d’un cognac mais la mention « lot » suivie d’une année indique qu’il est extrêmement probable que l’année indiquée soit bien celle de distillation.
Le Lot 89 est très intense et porté par une grande fraicheur. La bouche est vive, l’alcool étant tout de même bien présent, mais le fruité reste, essentiellement les raisins.
Le Lot 70 possède un nez plus « éduqué » où le bois se fait satiné, aux accents de cire et de boite à cigare, mais laisse la place aux raisins. La bouche est très agréable, gourmande, fraiche et vive. La finale est longue entre fruité et boisé. Très bien ce Lot 70.
Le Lot 40. Le même que le Lot 70 mais en mieux ! Fraicheur, fruits, intensité, bois, équilibre, épices. Tout y est, c’est vraiment bon !
Bien content d’avoir écouté les copains, et une maison de cognac à connaitre 😊

Whisky Live 2019 – Armagnac Charron
Une petite pointe d’armagnac en passant avec une curiosité chez le Domaine de Charron : un armagnac non vieilli. Cette Folie Blanche est fruitée, mais pas uniquement sur le raisin, fine et pourrait d’après Jean-Philippe Balay – le patron – faire une bonne base pour cocktails de qualité.
Pour ce qui est des vieux, j’ai simplement, par excès de gourmandise, dégusté une nouvelle fois le millésime 1987 ^^

Whisky Live 2019 – Gordon & MacPhail
Un petit tour au pays du malt ? Oui mais juste un petit. Excursion chez Gordon & MacPhail pour pas grand-chose d’intéressant ma foi, même si la montée en gamme sur le line-up était agréable et arrivait sur un whisky pas si mal que ça.
New Zealand Whisky ! Je suis allé m’y frotter juste du fait de son origine. Malheureusement la qualité ne fut pas au rendez-vous, avec un boisé pas du meilleur effet, à tendance planche

Whisky Live 2019 – Mothod and Madness French Chestnut / Kavalan SC French Cask Wine
On arrive en Irlande avec un whisky issu de la seule distillerie que j’ai visitée : Jameson à Cork. Ce ne fut cependant pas pour déguster un Jameson mais un Method and Madness vieilli en fût de châtaigner. J’aime bien la crème de marrons alors j’ai bien aimé 🙂
Mais mon coup de cœur de la catégorie aura été un Kavalan vieilli en fût de vin français à 59.4%. Complet et complexe, gourmand mais pas dénué de finesse, un whisky qui m’aura séduit. Mais avec 159 bouteilles, je ne me fais pas trop d’idée…

Whisky Live 2019 – Cocktail Street – Trois des très nombreux cocktails bus à la Cocktail Street

Whisky Live 2019 – Cocktail Street – J’ai une touche belge !
Voilà pour les dégustations mais le Whisky Live c’est aussi (et certains diront “surtout”) la Cocktail Street où amateurs et professionnels se retrouvent après de longues journées de dégustation ou de travail, voire les deux, autour d’un ou plusieurs cocktails servis à l’un des nombreux bars éphémères. En ce qui me concerne, c’est surtout l’occasion de retrouver les potes et de boire des coups en bonne compagnie (ciao Milano !). Comme depuis quelques années maintenant, squat du stand Velier où nos hôtes nous ont encore régalé cette année de leurs créations à base d’excellents produits. Pour moi ça aura été daïquiri sur daïquiri lors d’un samedi soir d’anthologie où j’aurais bu une grosse dizaine de verres, dont entre autres un daïquiri au clairin Casimir de toute beauté. Merci Angelo, Guillaume et les autres 🙂

Whisky Live 2019 – Cocktail Street – La Maison & Velier, les artistes
C’est sans doute cette soirée qui restera pour moi le point d’orgue de ce week-end, certes très éprouvant, mais surtout incroyablement plaisant et exaltant ! Et je ne vous ai même pas parlé du livre de Cyril Weglarz qui était disponible en avant-première à la boutique et sur lequel j’ai eu droit à la plus longue dédicace du monde de la dédicace, puisqu’elle est plus longue que le livre lui-même. Il me reste maintenant à le lire ^^

Whisky Live 2019 – Les Silencieux de Cyril Weglarz et Fredi Marcarini
Bien évidemment, j’y serai l’année prochaine, au Whisky Live et à la Cocktail Street ! 😉
Retrouvez les autres dégustations de ce Whisky Live 2019 :
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